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Et l'autre au diable. « Oh, oh, quelle méprise!
Mais c'est le diable. Y pensez-vous? ô ciel!
-Laissez, dit-elle, il ne m'importe guères,
« Il faut toujours penser à l'avenir.

On ne sait pas ce qu'on peut devenir,
« Et les amis sont partout nécessaires. »

Il ne faut pas prendre ici le mot amis dans le sens littéral. L'obligation de partager la peine et le plaisir. de nos amis nous réduirait, si nous en avions beaucoup, à nous attrister presque continuellement d'un côté, tandis que la gaîté serait un devoir de l'autre. Les amitiés célèbres n'ont existé qu'entre deux personnes. Être unis comme les doigts de la main.

Chez les anciens deux mains jointes étaient un symbole d'union, d'alliance.

Les Italiens disent: Etre comme chair et ongle.

Valère Maxime cite Polistrate et Hippoclide qui, étant nés le même jour, et ayant en tous les deux pour maître Épicure, dont ils s'étaient rendus disciples en même temps, ne possédèrent qu'un même patrimoine, parvinrent l'un et l'autre à une extrême vieillesse, et furent assez heureux pour mourir dans le même moment. Voilà deux hommes bien unis, et dépouillés en faveur l'un de l'autre du vil intérêt de l'argent; mais est-ce le seul qui domine? n'y a-t-il pas encore ceux de l'ambition, de l'estime, de la considération, etc., auxquels peut-être l'un ou l'autre aurait succombé, s'il eût été mis à l'épreuve ?

Asclepiade et Ménédème ayant épousé la mère et la fille, l'une des deux mourut, et Ménédème céda la survivance à son ami par une généreuse amitié, que Diogène Laerce compare à celle de Pylade et d'Oreste; mais cette preuve de zèle, dont on ne peut bien estimer la valeur sans connaître les mœurs du temps au

Le rôle de battant n'a pourtant pas toujours appartenu exclusivement aux maris. Jean Belet parle d'un usage qu'on regardait, de son temps, comme une pratique religieuse dans plusieurs provinces la femme battait son mari la troisième fête de Pâques, et le lendemain le mari battait sa femme. « Ce qu'ils font, dit Belet, pour montrer qu'ils se doivent la correction l'un à l'autre, et empêcher qu'ils ne se demandent, dans ce saint temps, le devoir conjugal. >>

AMOUR. (Quittances d')

Les lunettes et les cheveux gris sont des quittances

d'amour.

Pour les cheveux gris, il n'y a rien à changer au proverbe; mais les lunettes, depuis plus de vingt ans, ont cessé d'être le partage exclusif de la vieillesse.

Mercier, auteur du Tableau de Paris, était ennemi de cette nouvelle mode. « Comment, disait-il, lire dans d'un bésiclé? »

les

yeux

AMOUR PLATONIQUE.

Amour, comme l'entendait Platon, ayant pour objet, entre deux personnes de différent sexe, les affections de l'âme et non les plaisirs des sens.

On admire, on applaudit sans cesse au théâtre, des prodiges de bonté, de générosité, de bienfaisance; pourquoi dédaigne-t-on des prodiges de pureté, de spiritualité, de délicatesse? C'est que les prodiges de bonté sont utiles à l'espèce humaine, et conformes au vœu de la nature, tandis que les prodiges de spiritualité lui sont contraires et nuisibles.

En amour, Pétrarque est le fondateur de l'école platonique; sa passion pour Laure est héroïque; ce que

Platon a conçu, il l'a senti, et l'a exprimé dans ses vers, toujours décens, toujours circonspects.

AMOUR POÉTIQUE.

:

Amour idéal. Les Italiens disent Amour à la façon de Pétrarque, Petrarchevolmente.

Piron, dans sa Métromanie, qu'on peut appeler une satire échappée à l'auteur contre lui-même, fait ainsi le portrait d'une maîtresse poétique :

Oui, je l'aimais avec autant de volupté
Que le vulgaire en trouve à la réalité;
La réalité même est moins satisfaisante,
Sous une même forme elle se représente;

Mais une Iris en l'air en prend mille en un jour :
La mienne était bergère, et nymphe tour à tour,
Brune ou blonde, coquette ou prude, fille ou veuve,
Et, comme tu crois bien, fidèle à toute épreuve.

Boileau parle de ces amoureux transis, qui, bien buvant, bien mangeant, meurent par métaphore.

les

AN. (Bon jour et bon)

Façon de parler proverbiale et familière en saluant personnes au commencement de l'année.

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Nos pères disaient d'un bon serviteur, qu'il devait avoir oreille d'âne; c'est-à-dire, tout écouter, sans faire aucune réplique.

Ce proverbe est pris de la coutume de l'âne, qui, malgré le bruit qu'on fait autour de lui, va son pas et baisse l'oreille.

ANE. (Courre l')

<«< Tout le monde chevauchera, et je meneray l'asne.»> (RABELAIS, Liv. 11, chap. 27.)

L'usage dont parle Rabelais, usage que la police n'était pas encore parvenue, vers la fin du dix-huitième siècle, à détruire entièrement, avait lieu dans plusieurs parties de la France.

Appliquée d'abord aux infidélités entre époux, cette mascarade était devenue la vengeance banale de toutes les querelles, de tous les ressentimens, de toutes les petites jalousies. Les ménages les plus honnêtes, les personnes les plus recommandables par leur conduite ou leurs emplois, étaient exposés à servir de jouet à la populace.

Cet usage avait commencé on ne sait à quelle époque, pour ridiculiser un homme qui s'était laissé battre par sa femme. Cette mauvaise plaisanterie, qui eut lieu pendant le carnaval, fut continuée les années suivantes; et dans d'autres endroits on voulut se donner le même divertissement.

A Castelnaudari, on forma une cour avec un président et des conseillers; on faisait, le premier dimanche de carême, une procession qui passait dans toute la ville, à dix heures du soir. Chaque membre de la cour

tenait un flambeau, et l'étendard était porté par le plus jeune marié de la troupe. Le costume du président et des conseillers était l'habit de velours noir, et un manteau de soie jaune. La cour avait ses registres sur lesquels on inscrivait les procès-verbaux de ses séances, ainsi que la chanson de l'année.

ANE. (Faute d'un point Martin perdit son)

Pasquier, Liv. VIII de ses Recherches, donne à ce proverbe, d'après Alciat, une origine bien peu vraisemblable.

Un nommé Martin aurait été titulaire d'une abbaye appelée Asello; sur la porte se serait trouvée cette inscription:

PORTA PATENS ESTO NULLI CLAUDARIS HONESTO.

L'abbé, ennuyé des hôtes que cette inscription lui attirait, aurait fait mettre après le mot nulli le point qui se trouvait devant le mot honesto; en sorte que, honnête ou non, tout étranger aurait été exclus.

Pour cette espiéglerie, l'abbé aurait perdu son bénéfice on aurait mis cette nouvelle inscription:

PRO SOLO PUNCTO CARUIT MARTINUS ASEllo.

Et comme le mot Asello présentait une équivoque, on aurait dit plaisamment :

Faute d'un point Martin perdit son âne.

Voici une explication plus naturelle : Un nommé Martin, ayant joué son âne au dé, le perdit pour un point de différence.

L'âne de la communauté

Est toujours le plus mal bâté.

Communiter negligitur quod communiter possidetur; ordinairement on néglige ce que l'on possède en

commun.

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