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les soudoyer, ne s'opéraient pas avec la redoutable | tralité probable des petits princes, en contribuant facilité qu'on y a apportée de nos jours, et dont la à les affaiblir, eussent assuré aux républicains, une convention fut la première à donner l'exemple. supériorité décidée pour toute la campagne. Les mesures pour le complément des armées adoptées malheureusement un peu tard, n'eurent pas d'ailleurs tout le succès qu'on s'en était promis, et indépendamment des obstacles que l'exécution de la loi rencontra dans bien des départements, il fallait beaucoup de temps avant que les hommes fussent rendus armés et équipés sous les drapeaux. Tout faisait ainsi présager que les grands coups seraient portés avant l'arrivée de ces renforts aux frontières, si l'on n'agissait avec prudence et habileté.

Le plan de campagne le plus avantageux que le gouvernement français pût adopter, était le suivant : Rassembler les 100,000 hommes épars en Belgique; rejeter Clairfayt au delà du Rhin pour s'abriter de ce fleuve; proposer alors au stathouder, de rompre la triple alliance de 1788 avec l'Angleterre, et de rentrer par un acte formel dans les principes de la neutralité armée de 1780, conjointement avec l'Espagne à qui on eût fait les mêmes offres. En cas de refus, on eût porté 30,000 hommes par Nimègue sur Amsterdam, pour assurer le triomphe du parti patriote, laissant 60,000 hommes vers Cologne, afin de couvrir le Rhin. Si le stathouder, au contraire, acceptait ces conditions, les républicains, forts de la neutralité des Provinces-Unies, n'ayant plus rien à faire sur la rive gauche du fleuve, eussent dû rassembler les deux armées de Dumouriez et de Custine en avant de Mayence, et déboucher en Franconie avec 130 ou 140,000 combattants, tandis que Beurnonville eût bloqué le prince de Hohenlohe dans Luxembourg. Telles étaient, suivant nous, les combinaisons les plus vastes qu'on pût adopter, et la situation des affaires en promettait le succès. La diversité des inté rêts de la Prusse et de l'Autriche eût bientôt éclaté dans tout son jour; la diversion qui les occupait en Pologne, la dispersion de leurs forces, la neu

(1) Nous suivons ici l'esprit des Mémoires de Dumouriez, sans garantir que ses assertions soient sans réplique. Celui qui vint dire, le 12 octobre 1792, à l'assemblée, que bientôt la liberté et la philosophie seraient assises sur tous les trônes, n'avait pas si grande frayeur des idées de propagandisme, qui d'ailleurs étaient alors un fana

A la vérité, la triple alliance de 1788 laissait des doutes sur le dévouement de la maison d'Orange à l'Angleterre, tant que Guillaume régnerait : toutefois, il n'eût pas été impossible, en respectant ses prérogatives et son territoire, de le décider à une neutralité qui, détruisant l'effet de cette alliance, eût été un grand pas pour ramener ce prince à des idées plus saines de politique; car le stathouder, redoutant une guerre aussi terrible, eût peut-être saisi avec empressement l'occasion de consolider son pouvoir par de sages liaisons avec la France. Mais ce n'était pas aux démocrates de 1793 qu'on pouvait proposer de ménager les droits d'un prince luttant contre les prétentions de son peuple ; ils ne savaient pas imiter en ce point la politique du cabinet de Londres, habile à soutenir tour à tour les intérêts démocratiques, les fureurs de l'inquisition, la légitimité, et les abus de l'oligarchie, pourvu que cela convienne à ses fins.

Le conseil exécutif ne comptait parmi ses membres aucun homme capable de concevoir un système général d'opérations; et le ministre de la guerre Pache, s'y entendant encore moins que ses collègues, il fallut se reposer sur Dumouriez du soin de cette affaire.

Nous avons déjà dit, chapitre X, que le général en chef, attéré par les décrets du 19 novembre et du 15 décembre, circonvenu à Bruxelles, d'espions des jacobins, d'agents déprédateurs, de commissaires qui voulaient établir dans cette cité florissante le régime du sans-culotisme et les principes de la commune de Paris, avait cru devoir se rendre dans la capitale, afin de s'opposer de toutes ses forces au torrent destructeur qui menaçait la patrie, et dont il devait être une des premières victimes (1).

