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les forces de la Russie seraient occupées ailleurs. | ottoman d'une ruine qui paraissait inévitable, si les

La guerre qui éclata en 1788, entre les Russes, les Autrichiens et la Turquie d'un côté, la Russie et la Suède de l'autre, ne tarda pas à en fournir l'oc

casion.

Cette guerre, provoquée par une déclaration des Tures, attribuée par M. de Ségur à la politique de l'Angleterre et de la Prusse, paraît, suivant M. Castera, avoir été prévue et désirée par Catherine. Il est difficile de décider entre deux assertions aussi différentes. M. de Ségur affirme que l'armée russe n'était ni assemblée ni préparée, et que Potemkin fut pris en défaut. Castera dit, au contraire, que la rupture était si fort prévue et désirée, que les troupes avaient déjà filé en grand nombre dans le Cuban, et que les armées de Catherine couvraient la terre depuis Kaminieck jusqu'à Balta (1).

Quoi qu'il en soit, les hostilités commencèrent sérieusement en 1788. Les armes ottomanes, d'ad'abord malheureuses, se maintinrent néanmoins par la division extrême des forces des deux empires alliés.

Cette guerre fut sanglante, et les succès souvent balancés : l'armée autrichienne, disséminée en cordon, d'après le système de Lascy, essuya des pertes énormes, partie par le fer des Turcs conduits par le grand visir Jussuf, partie par les maladies. L'arrivée seule du maréchal Laudon ramena un système de concentration plus conforme aux principes, et Belgrade tomba sous ses coups.

Les armées russes, entreprenant également sur plusieurs points à la fois, étaient tantôt victorieuses, tantôt repoussées mais elles conservaient néanmoins leurs forces plus réunies que celles de leurs alliés, et leurs ennemis ne trouvaient point ainsi l'occasion de les entamer. Cependant, conduites par Potemkin, elles perdirent des années à faire inutilement le siége de quelques places qui n'auraient pu tenir quinze jours, si elles avaient été attaquées en règle, et qu'après dix mois de siége on fut encore forcé d'enlever d'assaut avec des pertes énor

mes.

deux armées alliées, profitant de leur supériorité dans les batailles, s'étaient décidées à une guerre d'invasion. Ce système paraissait d'autant plus naturel dans cette circonstance, que, suivant toutes les probabilités, son entier succès dépendait d'une victoire sous les murs de Constantinople. A cet effet, les Russes auraient dû franchir ou tourner le mont Balkan avant la saison du rassemblement des grandes forces turques, et marcher sur Andrinople; tandis que l'armée autrichienne aurait pris la même direction en appuyant à gauche par Sophie et par Belgrade, Novi-Pazar ou Widdin. Ce mouvement combiné eût probablement décidé du sort de l'empire ottoman en Europe. Pour assurer d'autant mieux sa réussite, la flotte aurait dû venir en même temps jeter l'ancre dans le golfe de Burgas au revers du Balkan, afin de porter, sur ce point important, la base des approvisionnements de l'armée, aussitôt qu'elle serait arrivée vers Andrinople. Tel est au moins l'aperçu des points stratégiques indiqués par les règles de l'art. J'ignore si les communications directes, et celles de Nikopoli sur Sophie, sont de nature à permettre ce mouvement, et praticables pour du canon; mais j'ai lieu de le croire, et on aurait toujours pu embarquer le gros du matériel pour le faire arriver par Burgas. Au lieu d'adopter un système de guerre vigoureux et rapide, les armées des deux empires commirent des fautes graves, se divisèrent sur un front immense et attaquèrent l'ennemi sur les points les plus favorables à la défense.

Toutefois les troupes ottomancs, victorienses des Autrichiens à Statina, durent céder à l'ascendant des armées russes; Potemkin leur enleva Oczakow après des attaques meurtrières et un assaut plus sanglant encore. Vaincues ensuite par Suwarow à Foczany et à Rimnisk (1789), par Potemkin à Bender, elles eussent fini par succomber quand d'heureuses diversions vinrent les tirer d'embarras.

