Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

de cette attaque épargna à la colonie les horreurs | fit les avantages inouïs que lui offraient ses prode la guerre civile qu'un insensé y avait allumée.

La coïncidence des efforts de Béhague avec les desseins qu'on imputait à Saint-Domingue au parti des pompons blancs, a donné quelque probabilité à l'existence d'un plan, aussi ridicule dans son but que malheureux dans ses résultats : celui d'établir une scission entre la France et les colonies, pour assouvir la vengeance d'un parti. La contre-révolution ne pouvait venir de Saint-Domingue à Paris, lorsque 400,000 coalisés ne réussissaient pas à l'opérer en Europe: et les hommes qui, à deux mille lieues de la métropole, arborent des couleurs étrangères, sont toujours imprudents ou coupables. Si le drapeau blanc, ramenant l'union dans les colonies, eût été en même temps respecté par les Anglais, on pourrait regretter à la vérité qu'il n'eût pas été arboré; puisqu'à là paix, il eût rendu ces belles possessions à la France. Mais nous sommes loin de penser que la couleur d'un pavillon eût calmé les passions, et satisfait tous les intérêts; et il était moins probable encore, que l'Angleterre se fût contentée d'un arrangement si contraire à ses espérances. D'ailleurs, la paix de 1814 n'était guère à prévoir en 1792 : et, à cette époque, le drapeau blanc ne paraissait que le signe de ralliement d'une faible minorité, et la preuve d'une scission déplorable entre les Antilles et les ports français. L'ile de Tabago, moins importante et défendue par quelques milices seulement, avait été occupée, sans coup férir, par l'amiral Laforey et le général Cuyler.

pres ennemis.

Telles furent les vicissitudes de la fortune, dans cette campagne à jamais célèbre de 1793, qui présente aux méditations d'un général et d'un homme d'État, des combinaisons d'un ordre supérieur et d'utiles leçons. Les militaires se convaincront par les écarts de Dumouriez, qu'il n'est point de succès durables à la guerre, quand on en viole les principes.

Les hommes d'État apprendront, par le singulier rôle des coalisés depuis le mois d'avril jusqu'à la fin d'octobre, que dans les guerres d'opinion, il faut aller rapidement au but dès qu'on en trouve l'occasion.

La troisième époque de cette campagne fut le véritable réveil du lion: les fonctionnaires appelés à diriger les peuples, y puiseront des exemples de combinaisons à suivre, et d'excès à éviter.

Nous avons assez souvent fixé l'attention da lecteur sur ce que les fureurs du comité de salut public eurent d'odieux, et sur ce qu'elles enfantèrent de sublime. Si l'énergie appliquée à des mesures pour la défense de la patrie, peut jamais devenir criminelle, il faut convenir qu'un tel crime a encore quelque chose capable d'en atténuer l'odieux, et que son motif commande même une sorte de respect à la postérité.

Les représentants du peuple près les armées, toujours plus exagérés qu'habiles, furent souvent la cause de sanglants revers; mais on est forcé d'avouer aussi, que des troupes désorganisées et

Une faible tentative sur le poste de Gorée, si important, comme relâche dans le voyage de l'Inde, et comme point militaire couvrant la côte du Séné-mal disposées se soutinrent uniquement par l'exalgal, n'avait abouti à rien.

Le cabinet de Saint-James, informé du mauvais succès de l'amiral Gardner contre la Martinique, ordonna aussitôt les préparatifs d'une expédition plus considérable. L'amiral Jervis dut porter le général Grey, avec une division de 7 à 8,000 hommes et ces armements. poussés de concert avec ceux de lord Moira contre les côtes de Bretagne; de Macbridge contre Dunkerque; de Hood contre Toulon et la Corse; enfin, de la grande flotte de la Manche sous lord Howe, attestent les efforts et l'activité du ministère anglais pour mettre à pro

tation de ces commissaires, et par l'énergie qu'ils imprimèrent à tous les rouages de l'administration. Sans leur présence, l'intervalle du mois d'avril au mois de novembre eût été signalé par de plus grands désastres. Les levées qu'ils opérèrent, ne donnèrent pas immédiatement aux armées la supériorité qu'ils s'en promettaient; mais elles remplirent les vides, imposèrent à l'ennemi, et préparèrent d'immenses moyens pour la campagne suivante.

