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Les anciens marquaient d'une pierre blanche les jours heureux, et d'une pierre noire les malheureux, comme on le voit dans Perse et dans Horace. Les Romains ont pu nous transmettre cet usage. Pour faire une marque blanche, il est tout simple qu'on ait choisi la cheminée; il est naturel encore qu'on ait adopté une croix comme marque, parce qu'il est aisé de croiser deux traits : les personnes qui ne savent pas signer ne font-elles pas une croix? Soliman signa d'une croix la capitulation de l'île de Rhodes.

CHEMISE.

Ses promesses ressemblent à celles d'une mariée qui

entrerait au lit en chemise.

C'est-à-dire, ses promesses sont ridicules et difficiles à tenir.

Dans le moyen âge, l'usage était de coucher sans chemise; et les miniatures où se trouvent des personnes au lit, les représentent toujours nues. De là cette expression coucher nu à nue, si commune dans nos fabliaux; de là ces ordonnances de nos rois et ces dispositions de nos anciennes coutumes, qui déclarent convaincus d'adultère la femme mariée et l'homme qu'on aura seulement surpris nus dans une même chambre; de là enfin ces peines sévères qu'on infligeait en justice à celui qui avait fait le sac à une fille, c'est-à-dire qui, par jeu, l'avait enveloppée dans les draps de son lit comme dans un sac, parce qu'en l'état de nudité où il fallait avoir vu la fille pour faire cette impudente plaisanterie, elle avait couru risque d'être déshonorée.

Dans le roman de Gérard de Nevers, une vieille qui aide une demoiselle à se coucher, ne peut revenir de son étonnement de la voir entrer au lit en chemise.

CHENEVOTES. (Reteiller ses)

Métaphore prise des teilleurs de chanvre. La chenevote est la partie ligneuse du chanvre, partie bien moins précieuse que l'écorce ou filasse qui la recouvre.

Celui de qui le peuple dit : Nous le verrons bientot reteiller ses chenevotes, est un dissipateur sur le point de faire ressource de quelques débris de sa fortune. CHEVAL. (L'œil du maître engraisse le)

C'est-à-dire, jamais les choses ne vont mieux que lorsqu'on y veille soi-même.

A la montée ne me presse, à la descente ne me monte, dans la plaine ne m'épargne, dans l'écurie la vie. ne m'oublie, tu auras un cheval pour

Cheval de foin,

Cheval de rien;

Cheval d'avoine,

Cheval de peine;

Cheval de paille,

Cheval de bataille.

Il n'y a si bon cheval qui ne bronche;

Il n'y a point d'homme infaillible. Le plus sage, plus prudent peut errer.

le

On dit aussi : Il n'y a si bon cocher qui ne verse. On ne passe jamais sur le Pont-Neuf sans voir un moine, un cheval blanc et une catin.

Cette triple rencontre était passée en proverbe avant la révolution de 1789.

Deux dames de la cour passant sur ce pont virent en deux minutes un moine et un cheval blanc. L'une des deux poussant l'autre du coude, lui dit : Pour la catin, vous et moi n'en sommes pas en peine.

CHEVAL. (Il se tient mieux à table qu'à)
Se dit d'un gastronome.

CHEVALIERS ERRANS.

Pour trouver l'origine des chevaliers errans dont nos vieux romanciers font si souvent l'éloge, il faut remonter au temps où des gouverneurs de provinces s'étaient rendus indépendans, et où la plupart des gentilshommes, fortifiés dans leurs châteaux, n'en sortaient que pour piller les voyageurs et enlever les femmes. Quelques gentilshommes coururent les campagnes pour mettre fin à ces brigandages; il y en eut même qui assiégèrent des châteaux, pour délivrer des beautés qui y étaient détenues.

