qu'un particulier fit jetter en ce tems-là trois ou quatre cens grandes huîtres dans le lit de la riviere précisément au bout de fon domaine. Il y a apparence que le fray ou la femence des huîtres s'étendit dans tout le lit de la riviere au moyen du flux & reflux qui les difperfa, & que de petites pierres ayant reçues cette femence, tout le canal devint rempli d'huîtres. Ce qui favorise cette conjecture, c'eft que les huâtres commencerent à s'y trouver dans ce tems-là, & que la premiere fois qu'on en trouva, elles parurent jeunes & petites, & qu'elles ont toujours augmenté depuis en groffeur & en quantité, quoiqu'on en tire beaucoup tous les ans. Ibid. p. 179.

HYACINTHE, ou JACINTE, qu'on écrit quel

quefois HIACINTE. Pierre précieuse qui prend fon nom de la fleur Hyacinthe, à caufe de fa couleur, & qui le donne à une Confection.

Π Il y a de quatre fortes d'Hyacinthe; celles dont la couleur eft mêlée de vermillon, celles d'un jaune de safran, celles de couleur d'ambre; & enfin celles qui étant prefque blanches, n'ont qu'un leger rouge mêlé dans leur couleur.

Woodward en parle de cette maniére. L'Hyacinthe, 'dit-il, eft d'une couleur jaune rougeâtre, qui approche de celle de la flamme, ou de l'ambre, qui eft très foncé. Les Jouailliers en ont de deux fortes, l'une plus pâle, & l'autre plus chargée, qu'ils appellent la belle; c'eft vraisemblablement une efpéce de l'Efcarboucle des Anciens, Car leur Hyacinthe étoit certainement une pierre différente de la nôtre, & d'une couleur de pourpre tendant au bleu.

Les Hyacinthes qui viennent d'Orient fe trouvent dans

les

les Royaumes de Calicut & de Cambaye. En Occident on en trouve en Portugal, en Bohéme, en Siléfie, & d'autres endroits.

Ces pierres font faciles à graver; mais fouvent la coûte plus que la pierre elle-même.

gravure

Les Anciens en faifoient des amulettes, ou efpéces de talifmans, & les portoient ou pendues au col, ou enchaffées dans un anneau contre la pefte. Leur crédulité leur attribuoit encore quantité d'autres vertus que la raifon & l'expérience démentent.

L'Hyacinthe dont on fe fert en Médecine, & de laquelle la confection d'Hyacinthe prend fon nom, est une pierre précieuse, dont il y a de trois fortes. La premiére eft la Hyacinthe foupe de lait, qui eft une petite pierre de la groffeur & figure d'un moyen grain de fel affez

tendre.

La feconde eft une pierre rougeâtre deffus & dedans, naturellement taillée en pointe de diamant. Il s'en trouve en Pologne, en Bohéme, en Silésie, & en quelques lieux d'Italie.

La troifiéme eft blanche, mêlée de jaune & de quelques autres couleurs. Elle fe tire des mêmes endroits que la rouge. Il n'y a proprement que la premiére forte qui foit propre à la confection de Hyacinthe, quoique quelques Droguiftes & Apoticaires y fubftituent affez fouvent les autres. Voyez CONFECTION D'HYACINTHE.

Il y a d'autres pierres de la groffeur de la tête d'une épingle, d'un rouge brillant, qu'on veut faire paffer pour veritables Hyacinthes. Les Marchands Epiciers-Droguiftes les appellent Jargons par mépris. Elles fe trouvent en France, & fur-tout en Auvergne.

HYPOCISTIS ou HYPOCISTE. C'est tout enfemble le nom d'un fuc qui entre dans la compofition de la Thériaque, & de la plante de laquelle on le tire: il est deffeché, noir, brillant, & d'un gout auftére.

Cette plante eft une parafite qui ne vit & ne croît que fur les racines de quelques plantes ligneufes des pays chauds, mais fur-tout fur celles des efpéces de Ciftus. Sa fleur est semblable à celle du genre d'Afarum, qui est une fleur à étamines. La fleur de l'Hypociftis n'a point de pétale; elle n'est compofée que d'un calyce, épais, coriace & coloré; de douze étamines, & d'un piftile caché dans le fond du calyce. Ce calyce eft divifé à moitié par le haut en 3 ou 4 lobes pointus; il reffembleroit tout-à-fait à celui de la fleur du grenadier, s'il eût été divife en cinq pointes, ainfi que l'a cru Mr. Geoffroi. Cette fleur eft fuivie d'une capfule coriace, ayant prefque la forme d'une baye, à laquelle le fond du calyce fert d'envelope, fans perdre sa couleur. Cette capfule eft divifée en fix loges remplies de femences menues & envelopées d'une matiére vifqueufe & tranfparente. Ces femences meures, font emportées par les vents après être forties de leur capfule, & ne germent jamais que fur les racines d'autres plantes propres à nourrir cette espèce de parafite. La glu qui les entoure, ne fert pas peu à les attacher aux pieds des Ciftus qu'elles rencontrent lorfqu'elles font chaffées par de grands vents; celles qui tombent ailleurs que fur ces racines, périffent toutes fans produire. Cette manière de croître & de fe nourrir de l'Hypociftis, est tout à fait analogue à celle du Goy; Voyez cet article.

Mr. Linnaus, le plus habile des Botanistes, qui a mieux obfervé les caractéres de cette efpéce que l'on n'avoit fait, l'a rangée fous le genre d'Afarum, parce que les parties de

la

la génération, qui font la fleur & le fruit dans les plantes,
font toutes femblables à celles de ce genre, par conféquent
elle eft de la XVe claffe de Tournefort, & non de fa premie-
re, comme celui-ci l'avoit cru.

L'Hypociftis eft fort commun en Provence & en Langue-
doc, où l'on y en recueille & prépare le fuc. C'eft d'où
les Marchands Epiciers-Droguistes de Paris le font venir :
il en vient auffi des pays Orientaux.

Il faut le choisir cuit, en bonne confiftence, c'est-à-dire,
ferme, d'un noir luifant, le moins brûlé & le plus aftrin-
gent au gout qu'il eft poffible.

Pour faire ce fuc, on pile les fruits récens, & l'on ex-
prime le fuc, que l'on fait enfuite fécher au foleil, & que
l'on épaiffit jufqu'à la confiftence d'extrait folide.

On fubftitue quelquefois cette drogue à l'acacia-vera.
Elle entre auffi dans la compofition de l'emplâtre noir
du Prieur de Cabriére, dont la recette a été rendue pu
blique.