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milieu de toute sa cour le soldat de la république, avec beaucoup d'égards; il fit inviter le commandant et les officiers de l'escadre à descendre à terre et fit offrir pour les équipages tous les rafraîchis sements dont ils auraient besoin.

» l'arrivée devant Naples, d'un plus grand nombre | roi, qui, dans l'instant, consentit à toutes les de› de bâtiments de guerre. » Le contre-amiral ré- | mandes du contre-amiral français. Il accueillit, au pondit « qu'il en diviserait point son escadre; qu'il » allait jeter l'ancre sous les fenêtres du palais » du roi; qu'un seul citoyen descendrait à terre » pour lui porter une lettre, et lui faire connaître » les intentions de la république : mais que, si on » osait tirer un seul coup de canon, il en rendrait Dans sa réponse, le roi de Naples, en accédant » mille pour un, et ne sortirait de devant Na- à tout, avait inséré l'offre de sa médiation. J'ob» ples qu'après l'avoir détruite. » Le capitaine du servai « que je ne pouvais accepter une pareille port vit le vaisseau du contre-amiral Latouche. Le » offre sans qu'auparavant elle eût été soumise à branle-bas général du combat était fait; chacun» mon général, et que je ne pouvais porter que le était à son poste; les mèches étaient allumées; | » projet de la lettre proposée. » Le citoyen Latous les vaisseaux étaient également prêts à lancer touche rejeta cette offre, en mettant en marge la destruction et la mort. Le général fit observer « que la république n'attendait la paix que du cou« que, quoiqu'il vînt avec des sentiments de paix » rage de ses braves soldats, et de l'abaissement » pour le peuple de Naples, il était cependant dé- » de ses ennemis. » Il me donna l'ordre d'aller » terminé, sur le moindre refus du roi, à venger prendre congé du roi; de lui dire « que les ci>> l'honneur national, et à faire un usage terrible» toyens commandant les vaisseaux de la républi» des forces qui lui étaient confiées. »

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Je fus chargé de porter au roi de Naples la lettre du contre-amiral. Dans les termes les plus énergiques, il demandait au roi « que le ministre » de la république fût reconnu; que la neutralité >> fût promise; que la note proclamée à Constantinople fût désavouée; que le ministre insolent » qui avait osé la répandre, fût puni et rappelé ; » qu'il fût envoyé auprès de la république un am»bassadeur qui renouvelât ce désaveu, entre>> tînt la bonne harmonie entre les deux puissances, » et préparât un nouveau traité, qui pût être éga>>lement utile au commerce des deux peuples. » Le contre-amiral m'ordonna de faire observer que le refus d'une seule de ses demandes serait regardé comme une déclaration de guerre ; qu'un moment après, son feu s'ouvrirait; que, dans une heure, les batteries ennemies seraient démontées, et que dans un jour, Naples ne serait plus qu'un monceau de ruines. Dans les instructions qui me furent données, le citoyen Latouche m'avait imposé l'ordre le plus absolu « de ne souffrir de la part du roi de Naples » aucun mouvement même, dont pût avoir à s'of>> fenser la majesté du peuple souverain, dont j'allais >> manifester les volontés. » Le citoyen Mackau, ministre de France à Naples, et qui, dans cette circonstance, a montré toute l'énergie d'un républicain, m'accompagna au palais. La lettre fut remise au

TOME 1.

» que étaient appelés à la délivrance de la Sar» daigne; et que, satisfaits d'avoir trouvé un ami » dans le roi des Deux-Siciles, ils allaient profiter » du vent favorable pour mettre à la voile.» Personne n'est descendu à terre, et personne n'a désiré de descendre. Le général, les officiers, les citoyens de l'escadre, en vrais républicains, ont dédaigné les amorces insidieuses des cours : ils sont partis, après n'être restés que vingt heures devant Naples.

N° 12.

Notes relatives aux démêlés avec la Suisse.

Il serait beau, écrivait le ministre Servan, au général Montesquiou, d'aller briser les fers que le despotisme avait forgés pour accabler les Genevois, s'ils voulaient établir les droits de l'homme.

Cette phrase, citée par un écrivain digne de foi, n'est pas le seul indice qui autorise à croire que le ministère mal conseillé par Clavière avait formé le projet d'une agression contre Genève, au risque de la voir s'étendre à toute la Suisse. Il ne sera pas hors de propos de rappeler ici quelques circonstances à nos lecteurs, pour leur éclairer cette question.

