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Le roi de la Grande-Bretagne convient également, quant à la proposition en général, que le roi Très-Chrétien a faite avec une franchise à laquelle S. M. Britannique veut repondre dans tout le cours de la négociation, savoir, que, relativement à la guerre particulière de l'Angleterre et de la France, 1° les deux couronnes resteront en possession de ce qu'Elles ont conquis l'une sur l'autre; 2o que la situation où Elles se trouveront à certaines époques, sera la position qui servira de base au traité qui peutêtre négocié entre les deux puissances.

Quant à la première partie de la susdite proposition, S. M. Britannique se fait un plaisir de rendre ce qui est dù à la grandeur d'âme de S. M. Très-Chrétienne, qui, par des motifs d'humanité, fera le sacrifice, à l'amour de la paix, des restitutions auxquelles Elle croit avoir lieu de prétendre, conservant en même temps ce qu'Elle a acquis sur l'Angleterre pendant le cours de cette guerre.

Quant à la seconde partie de la susdite proposition, concernant les conquêtes réciproques faites par les deux couronnes, l'une sur l'autre, à savoir, que la situation où elles se trouveront aux époques respectives énoncées pour les différentes parties du monde, sera la position qui servira de base au dit traité; le roi de la Grande-Bretagne reconnait encore avec satisfaction la candeur qui se manifeste de la part de S. M. Très-Chrétienne sur cet article, en prévenant, comme Elle l'a fait, des difficultés extrêmes, et en anticipant des objections indispensables qui ne pourraient que se présenter à ce sujet; étant, en effet, évident de soi-même que les expéditions par mer exigeant des préparatifs de longue main, et dépendant de navigations incertaines aussibien que du concours des saisons, dans des lieux souvent trop éloignés pour que les ordres, relativement à leur exécution, puissent s'adapter aux vicissitudes ordinaires de négociation, sujette pour la plus part à des contre-temps et à des lenteurs, et toujours variable et précaire; il ne résulte nécessairement que la nature de pareil

les opérations ne se trouve guère susceptible, sans trop de préjudice à la partie que les emploie, d'autres époques pour la fixation des conquêtes réciproques, que celles qui aient rapport au jour de la signature du traité de paix. Cependant comme cette considération, ainsi que celle qui regarde des conpensations (s'il s'en trouverait de convenables à faire entre les deux couronnes) de partie de leurs conquêtes réciproques, renferme la matière la plus intéressante et capitale du traité même, et que c'est sur ces deux objets décisifs que le roi Très-Chrétien offre d'entrer volontiers en négociation; le roi de la Grande-Bretagne désirant correspondre avec efficacité aux dispositions heureuses du roi Très-Chrétien, d'écarter toutes les entraves qui pourraient éloigner l'objet salutaire de la paix, S. M. Britannique déclare qu'Elle est prète de son côté d'entamer avec promptitude et sincérité la négociation proposée. Et pour démontrer avec plus d'authenticité l'étendue de la franchise de son procédé, S. M. Britannique déclare en outre, qu'Elle verrait avec satisfaction à Londres une personne suffisamment autorisée, par un pouvoir du roi Très-Chrétien, d'entrer aussitòt en matière avec les ministres britanniques sur tous les points qui sont contenus dans le mémoire joint à la lettre de Mr. le duc de Choiseul, du 26 de mars 1761, au secrétaire d'État de S. M. Britannique, lesquels points intéressent si essentiellement les deux puissances.

Par ordre et au nom du roi de la Grande-Bretagne mon maître.

W. PITT.

Cette proposition de l'Angleterre, d'envoyer un plénipotentiaire à Londres, n'empêcha pas que la destination de l'armement commandé pour la conquête de la Martinique ayant subitement changé, la flotte anglaise, forte de cent quinze voiles, parut devant Belle-Isle le même jour que le mémoire ci-dessus fut remis par M. Pitt au prince de Galitzin.

Si d'un côté, cette brusque expédition éclaira M. de Choiseul sur le dessein du cabinet britannique, de l'autre, l'interprétation capticuse que donnait le ministère anglais au mémoire de la cour de Versailles ne pouvait lui échapper. En conséquence ce ministre, en écrivant à M. Pitt, s'efforça dans un nouveau mémoire d'en rétablir le véritable sens; en acceptant à la fois au nom du roi la proposition de l'envoi d'un ministre à Londres, laquelle exigeait la réciprocité de l'envoi d'un plénipotentiaire anglais en France, pour entamer une négociation tant sur le fond de la question, que sur les époques, aussi bien que relativement aux compensations qui conviendraient aux deux couronnes.

No. VIII.

Lettre du duc de Choiseul, adressée à M. Pitt.

Versailles, le 19 avril 1761.

