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l'instant favorable de tenter quelque mince entre- | était d'un accès si difficile que Caro n'y avait laissé que des postes. La division qui formait l'aile droite, forte de 7 à 8 mille hommes, gardait la tête des vallées de Roncevaux et de San-Carlos jusqu'aux sources de l'Irati.

prise: Caro, entreprenant et actif, entendait assez bien les combinaisons de la petite guerre; s'étant avancé le 23 juillet avec 4,000 hommes et 500 chevaux sur Urrugne, dans l'espoir d'attirer les républicains à quelque engagement désavantageux, sa troupe donna elle-même dans le piége qu'elle voulait leur tendre. Assaillie par un détachement du 18° de dragons, au moment où elle croyait envelopper une petite avant-garde, elle prit la fuite, laissant une partie du régiment de Léon au pouvoir des Français. Le général faillit lui-même être pris, et ce petit succès éleva le courage des nouvelles levées jusqu'à l'exaltation.

Le vieux Delbecq qui n'avait été pour rien dans ce succès, mourut quelques jours après à SaintJean-de-Luz, et fut remplacé par Desprès-Crassier, dont le carractère brusque et hautain lui aliéna les commissaires de la convention aussi bien que ses subalternes.

Le choix de ces positions défensives, en ne consultant que les difficultés locales, était aussi bien entendu que possible, d'après le système de guerre adopté pour mettre le pays à l'abri d'incursion. Bien que les ouvrages ne fussent encore qu'ébauchés, l'attaque en était sujette à mille inconvénients, puisqu'on ne pouvait amener du canon que par les routes d'Irun et de Saint-Jean-Pied-de-Port. Il est vrai que la direction de la vallée de Bastan conviait les Français à déboucher sur la gauche de la Bidassoa pour prendre à revers la ligne ennemie; mais le chemin de Bera à Saint-Martial par le pied de la montagne de Haya, n'étant qu'un sentier étroit et pratiqué sur les flancs rocailleux et boisés de cette montagne, il n'y avait d'issue que par la vallée de Lerin sur celles d'Oyarzun ou d'Urumea. Dès lors

Les représentants Ferrand et Garrau, délégués auprès de l'armée des Pyrénées-Occidentales, s'in-il paraissait scabreux de jeter des forces considédignaient de voir l'été s'écouler sans qu'on prît l'offensive; et ne calculant pas les conséquences le moindre échec pouvait entraîner, que ils soumirent au nouveau général en chef une foule de projets qui dénotaient plus de zèle que de génie. Després-Crassier après en avoir rejeté un grand nombre, se vit enfin obligé d'en adopter un, pour ne pas fournir contre lui des armes à la malveillance, et promit de l'exécuter, en y apportant toutefois quelques modifications, dont on lui fit

ensuite un crime.

Les Espagnols tenaient leur ligne de défense par deux positions principales ; la première qui barrait le grand chemin d'Irun et pouvait être considérée comme l'aile gauche, avait sa droite aux retranchements de Bera et de la montagne de Commissari, sous les ordres du comte de Urrutia; le gros à Saint-Martial, formant un saillant vers Biriatu, où commandait la Romana; la gauche à Irun. Le camp de Saint-Martial défendait le passage de la Bidassoa, vers la grande route, par un triple étage de batteries retranchées : des postes également fortifiés couvraient les hauteurs devant Bera. (Voyez planche III.) Le centre de la ligne générale, formé par les montagnes d'Echalar et du col de Maya,

rables sans artillerie, au milieu d'une armée abon damment pourvue de tout; et cette opération ne devait être considérée que comme une diversion bonne à entreprendre dans le cas où l'on dirigerait une attaque sérieuse par la chaussée sur Saint-Martial. Frappés de tous ces obstacles, les représentants et Després-Crassier espérèrent enlever Bera et Biriatu, et passer la Bidassoa pêle-mêle avec les Espagnols; ce projet était téméraire, car il avait le défaut d'attaquer de front les positions les mieux gardées.

Il fut donc arrêté d'enlever au centre le poste retranché de Biriatu, défendu par le marquis de la Romana, de passer la Bidassoa à sa poursuite, et de s'emparer d'Irun, tandis qu'une colonne longeant la Rhune chercherait à percer le port de Bera tenu par le comte Urrutia.

