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En 1765, M. Eidous fit imprimer des proverbes chinois, à la fin de l'ouvrage qu'il publia sous le titre de Han kio Choaan, ou Histoire chinoise, tra- ` duite du chinois. Ces proverbes sont comparés avec les proverbes des autres peuples, mais plus souvent avec les proverbes des Italiens, des Espagnols et des Anglais, qu'avec les proverbes des Français.

Dans l'an v de la république (1797), M. Dugour, libraire à Paris, forma de ces proverbes un volume in-18 de 130 pages. Cet ouvrage est devenu rare; nous en devons la communication au savant et obligeant M. Beuchot.

Il y a environ trente ans que l'on trouvait à Paris, chez les marchands de nouveautés, le Bouquet proverbial, ou Réunion complète de tous les Proverbes français, mis en chanson par L. A. Boutroux de Montargis; Paris, sans date, in-8° de 9 pages.

Cette chanson contient cinquante couplets; en voici deux. Air: Or, écoutez, petits et grands, ou Un ancien proverbe nous dit, ou Mon père était bon

savetier :

C'est en forgeant, dit saint Simon,
Que l'on devient bon forgeron.
L'oisiveté, dit saint Sulpice,

Est l'origine de tout vice.

Il vaut bien mieux, n'en doutez pas,
User des souliers que des draps.

On a souvent, dit saint Éloi,
Besoin d'un plus petit que soi.
Comme nous dit sainte Monique,
C'est le ton qui fait la musique.

Il est toujours mal entendu

De péter plus haut que le Q.

Saint Simon, saint Sulpice, saint Éloi et sainte Monique sont ici pour la rime. M. Boutroux a usé de la même licence dans presque tous les couplets, et beaucoup de proverbes ont ainsi une accolade bizarre.

En 1789, M. Tuet, chanoine de l'église cathédrale, et professeur de rhétorique à Sens, fit imprimer dans cette ville un volume in-8° de 544 pages, intitulé: Matinées sénonoises, ou Proverbes français suivis de leur origine, de leur rapport avec ceux des langues anciennes et modernes, etc.

Le même ouvrage reparut sous le titre de Proverbes français, à Paris, en l'an 11 de la république, sans autre changement qu'un nouveau frontispice. Nous n'avions rien eu encore d'aussi satisfaisant sur les proverbes.

En l'an 1x (1801), M. Dh....., qui dirigeait à Paris un journal intitulé: Correspondance des villes et des campagnes, publia, à Paris, un Recueil de Proverbes français, latins, espagnols, italiens, allemands, hollandais, juifs, américains, russes, turcs, etc., à l'usage des écoles publiques et des maisons d'éducation, in-8° de 72 pages.

L'auteur invitait les étrangers à concourir à son travail, et espérait former une concordance des proverbes des différens peuples. Son projet n'a pas eu de suite. Au reste, il citait les proverbes sans donner une seule ligne d'explication; et l'on ne trouvait des proverbes étrangers que de loin en loin.

En 1803 parut, à Paris, une Histoire des Proverbes, rédigée par le traducteur de la Galerie anglaise (Théodore-Pierre Bertin); in-12 de 247 pages. C'est un abrégé incomplet de l'ouvrage de M. l'abbé Tuet.

En 1811 fut publié, à Paris, par l'Huillier, libraire, rue des Mathurins-Saint-Jacques, un volume in-12 de 133 pages, intitulé: Proverbes et expressions proverbiales des meilleurs auteurs latins, avec une traduction et les proverbes français correspondans, en regard du texte; par M. Francis Levasseur.

C'est un essai. L'auteur dit qu'il aurait rendu ce volume plus considérable, s'il eût été sûr que MM. les professeurs de l'université l'eussent jugé utile à l'instruction.

Nous croyons qu'il faut rapporter à peu près à la même date, le Proverbiana, ou Recueil des Proverbes les plus usités et les plus saillans, avec leur signification précise, petit in-18, Lille, l'an qui re

fuse muse.

Enfin, au commencement de mars 1823 M. Noël, éditeur de gravures, rue Saint-Jacques, n° 16, à Paris, a mis au jour les douze premiers numéros d'une suite de planches qui doit être portée à cent vingt, et qui a pour titre : Proverbes et Bons Mots mis en action, d'après les mœurs populaires; composés et lithographiés par MM. Pigal, Pajou et Joseph Arago, avec un texte explicatif, rédigé par Joseph Arago.

Ce texte, placé en regard de chaque planche, se

compose d'une douzaine de lignes : le format est petit in-folio.

Voici l'explication de la planche qui représente un commissionnaire déjeunant à la porte d'un marchand de vin, et un ramoneur affamé :

«Celui qui s'attend à l'écuelle d'autrui, a sou«vent mal diné.

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Quelques personnes prétendent que ce proverbe «< a pris naissance à Toulouse; d'autres assurent que « c'est à Bordeaux. - Avez-vous dîné? vous dit sou« vent un Gascon qui rentre chez lui. — Oui, je sors <«<de table. Ah! tant pis; car je vous aurais re<< tenu............. — Le plaisir d'être avec vous me donnera << encore de l'appétit; entrons. - Oui, je vous au<< rais retenu pour me conduire jusqu'à la porte du sous-préfet, chez lequel je suis invité. — Je n'ai pas « faim, adieu........... - Il est bien heureux de ne pas

tenu.....

«< avoir faim:

«Si j'avais conseillé le dessinateur, j'aurais fait «mettre des habits et des broderies au lieu de vestes «<et de haillons; le proverbe aurait été mieux jus«tifié. »

M. l'abbé Tuet, dans le Postscriptum de ses Matinées sénonoises, disait : « Les proverbes qui restent dans mon portefeuille me paraissent aussi intéressans que ceux qui en sortent aujourd'hui. Les matières ont été distribuées de manière que le lecteur, s'il désire la suite de cet ouvrage, ne puisse dire qu'on lui a fait manger son pain blanc le premier: mais avant de risquer une nouvelle fournée (qu'on

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OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.

me pardonne la bassesse de l'allégorie), il est bon que je sache ce que deviendra celle-ci. >>

M. l'abbé Tuet est mort à Sens, le 25 décembre 1797, âgé de cinquante-sept ans.

Il avait admis dans ses Matinées sénonoises plusieurs expressions proverbiales; nous l'imiterons. Le nombre des proverbes qui forment une phrase complète, est trop borné pour que l'on puisse en composer un corps d'ouvrage.

AVIS RELATIF A LA MANIÈRE DONT NOUS AVONS ÉNONCÉ LES PROVERBES.

Souvent le dernier mot d'un proverbe sert de réclame, parce qu'il nous a paru plus propre que le premier à faire renaître l'idée que le proverbe exprime dans l'esprit de ceux qui n'en ont qu'un souvenir confus. Ce dernier mot est presque toujours inhérent au proverbe, tandis que le premier peut subir des changemens de rédaction. Un exemple rendra cette différence sensible: Je le mènerai par un chemin où il n'y aura point de pierres. Mener par un chemin où il n'y a point de pierres.

Lorsque ni le premier ni le dernier mot d'un proverbe ne nous ont paru en devoir retracer l'idée, nous avons fait précéder le proverbe de son sujet.

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