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chands de vin, pour former une enseigne, était bien choisi, puisque cette plante est consacrée à Bacchus. Les nôtres, qui ne cherchent que des rameaux d'un vert durable, emploient indistinctement le lierre, le pin, le cyprès, le houx, etc.

BOUCLIER. (Levée de)

Métaphore empruntée des anciennes joûtes, où l'on ne levait le bouclier pour s'en servir, que lorsqu'on se croyait sur le point d'être attaqué.

BOUCLIERS. (Faire une levée de)

C'est-à-dire, faire une levée de gens portant le bou

clier.

Cette façon de parler s'applique aux grandes entreprises qu'on n'exécute pas, ou qui réussissent mal. BOULE VUE. (Faire une chose à)

Métaphore, empruntée de la témérité qu'il y a à juger par la vue de la distance où peuvent être du but les boules de plusieurs joueurs.

BOULIEUX. (Normands)

Ravisius Textor, en l'une de ses élégies, faisant une ́longue énumération des choses impossibles, dit entre autres, qu'on ôtera plutôt aux Flamands, le beurre; aux Auvergnats, les raves; et aux Normands, la bouillie, qu'on ne lui ôtera le souvenir de son ami.

BOUQUET.

Donner le bouquet à quelqu'un, c'est l'engager à donner un bal à une société dont il est membre.

L'usage d'offrir, dans les bals, un bouquet à la personne qui doit donner le bal suivant, est un reste de la cérémonie chevaleresque du paon. (1)

(1) Ce noble oiseau, car on le qualifiait ainsi, était regardé comme

BOURGEOIS. (Cela est)

Manière de parler des personnes de qualité, qui traitent avec dédain tout ce qui n'est pas de leur rang.

LA CHANOINESSE.

Une superbe chanoinesse

Portait, dans ses sourcils altiers,
L'orgueil de trente-deux quartiers.
Un jour, au sortir de la messe,
En présence de l'Éternel,
En face de tout Israël,
Tandis qu'elle fendait la presse
Et s'avançait le nez au vent,
Un faux pas fit choir la déesse,
Jambe en l'air et front en avant.
Cette chute fut si traîtresse,
Qu'en dépit de tous ses aïeux,
Qui voulut, vit de ses deux yeux
Le premier point de la noblesse:
Car, on ne peut nier cela,

Toute noblesse vient de là.

l'emblème de la majesté des rois, à cause de l'éclat de son plumage. La coutume, dans les occasions solennelles, était de le servir rôti et avec ses plumes. Pour conserver l'aigrette, on enveloppait la tête d'un linge, et on l'arrosait d'eau fraîche pendant qu'il était à la broche. Quant au reste du corps, il avait été dépouillé : la peau se rajustait au moment où l'on allait mettre l'oiseau sur la table. Au reste, ce n'étaient point les écuyers ordinaires qui avaient l'honneur de servir le paon : cette cérémonie glorieuse regardait les dames; et ordinairement elle était déférée à celle d'entre elles que distinguait le plus sa naissance, son rang ou sa beauté. Suivie d'un certain nombre d'autres femmes, accompagnée d'instrumens de musique, cette reine de la fête entrait en pompe dans la salle du festin, portant en main le plat d'or ou d'argent dans lequel était l'oiseau. Là, au bruit des fanfares, elle le posait devant le maître du logis, si ce maître était d'un rang à exiger pareil hommage, ou devant celui des convives qui était le plus renommé pour sa courtoisie et sa valeur. Quand le banquet se donnait après un tournoi, et que le chevalier qui avait remporté le prix du combat se trouvait à table, c'était à lui, de droit, qu'on déférait l'honneur du paon.

Une partie de ce que nous venons de dire doit s'appliquer au faisan; on servait cet oiseau sur la table avec pompe.

Ce point en valait bien la peine;
L'ivoire, le rubis, l'ébène,
N'ont rien de plus éblouissant:
Elle avait raison d'être vaine.
Le beau chevalier qui la mène,
Noble et timide adolescent,
La relevait en rougissant,
Et rassurait d'un air décent,

Mais plein de feu, mais plein de grâce,
Sa pudeur prise au dépourvu.

Ah! monsieur, dit-elle à voix basse,
Monsieur, ces bourgeois l'ont-ils vu?

(RHULIÈRES.)

Tous les bourgeois de Chastres et ceux de Montlehéri.

