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douce que l'on souhaitait à ses protecteurs et à ses amis.

Les Romains furent nos aïeux; mais ils avaient été précédés par les Gaulois, chez lesquels on trouve un usage analogue. (Voyez Guilaneu.)

Aujourd'hui, la perfection, en fait d'étrennes du premier jour de l'an, consiste à offrir des objets qui coûtent fort cher, et qui semblent valoir peu; l'amourpropre est flatté, sans que la délicatesse souffre.

Un modèle de délicatesse en ce genre fut la fameuse guirlande de Julie. (Voyez Conter fleurettes.) On a aussi gardé le souvenir de ce grand seigneur qui, éperdument amoureux d'une dame très délicate sur l'article des cadeaux, obtint, à l'occasion des étrennes, la permission de faire peindre un petit serin qu'elle aimait beaucoup, et de le lui offrir monté en bague. La monture, suivant les conventions, fut très simple; mais un diamant plat tint lieu de glace sur la miniature.

ÉVANGILE.

Vrai comme mot d'évangile.

Le fréquent usage de ce proverbe dans le moyen âge, fit intituler Évangile des quenouilles, un Recueil de propos grivois tenus par des fileuses, qui, à la fin de la veillée, ne manquaient jamais de jurer que cela était vrai comme mot d'évangile. Ces vieilles femmes étaient au nombre de six, et elles s'assemblèrent six fois. Chaque journée est divisée en chapitres. Tantôt elles déclament contre les maris qui ne contentent pas leurs femmes, tantôt elles donnent des recettes pour rendre les maris fidèles, pour les empêcher de battre leurs femmes; ou bien elles donnent des conseils aux filles. à marier, aux veuves.

ÉVÊQUE. (Se débattre de la chape à l')
Tirer d'une chose ce que l'on pourra.

Dans la primitive Église, quand un évêque mourait, ses diocésains, pénétrés de vénération pour ses vertus, tâchaient d'avoir quelque lambeau de ses vêtemens.

Le P. Longueval (Histoire de l'Église Gallicane) rapporte à ce pieux usage pieux usage l'abus de piller les meubles des évêques défunts. Un concile mit fin à cet abus dans le neuvième siècle.

Véridique chez l'évêque, circonspect devant le bedeau.

Proverbe du temps où l'on remarquait que de certaines rigueurs n'étaient guère prises à la lettre que par d'ignorans subalternes.

EXCELLENT.

Si les vers ne sont excellens, ils sont mauvais. Il en est de même du vin et des melons.

C'est le sens du distique suivant :

Dic mihi quæ tria sint queis fas mediocribus esse

Non fuit, est, nec erit? Carmina, vina, pepo.

Le cardinal de Retz disait un jour à Ménage : Apprenez-moi un peu à me connaître en vers, afin que je puisse du moins juger de ceux qu'on m'adresse. Monseigneur, lui dit Ménage, ce serait une chose trop longue à vous apprendre, vous n'avez pas le temps de cela; mais lorsqu'on vous en lira, dites toujours que cela ne vaut rien, vous ne vous tromperez guère.

Prêcher d'exemple.

EXEMPLE.

Il faut à nos troupeaux montrer les bons sentiers;
Mais il faut y marcher, et marcher des premiers.

(GODEAU.)

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Ou bien, si l'exemple contredit la leçon, il la rend nulle.

Dans le premier chant de l'Art de précher, par l'abbé de Villiers, on voit un homme simple prendre au pied de la lettre un passage d'un sermon contre le luxe; il a deux habits, il charge sa femme d'en vendre un, pour en donner le produit aux pauvres. La femme veut savoir au juste comment le sermon doit être interprété; elle va donc trouver le prédicateur.

Vous demandez mon maître,

Dit le valet, bientôt vous le verrez paraître.
Attendez. Quoi ! si tard, il est encore au lit ?

Non, pour aller aux champs, monsieur change d'habit.
Change d'habit! dit-elle; adieu, je me retire:

Puisqu'il a deux habits je n'ai rien à lui dire.

C'est ainsi qu'en prêchant on fait si peu de fruit;
Le sermon édifie, et l'exemple détruit.