L'issue de cette entreprise ne fut pas heureuse; les uns disent parce que le signal d'attaque fut donné trop tôt; d'autres prétendent au contraire par un défaut d'ensemble dans les dispositions; un officier qui a rendu compte de cette campagne assure néanmoins que le général en chef avait tracé dans une longue instruction le devoir de chacune de ses colonnes. Quoi qu'il en soit, la journée

du 29 août, après s'être annoncée sous les auspices | nemis de Després-Crassier à faire retomber sur lui les plus favorables, se termina au désavantage tout l'odieux de la défaite de Biriatu. Des intrides Français.La colonne de droite ayant replié les gants parvenus déjà au grade immédiatement auavant-postes espagnols se présenta devant Biriatu: dessous du sien, qu'ils ambitionnaient, le peignirent Caro avait eu le temps de le retrancher, et le dou- comme un traître aux nouveaux représentants, et blement des feux de bivouacs pendant la nuit pré- eurent d'autant moins de peine à obtenir sa desticédente l'avait engagé à y porter un renfort de tution, qu'il avait le malheur d'être noble et d'avoir 16 compagnies de grenadiers. Les efforts des Fran- fait partie de l'ancien état-major. çais furent vains. La Romana après avoir opposé la plus honorable résistance, se vit bientôt en mesure de prendre lui-même l'offensive, lorsque Caro l'eut encore fait soutenir par trois bataillons et un régiment de cavalerie postés dans le principe à Boga, où se trouve un bac important de la Bidassoa; Caro lui ordonna de pousser vivement les républicains qu'il délogea de la Croix-des-Bouquets; ce poste pris et repris plusieurs fois resta enfin aux Espagnols, qui les replièrent sur Urrugne.

La colonne de gauche conduite par Willot, retardée dans sa marche, n'arriva devant Bera que pour y être culbutée par le général Urrutia: celui-ci cotoyant le versant oriental de la montagne de la Rhune, brûla toutes les habitations sur son passage. Le 7 septembre, une expédition fut dirigée sur Urdax et Zugaramurdi, en même temps qu'on inquiétait la Romana sur les hauteurs d'Urrugne, mais elle n'aboutit qu'à une fusillade insignifiante; Urrutia repoussa la gauche des Français, et son collègue se maintint contre leur droite.

La triste issue de ces attaques indisposa toute l'armée contre le général en chef; mais, elle fit sentir aussi le danger d'une guerre partielle et meurtrière, contre de fortes positions hérissées de retranchements, lorsque l'espèce de troupes et l'égalité du nombre, mettaient toutes les chances en faveur de l'ennemi système d'autant plus désastreux, que cette guerre était en elle-même une calamité fatale aux intérêts des deux nations.

:

Les représentants Pinet, Monestier et Cavaignac vinrent au milieu de septembre remplacer Garrau, et se saisirent de tous les pouvoirs administratifs et militaires déployant comme sur tous les autres points de la république les redoutables instruments de terreur, ils ordonnèrent des levées considérables dans les départements voisins pour assurer à l'armée une supériorité menaçante et décisive. L'exaltation qu'ils affichaient détermina les en

TOME 1.

Les espérances de ces délateurs furent néanmoins confondues; le comité de salut public nomma pour le remplacer, le suisse Muller, officier de fortune, que ses bons services à Mayence et dans la Vendée avaient élevé récemment au grade de divisionnaire.

Malgré ce choix, l'armée ne changea pas d'attitude, et consuma le reste de la saison en attaques de postes. Le général en chef continuellement en discussion avec les représentants qui s'immiscaient jusque dans les plus petits détails de la discipline, donna dans cette campagne des preuves multipliées de dévouement et de longanimité. Ce fut par ses soins qu'au milieu des entraves de toute espèce, s'opéra l'embrigadement des bataillons du contingent, que se perfectionna l'instruction des troupes, que tous les services administratifs prirent une marche plus régulière; enfin que se préparèrent les éléments de l'armée qui devait changer de rôle l'année suivante.

Caro qu'on a vu vers le milieu d'octobre détacher une division de 7,000 hommes à l'armée de Roussillon, n'eut garde de troubler son adversaire; et s'estimant trop heureux, avec la poignée de soldats qui lui restait, de conserver intacte une frontière pour la défense de laquelle on avait cru jusqu'alors 35,000 hommes nécessaires, il se contenta de mettre la dernière main aux retranchements tracés pour la couvrir.

Les Français, dont les forces augmentaient à mesure que leur adversaire s'affaiblissait, ne tentèrent rien de sérieux; ils se bornèrent, pour imposer à l'ennemi et mettre fin à une guerre de postes inutile entre la Nivelle et la Bidassoa, à se rapprocher de cette dernière rivière, et vinrent camper le 11 novembre sur les hauteurs de SainteAnne, qui furent fortifiées. Les Espagnols surpris de cette apparition subite n'y apportèrent aucun obstacle; de nombreuses redoutes mirent bientôt ce camp à l'abri, on y pratiqua des baraques en

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bois, et on le nomma le camp des Sans-Culottes. | vaste champ de succès aux royalistes, s'ils avaient

(Voyez planche III.)

