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CARILLONNE. (Il est fête à sa paroisse, on y) C'est-à-dire, on lui donne le fouet.

Cette plaisanterie n'était pas la seule que se permissent nos pères sur un genre de punition que la décence réprouve. (Voyez Marier à M. Du Verger.)

Coquille, dans son Histoire du Nivernois, a consigné sur le collége de Navarre, fondé à Paris par Jeanne de Navarre, épouse de Philippe-le-Bel, ruiné sous Charles vi, et rétabli par Louis x1 en 1483, une particularité qui revient à notre sujet. Le roi (Louis XI) en est le premier boursier (du collège de Navarre), et le revenu de sa bourse est affecté à l'achat des verges destinées à la correction des écoliers; ce qui suppose cette correction fréquente.

CARNAVAL. (Tout est de)

Il faut des jours de repos et même de folie: pour jouir complétement, l'homme a besoin de se détacher de lui-même, et de s'électriser avec les autres. Mais pourquoi nomme-t-on carnaval les jours d'effervescence qui précèdent le carême ?-Ducange, dans son savant Glossaire, écrit: Carn-à-val, et dit : La chair s'en va, caro abscedit.

Voici une autre étymologie : les Romains avaient une déesse du nom de Carna, qui veillait sur la santé des hommes, sous le rapport des alimens; et comme, suivant le dicton populaire, la joie vient du ventre, elle en prenait le plus grand soin, aux Bacchanales, aux Saturnales, etc. Ces jours de gala passés, les gourmands rendaient grâce à la déesse qui les avait si bien nourris, et ils lui adressaient leurs adieux : Adieu Carna, Carna vale.

La religion chrétienne, en changeant les mœurs, toléra quelques anciens usages. En ordonnant le ca

rême, elle permit que des jouissances gaies, turbulentes même, précédassent et compensassent d'avance les privations que le peuple allait éprouver. Le peuple disait donc, à l'exemple des Romains dont il parlait la langue : Adieu, déesse de la bonne chère, Carna vale.

CARREAU.

Laisser sur le carreau, être sur le carreau. Lorsqu'on commença (dans le neuvième siècle) à paver Paris, le pavé fut composé de grosses dalles ou carreaux de grès, qui, en longueur et en largeur, avaient environ trois pieds et demi, sur à peu près six pouces d'épaisseur; quadratis lapidibus, suivant Guillaume Le Breton. L'abbé Le Boeuf dit avoir vu plusieurs pierres de ce pavé au bas de la rue Saint-Jacques, à sept ou huit pieds sous terre; car le sol a été successivement exhaussé.

C'est sans doute de ces carreaux que sont venues les expressions proverbiales: Laisser sur le carreau, être

sur le carreau.

Sous Philippe-Auguste, qui conçut et commença à faire exécuter le grand projet de paver Paris, on pava ce qu'on nommait la croisée de Paris, c'est-à-dire deux rues qui se croisaient au centre de cette ville, et se dirigeaient, l'une du midi au nord, l'autre de l'est à l'ouest.

CARRIÈRE.

Qu'on me remène aux carrières.

C'est-à-dire, je suis prêt à recommencer ce qui m'a attiré une persécution injuste.

Les carrières dont il s'agit étaient celles où Denys l'Ancien, tyran de Syracuse, renfermait les victimes

de sa cruauté. Ce Denys commença à régner l'an 405 avant Jésus-Christ.

CARTE. (Savoir la)

Est une locution proverbiale, qui signifie connaître les intrigues, les mœurs, les alentours d'une société quelconque.

Cette autre locution, perdre la carte, a la même origine; c'est ne savoir plus où est le nord, le midi, en un mot, la route qu'il faut suivre.

Il est possible que cette façon de parler soit tirée du jeu de piquet, où celui qui perd la carte a un grand désavantage.

CARTE. (Le dessous de)

Expression tirée du jeu de cartes.