Dès l'instant de son arrivée, il put mesurer toute la profondeur de l'abîme l'anarchie avait fait,

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tisme de mode. Cependant, il ne se trompait pas dans son assertion, car il y avait déjà plus de philosophie dans l'âme de l'empereur Léopold, et de la plupart des princes contemporains, qu'il n'en entra jamais dans la tête du général français.

depuis le mois d'octobre, d'immenses progrès; il ne lui resta plus de doute sur le sort dont la république serait tôt ou tard frappée par cette horde de niveleurs; et dans l'impuissance, sous plus d'un rapport, de jouer le rôle de Washington, il jugea nécessaire de se charger de celui de Monck pour lequel il avait plus de disposition.

Cependant, une imagination vive, un esprit délié et de l'érudition, ne suffisent pas pour diriger une révolution; il faut encore un tact délicat, un coup d'œil juste qui sache saisir et embrasser les moyens de tirer parti des choses et des hommes.

L'état de la France, au mois de janvier 1793, présente une de ces effrayantes maladies du corps social, dont l'histoire ne rappelle malheureusement qu'un trop grand nombre d'exemples; il faudrait, pour la peindre, des pinceaux, des couleurs et un cadre bien différents des nôtres : nous renvoyons nos lecteurs aux grands historiens du temps, et aux Mémoires de Dumouriez lui-même; il nous suffit de dire que prétendre arrêter la révolution par le concert des troupes françaises et des étrangers, c'était caresser un rêve funeste.

Le voyage de Dumouriez à Paris acheva de le perdre dans l'esprit des jacobins ; d'un autre côté, il n'y fit rien de ce qu'il voulait, et employa un temps précieux à débattre avec le ministère quelques points d'intérêt des provinces conquises, ou à discuter des projets d'opérations mal mûris.

On ne trouve pas de traces d'un plan général pour les différentes armées. Celle du Rhin, réduite à la défensive derrière le fleuve, et attendant l'ennemi, devait subordonner ses mouvements aux siens. Sur la ligne des Pyrénées, de faibles cadres suffisaient à peine aux garnisons, et tout y était à créer. L'armée de la Moselle, presque désorganisée, observait les Autrichiens vers Trèves. Ainsi toute la sollicitude du gouvernement devait se tourner vers l'armée de la Belgique, de laquelle dépendait le salut de la France, et vers celle d'Italie qu'il importait de rendre maîtresse des passages des Alpes pour assurer sa position dans le comté de Nice.

Tout l'hiver se passa à forger mille projets, aussitôt abandonnés que conçus un jour on voulait courir en Zélande : le lendemain assiéger Maesricht et marcher sur Amsterdam. Un autre jour

on voulait envoyer à Londres et à La Haye pour maintenir la paix avec l'Angleterre et la Hollande. Les membres du conseil exécutif, doués de plus d'esprit que de véritable talent, aussi peu versés dans l'art de la guerre que dans la science de la politique, flatteurs ou jouets des factieux, recueillaient avec une sorte de complaisance tous les avis qui leur étaient donnés. Cette médiocrité qui exposait souvent le ministère à être dupe des hommes à projets, donnait quelquefois à ses plans un caractère de hardiesse et d'originalité.

Tel fut le projet d'invasion de la Zélande, présenté par des réfugiés bataves, et qui après avoir été résolu, fut abandonné pour celui de Dumouriez. Celui-ci ne se bornait pas à la conquête d'une simple province, mais il présentait celle de la Hollande comme un coup de main.

Au reste, ce projet sur la Zélande ne fut qu'ébauché ; le peu d'avantages résultant d'une course faite dans une direction si contraire aux règles de la stratégie, l'approche d'une tempête universelle, la nécessité de rendre disponibles toutes les forces vers l'Est, suffisaient pour le faire échouer, et il fut effectivement abandonné d'après les représentations de Miranda, qui portaient néanmoins sur ses difficultés locales, plutôt que sur ce qu'il avait de contraire aux règles de la guerre.

Il en résulta toutefois un bien; car pour mettre Dumouriez à même de tenter une entreprise qui offrait tant d'attraits au parti propagandiste, on avait obtenu de faire marcher sur Anvers toutes les troupes restées dans les places de Flandre, soit pour en faire la garde soit pour y achever leur formation; de sorte que l'armée du Nord se trouva renforcée de 10,000 hommes qui vinrent cantonner autour de Bruges, sous les ordres du général Flers.