Tandis que le sang des deux partis coulait depuis Belgrade, et même depuis Dubicza et les rives de

Ces fautes, cette lenteur, sauvèrent l'empire la Sawe jusqu'à Oczakow, sur la mer Noire, la

(1) L'entrevue de Catherine et de Joseph II à Cherson, fait croire que l'impératrice était préparée à la guerre, et que Castera a raison : il paraît au reste que ce fut la con

naissance de ses projets d'invasion qui détermina les alliés des Turcs à les exciter à prendre l'initiative et à ne pas attendre l'exécution de ses desseins.

Prusse et l'Angleterre s'entendaient en secret pour L'ambassadeur Luchesini, excitant ces passions, susciter des ennemis à Catherine, et mettre des prétendit « que la nation polonaise avait un allié obstacles à ses entreprises: elles animaient les Po- >> plus sûr et plus naturel dans le roi de Prusse; lonais, et les Suédois, en les engageant à profiter » qu'elle était trop éclairée pour tomber dans un de l'absence des armées russes, pour reprendre leur » piége si grossier, et oublier tant d'injures; qu'elle rang et reconquérir les provinces qu'ils avaient» devait repousser avec mépris une alliance honperdues. >> teuse, briser un joug odieux, et reconquérir des

Les Polonais regardant Frédéric - Guillaume comme un ange tutélaire, envoyé par le ciel, se prononcèrent avec vigueur, repoussèrent l'alliance, refusèrent le passage aux troupes russes, renvoyèrent celles qui se trouvaient sur leur frontière, et firent enfin casser le conseil de gouvernement et la constitution de 1775.

Gustave III, roi de Suéde, jeune prince doué» droits sacrés. » Le ministre d'Angleterre apd'une ambition demesurée, d'une imagination ar- puyait ces discours. dente plus que d'un jugement solide; d'une valeur impétueuse plutôt que d'un courage soutenu, n'hésita pas à se prononcer. Favorisé par la position de ses établissements maritimes dans le golfe de Finlande, et par la médiocrité de l'escadre que la czarine entretenait sur la mer Baltique, il se berça des plus belles espérances et forma le projet de porter le théâtre de la guerre jusque dans Saint-Pétersbourg, au moment même où toutes les forces de son irréconciliable ennemie s'avançaient dans la Moldavie jusque sur le Danube.

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Cette résolution énergique excita naturellement dans Catherine un ressentiment proportionné au danger dont elle la menaçait; mais ayant trop à faire chez elle pour s'occuper alors de ses voisins; elle dissimula sa vengeance, sans négliger aucun des moyens qui pouvaient la rendre plus terrible.

Le ministère prussien, alors dirigé par Hertzberg, déploya à cette époque une activité et un système remarquables. Une alliance offensive conclue avec les Turcs le 31 janvier 1790, et un traité de garantie signé avec la Pologne le 29 mars suivant, en sont des monuments durables. Cet homme élevé à l'école du grand Frédéric voyait bien à quel danger la Prusse serait exposée, si la chute de l'empire ottoman laissait disponibles les forces colossales des deux souverains alliés, alors d'autant plus dangereuses pour elle, que sa rivalité avec l'Autriche était trop récente et trop prononcée pour laisser le moindre doute sur les suites graves qui en résulteraient, En conséquence, il décida Frédéric-Guillaume à rassembler une armée de quatre-vingt mille hommes en Silésie, pour empêcher l'empepereur Joseph de continuer ses hostilités contre la Porte Ottomane, et faire ainsi retomber sur Catherine tout le poids de la guerre.

(1) Si l'on devait toujours raisonner d'après les événeen 1790, on trouvera que cette alliance n'était pas natuments, il paraîtrait que la Pologne, en s'alliant franche-relle. En tout cas, si le partage total avait été à prévoir, il ment à Catherine et à ses projets, aurait évité le sort cruel eût incontestablement mieux valu associer la Pologne en¬ qui la frappa plus tard, ou du moins qu'elle l'eût retardé | tière à la grandeur de Catherine, que de la voir morceler longtemps. Mais, en se reportant à l'état des affaires et détruire,

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affaires navales plus brillantes que décisives, et quelques revers en Finlande, jugea que la lutte l'exposait à plus de périls qu'il n'en pouvait espérer de succès, et fit sa paix particulière avec la Russie, à Varela, le 14 août de la même année.

Cependant les Polonais, animés du désir de mettre un terme aux abus qui avaient causé tous leur maux, procédaient à cette régénération avec un calme inconnu dans leurs diètes depuis plus d'un siècle, et qui prouvait d'autant mieux les sacrifices particuliers qu'ils faisaient tous pour atteindre au but louable de sauver leur patrie.