30

Après de nombreux débats, la république de Genève avait été forcée d'avoir recours à ses voisins pour rétablir le calme dans ses murs: le parti démocratique avait eu le dessous, sa constitution avait été mise en 1782 sous la garantie de la France, du Piémont et de Berne; si deux de ces puissances se faisaient la guerre, et qu'il y eût lieu à exercer la garantie, elles devaient envoyer chacune de leur côté des commissaires chez celle qui serait restée neutre, afin de s'entendre sur les moyens d'y parvenir, et pour décider si les troupes de la puissance neutre marcheraient seules sur cette ville, ou si des détachements des trois puissances s'en approcheraient; hypothèse dans la quelle le territoire genevois serait alors réputé neutre. C'était sur ce traité que Clavière se fondait à tort, et qu'il brisa quand il en vit l'insuffisance. Les diètes de Frauenfeld et d'Arau avaient successivement annoncé que, malgré les griefs de la Suisse, elle resterait neutre. Il est vrai que des questions de guerre furent agitées à Berne particulièrement, mais rien ne faisait soupçonner qu'elle dût avoir lieu; et tout devait porter les Français à l'éviter avec soin dans ce moment critique.

vu les dispositions malveillantes du canton de Berne envers la république française, la résolution des magistrats de Genève de prendre à leurs ordres des troupes de ce canton devait être considérée comme une accession à la coalition. En conséquence, le conseil exécutif ordonna au général Montesquiou d'empêcher les troupes suisses d'entrer à Genève, ou de les expulser, dans le cas qu'elles y eussent déjà pris garnison.

Toute la question consistait à savoir si Genève, en qualité d'alliée des Suisses comme le Valais, pouvait faire partie intégrante du territoire neutre de la confédération, et si le conseil de cette république n'ayant rien à débattre relativement à des troubles intérieurs et à sa constitution, avait le droit ou non d'invoquer les traités de 1584, dont aucun acte ne stipulait l'abolition, et dont au contraire elle avait souvent fait usage. C'était aussi dans ce sens que les gouvernements suisse et genevois s'expliquaient; et Clavière qui voulait d'un même coup ôter à Montesquiou la faculté d'influencer le conseil exécutif et donner au parti plébéien la faculté de se déclarer, fit rendre par la convention nationale, le 17 octobre, le décret suivant :

Les Genevois, inquiets du voisinage de l'armée Art. 1". La convention nationale, après avoir de Montesquiou, réclamèrent à Berne et à Zurich » entendu le rapport de son comité diplomatique, les secours stipulés par les anciens traités de 1584, » considérant que l'introduction des troupes de afin de mettre du moins leur ville à l'abri d'une » Berne et de Zurich à Genève, est contraire aux surprise. Jusque-là il ne s'agissait que d'un cordon» traités de 1579 et 1584, et compromet autant de neutralité dans l'intérieur de la confédération» la sûreté que la dignité de la république fransuisse, et point du tout d'un renversement de la »çaise, approuve les ordres donnés par le conseil constitution de Genève, seul cas qui autorisât l'in-» exécutif provisoire pour faire évacuer la ville de tervention de la France, conformément au traité» Genève par les troupes de Berne et de Zurich, en de 1782. On argumenta dans ces débats avec sub- >> respectant néanmoins la neutralité et l'indépentilité sur la question la plus simple; et la révolu- » dance du territoire de Genève, si cette évacuation effectuée au mois de janvier suivant, après le» tion se fait amicalement. départ des Suisses, prouva assez que c'était là l'unique but du ministère influencé par Clavière; les droits de la France dans le traité de 1782, n'y en- le traité du 12 novembre 1782 qui le gatraient pour rien. Le conseil exécutif, informé par» rantit, n'est, à l'égard de la constitution geneles amis de Clavière de la demande de 1,600 Suis- » voise, qu'un engagement entre des tyrans pour ses, prit le 28 septembre un arrêté déclarant cette » garantir une tyrannie étrangère; qu'il est inmesure contraire au traité de 1782, dont le 2o ar- digne d'un peuple de maintenir de pareils actes; ticle portait que la république de Genève ne pour-» considérant enfin que toute garantie de constiturait introduire sur son territoire aucunes troupes >>tion est un attentat à l'indépendance de la puisétrangères sans le consentement des trois parties» sance garantie, charge le pouvoir exécutif de déqui avaient conclu ce traité ; il déclara de plus que, » clarer à la république de Genève et aux cantons

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» 2. La convention nationale, considérant que l'édit de Genève de 1782 a été dicté par la force, >> que

sans

>> du 2 novembre 1792. »

En ne rappelant plus rien du traité de 1584, il était évident qu'on chercherait à ôter à Genève la faculté de recourir à ses voisins.