Sa position locale était avantageuse; mais la plus grande partie de la ligne se trouvant à droite de la route le long de la mer, en faisait un poste dangereux, au moindre revers qu'on éprouverait sur la gauche. Le centre ne fit rien durant toute la campagne que de brûler Urdax. La gauche se contenta de quelques incursions dans le val de Roncal; elles ne servirent qu'à fournir l'occasion aux habitants de faire preuve de leur dévouement, et à la gazette de Madrid de publier des relations enflées de quelques escarmouches insignifiantes.

pas un

Il semble que les républicains, supérieurs en nombre à la fin de septembre, auraient pu en profiter pour déboucher en forces de Saint-Jean-Piedde-Port sur Pampelune, en ne laissant que des postes sur le reste de la ligne : mais le besoin d'aguerrir les nouvelles levées, l'approche de la mauvaise saison qui, dans les montagnes, n'est vain obstacle; enfin la demande d'un détachement de 6,000 hommes pour Perpignan, justifient assez le système défensif adopté. Latour-d'Auvergne, qui commandait la ligne de la Bidassoa, profita de ce temps pour aguerrir ses soldats par de petites expéditions journalières dont le but était moins de faire du mal à l'ennemi, que de former les jeunes réquisitionnaires aux combats.

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Combats de Luçon. - Opposition des comités de Saumur
et de Luçon. Arrivée de la garnison de Mayence.—
Conseil de guerre à Saumur, et plan des républicains.
Défaite de Chantonnay.
Conseil des royalistes,
aux Herbiers, Opérations de Canclaux; combats de

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profité de la consternation qui régnait dans l'armée républicaine, pour s'emparer de Saumur, d'Angers et de Nantes. Mais, ainsi qu'on l'a vu au chapitre XIX, ils perdirent le temps à organiser l'étatmajor insurrectionnel; et la manière dont ils procédèrent à cette opération, aggrava la faute, en donnant des motifs de mécontentement aus officiers absents; à Charette, surtout, dont l'amour-propre humilié, refusa de reconnaître d'Elbée pour généralissime.

Une nouvelle circonstance vint accroître les germes de discordes qui fomentaient déjà entre eux. Tinteniac, parent du célèbre Larouairie, arriva vers cette époque de Londres, avec une mission du cabinet anglais, pour s'entendre sur les moyens de porter tous les secours possibles aux armées royales, dont le gouvernement britannique s'était d'ailleurs formé l'idée la plus fausse. Les Vendéens demandèrent des armes, des munitions et des artilleurs; et Tinteniac retourna, après plusieurs conférences avec Bonchamps, dans lesquelles il pa raît que l'on convint de faire une expédition en Bretagne pour étendre le foyer de l'insurrection et de s'assurer en même temps d'une place maritime pour communiquer plus facilement et plus sûrement avec l'Angleterre. L'expédition de lord Moira et la marche sur Granville, prouvent assez en faveur de cette supposition, bien qu'il règne encore un doute mystérieux sur l'époque et la manière dont ces opérations furent combinées : le peu d'accord entre d'Elbée, Charette et Bonchamps, fut sans doute cause de la réserve que l'on mit dans les arrangements pris à ce sujet (1).

La fin du mois de juillet, et les dix premiers jours

Clisson, Montaigu et Saint-Fulgent. Opérations de d'août, s'écoulèrent sans événements remarquables dans le haute Vendée. Ses habitants, rappelés dans leurs foyers par la nécessité de serrer les récoltes, ne conservèrent sur la lisière du pays, que des camps volants, dont les partis semèrent l'alarme sur les bords de la Loire, et vinrent épouvanter les républicains à Loudun et Parthenay. Dans la basse Vendée, au contraire, la division des

Rossignol; défaites de Coron et Saint-Lambert. Nouvelles mesures décrétées par la convention : elle charge un seul général et une seule armée, de la réduction de la Vendée. Combats de Bressuire et Châtillon. Bataille de Chollet. - Les Vendéens battus passent la Loire, et marchent sur Laval. — Combat et prise de cette ville. Attaque de Granville. Com bat d'Antrain. Attaque d'Angers. Défaites du - Expédition de lord Moira.

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Mans et de Savenay.