Sur ces entrefaites, Joseph mourut, et son successeur, Léopold, apportant sur le trône des dispositions plus pacifiques que belliqueuses, les démonstrations de la Prusse eurent leur effet. Léopold retira une partie de ses forces de la Servie pour les porter en Bohême. Le cabinet de Vienne, fatigué d'une guerre qui lui coûtait d'immenses sacrifices, et dont le plus beau résultat n'était peut-être pas même dans ses intérêts, ne demandait pas mieux que de saisir cette occasion, pour isoler sa cause de celle de Catherine. Mais Hertzberg offrait des conditions un peu dures; il voulait faire cesser définitivement tout point de rivalité entre la Prusse et la Pologne, en se faisant céder les places si fort convoitées de Thorn et de Dantzig; en échange, il proposait de faire rendre la Galicie aux Polonais, en indemnisant l'Autriche sur une partie de la Servie ces prétentions mirent quelque temps des entraves à un arrangement auquel néanmoins Léopold eût été forcé d'accéder, pour éviter une dou-rendue plus fixe, se trouva limitée par de sages ble guerre. institutions, et le bonheur de la Pologne semblait assuré.

Les préparatifs redoublaient de part et d'autre, et tout annonçait un embrasement général en Europe, lorsqu'un événement auquel personne ne s'at. tendait, changea totalement les affaires. FrédéricGuillaume avait un goût prononcé pour les plaisirs, et un grand éloignement pour les embarras et les fatigues de la guerre; Bischoffswerder prenait chaque jour plus d'ascendant sur son esprit, et les agents de Léopold ne manquaient pas de l'appuyer. Le roi sourdement prévenu contre son vieux ministre, ou contre son système, prit tout à coup la résolution de terminer malgré lui ses démêlés avec l'Autriche, et ordonna impérativement à Hertzberg de signer des préliminaires opposés à ses vues, et dans les intérêts de la cour de Vienne, bien plus que dans ceux du cabinet de Berlin. Une convention, conclue le 27 juillet 1790 à Reichembach, en Bohême, mit fin à ces démonstrations. L'Autriche promit de rendre toutes ses conquêtes aux Turcs, à l'exception de Choczim; mais elle garda la Galicie. Frédéric-Guillaume ne parla plus de Thorn ni de Dantzig; son armée se retira, et le ministre Hertzberg, abreuvé de dégoûts, donna sa démission, emportant avec lui toutes les grandes idées

que Frédéric avait laissées à la Prusse. D'un autre côté, le roi de Suède, après plusieurs

Cette constitution si vivement désirée, si impatiemment attendue, parut enfin le 3 mai 1791. Elle rendit le trône héréditaire, afin d'éviter les commotions éternelles que le système électif avait occasionnées. La princesse de Saxe et sa descendance mâle furent appelées à la succession, après la mort de Stanislas-Auguste. La puissance royale,

Pendant que la diète croyait poser les bases de la félicité publique, les Russes, abandonnés par les Autrichiens dans leurs opérations contre les Turcs, n'en avaient pas moins continué la guerre avec vigueur. Le visir Jussuf, moins heureux contre le prince Repnin, qu'il ne l'avait été contre le cordon de Lascy, fut totalement défait à Matzin: Suwarow emporta Ismaël, après un carnage affreux qui coûta la vie à 20,000 Turcs; Warna allait succomber, et l'armée du grand visir était en danger d'être coupée.

Ces succès menaçants réveillèrent Frédéric-Guil laume. Ce prince versatile avait trop bien jugé néanmoins la politique de son illustre prédécesseur, pour qu'il ne revînt pas, par la force des circonstances, au système de Hertzberg. Il sentit le besoin de se prononcer; mais, toujours guidé par le même esprit de parade, il se borna à une guerre de plume, que Catherine apprécia à sa juste valeur, et, pendant que les ministres prussiens remettaient des notes dont on s'amusait; Potemkin, Repnin et Suwarow, gagnaient des batailles, et menaçaient d'aller à Constantinople.