Les figures, comme on sait, en font la valeur. Chacun cache ces figures; deviner le dessous de carte, c'est calculer par des rapprochemens le jeu de son adversaire.

Par figures, il ne faut pas seulement entendre les rois, les dames et les valets, puisque dans plusieurs jeux la valeur d'un as est supérieure à celle d'un roi, mais les signes caractéristiques de toutes les cartes. Cartes sur table.

C'est-à-dire, mon jeu est tellement sûr que je pourrais jouer en vous montrant mes cartes ; il y a au boston un coup de cette espèce, qui s'appelle boston sur table.

CASSE, (Si c'est du grès, on vous en) dit-on ironiquement à quelqu'un, lorsqu'on ne veut pas faire ce qu'il désire.

Le Duchat pense que c'est une allusion de grès à grec, parce qu'avant la restauration des lettres, ceux qui, dans une lecture publique, rencontraient du grec,

disaient: Græcum est, non legitur; c'est du grec, on

vous en passe.

Prenons plutôt grès dans le sens propre, à

la dureté de cette pierre.

cause de

On dit tout court, en Sologne: Je t'en casse, pour : Ne t'attends pas que je le fasse.

CASTILLE.

Ils ont eu castille ensemble; de questilla, diminutif de questa, venant de queror, je me plains, je querelle.

Castille s'est dit anciennement de l'attaque d'une tour ou château ; il fut employé depuis pour des jeux militaires, qui n'étaient que la représentation de véritables combats. La cour de France, en 1546, passant l'hiver à la Roche-Guyon, s'amusait à attaquer des castilles (forteresses de bois), et à les défendre avec des pelotes de neige. La division se mit entre les chefs; la querelle s'échauffa, et il en coûta la vie au duc d'Enghien,

CATIMINI. (En)

Sans bruit, sans faire semblant de rien, à peu près comme fait le chat quand il frappe de sa patte une

souris.

Catimini est un mot composé de l'adjectif catus, circonspect, et de la finale mini, commune à plusieurs mots faits à plaisir, notamment à brouillamini.

CATON.

Sage comme un Caton. C'est un Caton.

Deux Romains célèbres peuvent avoir donné lieu à ces façons de parler : Marcus Porcius Caton, né l'an 232 avant Jésus-Christ, et surnommé Caton le Censeur, à cause de l'austérité de ses mœurs; ou Denys Caton,

auteur de Distiques moraux en vers latins, que nos aïeux s'empressèrent de traduire en vers français.

CÉLESTIN. (Voilà un plaisant)

C'est-à-dire, un homme dont la plaisanterie passe les convenances.

Autrefois, à Rouen, les Célestins n'étaient exempts de payer l'entrée de leur boisson qu'à condition qu'un de leurs frères précéderait la première charrette, et ferait un saut devant la maison du gouverneur. Un jour un de ces moines ayant paru à la tête des charrettes, plus gaillard que n'avait été aucun de ses confrères, le gouverneur ne put s'empêcher de dire: Voilà un plai

sant Célestin.

Nous avons sous les yeux l'Histoire du monastère et couvent des pères Célestins de Paris; par le P. Beurrier, Célestin de Paris; in-4°, Paris, 1634. Le second titre porte, et avec raison: Antiquitez, prérogatives et priviléges, etc. Aucun couvent de Paris n'avait autant de priviléges que celui des Célestins. «< Enrichis par tant de bienfaits, dit M. Dulaure (Hist. de Paris, tome II), les Célestins virent bientôt l'abondance régner dans leur couvent. Leur nom obtint une singulière célébrité; quand on voulait rabaisser l'orgueil d'un sot, on employait cette expression proverbiale : Voilà un plaisant Célestin! Sans doute que ces religieux, fiers de la protection des rois, avaient, par de fréquentes preuves de leur orgueil, fait naître ce proverbe. »>

Cette interprétation a plus de vraisemblance que première.

CERNOIR. (De l'arbre d'un pressoir
Le manche d'un) ·

la

Ce proverbe concerne ceux qui, à force de changer

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