Puisque dans les grands périls, une nation généreuse doit tout sacrifier pour sauver son honneur et

son indépendance, et que les peuples trouvent rarement la prospérité sous le joug étranger, le rapport de Barrère et les décrets du 23 août seront, à part leur exagération, des monuments de gloire pour la république. Un gouvernement fort et vigoureux, ôtant de ces mesures les odieux moyens d'exécution dont elles furent accompagnées, trouvera le juste milieu entre les devoirs de l'homme public et ceux des citoyens et, il faut le dire, ce fut en suivant les exemples du comité de salut public, mais sans imiter ses folies, que les peuples européens parvinrent de nos jours, à renverser le colosse qui menaçait de les écraser.

On a ainsi reconnu en principe, que, s'il est indispensable qu'un gouvernement ait des armées permanentes pour la garde de ses frontières, et pour les guerres extérieures que de sages et utiles alliances peuvent le forcer à entreprendre, il n'importe pas moins qu'il habitue la nation à regarder comme le plus saint des devoirs, de ne jamais laisser impunément envahir ses provinces. De bonnes institutions militaires, préparées à l'avance, et un esprit public entretenu, excité même par toutes les ressources que l'administration tient en ses mains, dispenseront un grand peuple d'avoir recours aux lois et aux armées révolutionnaires

pour sauver ses pénates, et seront les plus sûrs garants de son indépendance et de sa dignité.

Si l'esprit humain pouvait rétrograder, et qu'il y eût moyen d'oublier ce qui s'est passé depuis un siècle, on serait tenté de regretter ce temps où les petites armées de Turenne et de GustaveAdolphe, balançaient les destins de l'Europe, et il serait à souhaiter de voir les forces de toutes les puissances réduites aux ressources régulières du recrutement volontaire; l'humanité y gagnerait, le sang ne coulerait plus à si grands flots; les nations ne seraient pas moissonnées par le fer et dévastées par le feu. Mais puisqu'il est vrai que le peuple qui organisera le mieux ses levées nationales deviendra menaçant pour ses voisins, quel sera le gouvernement assez faible et assez insouciant pour y renoncer, quand il se verra entouré de rivaux jaloux et prêts à fondre sur ses provinces? Un nouveau droit public, garanti par toute l'Europe, et religieusement observé par les cabinets, serait le seul moyen d'atteindre un but si louable: nous laissons aux arbitres des nations, le soin de décider à quel point la chose est possible, et nous allons passer au récit des opérations offensives qui portèrent les armées françaises jusqu'aux rives de l'Ebre, de la Bormida, du Waal et de l'Yssel.

[graphic][merged small][merged small]

PIÈCES JUSTIFICATIVES

DU LIVRE V.

SECONDE PÉRIODE DE 1793.

N° 9.

Décret concernant l'acte de navigation.

Du 21 septembre 1793.

La convention nationale, après avoir entendu le rapport du comité de salut public, décrète :

ART. I. Les traités de navigation et de commerce existants entre la France et les puissances avec lesquelles elle est en paix, seront exécutés selon leur forme et teneur, sans qu'il y soit apporté aucun changement par le présent décret.

II. Après le 1er janvier 1794, aucun bâtiment ne sera réputé français, n'aura droit aux priviléges des bâtiments français, s'il n'a pas été construit en France ou dans les colonies et autres possessions de France, ou déclaré de bonne prise faite sur l'ennemi, ou confisqué pour contravention aux lois de la république ; enfin s'il n'appartient pas entièrement à des Français, et si les officiers et trois quarts de l'équipage ne sont pas français.