F.

FAGOT.

Avant l'établissement des cafés, deux amis qui parlaient de bruler le fagot voulaient dire : Allons boire bouteille ensemble au cabaret, tandis qu'un fagot brûlera.

L'été, plusieurs bourgeois louaient un jardin et s'y rassemblaient le soir pour jouer à la boule et goûter.

En 1664, quelques négocians marseillais firent connaître le café ou féve d'Arabie en France. Thévenot en usa au retour de ses voyages, vers 1638; mais il fallait une impulsion plus forte pour accréditer le café: Soli

man Aga, ambassadeur ottoman, la donna en 1669; son séjour dans la capitale fut de dix mois. Plusieurs personnes de distinction, et des femmes surtout, ayant eu la curiosité de le visiter, il fit servir du café, et rendit l'appareil propre à séduire. Le breuvage noir était versé dans de magnifiques vases de porcelaine, et des esclaves richement vêtus présentaient aux dames des serviettes à franges d'or. Les personnes qui en avaient goûté chez Soliman Aga voulurent continuer d'en prendre chez elles; d'autres, par faste, en firent servir à leur table; mais la féve avec laquelle on faisait le breuvage appelé café, du nom de cette féve, était rare et chère; on ne la trouvait qu'à Marseille.

Cependant un Arménien établit en 1672, à Paris, une boutique où il donnait à boire du café. Quatre ans plus tard, le nombre des marchands de café était si considérable, que le gouvernement fut obligé de les réunir en communauté : le nom de limonadiers vient de ce qu'ils obtinrent la vente exclusive de la limonade. FAGOT. (Sentir le)

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Passer pour hérétique.

Proverbe relatif à la persécution qui s'éleva contre les protestans sous François 1er.

Le premier qui fut brûlé vif, par arrêt du parlement de Paris, fut Jacques de Pavanes, le 29 mars 1525.

Cette persécution dura trente-sept années consécutives. Voici ce que dit Brantome du chancelier de l'Hospital, qui fit éteindre ces bûchers. « C'était un Caton le censeur.... Il en avoit toute l'apparence, avec sa grande barbe blanche, son visage pâle, sa façon grave, qu'on eût dit à le voir que c'étoit un vrai portrait de saint Jérôme; aussi plusieurs le disoient à la cour. »

Les sectateurs de Luther furent nommés protestans,

parce que, en 1529, ils protestèrent contre un décret de l'empereur et de la diète de Spire, et déclarèrent qu'ils en appelaient au concile général.

Dans la suite, les calvinistes adoptèrent ce nom, et il s'étendit à tous ceux qui avaient embrassé la réforme.

En Allemagne, la réforme eut pour cause la rivalité des augustins contre les jacobins qui avaient été chargés par Léon x de prêcher des indulgences.

En Angleterre, ce fut l'ouvrage de l'amour, autrement l'excommunication de Henri vIII, pour avoir épousé Anne de Boulen.

En France, ce fut l'attrait de la nouveauté, et peutêtre l'influence d'une chanson. Calvin, qui connaissait le goût des Français, composa un vaudeville, dont le refrain était : 0 moines! o moines! il faut vous marier! Cette chanson eut un succès prodigieux. Fagot cherche bourrée.

Chacun se plaît avec son semblable.

FAGOTS. (Conter des)

C'est, dit-on, la plus ancienne de nos gazettes (1), celle du médecin Renaudot, qui a donné lieu à l'expression proverbiale: Conter des fagots, débiter des nouvelles apocryphes; car le but du médecin Renaudot, en se faisant nouvelliste, avait été d'égayer ses malades.

La gazette se vendait et se criait dans les rues. Un jour un marchand de fagots se trouva en concurrence avec le colporteur de la gazette; et toutes les fois que

(1) Dans le temps où Venise était le centre du commerce de l'Europe, on y publiait, pour les marchands étrangers, des nouvelles relatives au négoce. Le prix de cette feuille était celui d'une monnaie appelée gazetta; ce qui fit transporter le nom de la monnaie à la feuille

même.

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