Le conseil de Genève répondit, le 29 novembre, par la note suivante :

» de Berne et de Zurich que la république fran- » à l'ordre du jour sur le surplus de la transaction »çaise renonce pour sa part au traité du 12 no» vembre 1782, en ce qui concerne la garantie du >> gouvernement et de la constitution de Genève. » Le lecteur ne manquera pas d'observer que le droit invoqué par le conseil exécutif dans son arrêté du 28 septembre ne se fondait que sur le traité de 1782, tandis que la convention nationale, «Le conseil de Genève s'empresse de réponautre forme, déclarait ce traité nul. Dans ces en- » dre à la note que M. le résident de la république trefaites, Montesquiou était parvenu à signer une >> française remit hier à M. le premier syndic, avec convention à Carouge, le 22 octobre; mais ce dé- copie des décrets de la convention nationale, des cret la rendant illusoire, il en conclut alors une >> 17 octobre et 21 novembre, en lui communinouvelle avec les députés Prevost, Lullin et d'Y- » quant l'extrait des registres des petit et grand vernois. La sortie des troupes fut stipulée, ainsi» conseils des 25 et 27 de ce mois; et en l'inforque le libre transit par Versoix, et la retraite des » mant que le conseil souverain vient d'approuver troupes françaises; enfin l'article 4 portait ce qui» l'avis de la retraite des troupes suisses qui sera suit :

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» effectuée le 1er décembre prochain. La conven» tion nationale verra sans doute avec satisfaction, » par la date du registre du petit conseil, qu'il » n'avait pas attendu le décret du 21 de ce mois » pour proposer au conseil supérieur la retraite

« La république de Genève se réserve expressé>>ment et solennellement tous les traités antérieurs » avec ses voisins, et spécialement celui de 1584 >> avec les louables cantons de Zurich et de Berne, >> ainsi que l'article 5 du traité de neutralité » des troupes de nos alliés; que, se livrant à la » de 1782; n'entendant la république française» confiance que doivent lui inspirer les déclarations >> que ladite réserve puisse la lier aux traités dans » solennelles que la république française lui avait » lesquels elle n'est point intervenue, ni préjudi- » fait parvenir, il avait vu la sauvegarde de la »cier en rien à la faculté qu'elle s'est réservée de patrie dans la justice et la loyauté française. » revoir ses propres traités, qu'elle exécute provi»soirement jusqu'à l'époque de cette révision. »>

Cette transaction fit éclater l'orage contre Montesquiou, qui fut destitué et prit fuite. Cependant le parti dominant, convaincu que le départ des Suisses donnerait l'occasion de faire éclater le mouvement populaire désiré par les meneurs, se bornait à insister sur ces articles; et Brissot proposa, le 21 novembre, le décret suivant :

« La convention nationale, après avoir entendu » le rapport de son comité diplomatique, et déli» bérant sur la transaction conclue, le 2 novem»bre 1792, entre la république de Genève et le général Montesquiou, au nom de la république française, charge le pouvoir exécutif de requérir

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>> que l'évacuation des troupes suisses maintenant

» à Genève soit consommée le 1er décembre pro

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» Le décret par lequel la convention nationale >> renonce à l'acte de garantie du 12 novembre 1782, est pour le conseil un gage précieux de la » volonté de la république française, de ne point » influencer le gouvernement de Genève ni sa po» litique intérieure. Chaque jour, plus pénétré du principe que la république de Genève doit cher» cher la force et la stabilité de son gouvernement » dans la confiance réciproque et dans l'union de » tous ses membres, le conseil, ainsi que ses regis>> tres l'attestent, avait depuis longtemps pris la >> résolution de solliciter auprès des trois puissan» ces intervenantes dans l'acte de 1782, la revocation de leur garantie. Les circonstances politiques de l'Europe, qui rendaient le concours de >> ces puissances si difficile à obtenir, avaient scu» les suspendu ces démarches; et la convention

»

D

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chain, moyennant laquelle évacuation les troupes nationale, en les prévenant, acquiert de noufrançaises respecteront la neutralité et l'indépen-» veaux droits à la reconnaissance de la républi

>> dance du territoire genevois, et l'évacueront, si

» elles l'ont occupé. La convention nationale passe

» que de Genève.