Les projets se succédaient rapidement dans la tête de Dumouriez, mais tous tendaient plutôt vers un but fantastique que vers d'habiles manœuvres de guerre, et il en voulait absolument venir à l'invasion de la Hollande. Se rappelant combien le stathouder y avait d'ennemis depuis la révolution de 1787, et surtout depuis qu'il avait appelé les baïonnettes prussiennes pour la comprimer, il comptait y trouver plus de partisans qu'en Belgique, et se berçait de l'espoir de réunir les Provinces

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«< 1° Il est avant tout nécessaire de repousser

dégager l'importante place de Maestricht; ce qui sera l'objet des premières opérations du prince de Cobourg;

Unies comme elles le sont aujourd'hui ; il nous a | préciant sans doute sa médiòcrité, lui donna pour expliqué lui-même une partie du rêve qui devait mentor le colonel Mack, à qui des connaissances le mettre à la tête de ce nouvel État, lui créer une en castramétation, et dans toutes les sciences utiarmée de 80,000 hommes et lui donner les moyens les à la guerre, faisaient déjà une grande réputade dicter des lois à la convention sans le concours tion, mais qui manquait de tête, et n'avait, de la d'aucune autre puissance. Que ce roman politique grande guerre, qu'une théorie vague et erronée. soit sorti de la tête d'un homme qui n'eût pas Le premier soin du nouveau général fut de comconnu l'Europe, rien de plus excusable; mais on biner à Francfort, avec le duc de Brunswick, un ne peut le pardonner à Dumouriez, qui avait tenu plan d'opérations pour les armées alliées; et après assez longtemps le portefeuille des relations exté- plusieurs conférences, ils convinrent, le 14 février, rieures pour connaître les intérêts des différentes des bases suivantes : cours : la maison d'Orange; la Prusse, son alliée; l'Autriche, souveraine des Pays-Bas ; l'Angleterre; » l'ennemi sur la rive gauche de la Meuse, afin de toute l'Europe, en un mot, n'eût pas souffert alors» la création de cette république, qui aurait encore >>> ameuté contre elle les violents révolutionnaires de » la convention. Mais si ce projet était aussi vicieux » 2° A cet effet, le corps du prince de Brunsdans le fond, il ne péchait pas moins dans ses dé- » wick-Oels, qui s'assemble à Wesel, agira, de tails, comme chacun de nos lecteurs pourra s'en » concert avec l'armée impériale, de même que le assurer en y jetant un coup d'œil (1): aussi ne >> contingent hanovrien, dont on pressera l'arrivée. faut-il pas s'étonner s'il avorta dès les premiers pas. » Cette opération une fois terminée, l'armée imLe plan de campagne des alliés n'était pas mieux périale devra prendre position derrière la Meuse, raisonné que celui de Dumouriez. Le cabinet de » et ajourner la délivrance de la Belgique, jusqu'à Vienne, convaincu un peu tard qu'aux grands pé- la prise de Mayence, attendu le danger qu'il y rils il est dangereux d'opposer des demi-mesures,» aurait à dépasser Liége, aussi longtemps que avait porté sur le Rhin la majeure partie des forces Mayence serait au pouvoir des Français. Une imprudemment conservées dans ses États hérédi}} entreprise si téméraire compromettrait non-seutaires en 1792. Sollicité par les États de Brabant »lement l'armée des Pays-Bas, mais encore celle de venir à leur secours, il était doublement inté~ » du Rhin; la première à cause de la difficulté de ressé à répondre à leur appel, et cette tâche était » la nourrir dans un pays épuisé par l'ennemi, à imposée au maréchal prince de Cobourg, nommé » moins d'être maître de tout le cours de fleuve ; généralissime de l'armée qui devait agir entre le » la seconde à cause des obstacles qu'elle renconRhin et la mer du Nord. Ce prince, connu par ses » trerait, si les républicains, jugeant l'impossibicampagnes contre les Turcs, avait partagé avec le »lité de se tenir dans les plaines de la Belgique, maréchal Suwarow, l'honneur des victoires de jetaient le gros de leurs forces dans les Vosges, Foczani et de Rimnisk. Élevé, pour ainsi dire, à» et cherchaient à délivrer Mayence. Une telle rél'école de ce grand capitaine, on crut qu'il avait >> solution de la part de l'ennemi exposerait l'armée profité de ses exemples: mais Frédéric a dit judi» prussienne à perdre une bataille dans la position. cieusement « qu'il ne suffisait pas d'avoir servi 20 ans » la plus dangereuse, sa retraite n'étant pas assu>> sous le prince Eugène pour devenir habile tacpar la possession de cette forteresse. Pour » ticien ; » et le prince de Cobourg, mieux que per- » obvier à de tels inconvénients, l'armée impériale sonne, prouva cette vérité : ni la force d'âme, » se bornant à observer la Meuse, détacherait un ni le coup d'œil qui distinguaient le vainqueur » corps de 15 à 20,000 hommes sur la rive gauche d'Ismaël, ne firent la moindre impression sur le gé- » du Rhin pour coopérer au siége de Mayence; néral allemand. Le conseil aulique de Vienne, ap

(1) Voyez pièces justificatives du livre IV, no 2.