III. Aucunes denrées, productions ou marchandises étrangères, ne pourront être importées en France, dans les colonies et possessions de France, que directement par des bâtiments français, ou appartenant aux habitants du pays des crû, produit ou manufactures, ou des ports ordinaires de vente et première exportation; les officiers et trois quarts des équipages étrangers étant du pays dont le bâtiment porte le pavillon : le tout sous peine de confiscation des bâtiments et cargaisons, et de trois mille livres d'amende, solidairement et par

[blocks in formation]

chaine leur expulsion, c'est terminer celle-ci d'une manière désavantageuse, leur laisser les moyens de commencer la suivante et prolonger les malheurs de la guerre;

Que le seul moyen d'imprimer une énergie nouvelle à l'esprit public, comme de jeter le découragement chez les ennemis, est de leur ôter tout espoir de succès pour la suite; et de les ramener au même point où ils étaient en commençant ;

Considérant qu'il est impossible à un peuple libre de consentir à aucune trêve, ou à prendre aucun repos tant que son ennemi occupe une portion quelconque de son territoire; que les raisons de politique et d'économie exigent que nous vivions à ses dépens, et qu'enfin la saison est trop avancée pour qu'une défaite même, en supposant qu'elle eût lieu, pût compromettre le salut de la frontière, arrêtent ce qui suit.

V. Le général tiendra ses forces en masse et donnera à l'ennemi de la jalousie sur plusieurs points pour l'engager à diviser les siennes; il tirera des garnisons tout ce qui n'est pas strictement et rigoureusement nécessaire à leur sûreté, en remplaçant les vieilles troupes par celles de la réquisition.

VI. En même temps qu'une division de l'armée agira ainsi du côté de Mons, l'autre pressera l'ennemi du côté de Cysoing, Maulde et Tournay, et tâchera d'opérer sa jonction avec la première, soit en enveloppant Mons et Tournay, soit en passant entre ces villes et la frontière.

Signé au registre, Carnot, Collot-d'Herbois, Hérault, Robespierre, C. A. Prieur, Barrère et Billaud-Varennes.

No 11.

lutionnaire.

ART. Ier Le général en chef de l'armée combinée Décret relatif à la formation d'une armée révodu Nord et des Ardenues, réunira toutes les forces qui sont à sa disposition pour frapper un coup décisif et chasser entièrement dans cette campagne l'ennemi du territoire de la république.

II. A cet effet il passera la Sambre, soit au-dessus soit au-dessous de Maubeuge, soit à Maubeuge même : il cernera l'ennemi, il l'enveloppera, il l'enfermera dans la portion du territoire qu'il a envahi, lui coupera les communications avec son propre pays, et le séparera de ses magasins qu'il brûlera s'il ne peut s'en emparer.

Du 5 septembre 1793.

La convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité de salut public, décrète :

ART. I. Il y aura à Paris une force armée, soldée par le trésor public, composée de 6,000 hom mes et 1,200 canonniers, destinée à comprimer les contre-révolutionnaires ; à exécuter, partout où besoin sera, les lois révolutionnaires et les mesures de salut public qui seront décrétées par la convention nationale, et à protéger les subsistances.

II. Cette force armée sera organisée dans le jour, selon le mode prescrit par la loi.

III. Néanmoins l'armé française ne s'engagera qu'avec prudence en terre étrangère; elle côtoyera les frontières le plus près que faire se pourra, et maintiendra toujours ses communications assurées La municipalité de Paris et le commandant géavec les places. Elle engagera une affaire générale néral se concerteront sur-le-champ avec deux membres dn comité de salut public pour l'occasion s'offrira de combattre avec aussitôt la formaavantage et de mettre l'armée ennemie en déroute tion de cette force.

que

complète.

III. La solde de cette force révolutionnaire sera

IV. Le général fera son possible pour tromper la même que celle de la gendarmerie nationale de

l'ennemi sur ses projets, il lui persuadera qu'il a des forces immenses; il pourra tenter un coup de main sur Namur, et s'il ne peut prendre cette forteresse, il tâchera du moins d'isoler le château, en coupant le pont qui communique en pays ennemi; il tâchera également d'enlever le Quesnoy, soit par surprise, soit en le faisant sommer s'il est instruit que la garnison est faible.

Paris.

N° 12.

Décret qui ordonne l'arrestation des personnes suspectes.

Du 17 septembre 1793.

La convention nationale, après avoir entendu le

« VorigeDoorgaan »