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La déroute de Santerre à Coron eût ouvert un Sables, dont le général de brigade Tuncq venait de

(1) Madame Larochejacquelein assure que Tinteniac ne fit rien de bien important ; Chauveau, dans la vie de Bon

champs, affirme qu'ils eurent ensemble plusieurs conférences particulières, où ils seraient convenus d'un plan.

prendre le commandement, lassée d'être harcelée | hommes superstitieux. A peine les moissons furentpar la bande de Royrand, prit l'offensive à son elles achevées, qu'ils se rendirent en foule au camp tour; et, après l'avoir forcé à lever le siége de de l'Oie, où le rendez-vous avait été assigné le Luçon le 25 juillet, était venue s'établir à Chan- 8 août, afin de se venger de la journée du 10, par tonnay, d'où elle semblait appeler sur elle tous les une victoire sur les républicains. Mais, malgré la efforts des Vendéens, par son isolement au milieu bonne volonté de la plupart des chefs, et l'emdu foyer de l'insurrection. pressement de la population virile, l'armée n'y fut réunie que le 12 au soir, au nombre de 35 à 36,000 hommes. C'était là tout ce que pouvait fournir la Vendée; à l'exception de la division Bonchamps, forte de 7 à 8,000 hommes, laissée sur la rive gauche de la Loire, pour couvrir les derrières durant l'expédition.

En effet, Royrand, qui s'était retiré dans la direction de Montaigu avec 5 à 6,000 hommes, ayant été renforcé aux Herbiers par environ 10,000 que lui amenèrent Lescure et Bonchamps, crut le moment favorable pour l'écraser. Mais Tuncq, prévenu de leurs projets, échappa à une défaite certaine, en se retirant sur Luçon, où il prit position, la droite au bois de Sainte-Gemme, couverte par une centaine de hussards; la gauche en arrière du village de Corps (1).

Cette masse devait suffire au delà, pour remplir l'objet qu'elle se proposait; si la jalousie qui divisait les principaux chefs n'eût détruit tout l'ensemble de leur plan d'attaque, combiné d'après la proposition intempestive de Lescure, comme pour une armée régulière. Il fut convenu que les divisions donneraient par échelon, à partir de la gauche; attaque, dont il devait nécessairement résulter du désordre dans une troupe habituée à céder à son premier élan, sans regarder ce qui se passait sur ses flancs.

A peine s'était-il établi, que l'armée vendéenne débouche du bourg de Bessay, passe la Smagne au pont de Mainquelly, et engage une canonnade à la gauche des républicains, tandis que Royrand, avec le gros du corps, se précipite sur le centre. Celui-ci ne peut soutenir le choc, et ploie, en abandonnant une de ses pièces; mais soutenu à temps par la compagnie de vétérans du bataillon de l'Égalité, et un peloton de hussards que Tuncq avait gardé en réserve, il tint bientôt les royalistes en échec, tandis que le brave Lecomte, avec le bataillon le Vengeur, tombe tout à coup de la gauche sur la colonne qui lui est opposée, et la rejette en désordre sur le centre, qu'elle entraîne dans sa dé-résignait; mais les représentants Goupilleau et route. Sans la valeur du prince de Talmont, cette affaire aurait eu des suites beaucoup plus désastreuses; mais il arrêta l'impétuosité des hussards républicains avec ses cavaliers; et Royrand en fut quitte pour trois bouches à feu, et 12 à 1,500 hommes hors de combat.

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Tuncq, prévenu de l'orage qui le menaçait, concentra de bonne heure ses moyens sur Luçon; et déjà il faisait ses dispositions de retraite sur Parthenay, lorsqu'il reçut, avec sa destitution, l'ordre de se retirer à vingt lieues des armées. C'était le sort ordinaire des généraux du temps; il s'y

Bourdon, sous les yeux desquels il avait déployé tant d'activité, prirent sur eux de suspendre l'effet de cette décision ministérielle, et lui enjoignirent de conserver le commandement des troupes. Cette circonstance, le renfort d'une compagnie d'artillerie légère et d'environ 6,000 hommes venus de Fontenay, et plus encore, la confiance et l'ardeur que les troupes témoignaient, déterminèrent ce général à recevoir la bataille devant Luçon; quoid'ailleurs la position ne fût pas tout à fait à son avantage, se trouvant adossée aux marais de la Sèvre, et n'ayant pour retraite que la route de Fontenay à sa droite, que les royalistes pouvaient couper en jetant un parti de Saint-Hermine sur la route de Nantes à Niort.

que

Quoi qu'il en soit, Tuncq résolu à recevoir le

choc, disposa ses troupes sur deux lignes, masqua | réserve aux Quatre Chemins, eût débouché sur le

son artillerie légère avec la première, et ordonna à la seconde de se tenir à plat ventre, jusqu'à ce qu'il lui donnât le signal de se relever et de fondre sur l'ennemi. Deux bataillons avec leurs pièces furent jetés en avant-garde.