Le vert que les chevaliers avaient choisi pour la couleur de leur vêtement, annonçait la vigueur de leur courage. Au retour de leurs courses, dont la durée était fixée à un an et un jour, ils devaient faire un récit fidèle de leurs aventures, et exposer ingénument leurs fautes et leurs malheurs. Le roman de Don Quichotte est la critique la plus fine qui ait été faite de cette manie de guerroyer.

CHEVAUX; (Monter sur ses grands)
Parler avec hauteur.

Vulgairement: Monter sur ses ergots.

Dans le temps où les armures étaient extraordinairement pesantes, la victoire des combattans dépendait en grande partie de la force des chevaux ; il y avait donc de grands chevaux de bataille; et lorsque le danger l'appelait au combat, un seigneur montait sur ses grands chevaux.

CHEVEUX. (On ne peut prendre un homme ray (rasé) aux)

On ne peut dépouiller un homme nu.

Ce dernier proverbe est la traduction du passage de Plaute: Non possunt nudo vestimenta detrahi.

Le proverbe suivant a le même sens : Où il n'y a rien, le roi perd ses droits. Sophie Arnould en fit un bon mot, lorsque mademoiselle Clairon quitta le théâtre. Irritée d'avoir été mise en prison, elle disait avec emphase que le roi était maître de sa vie et de sa fortune, mais non de son honneur. Vous avez raison, observa Sophie; où il n'y a rien, le roi perd ses droits.

CHÈVRE.

Où la chèvre est attachée il faut qu'elle broute. Ce proverbe ne concerne pas les hommes; il ne concerne pas même les femmes en général : on le cite pour imposer silence à une femme qui se plaint de son mari. CHÈVRE. (Prendre la)

C'est-à-dire, l'air de la chèvre, faire comme les chèvres, bondir, se mettre en colère sans sujet.

Quelquefois, prendre la chèvre, signifie simplement prendre de l'humeur, comme dans ce passage de Montaigne : «J'en ai vu (des malades imaginaires) prendre la chèvre de ce qu'on leur trouvoit le visage frais et le pouls posé. >>

Prendre la chèvre est la même chose que se cabrer, expression qui vient aussi du mot chèvre.

On dit encore: Prendre la mouche, pour se piquer, se fächer mal à propos. C'est une imitation de la phrase proverbiale italienne: La mosca vi salta al naso.

CHEVROTIN. ( Tirer au)

C'est-à-dire, boire à qui mieux mieux. Avant de se servir de tonneaux, on a mis le vin dans des outres faites de peaux de chèvre.

CHICHE.

Il est tard d'être chiche quand on est au fond du sac et du tonneau. ·

Proverbe rapporté par Des Caurres (OEuvres morales, année 1585).

Ce moraliste voulait prouver qu'une mère de famille devait, en entrant en ménage, être économe des provisions de sa maison.

Un ouvrage tout-à-fait dans le sens de notre proverbe, a pour titre : Manuel de la maîtresse de maison, ou Lettres sur l'économie domestique, par madame Pariset. Un volume in-18, Paris, Audot, 1821.

Ces lettres, au nombre de dix-sept, sont adressées à une jeune orpheline, qui est sur le point de sortir d'un pensionnat pour se marier.

Madame Pariset ne borne pas ses conseils à la conservation des provisions; elle parle de l'achat et de l'entretien du mobilier, de l'habillement, de la cuisine, des domestiques, etc. etc. La première chose qu'elle recommande à la future épouse, est de proportionner la dépense de sa maison à ses revenus. «Regardez-vous, lui dit-elle, comme un ministre de l'intérieur, et ne négligez jamais la conduite de votre administration.... Divisez votre revenu par douzièmes, et faites en sorte non seulement que ce douzième suffise à chaque mois, mais qu'il en reste encore une petite partie que vous mettrez à part, et qui à la fin de l'année vous donnera une somme de réserve, soit pour les cas imprévus, soit pour les services qu'elle vous mettra à même de rendre. »

CHIEN.

Faire le chien couchant;.

Flatter bassement.

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