Dans la grande Bible des Noëls, ouvrage fort ancien, se trouve un cantique qui commence par ces mots : Les bourgeois de Chastres et ceux de Montlehéri.

Non seulement l'air est arrivé jusqu'à nous, mais aux paroles, depuis un siècle, est comme inhérente une naïveté proverbiale.

En 1700, Philippe de France, duc d'Anjou, second fils du dauphin, et petit-fils de Louis XIV, allant prendre possession du royaume d'Espagne, et passant par Mont-l'Héri, le curé du lieu se présenta au prince, à la tête de ses paroissiens, et lui dit : « Sire, les longues harangues sont incommodes et les harangueurs ennuyeux; ainsi je me contenterai de vous chanter:

Tous les bourgeois de Châtre et ceux de Mont-l'Héri
Mènent fort grande joie en vous voyant ici.

Petit-fils de Louis, que Dieu vous accompagne,

Et qu'un prince si bon,

Don don,

Cent ans et par de-là,

La la,

Règne dedans l'Espagne. »

Souvent, au lieu de Chastres, on dit Chartres, parce

que Chartres est une ville connue, et que Chastres a changé de nom. Au mois d'octobre 1720, M. d'Arpajon, seigneur de Chastres, obtint des lettres patentes qui érigèrent la ville de Chastres, avec quelques terres voisines, en marquisat, sous la dénomination d'Arpajon. BOURGES. (Armes de)

On dit quelquefois, assez mal à propos, d'un ignorant qui est assis dans un fauteuil, ce sont les armes de Bourges. L'origine de ce proverbe se trouve dans un manuscrit latin de la bibliothèque du Vatican, plein de remarques curieuses sur les Commentaires de César. On y lit que, pendant le siége de Bourges, Vercingetorix, chef des Gaulois, commanda à un capitaine nommé Asinius Pollio, de faire une sortie sur les troupes de César celui-ci ne pouvant conduire lui-même ses soldats au combat, parce qu'il était incommodé de la goutte, envoya un lieutenant; mais une heure après, comme on vint lui dire que ce lieutenant lâchait pied, il se fit porter dans une chaise aux portes de la ville, et anima tellement ses soldats par ses discours et par sa présence, qu'ils reprirent courage, retournèrent contre les Romains, et en tuèrent un grand nombre. Une si belle action fit dire qu'Asinius dans sa chaise, avait autant contribué à la défaite de l'ennemi, que les armes de ses soldats. Quoique le mot armes ne signifie point ici armoiries, et qu'il y ait de la différence entre les mots asinius et asinus, on n'en a pas moins dit asinus in cathedra, un âne dans un fauteuil, et pris cet âne pour les armes de Bourges.

BOURGUIGNONS SALÉS.

Ce n'est point parce que les habitans de la Bourgogne aiment les alimens salés, qu'on les appelle Bour

:

guignons salés mais quelle est la cause de ce sobriquet? Le lecteur prononcera.

Jean de Châlons, prince d'Orange, s'était emparé d'Aigues-Mortes, au nom de Philippe, duc de Bourgogne, pendant les troubles du règne de Charles VII, et y avait mis en garnison quelques compagnies bourguignonnes. Les bourgeois, qui supportaient ce joug avec impatience, firent un jour main basse sur la garnison, tuèrent les Bourguignons, et jetèrent leurs cadavres dans une cuve avec une grande quantité de sel, afin de les conserver plus long-temps, comme un trophée de leur fidélité envers leur roi légitime, ou simplement, comme dit une histoire de Languedoc, de peur que ces corps morts n'infectassent l'air. Ceci arriva en 1422.

Dans le Glossaire alphabétique placé à la suite des Noëls bourguignons, Dijon, 1720, on trouve cette autre interprétation : « Les Bourguignons ayant les premiers des peuples de la Germanie, embrassé le christianisme, leurs voisins encore païens les appelèrent par dérision salés, à cause du sel qu'on mettait dès ce temps-là dans la bouche de ceux qu'on baptisait.

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Le Duchat pense que Bourguignon sale vient de la salade, ou bourguignotte, espèce de casque particulier à la milice bourguignonne.

Le dicton était :

Bourguignon salé,

L'épée au côté,

La barbe au menton,

Saute, Bourguignon.

BOURRE. (Rire sous)

C'était jadis rire sous le bourrelet de son chaperon. Rire sous cape, qui signifiait à peu près la même chose,

nous est resté.

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