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guerre la question de vitalité du gouvernement des Bourbons. Louis XVIII, accablé d'infirmités, ne régnait plus que de nom; le pouvoir était tout entier au comte d'Artois; les jésuites dominaient partout; la majorité de la chambre appartenait au parti rétrograde: on obéit à l'injonction des puissances réunies en congrès à Vérone. Quatre-vingt mille hommes furent rassemblés aux Pyrénées, sous le commandement du duc d'Angoulême guidé par le maréchal Oudinot, et l'on entra en Espagne [1823, 6 avril]. Les moines, dépouillés de leurs biens par les cortès, avaient soulevé le peuple contre la constitution; les royalistes avaient commencé la guerre civile; les constitutionnels se montraient sans énergie et sans habileté. Les troupes françaises n'éprouvèrent que de faibles obstacles dans ce pays où les prêtres leur avaient fait jadis une si terrible guerre. Les cortès s'enfuirent à Cadix et déclarèrent Ferdinand déchu du trône. Les Français arrivèrent sous cette ville, qui, après un siége mal soutenu, capitula [octobre].Ferdinand, mis en liberté, annula tous les actes des cortès et commença des supplices. Le duc d'Angoulême essaya vainement de servir de médiateur entre les constitutionnels et les royalistes: nos soldats revinrent avec la triste gloire d'avoir remis la nation espagnole sous le joug de moines barbares et d'un roi inepte et cruel.

L'expédition d'Espagne acheva la défaite de la révolution en Europe, et remplit d'orgueil le parti de l'ancien régime. Les jésuites marchaient le front levé; on allait droit à une contrerévolution; la chambre avait été dissoute, et de nouvelles élections, entachées de fraude et de corruption, en avaient exclu tous les libéraux, à l'exception de dix-neuf [1824, 24 décembre]. On rendit la chambre septennale; ou rétablit la censure; on fit de nombreux procès à la presse; on mit l'université dans les attributions du ministère des affaires ecclésiastiques, où dominaient les jésuites. Mais les dix-neuf députés libéraux étaient la tête d'une opposition violente qui se propageait jusque dans les derniers rangs de la société ; la lutte était continuelle et s'exerçait jusque dans les moindres détails; on ne passait rien au gouvernement; on le harcelait sur des minuties et même avec injustice. C'était à la dynastie qu'on en voulait réellement rien n'avait pu effacer sa fatale origine; mais au lieu de faire de la lutte une question de révolution, on en faisait une question d'institutions, et c'était au nom de la charte qu'on

attaquait les vassaux de la Sainte-Alliance et les représentants de l'ancien régime.

La mort de Louis XVIII [1824, 16 sept.] précipita la crișe : « Que Charles X, avait-il dit, ménage la couronne du duc de Bordeaux ! » Mais Charles X, esprit étroit, borné, opiniâtre, était la contre-révolution incarnée : il n'avait jamais varié dans ses opinions, et il était, en montant sur le trône, rempli des mêmes idées qu'au 16 juillet 1789, quand il donna le signal de l'émigration. Devenu très-dévot après une jeunesse dissolue, il s'était abandonné aux jésuites, et croyait sincèrement qu'il avait mission de Dieu de restaurer le trône et l'autel en anéantissant la révolution. Aussitôt, et guidé par ses ministres Villèle, Corbière et Peyronnet, il fit proposer aux chambres de donner un milliard d'indemnité aux émigrés, de rétablir les couvents de femmes, de punir de mort les sacriléges, de recréer dans les héritages un privilége en faveur de la primogéniture. Les députés adoptèrent toutes ces lois contre-révolutionnaires ; les pairs adoptèrent les deux premières seulement. C'est qu'il s'était formé parmi les royalistes un parti qui voyait avec terreur la marche du gouvernement, et qui, croyant le maintien de la charte indispensable au salut de l'Etat, s'était séparé des jésuites et du ministère : le chef de ce parti était Chateaubriand : il ralliait à lui tout ce que le royalisme comptait d'esprits éclairés et généreux; et comme il dominait principalement à la chambre des pairs, il fit rejeter les lois du sacrilége et du droit d'aînesse. Ce fut la résistance de ce parti qui arrêta pendant cinq ans encore la dynastie sur la pente fatale où elle courait de faute en faute. L'opposition grandissait sans cesse, et la marche du pouvoir était telle, qu'il n'avait plus pour amis qu'une tourbe ignorante d'émigrés fougueux et de prêtres fanatiques. Un projet de loi contre la liberté de la presse excita une telle clameur que le ministère fut forcé de le retirer; la garde nationale de Paris, passée en revue par le roi, l'accueillit par les cris: « A bas les ministres ! » elle fut licenciée [1827, avril]; enfin Villèle, voulant s'assurer une majorité pendant sept ans par de nouvelles élections, fit dissoudre la chambre [novembre]. Mais, grâce à l'activité de la presse, les élections furent libérales, et le ministère fut contraint de se retirer. Alors arriva au pouvoir le parti Chateaubriand [1828, 1er janvier]. On reprit confiance. Le ministère nouveau, qui avait pour chef Martignac, abolit la