Monsieur, j'ai rendu compte au roi mon maître de la lettre que V. Exc. m'a fait l'honneur de m'écrire le 8 de ce mois, ainsi que du mémoire qui y était joint.

S. M. a vu avec un plaisir véritable la conformité des sentiments de S. M. Britannique avec les siens, sur la forme simple et franche qu'il convient à deux aussi grandes puissances de suivre dans la négociation de la paix. Le roi n'a pas différé, monsieur, de nommer l'ambassadeur qui doit le représenter au congrès d'Augsbourg; S. M. a fait choix du comte de Choiseul, à-présent son ambassadeur à Vienne, et il sera rendu, dans la ville désignée, les premiers jours de juillet, dans l'espérance où l'on est ici que S. M. Britannique y enverra pour le même temps son ambassadeur. Le roi m'a chargé, monsieur, de marquer à cette

commune avec

de l'Allemagne, pour le malheur

occasion à V. Exc., en réponse à la déclaration contenue dans sa lettre, que S. M., aussi constante qu'aucune autre puissance à remplir, avec l'exactitude la plus scrupuleuse, les engagements qu'Elle a pris avec ses alliés, continuera, avec la fidélité qui convient à la probité et à la dignité de son caractère, à faire cause eux, soit dans la négociation de la paix soit dans la continuation de la guerre, si, de l'humanité, les dispositions heureuses où se trouvent les puissances belligérantes n'ont pas le succès qui est si fort à désirer. Je ne dois pas, à cette occasion, laisser ignorer à V. Exc. avec quel chagrin le roi se verrait forcé de continuer une guerre aussi destructive, après avoir eu la confiance, que toutes les parties étaient intéressées à faire cêsser les calamités dont elle est la cause.

Pour ce qui est de la guerre particulière de la France avec l'Angleterre, je joins à cette lettre un mémoire en réplique à celui de V. Exc.; l'on ne peut trop éclaircir les intentions droites de nos maîtres, afin d'écarter dès le commencement d'une négociation intéressante les mésentendus qui quelquefois augmentent l'éloignement au lieu de le dissiper.

Vous êtes, monsieur, un ministre trop éclairé pour ne pas approuver ce principe.

J'ai l'honneur d'être, avec la considération la plus distinguée, etc.

LE DUC DE CHOISEUL.

No. IX.

Mémoire de S. M. Très-Chrétienne; du 19 avril 1761.

Le roi Très-Chrétien voit avec satisfaction que S. M. Britannique convient que la nature des objets qui ont occasionné la guerre entre la France et l'Angleterre, est totalement étrangère aux contestations qui ont produit la guerre d'Allemagne; c'est en conséquence de ce principe que S. M.

Très-Chrétienne a offert au roi d'Angleterre de traiter sur des préliminaires relatifs aux intérêts particuliers des deux couronnes; mais en faisant cette proposition, le roi de France n'a pas entendu, comme le commencement du mémoire de Londres du 8 d'avril paraît l'indiquer, que la paix d'Allemagne puisse avoir lieu sans que les différends entre la France et l'Angleterre fussent ajustés; S. M. Très-Chrétienne compte assez sur ses alliés pour être certaine qu'ils ne concluront ni paix ni trêve sans son consentement; Elle n'a donc point entendu que la paix d'Allemagne pût être conclue séparément de celle de la France et de l'Angleterre, et Elle n'a proposé au roi de la Grande-Bretagne que la séparation de la discussion des deux guerres, pour parvenir à une paix générale pour toutes les parties.

Le roi Très-Chrétien renouvelle la proposition qu'il a fait faire dans le premier mémoire, que les deux puissances restassent in statu quo de leurs possessions et de leurs conquêtes, selon les époques indiquées dans le dit mémoire; mais S. M. observe que le fond de la proposition est nécessairement lié avec les époques proposées, car l'on sentira qu'il pourrait arriver tels événements de part ou d'autre qui empêcheraient absolument l'acquiescement à l'uti possidetis, si les époques s'éloignaient; et S. M. Très-Chrétienne est d'autant plus fondée à réclamer sur le fond de la proposition, si le roi d'Angleterre n'aquiesce pas aux époques qui y étaient jointes, que l'on ne peut pas douter que ces époques ont été proposées dans un temps qui n'était pas avantageux à la France.

Il est certain que les conquêtes réciproques ne peuvent être fixées que le jour de la signature de la paix; mais il n'est pas moins certain qu'on peut prendre pour base de négociation de cette paix, la situation où les parties belligérantes se sont trouvées à telle ou telle époque de la guerre. C'est ainsi que le roi de France a entendu la proposition qu'il a faite au roi d'Angleterre; et c'est d'après ce principe, si S. M..Britannique l'adopte, que S. M. Très

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