Images de page
PDF
ePub

Avocat du diable.

Se dit de celui qui parle en faveur des vices ou du mal.

Ce proverbe vient d'une formalité qui précédait autrefois les canonisations. Un avocat parlait contre le futur saint, et vulgairement on l'appelait l'avocat du diable.

Du diable vint, au diable retourna. Nos pères disaient aussi : Ce qui est venu de pille pille, s'en reva de tire tire; autrement, bien mal acquis ne profite point.

On trouve dans l'ancien poète Névius, malè parta, malè dilabuntur, et dans Ovide,

Non habet eventus sordida præda bonos.

DIABLE VERT. ( Aller au )

Originairement on a dit : Aller au diable de Vauvert. Le château de Vauvert, situé à Paris, à peu près dans l'endroit où se trouve l'entrée de la grande avenue qui conduit du jardin du Luxembourg à l'Observatoire, était un vieux bâtiment où des diables, dit-on, apparaissaient, faisant un bruit épouvantable, avant que Saint-Louis (année 1258) le donnât aux chartreux.

Guillaume Coquillart, dans sa pièce des Droits nouveaux, pour donner une idée du caquetage de plusieurs femmes réunies chez une femme accouchée, dit

Que le grand diable de Vauvert

A peine se peut demesler.

D'Assoucy, dans des vers adressés au duc de Savoie, s'exprime ainsi :

Bref tant en esté qu'en hyver

On fait le diable de Vauvert.

DIABLE. (Un bruit de)

Cette façon de parler proverbiale donna l'idée d'appeler diable, en 1812, un hochet extraordinairement bruyant, qui venait d'être importé de Londres. Ce hochet y était connu depuis 1794, époque du retour de l'ambassade de lord Macartney en Chine. Un des membres de l'ambassade l'avait dessiné à Pékin.

Comme les marchands ambulans sont très nombreux en Chine, et que la police ne permet pas qu'ils crient leur marchandise, le hochet que nous avons nommé diable est un des moyens qu'ils emploient pour attirer les chalands.

[blocks in formation]

A, têtes du diable. B, cou du diable. C, nez du diable. D, baguettes. E, ficelle.

Pour mettre le diable en mouvement, on prend une baguette de chaque main, et l'on passe au cou du diable la ficelle qui tient à ces baguettes, puis on baisse et on lève les bras alternativement; peu à peu le mouvement de rotation s'établit, et le diable siffle, ronfle, mugit.

Pendant tout un été les premières sociétés de Paris ont fait leurs délices de ce hochet.

On le fit d'abord en bois, puis en tôle peinte; et pour les riches, en argent ou en cristal.

DIABLE.

Moucher la chandelle, comme le diable moucha sa mère, c'est lui arracher le nez.

Nous regardons comme apocryphe le fait que l'on dit avoir donné lieu à cette façon de parler : « Un criminel qui s'appelait le Diable, ou plutôt qui avait été surnommé le Diable, ayant demandé, au pied de la potence, à donner un baiser à sa mère, lui arracha

le nez. »

Le diable, c'est le soleil; sa mère, c'est la lune à qui il arrache le nez quand elle est en décours.

Dans plus de cinquante proverbes anciens, le diable est en jeu : on faisait à nos pères tant de peur du diable, qu'ils l'avaient sans cesse présent à l'esprit.

DIABLE A QUATRE. (Faire le)

Pour intimider les pécheurs endurcis, et leur donner une idée des tourmens qu'ils avaient à redouter après leur mort, on faisait d'ordinaire paraître des diables dans des pièces de dévotion, qui se jouaient dans le quinzième siècle et au commencement du seizième. On distinguait deux sortes de diableries. Les petites étaient représentées seulement par deux diables; il y en avait quatre dans les grandes. Comme il était naturel que le bruit fût proportionné au nombre des diables, on disait en proverbe : Faire le diable à quatre, pour donner l'idée d'un grand vacarme.

En 1507, parut un volume in-folio de diableries, par Éloy Damerval, maître des enfans de chœur de Béthune.

DIABLE. (Crever l'œil au)

Façon de parler proverbiale, qui signifie s'avancer malgré les envieux.

Avoir le diable au corps.

Voltaire disait « qu'on ne peut être bon poète, bon acteur, bon musicien, si l'on n'a le diable au corps. >>

Une réponse que fit J. J. Rousseau à Grétry confirme cette assertion. Grétry lui demandait s'il était occupé de quelque ouvrage; voici sa réponse : « Je deviens vieux, je n'ai plus le courage de me donner la fièvre. »

C'est dans une sorte de délire que les artistes produisent des chefs-d'œuvre.

Tirer le diable par la queue.

Pour dire, avoir de la peine à vivre.

Le diable n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme.

En ce monde il n'est pas d'opiniâtre malheur

Qui ne soit tôt ou tard compensé de bonheur.

Ne meurs pas, o mon âne! le printemps viendra, et avec lui croitra le trèfle.

(Proverbe turc.*)

Le diable pourrait mourir que je n'hériterais pas

de ses cornes.

Pour dire, personne ne me donne rien.

Le diable était beau quand il était jeune. C'est-à-dire, la jeunesse a toujours quelque chose d'agréable, même dans les personnes laides. Cette femme n'a que la beauté du diable. Quand le Français dort, le diable le berce. (Proverbe allemand.)

Ce proverbe rappelle un mot ingénieux d'une dame qui allait souvent à la cour de Bonaparte. Comme il paraissait l'écouter avec plaisir, quelqu'un disait à cette

dame, dans un moment où l'empereur remuait l'Europe entière, et où l'on était étonne que vingt-quatre heures pussent suffire aux occupations de toute espèce qu'il se donnait chaque jour : « Il ne dort donc pas? mais si quelquefois il s'endort, ne pourrait-on donc prolonger son sommeil? A quoi cela servirait-il? lorsqu'il dort, le diable le berce. >>

DIEU.

--

A qui Dieu aide, nul ne peut nuire. Contre Dieu nul ne peut.- Là où Dieu veut il pleut.-Cil est bien gardé qui de Dieu est gardé. - Il ne perd rien qui ne perd Dieu. Qui sert Dieu, il est roi. du sien donne, Dieu lui redonne. - Dieu rendra tout

à juste prix.

Qui

Ces proverbes et beaucoup d'autres sont des témoignages de la croyance de nos ancêtres.

DIEUX. (Promettre ses grands)

Proverbe tiré de La Fontaine :

Crut la chose, et promit ses grands dieux de se taire.

(Fab. 6 du Liv. 8.)

Les anciens partageaient leur Olympe en deux classes

de dieux.

DINDONS. (Pères)

Sobriquet donné aux pères de comédie, à ces pères dont la surveillance est toujours en défaut.

DIRE.

Bien dire fait rire, bien faire fait taire.

Ce proverbe s'adresse à ceux dont la conduite dément les beaux discours. « Je sais, dit Montaigne, un grand diseur et très excellent peintre de toute sorte de mesnage, qui a laissé bien piteusement couler par ses mains cent mille livres de rente. >>

« PrécédentContinuer »