Cependant le danger devint tellement pressant, que Frédéric-Guillaume crut enfin devoir rassem

bler ses troupes aux frontières de Russie. La diète | Lacretelle et Bertrand de Molleville, ont déjà esPolonaise détermina aussi le secours à donner à ces quissé de main de maître, les traits principaux de ces événements. Si leurs raisonnements différent mêmes musulmans que Sobieski avait vaincus devant Vienne cent ans auparavant. La Suède s'arma quelquefois entre eux, s'ils se sont ressentis de leur de nouveau, et tout annonça qu'un orage, plus situation personnelle et de l'influence de l'esprit du violent que le premier, allait bientôt éclater sur la temps, on ne peut se dissimuler, néanmoins, les Russie, et bouleverser tout l'Orient. droits que ces historiens ont acquis à l'estime de la postérité, et le lecteur éclairé saura trouver, entre leurs assertions, le terme moyen convenable, pour asseoir ses jugements.

Catherine, qui avait cru pouvoir résister, en 1786, avec l'alliance des Autrichiens, ne jugea pas devoir conjurer seule cette tempête plus alarmante. Les succès de ses armées achetés par des flots de sang, les avaient d'ailleurs presque autant affaiblies que des défaites. Au moment où l'Europe s'y attendait le moins, où ses partisans tremblaient pour elle, la czarine sut prendre un parti décisif; profitant des ouvertures de médiation de l'Angleterre, elle fit remettre des notes très-pacifiques à toutes les cours, et Repnin conclut en effet, à Galatz, des préliminaires avec les Turcs, qui, au moment le plus critique, furent fort surpris de recouvrer plus qu'ils n'avaient osé demander, et d'en être quittes pour la cession du petit district d'Oczacow, consacrée par le traité définitif de Jassy (janvier 1792). Telle fut la fin d'une guerre dont l'intérêt disparaît maintenant à nos yeux par l'importance de celle qui devait bientôt embraser l'Occident, mettre tous les trônes en péril, occuper et agiter les quatre parties du monde.

CHAPITRE II.

Avant de procéder à cet examen, il ne sera pas inutile d'indiquer les principes qui nous serviront de guides; s'ils nous mettent en butte aux critiques de tous les partis, ce sera une preuve qu'ils sont dépouillés d'exagération.

si un

Nous respectons ces doctrines de vraie liberté qui sont si propres à élever le cœur de l'homme, mais qui ont si souvent égaré sa tête. Nous estimons ces citoyens de toutes les conditions qui, animés par ces brillantes théories, ont voulu faire le bonheur et la gloire de leur pays en les y propageant. Nous sommes même convaincu, que, peuple pouvait s'isoler des autres, l'application de ces dogmes deviendrait pour lui un besoin préférable au repos et à la prospérité intérieure. Mais nous pensons aussi que, dans le labyrinthe politique où l'Europe semble jetée depuis le règne de CharlesQuint, un État doit conserver toute sa force, non-seulement pour faire face aux ennemis extérieurs, mais encore pour ne pas les exciter, par des discordes intestines, à intervenir dans des intérêts qui devraient leur être étrangers. Une administration vigoureuse dans ses formes, limitée par un

Coup d'œil sur les causes et les premiers événements de très-petit nombre de principes fondamentaux, mais

la révolution.

Pour présenter le tableau complet de ces scènes extraordinaires, il faudrait un talent que nous sommes loin de posséder.

Notre projet est d'indiquer seulement les catastrophes principales qui signalèrent la chute de l'antique monarchie française, afin que nos lecteurs puissent rattacher les opérations des armées, avec ce qui se passait dans l'intérieur, et de ne pas séparer des faits qui se lient essentiellement par leurs combinaisons comme par leurs résultats.

Des écrivains plus habiles que nous, Ségur,

composée d'hommes généreux et libéraux, paraît donc la seule qui garantisse l'ordre au dedans, la considération et la force au dehors, l'indépendance envers et contre tous. Une telle administration loin d'être incompatible avec les maximes de liberté civile et d'égalité en droits politiques, seules théories de gouvernement que la raison doive admettre, pourrait être regardée comme la meilleure garantie de ces droits précieux.

