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celui-ci annonçait à haute voix la gazette, l'autre criait aussitôt fagots. Depuis, ces deux mots, gazette et fagots, réunis par le hasard, devinrent synonymes.

Cette explication est peu naturelle. Notre proverbe est une allusion à l'usage de compter les fagots que l'on vend au cent et au quarteron, en confondant à dessein conter avec compter; et il vient de ce que souvent le vendeur trompe l'acheteur en comptant.

FANFRELUCHES.

Ornemens de peu de valeur. Au propre, ce sont des flamèches qui s'élèvent en l'air quand on brûle de la paille, du papier, etc. Anciennement on disait farfelues, fafelues. Ce mot se trouve dans le Roman de la Rose; il dérive de fanfaluca.

Fanfalucare, dire des fanfreluches ou sornettes.

FAQUIN.

Avant l'invention des armes à feu, lorsqu'on s'exerçait aux courses de bague et autres jeux analogues, le faquin était un simulacre d'homme, un mannequin contre lequel on courait pour l'atteindre avec une lance. Cette figure était plantée sur un pivot mobile, et quand on n'en atteignait pas le milieu, elle tournait facilement, et frappait le cavalier d'un sabre de bois, ou d'un sac plein de terre, qui était attaché à sa main. FARD.

Temps pommelé, femme fardée,

Ne sont pas de longue durée.

Nos pères avaient fait entrer le fard dans ce proverbe, parce qu'ils le regardaient comme pernicieux; mais, à tout prix, il fallait un visage vermeil, les servantes même se fardaient dans le seizième siècle.

Assez souvent on confond le fard avec le rouge; l'un cependant n'est pas synonyme de l'autre. On nomme fard toute composition qui se met sur le visage pour faire paraître le teint plus beau; le rouge est du nombre de ces compositions: le fard est le mot générique qui les comprend toutes.

Un autre proverbe dit :

De trois choses Dieu nous garde,

De bœuf salé sans moutarde,
D'un valet qui se regarde,

Et de femme qui se farde.

Le fard tenait bien à cœur aux anciens moralistes. « Quand on oyoit parler de femmes fardées, dit Henri Estienne, on faisoit de grandes exclamations, et je ne sçais si on eust trouvé assez de rhétorique en tout Démosthènes et tout Cicéron pour persuader qu'une Françoise aimant à se farder, aimât aussi son honneur et l'eust en recommendation. >>

FARINE. (Gens de même)

C'est-à-dire, des vauriens, des personnes également prêtes à mal faire.

Les comédiens se saupoudraient autrefois le visage de farine; et comment nos pères, qui étaient dévots, auraient-ils vu de bon œil des gens que l'Église excommuniait?

FAUVETTES. (Dénicheur de)

On appelle ainsi un jeune homme sans fortune qui, à force de prendre des informations, trouve, sinon un parti riche, au moins une femme dans l'aisance.

FÉES.

Êtres fantastiques qui ont succédé aux nymphes, dont

le génie allégorique des anciens avait peuplé les retraites souterraines.

On dit d'une femme très habile dans les travaux d'aiguille, qu'elle est adroite comme une fée. ·

Madame de Sévigné décrivant une robe donnée par M. de Langlée à madame de Montespan, dit : « Une robe d'or sur or, brodée d'or, et par-dessus or frisé, rebroché d'un or mêlé avec un certain or, qui fait la plus divine étoffe qui ait jamais été imaginée. Ce sont les fées qui ont fait cet ouvrage. »

(M. de Langlée, homme obscur, s'était introduit à la cour en y jouant gros jeu.)

FEMME.

Jeune femme, pain tendre et bois vert.
Mettent la maison au désert.

Ce que femme veut,

Dieu le veut.

C'est-à-dire, les femmes veulent fortement ce qu'elles veulent.