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» 3° L'armée prussienne passera le Rhin en lais»sant les troupes de l'Empire devant Cassel; elle » cherchera à battre Custine en rase campagne,

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4o Le général Walis, après l'occupation de >> Manheim par les alliés, sera chargé de surveil»ler le Rhin au-dessus et au-dessous de cette for» teresse, et y emploiera autant que possible les >> contingents des cercles les moins propres aux » opérations offensives; il éclairera la ligne du » Rhin jusqu'à Rheinfeld, occupant les points es» sentiels de Philipsbourg, Kehl, Vieux-Brisach et » Fribourg;

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» 5° Aussitôt que Mayence serait tombé, l'armée impériale franchirait la Meuse, et s'efforcerait » de reconquérir les Pays-Bas, à moins qu'elle n'espérât obtenir ce résultat par une invasion » dans les provinces ennemies. On proposa à cet » effet de conserver toutes les forces réunies, et on >> voulait néanmoins tomber en même temps sur » Landau, Sarrelouis et Thionville; placer une ar» mée d'observation autrichienne près de cette » dernière ville, une autre de troupes prussiennes près de la première, un corps intermédiaire à Sarrelouis; enfin une quatrième armée entre la » Meuse et la Moselle pour observer les Pays-Bas. » Ce dernier plan fut jugé convenable dans l'hypothèse surtout que la Hollande se déclarât pour » la coalition. »

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On admit enfin, que pour atteindre ces différents buts, les alliés mettraient en campagne les forces suivantes :

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54,800 homm.
11,400

4,200

70,400

33.400 homm.

56,600 24,000 15,000

4,000

Ajoutant à ces trois armées, 88,000 Anglais, Hanovriens et Hollandais, qui joignirent plus tard, et les 6,000 hommes de l'armée de Condé, on trouve un total de 260,000 combattants, depuis Bâle jusqu'à la mer du Nord.

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Le lecteur sentira d'abord tout ce que ce plan a de vicieux : c'était un assemblage d'idées vagues et de propositions contraires à toutes les règles de l'art. Les 70,000 hommes destinés pour le bas Rhin, ne pouvaient sauver Maestricht qu'en battant l'armée française sur la Roër, et il est assez difficile d'expliquer pourquoi cette armée victorieuse, maîtresse d'un débouché comme celui de Maestricht, aurait dû camper gravement en cordon d'observation derrière une rivière dont elle commandait les deux rives, au lieu de poursuivre vivement les vaincus qui ne possédaient pas le moindre asile tenable jusqu'aux frontières de France. L'art de profiter de la victoire n'était pas milier aux généraux allemands, et la résolution qu'ils prirent étonne d'autant plus, que leur immense cavalerie ne pouvait être mieux utilisée que dans les plaines d'Outre-Meuse. Rien n'indique plus fortement le génie étroit de ces tacticiens compassés, que la crainte de franchir cette rivière aussi longtemps que Mayence serait assiégé; quelle influence pouvait exercer une garnison investie par 40,000 hommes, sur des opérations aux rives de la Sambre ? L'interruption de la navigation du Rhin, les inquiétait, dira-t-on, pour les vivres ; mais comment craindre de mourir de faim avec 70,000 mille hommes, dans les fertiles plaines de la Belgique? D'ailleurs les immenses contrées situées entre les rives du Danube ou du Necker, et celles du Main, de la Lippe, ne pouvaient-elles pas verser, partie par charrois, partie par eau, leurs farines aux dépôts de Coblentz et de Cologne, sans que le général Doyré, bloqué à Mayence, y apportât le moindre obstacle?

Si les alliés redoutaient, comme on le prétend, que les Français, dans l'impossibilité de tenir en plaine, ne jetassent l'armée du Nord dans les Vosges, le moyen de les en empêcher était-il bien de la laisser tranquille après l'avoir déjà vaincue ? et n'était-ce pas, au contraire, en la poursuivant à outrance qu'on fût parvenu à lui ôter jusqu'à la 112,600 homm. faculté d'agir contre les Prussiens?