censure, proposa de bonnes lois, enfin obéit à l'opinion publique, qui depuis longtemps sollicitait l'intervention de la France dans l'insurrection de la Grèce. Déjà un traité avait été signé [1827, 6 juillet], entre la France, l'Angleterre et la Russie pour faire cesser les hostilités entre les Grecs et les Turcs: il avait été suivi de la bataille de Navarin, dans laquelle les trois flottes alliées détruisirent la flotte ottomane [20 octobre]; mais les troupes de terre occupaient encore la Morée. Le ministère Martignac envoya dans ce pays quinze mille hommes qui forcèrent les Turcs à l'évacuer. Alors le sultan reconnut l'indépendance de la Grèce.

Cependant le cabinet, harcelé par les libéraux, était obligé de leur donner de nouveaux gages: il fit rendre des ordonnances contre les jésuites, et il mit les écoles secondaires ecclésiastiques sous la surveillance de l'Université. Charles X ne signa cette ordonnance qu'avec une profonde répugnance : dès que la session fut close, il congédia son ministère, et appela aux affaires MM. de Polignac, Peyronnet et Bourmont [1829, 8 août]. Le premier était l'âme de la congrégation; le deuxième était le collègue discrédité de M. de Villèle; le troisième, ancien chef de chouans, avait trahi l'empereur dans la campagne de Waterloo. La nation se vit menacée définitivement d'une contre-révolution et se prépara à la lutte. Les chambres ayant été convoquées, celle des députés, à une majorité de deux cent vingt et une voix contre cent quatre-vingt-une, déclara au roi que son ministère était menaçant pour les libertés publiques. Charles X prononça la dissolution de la chambre. La guerre était déclarée entre la dynastie et la nation : les nouvelles élections renvoyèrent à la chambre les deux cent vingt et un, grossis de plusieurs autres libéraux: il fallait que le roi cédât ou qu'il fît un coup d'État.

Le gouvernement chercha à cacher son impopularité sous la gloire militaire une insulte ayant été faite à notre consul d'Alger, il fut résolu de purger la Méditerranée des pirates barbaresques. L'armée d'expédition était commandée par le général Bourmont, la flotte par l'amiral Duperré. On débarqua à deux lieues d'Alger, et l'on assiégea la ville, qui fut forcée de capituler [1830, 5 juillet]. C'était une glorieuse conquête : elle excita une grande joie, mais elle ne ralentit pas les haines populaires. Alors la cour résolut un coup d'État, et, le 26 juillet, furent publiées des ordonnances qui abolissaient la liberté de la presse,

annulaient les dernières élections, et créaient un nouveau système électoral. C'était, en réalité, la destruction de la constitution. Aussitôt Paris se révolta au cri de Vive la Charte! [27 juillet.]. Le peuple, qui gardait rancune à la dynastie, engagea la lutte avec les troupes; le combat dura trois jours; on prit le drapeau tricolore; on détruisit les insignes de la royauté; enfin on chassa les troupes royales de Paris. Le roi, qui était à SaintCloud, s'enfuit à Rambouillet. Un gouvernement provisoire fut formé; tous les partis s'agitaient et demandaient, les uns la république, les autres le duc d'Orléans, d'autres le duc de Bordeaux. Les chambres s'assemblèrent et confièrent la lieutenance générale du royaume au duc d'Orléans: on se souvenait des gages qu'il avait donnés dans sa jeunesse à la révolution; rentré en France en 1814, il s'était montré sujet soumis de Louis XVIII et de Charles X, mais il n'avait pris part, durant la restauration, à aucune démonstration anti-populaire, et ou avait remarqué ses liaisons avec quelques membres de l'opposition libérale. Charles X et le duc d'Angoulême abdiquèrent vainement en faveur du duc de Bordeaux; ils furent forcés de se réfugier à l'étranger avec le dernier rejeton de leur race. Enfin les chambres modifièrent la Charte, rétablirent le grand principe de la souveraineté nationale, et appelèrent au trône le duc d'Orléans, qui, après avoir prêté serment à la nouvelle constitution, fut reconnu pour roi des Français sous le nom de Louis-Philippe 1er [9 août].

FIN DU QUATRIÈME ET DERNIER VOLUME.

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CHAPITRE I. Serment du Jeu de paume. Prise de la Bastille. Les

Dates. § I.

5 mai 1789. § II.

17 juin.

20-23 juin. § III.
23 juin-17 juillet. § IV.

16 juillet-4 août. § V.

-

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Pages.
1

ibid.

Parisiens à Versailles. - Du 5 mai au 6 oct. 1789... ibid.
Le peuple a seul la direction de la révolution... ibid.
Disputes pour la vérification des pouvoirs.

Le tiers état se déclare Assemblée nationale...

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5

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