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cette vérité? Parce que, du temps de nos pères, le chapon était un plat très distingué.

Chapon de Normandie.

Une croûte de pain dans de la bouillie.

(Voyez Normands boulieux.)

Chapon de Gascogne.

Mot satirique, pour dire une gousse d'ail.

En Gascogne, hommes et femmes, riches et pauvres, mangent de l'ail. L'ail mis dans le pot-au-feu, disent les Gascons, augmente la bonté et la saveur de la viande; piqué dans le manche d'un gigot, il lui communique un goût agréable. Souvent, après avoir fait blanchir des aulx, on les fait cuire dans la lèchefrite, afin de recevoir le jus qui découle d'un rôti; puis en dressant la viande sur le plat, on l'entoure de ces aulx, que l'on sert à grandes cuillerées. Les salades de chicorée ne seraient pas présentables, si l'on n'avait frotté le saladier avec de l'ail écrasé par le moyen d'une croûte de pain; cette croûte, nommée chapon, est servie avec la salade on l'offre aux étrangers, qui en font toujours part aux dames; dans les familles, on la partage.

Le 1er janvier 1823, M. de Marcellus a fait insérer. dans le Journal des Débats une Ode en réfutation de l'épode d'Horace contre l'ail : PARENTIS OLIM, etc., epod. 3.

En voici les premières strophes :

Pourquoi, précieux don de Flore et de Pomone,
Timide enfant de nos guérets,
Gardes-tu pour les bords qu'embellit la Garonne
Et tes parfums et tes bienfaits?

Il est vrai qu'étranger aux rives de la Seine,
L'ail est en horreur à Paris;

L'ail, dit-on, des zéphirs empoisonne l'haleine;
L'ail fait fuir les jeux et les ris.

N'avez-vous donc jamais de nos douces retraites
Visité les humbles hameaux ?
N'avez-vous jamais vu l'ail animer nos fêtes,
Et nos plaisirs et nos travaux?

Sa piquante saveur dans l'âme des convives
Répand une aimable gaîté;

Il fait fleurir le teint des nymphes de nos rives,
Il plaît au dieu de la santé.

CHARBON.

Le méchant est comme le charbon; s'il ne vous brûle, il vous noircit.

CHARBONNIER.

Chacun est maître chez soi, dit le charbonnier. Cette façon de parler vient d'un trait de la vie de François 1er, trait à peu près semblable à celui qu'on met sur le compte de Henri IV, dans la pièce intitulée la Partie de chasse. François 1er s'étant égaré à la chasse, arriva chez un charbonnier qui le prit pour un seigneur, mais ne pensa pas que ce fût le roi. Il lui donna à souper le mieux qu'il put; mais il prit la première place à table, en lui disant que c'était celle du maître de la maison, et que le charbonnier était le maître chez lui.

CHARBONNIER. (La foi du)

C'est-à-dire, une foi simple et sans examen. Voici le conte qui a donné lieu à cette façon de parler : Le diable déguisé en ermite, pour pervertir un charbonnier et l'entraîner à la controverse, lui demanda : Que crois-tu? Je crois, répondit-il, ce que l'Église croit. Et que croit l'Église? répliqua l'esprit malin. Elle croit ce que je crois, repartit le charbonnier; et le diable fut quinaud.

CHARDON. (Faire l'âne pour avoir du)

Les Italiens disent: Faire le niais pour ne pas payer

la gabelle.

CHARIVARI. (Faire)

C'est faire du bruit le soir, avec des poêles et des chaudrons, sous les croisées des personnes qu'on veut chagriner.

Ceci a lieu principalement dans les villages, lorsque des gens d'un âge fort inégal se marient, surtout lorsque des vieillards passent à de secondes noces.

Autrefois, à Saint-Lô, à Coutances, à Avranches, et dans d'autres cantons de la Normandie, une femme portait toute sa vie le deuil de son époux ; et un mari celui de sa femme, plusieurs années. Quiconque se remariait avant un an de veuvage, devait s'attendre à un charivari, le soir même de sa noce. Des têtes de mort, portées au bout d'une perche, tenaient lieu de lanternes. A la suite de gens qui frappaient sur des poêles, sur des chaudrons, il y avait un cercueil, et par intervalles, on prononçait le nom du défunt ou de la défunte, puis on en faisait l'éloge.

René, dit le Bon, duc d'Anjou et comte de Provence, atteignit le même but, en employant un moyen que ni l'urbanité, ni même la galanterie ne réprouvent. A Aix, les officiers du prince d'Amour faisaient payer aux veufs et aux veuves, qui passaient à de secondes noces, un droit vulgairement nommé pelote.

CHARRETTE. (Il vaut mieux être cheval que)
C'est-à-dire, commander que d'être maîtrisé.

Lorsque quelque moine refuse la dignité à laquelle il vient d'être promu, on lui dit, dans le sens de notre proverbe, qu'il vaut encore mieux être moine moinant que moine moiné.

Le moine moinant est celui qui a la direction du couvent, et le moine moiné, un simple moine.

CHASSE.

Sous Louis XII, la dépense de la noblesse, surtout en chevaux et en équipages de chasse, l'emportait de beaucoup sur ses revenus; ce qui faisait dire à ce prince: La plupart des gentilshommes de mon royaume sont, comme Actéon et Diomède, mangés par leurs chiens et par leurs chevaux.

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On ferait une longue énumération des expressions proverbiales tirées de l'habitude de la chasse. Cet homme chasse bien au plat;

C'est-à-dire, a bon appétit.

Ce garçon chasse de race;

C'est-à-dire, a les inclinations de son père.

CHAT. (Emporter le)

C'est sortir d'une maison sans dire adieu à personne. Dans les montagnes des Vosges, quand un jeune garçon a cessé de plaire à une jeune fille, elle le congédie en lui envoyant un chat.

C'est le chat.

Manière plaisante de répondre à une assertion à laquelle on ne croit pas.

Purgon, médecin à la mode,
Est vraiment habile docteur;
Il vante partout sa méthode;
On la suit, le malade meurt.

Purgon, en le voyant sans vie,
Dit encore avec bonhomie :
Ce n'est pas moi qui l'ai mis là;
Non, c'est le chat.

Toujours content de sa personne,
Sans cesse Damon s'applaudit;
Et plus le monsieur déraisonne,
Plus il savoure ce qu'il dit;

Il ne peut nombrer ses conquêtes;
Il fait tourner toutes les têtes:
Monsieur Damon n'est pas un fat,
Non, c'est le chat.

CHAT. (Faire comme le singe, tirer les marrons du feu avec la patte du)

C'est-à-dire, se servir adroitement du secours d'un autre pour faire quelque chose qui nous est profitable, mais qu'on n'oserait faire soi-même.

La Fontaine a fait entrer ce proverbe dans une fable.

Les Italiens disent: Tirer les écrevisses de leur trou avec la main d'autrui.

Dans la Patte du chat, Cazotte donne de bons coups de patte aux femmes françaises de son temps, c'est-àdire, aux grand❜mères de nos jolies femmes d'à présent; mais celles-ci tiennent leurs grand'mères pour fort ridicules, sans avoir besoin de lire Cazotte.

J'appelle un chat un chat......

(BOILEAU, sat. 1.)

Cet hémistiche, devenu proverbe, s'applique aux personnes ingénues qui pensent tout haut, ou à ces gens grossiers qui, sans se mettre en peine de la décence, appellent les choses par leur nom.

CHAT. (J'entends bien minon sans dire)
Je devine ce que vous voulez dire.

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