Un passage de Montaigne vient à l'appui de ce proverbe: «< J'ai cogneu cent et cent femmes que vous eussiez plustost fait mordre dans le fer chaud, que de leur faire desmordre une opinion qu'elles eussent conçeue en cholère. Elles s'exaspèrent à l'encontre des coups et de la contrainte, et celui qui forgea le conte de la femme qui, pour aucune correction de menaces et bastonnades, ne cessoit d'appeler son mari pouilleux, et qui précipitée dans l'eau, haussoit encore, en s'estouffant, les mains, et faisoit au-dessus de sa teste signe de tuer des poux; forgea un conte duquel en vérité tous les jours on voit l'image expresse de l'opiniastreté des femmes. >>

C'est grand pitié quand beauté fault à cœur de bonne volonté.

(Quand beauté fault à cœur de bonne volonté; c'est-à-dire, quand une femme facile n'est pas belle.)

Ce proverbe se trouve dans Marot, épître 2 du Coq à l'âne; mais à la place de cœur, il y avait un mot obscène dans les premières éditions, ainsi que dans Brantôme, tome I, page 255 des Dames galantes, et dans Rabelais, Pantagruel, Liv. v, chap. 21. Brebis trop apprivoisée

De trop d'aigneaux est tettée.

Par là nos pères voulaient exprimer le danger que courait l'honneur d'une femme entourée de galans. Femme couchée et bois debout,

Homme n'en vit jamais le bout.

Nos pères aimaient beaucoup les comparaisons qui les mettaient à même de rimer un propos gaillard. Soleil qui luisarne au matin, femme qui parle latin, et enfant nourri de vin, ne viennent à bonne fin.

« Qu'on se donne bien de garde, disait Belleau, qui commentait des vers de Ronsard; qu'on se donne bien de garde de se mettre au service d'une dame rusée, vieille et de trop bel esprit, et principalement quand elle fait de la clergesse et de la sçavante. Une simple Pénélope vaudroit mieux, quæ tantùm lanas non sinit esse rudes.»

Quand la pluie tombe en même temps que le soleil luit, le peuple dit que le diable bat sa femme et qu'il marie sa fille.

Les pleurs de la femme, voilà la pluie; l'éclat du soleil est le signe de la joie que promet une noce. Que les femmes fassent les femmes, et non les capitaines.

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Il n'y a point d'époque dans les fastes de notre monarchie où les femmes aient eu autant d'empire et aient été aussi méprisées que sous Charles IX. Les femmes se mêlaient de tout, et s'étaient attiré ce proverbe : Que les femmes fassent les femmes, et non les capitaines. Il n'y avait pas une dame qui n'avouât publiquement son cavalier, qui ne traversât la ville en croupe avec lui, ou à côté de son cheval. Les dames envoyaient leurs serviteurs à l'armée, et les engageaient dans la faction qui leur plaisait; ils paraissaient à la tête des troupes avec des écharpes et des faveurs.

Dans un petit poëme intitulé le Mérite des Femmes (in-12; Paris, 1801), Legouvé a non seulement, par de beaux vers, vengé les femmes des satires lancées contre elles; mais il a rassemblé dans des notes beaucoup d'anecdotes à leur avantage.

Il n'est attention que de vieille femme.

Les jeunes sont trop occupées d'elles-mêmes. La meilleure de toutes les garde-malades est une vieille femme; elle ne craint pas que l'insomnie la rende pâle et qu'on lui trouve le lendemain les yeux battus.

FERRÉES. ( Avaleur de charrettes)

Se dit d'un hâbleur, d'un fanfaron, d'un faux brave.

FESSE-MATTHIEU.

Nom injurieux qu'on donne aux usuriers.

Avant sa conversion, saint Matthieu était banquier, sedebat in telonio. La malignité attribue aux banquiers des prêts usuraires; de là saint Matthieu regardé comme patron des usuriers. Fêter saint Matthieu, est donc synonyme de prêter à usure.

Mais au lieu de feter, on a d'abord écrit fester; or, entre les lettres ft et ff liées ensemble, la différence

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