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ALLEMAND. (Querelle d')

C'est une querelle faite sur un mince sujet. Les Allemands étaient autrefois toujours prêts à entrer en

France.

Ronsard appelle les Allemands, la gent pronte au tabourin (disposée à faire du bruit).

Le peigne de l'Allemand, les quatre doigts et le pouce.

Comme on a dit autrefois Allemaigne, pour Allemagne, Le Duchat expliquant un passage de Rabelais où se trouve ce proverbe, fait observer que l'auteur peut avoir eu en vue Jacques Almain, ancien docteur de Paris; et que, plus vraisemblablement, c'est une inversion de deux lettres : Almain pour la main.

Au reste, portant les cheveux plats à une époque où les Français prenaient soin de crêper leur chevelure, les Allemands ont pu être critiqués par les Français.

ALLER.

Aller de cul et de tête comme une corneille qui abat des noix.

Se porter à quelque chose avec chaleur, y mettre plus de force que d'adresse.

Aller où le roi va à pied.

Le proverbe italien est plus solennel : Aller où ni le pape ni l'empereur ne peuvent envoyer d'ambassadeur. Tout y va, la paille et le blé.

Se dit d'un prodigue, d'un homme qui fait grande dépense, qui n'épargne rien.

ALMANACH.

Je ne prendrai pas de vos almanachs.

Proverbe qui veut dire : Je ne suivrai pas vos conseils; vos prédictions ne sont pas sûres.

Un almanach, jadis, était encore plus souvent consulté que maintenant; il y avait un almanach dans tous. les livres d'heures. Cet almanach contenait, outre les jours du mois, la figure du corps humain, entouré de planètes et d'étoiles, d'où partaient des rayons qui frappaient sur les parties gouvernées par ces planètes, suivant les principes de l'astrologie.

Différens écriteaux indiquaient les différens tempéramens et la conduite que devaient tenir, pour leur santé, les colériques, les sanguins, les flegmatiques et les mélancoliques; tous devaient se faire saigner par précaution, au moins deux fois l'an, mais chacun dans des mois différens. Les quatre tempéramens étaient relatifs aux quatre élémens : le colérique, ardent comme le feu; le sanguin, vif comme l'air; le flegmatique, tranquille comme l'eau, et le mélancolique, pesant comme la terre. Le soleil influait sur les opérations de l'estomac; la lune, sur la tête; Saturne, sur le poumon; Mars, sur le foie; Jupiter, sur la rate; Mercure et Vénus, sur les reins et les autres parties du corps qui en sont voisines.

ALONGER.

Alonger le parchemin.

Mettre du sien dans un récit, l'amplifier.

Un conte de Pierre Grosnet (Mots et Sentences dorées de maistre de sagesse Cathon, par Pierre Grosnet, 1553) va expliquer ce proverbe :

Notez, en l'ecclise de Dieu
Femmes ensemble caquetoyent.
Le diable y estoit en ung lieu,
Escripvant ce qu'elles disoyent.
Son rollet plein de poinct en poinct,
Tire aux dents pour le faire croistre :

Sa prinse eschappe et ne tient poinct;
Au pilier s'est heurté la teste.

ALOUETTE.

Si le ciel tombait, il y aurait bien des alouettes prises; c'est le proverbe latin :

Si cœlum caderet, multæ caperentur alaudæ.

On l'applique aux personnes qui font des suppositions absurdes, ou qui ont des craintes ridicules.

La réponse des Gaulois à Alexandre, prouve que les anciens croyaient à la fin du monde par la chute du ciel. AMANDE. (Il faut casser le noyau pour en avoir l') C'est-à-dire, prendre de la peine avant de retirer du profit de quelque chose. Les Latins disaient : Qui nucleum esse vult, frangit nucem (Plaute); qui veut manger la noix doit en casser la coque.

AMANDIER. (Plutot múrier qu')

Comparaison employée pour exprimer la prudence. De tous les arbres fruitiers, l'amandier est le plus exposé à la gelée, parce qu'il fleurit le premier. Le mûrier en est rarement atteint, parce qu'il fleurit très tard.