Si les discussion à la tribune contribuent au perfectionnement de l'administration publique, quand les législateurs sont animés d'un grand dévouement national, elles semblent d'autant plus nuisibles et

dangereuses lorsqu'ils sont dominés par un esprit | volontés des citoyens; car sa puissance se compose des forces individuelles, et celles-ci résident dans la volonté de l'homme plutôt que dans ses bras. Toute la science du pouvoir consiste donc à disposer, le plus possible, des volontés des gouvernés. Or, comme c'est l'opinion de l'homme qui détermine sa volonté, c'est à bien connaître celle des citoyens, qu'un gouvernement habile et sage doit appliquer sa principale étude. Sans croire que l'opinion soit l'unique souveraine du monde, il faudrait toutefois méconnaître les premiers éléments d'administration, pour ne pas convenir qu'elle ajoute un poids inouï à la puissance que les dépositaires de la force publique tiennent entre leurs mains. Qui sait créer l'opinion, la diriger, ou seulement la comprendre, possède donc, selon nous, les principes les plus nécessaires du grand art de régner.

de caste ou de parti. Il ne faut point oublier que, si les débats des parlements anglais ont contribué à la gloire de la Grande-Bretagne, les diètes polonaises ont perdu la patrie des Jagellons, des Sobieski, comme le sénat de Carthage perdit Annibal. Il est sans doute difficile d'éviter tous les écueils dans les grands chocs d'opinions et d'intérêts qui enfantent les révolutions; cependant il est des règles générales qu'on ne peut méconnaître ces discussions seront toujours moins susceptibles d'exaltation et de danger, en les confiant à deux chambres subordonnées à l'initiative du gouvernement et restreintes à des intérêts de législation intérieure; car, si les questions d'État sont rarement traitées avec profondeur, dans le calme du cabinet, par quelques conseillers choisis sur l'élite de toute une nation, par des hommes qui tiennent tous les fils de l'administration générale, comment pense-t-on Les princes éclairés du flambeau de la philosoles faire traiter par acclamation, dans une seule as-phie sentent la nécessité de marcher avec leur sièsemblée de 5 ou 600 personnes, dont la plus petite partie, bien que consacrée à l'étude des lois, est encore étrangère aux combinaisons des grands intérêts publics?

cle, et lorsqu'ils voient le fleuve de l'opinion prêt à déborder, ils n'ont pas l'aveugle témérité de l'ar. rêter dans son cours : ils lui préparent, ils lui creusent au contraire des canaux, où son onde divisée s'épanche et circule doucement, emportant avec elle et répandant de toutes parts ses principes vivifiants qui font éclore les germes les plus précieux, et fertilisent les plus arides plages.

On ne nous accusera pas, pour professer de semblables opinions, d'être partisan du despotisme; nous avons donné des preuves du contraire; il ne faut pas penser non plus que nous rejetions Jamais monarque ne fut, sous ce rapport, dans tout gouvernement représentatif; cette forme peut garantir une monarchie des désordres d'une cour une position plus heureuse et plus difficile à la vicieuse, comme celle du régent et de la fin de fois que Louis XVI; aucun ne professa des princiLouis XV. Mais il convient que ces grands corps pes plus philanthropiques et ne fut plus malheudélibérants ne soient pas trop fréquemment assem-reusement victime de son propre ouvrage. S'il blés; qu'ils se persuadent que les législateurs doi- mérita le titre de restaurateur et de bienfaiteur de vent éclairer la marche du gouvernement et non la monarchie, on est fondé à croire d'un autre gouverner par eux-mêmes; qu'ils doivent avertir côté qu'il se laissa trop souvent entraîner par de sans jamais renverser. Enfin il importe de bien se perfides conseils. Bien des hommes d'État ont pensé pénétrer de cette vérité, qu'une administration que si ce prince eût suivi franchement le vœu de médiocre est préférable à une révolution, ou même l'opinion publique, assez prononcé pour qu'il ne à une administration orageuse. pût s'y méprendre; et s'il eût marché sans détour, dans le sens des intérêts de la nation, en sacrifiant ceux de caste, une ordonnance conforme à l'esprit du temps et au besoin des peuples, eût suffi pour empêcher l'explosion révolutionnaire qui bouleversa la France, et mit en feu l'Europe entière.

Nous avons dit que le premier besoin d'un gou vernement est d'être vigoureux par la nature de ses institutions: mais pour être réellement fort, il ne suffit pas toujours de s'être approprié un grand pouvoir et de compter un grand nombre de baïonnettes; il semble qu'un gouvernement a d'autant plus de force qu'il obtient plus d'empire sur les

Mais il était dans la destinée du roi martyr de

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