Le 18 août au matin, les Vendéens, après avoir reçu la bénédiction du curé de Saint-Laud, passent sans obstacle la Smagne au pont Minclet, et s'avancent fièrement sur trois colonnes. Charette et Lescure conduisaient celle de droite; Larochejacquelein, assisté de Marigny, celle de gauche : Donnissant et Royrand, sous le généralissime d'Elbée, commandaient le centre,

flanc de l'ennemi, ainsi que Tuncq lui en avait donné l'ordre. Bourdon et Goupilleau, en informant la convention de cet heureux fait d'armes, réclamèrent contre la destitution de leur protégé : et celle-ci, dans l'ivresse d'un tel succès, le réintégra non-seulement dans ses fonctions, mais le promut encore au grade de divisionnaire.

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Quelques jours avant l'annonce de cette victoire, le comité de salut public, instruit des premiers avantages remportés sur les fédéralistes du Calvados et les royalistes de la Lozère, avait proposé des mesures vigoureuses pour la répression de l'insurrection de la Vendée. « Jamais, dit Bar» rère, jamais vous ne parviendrez à vaincre les rebelles, tant que vous n'adopterez pas leur ma»> nière de combattre..... Faites la récolte des brigands portez le feu dans leurs repaires; envoyez-y des travailleurs qui aplaniront le terrain.» Sur sa proposition, la convention décréta la formation de 24 compagnies de tirailleurs-braconniers; et, afin de mieux assurer l'exécution du système adopté, elle arrêta quelques jours après, que les garnisons de Mayence et de Valenciennes, dirigées en poste vers la Loire, auraient pour réserve la levée en masse de tous les départements voisins. Ces dispositions étaient bonnes, sans doute; mais on avait oublié la plus essentielle, celle de mettre toutes les forces républicaines sous la main d'un seul chef. Deux armées comman dées par des généraux indépendants, devaient coopérer à la réduction de la Vendée; et c'était un vice radical : l'une, dite armée des côtes de Brest, avait à sa tête le général Canclaux : l'autre, connue sous le nom d'armée des côtes de la Rochelle, venait d'être confié au sans-culotte Rossignol. Celui-ci, naguère encore garçon or févre, puis chef de la 35 division de gendarmerie, était actif et brave, mais enthousiaste et grossier. Quoi qu'on en ait dit, il ne manquait ni de tact ni de

L'action s'engage presqu'au même moment, à la gauche et au centre des républicains: Charette et Lescure, rivalisant d'ardeur, firent d'abord plier les tirailleurs qui leur étaient opposés : mais, au centre, d'Elbée ayant perdu un temps» précieux à établir l'ordre dans ses bandes, ou selon d'autres rapports ayant laissé ses officiers sans instruction, la fortune abandonna ses drapeaux. Herbault, qui commandait une des plus belles divisions, s'étant engagé de la manière accoutumée contre les deux bataillons d'avant-garde, ceux-ci se replièrent en bon ordre sur la ligne : tout à coup l'artillerie légère se démasque; les fantassins, cachés derrière un pli de terrain, se relèvent, et tombent sur les Vendéens effrayés du ravage que l'artillerie légère cause dans leurs rangs. Charette et Lescure sont tenus en échec, tandis que Royrand et Donnissant sont criblés de mitraille et culbutés. Larochejacquelein et Marigny, d'abord retardés par la difficulté des chemins, ne peuvent leur porter secours, et n'arrivent que pour rendre leur défaite moins désastreuse. Charette et Lescure, restés seuls sur le champ de bataille, et bientôt accablés à leur tour, se voient forcés de repasser le Lay. Cette journée valut en résultat 18 pièces de canon aux républicains, qui n'en eussent pas laissé échapper une seule, si Laro-jugement: la défense qu'il fit à ses divisionnaires chejacquelein, avec une soixantaine des siens, n'eût arrêté par des prodiges de valeur la poursuite au pont de Dissay.

Quelque importante que fùt cette victoire, elle cût été sans doute plus complète, si l'adjudant général Canier, qui commandait le camp de

d'engager d'affaires partielles, et l'opinion qu'il émit bientôt dans le conseil de guerre de Saumur, le prouve victorieusement. Au reste, il aimait sincèrement la république; et personne, dans les grandes crises, ne porta plus loin l'abnégation de soi-même.

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