7,000 5,000 1,000

Sans doute, il était possible de reconquérir les Pays-Bas en France, comme le dit fort bien l'article 5; mais quels chétifs moyens proposait-on pour y parvenir? quatre armées d'observation à Sarrelouis, Landau, Thionville et sur la Meuse! Le choix d'un bon plan d'opérations, à cette époque, dépendait toujours de la part que l'on réservait à la politique intérieure. Il semblait, au commencement de 1793, que la mort de Louis XVI et les progrès de l'anarchie eussent rendu la révolution odieuse à ses premiers défenseurs, et que le parti royaliste trouverait en France beaucoup plus d'appui qu'en 1792, en s'y prenant avec moins de maladresse que les conseils des princes émigrés. Si on voulait terminer la révolution, il fallait promettre l'oubli du passé, consacrer les principes essentiels d'une constitution sage, et marcher droit sur Paris avec 150,000 hommes, laissant des corps d'observation sur chaque flanc. Ce but essentiel de la guerre une fois atteint, il convenait de traiter avec la nation sur des principes qui assurassent son repos, sa dignité et l'intérêt général de l'Europe, et non dans l'unique intérêt de l'Angleterre, son ennemie constante et irréconciliable. A la vérité, pour obtenir un semblable résultat, il fallait d'autres ministres que les Thugut et les Bischofswerder, d'autres généraux que ceux de la coalition.

pour peu qu'on utilisât les avantages que la possession de Maestricht, l'alliance de la Hollande et de l'Angleterre, l'emplacement des Prussiens à Wesel, offraient pour reconquérir la Belgique. On pouvait y parvenir rapidement et sûrement, en débouchant avec 60,000 combattants par Maestricht et Liége sur Namur, se renforçant là des troupes inutiles dans le Luxembourg, et des contingents hollandais et anglo-hanovriens, de manière à rassembler, au mois d'avril ou de mai, 100,000 hommes sur Maubeuge et la Sambre. Dans cet intervalle, l'armée du Rhin devant réduire Mayence, eût attendu la prise de cette place, et après avoir laissé 30,000 combattants dans le Hundsruck, elle eût filé avec 70,000 vers Stenay, sur la Meuse, pour se lier avec l'armée du prince de Cobourg, et agir avec ces deux masses selon les événements. On convient que l'exécution d'un tel plan suppose le gain d'une première bataille, et que sa réussite dépendait des coups portés aux masses organisées de l'ennemi; cependant si les événements eussent forcé de s'en écarter en quelques points, on aurait pu tracer la direction générale des mouvements, et y rattacher toutes les combinaisons accessoires. Une preuve que dans cette occasion ce plan eût été exécutable, c'est qu'après le combat d'Aix-laChapelle rien ne se fût opposé à son entier succès.

Le peu de bien que les alliés firent dans cette campagne se rattacha à ce système; tout ce qui en dévia leur réussit mal. Nous allons voir que le plan pusillanime des conférences de Francfort fut abandonné dès les premiers pas, comme cela devait

Nous ne pensons pas néanmoins qu'un plan de cette nature eût fait courir de grands dangers aux souverains alliés ; le moment de le tenter était propice au pis aller on en eût été quitte pour la perte de quelques milliers d'hommes, si, à l'apparition | de telles forces, sous les murs de Paris, l'on n'eût arriver. pas trouvé la capitale disposée à secouer le joug

de la commune.

CHAPITRE XIV.

Défaite de

Expédition de Dumouriez en Hollande.
l'armée française sur la Roër.- Bataille de Nerwinde.
Retraite des Français sur la frontière du Nord. -
Fuite de Dumouriez.

Mais pour adopter ce système conforme au but annoncé de la guerre, l'uniformité de vues et d'intérêts, de la part de chacun des alliés, devenait indispensable; il était non moins urgent de préparer sur le Rhin ou la Meuse, dès les derniers jours de février, tous les éléments nécessaires à son exécution. Aucune de ces conditions n'ayant été remplie, les forces se trouvant trop éloignées, la poli-néral Miranda du projet sur la Zélande, mais toutique marchant à tâtons, l'appui qu'on eût pu trouver en France s'évanouit, et l'on fut contraint de combiner une opération purement militaire. A la vérité, celle-ci promettait un succès assuré,

TOME I.

Dumouriez, détourné par les observations du gé

jours entraîné vers Amsterdam, eut d'abord l'idée de s'y porter par Nimègue, pour tourner d'un coup les obstacles que présentaient les embouchures des fleuves et les places de Grave, Breda, Berg-op-Zoom,

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