AMENDE. (Les battus payent l')

Vers le huitième siècle, plus le crime était grand, plus on faisait jurer de personnes avec l'accusé. C'est ce que l'on appelait jurare tertia manu, septima, duodecima; jurer par trois, sept ou douze mains, selon le nombre de ceux qui juraient avec l'accusé, et qui devaient être de sa condition: un noble faisait jurer des nobles, un prêtre faisait jurer des prêtres, une femme faisait jurer des femmes. L'accusé prononçait seul la formule de son serment; et ceux qui juraient avec lui disaient seulement: Je jure que je crois qu'il dit vrai.

Quand les uns attestaient un fait que les autres niaient, on choisissait un champion de chaque côté pour se battre avec le bouclier ou le bâton : le vaincu, réputé parjure, avait la main coupée; les autres témoins de son parti payaient l'amende pour « racheter leur main;» de là est venu le proverbe : Les battus payent

l'amende.

AMI. (Au besoin connaît-on l')

Le poète Ennius avait dit : Amicus certus in re incerta cernitur; et Plaute Is amicus est qui in re dubia juvat.

Du Preudome qui avoit demi ami, est le titre d'un conte du douzième siècle. Le fils de ce preudome (homme expérimenté) se vantait d'avoir cent amis. Je ne suis pas si heureux, dit le père; à mon âge, je n'en ai encore que la moitié d'un; je vais t'indiquer un moyen d'éprouver tes amis. Tous refusèrent le service que le jeune homme leur demanda; ce fut le demi-ami du père qui le tira d'embarras.

Un bon ami vaut mieux que cent parens.

« C'est, à la verité, dit Montaigne, un beau nom et plein de dilection que le nom de frere; mais ce meslange de biens, ces partages, et que la richesse de l'un soit la pauvreté de l'autre, cela destrampe merveilleusement et relasche cette soudure fraternelle. >> C'est trop d'un ennemi

Et pas assez de cent amis.

Mille amis, c'est peu;

Un ennemi, c'est beaucoup.

(Proverbe turc *.) (1)

(1) M. le chevalier Amédée Jaubert, maître des requêtes au conseild'état, et savant orientaliste, auteur du Voyage en Arménie et en Perse,

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« Songez sérieusement, disait Franklin, à vous faire « des amis; il n'est point de trésor plus précieux. Mais « ne vous y trompez pas; les complices d'un bandit, « les compagnons d'un débauché, les associés d'un <«< joueur, les parasites d'un millionnaire, les courtisans <«< d'un despote ne sont pas des amis; la véritable amitié << ne peut avoir lieu qu'entre les gens de bien. »>

(Calendrier de Philadelphie, année 1779.) Le sort fait les parens, le choix fait les amis. Ami de Socrate, ami de Platon; mais encore plus ami de la vérité.

(Proverbe d'école.)

Les bons comptes font les bons amis;

dit-on, quand l'on veut s'excuser d'avoir revu un compte, ou un mémoire qu'une autre personne nous a présenté.

Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami;

Mieux vaudrait un sage ennemi.

Ces deux vers, qui forment la moralité d'une fable de La Fontaine, l'Ours et l'Amateur des jardins (10me du 8me Liv.), étaient souvent cités par Napoléon.

L'ours ne pouvant écarter une mouche du visage de l'homme, son ami, lança un pavé, qui écrasa la mouche et tua l'homme.

Il est bon d'avoir des amis partout.

Ce proverbe est le fondement de l'épigramme sui

vante :

Une dévote un jour, dans une église,

Offrit un cierge au bienheureux Michel,

Paris, 1822, a publié en 1823, à Paris, chez MM. Treuttel et Würtz, des Élémens de Grammaire turke, à la suite desquels se trouvent, comme exemples, 357 proverbes. Celui que nous venons de citer en est un. Nous avons puisé à la même source les proverbes turcs désignés par une *.

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