>>> Le conseil a mis et mettra toujours au rang de

232

PIECES JUSTIFICATIVES DES LIVRES II ET III.

» ses premiers devoirs celui de concilier à Genève » la bienveillance et l'affection de la nation fran»çaise; il en recherchera constamment les occa>>sions et les moyens; et il est persuadé que M. le >> résident, par suite de ses bons offices, voudra >> bien lui en rendre le précieux témoignage et le >> seconder efficacement. »

Les Suisses sortirent donc le 1" décembre; mais six semaines après, le gouvernement de Genève fut renversé, comme il était aisé de le pré

voir.

On croit que l'espoir de se débarrasser de la triple tutelle de 1782, qui devenait embarrassante, sans utilité, décida le conseil à requérir le départ des troupes de Berne et de Zurich. S'il eût persisté à les garder, les 15,000 hommes disponibles de l'armée des Alpes n'eussent pas suffi à prendre Genève,-soutenu par 20,000 hommes, et à envahir la Suisse alors mieux unie qu'en 1798, et secourue au besoin par les Impériaux: on montra trop de confiance aux assurances de la convention ou trop de faiblesse.

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CRITIQUE ET MILITAIRE

DES

GUERRES DE LA RÉVOLUTION.

LIVRE IV.

PREMIÈRE PÉRIODE DE LA CAMPAGNE DE 1793.

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État de l'Europe au commencement de 1793. Jugement et mort de Louis XVI; indignation de tous les cabinets à la nouvelle de cette catastrophe. Déclaration de guerre à l'Angleterre et à la Hollande. Le roi d'Espagne ayant fait de vaines réclamations pour sauver Louis, s'arme pour le venger: la convention lui déclare de même la guerre. Les Prussiens entrent en Pologne sous le maréchal Mællendorf. - Préparatifs de tous les partis : Dubois-Crancé propose de porter les armées à 502,000 hommes, en indiquant la direction à donner à ces masses. Singuliers projets des Français sur la Zélande et la Hollande; Dumouriez s'engage contre toutes les règles dans ce pays, prend Breda et assiége Wilhemstadt, au moment où le prince de Cobourg rassemble ses forces vers Juliers. - Le duc d'York descend avec les gardes anglaises à Rotterdam. Déroute Miranda bombarde Maestricht. d'Aix-la-Chapelle et de Liége; Damouriez tarde de voler au secours de sa droite, et an lieu de ramener ses troupes avec lui, les laisse engagées sur le Biesbos; il joint l'armée à Tirlemont, et perd la bataille de Nerwinden. L'armée française rentre en désordre sur les frontières du Nord. Dumouriez propose aux Autrichiens de marcher sur Paris, pour dissoudre la convention, et rétablir l'ordre; ses conférences avec Mack; la convention envoie le ministre de la guerre et cinq députés pour le mander à la barre; il les livre aux Impériaux, à l'exception de Carnot resté par hasard à Douay; son armée l'abandonne, et le force à se réfugier dans le camp ennemi. Le roi de Prusse passe le Rhin à Bacharach, Custine lui oppose des forces disséminées, se fait battre sur la Nahe, et se retire sous Landau. Investissement de Mayence. — Congrès d'Anvers où les alliés règlent leurs opérations pour la campagne. — Ils bloquent Condé. - - Tentatives infructueuses de Dampierre; il est tué. Les forces combinées anglaises, hollandaises et hanovriennes étant enfin réunies aux Autrichiens, attaquent le camp de Famars; l'armée française se retire au camp de César, entre Bouchain et Cambray. Troubles dans la Vendée ; premiers succès des royalistes; journées de Thouars, Fontenay et Saumur; Angers et Nantes sont menacés. Progrès de l'anarchie dans l'intérieur. Agitation produite par la défection de Dumouriez, la défaite de Custine, et les désastres de la Vendée. - Envoi de commissaires près des armées. la levée de 40,000 Décret pour hommes destinés à couvrir la convention. Les girondins attaqués par Robespierre, succombent. - Journée du 31 mai; elle excite un soulèvement dans toute la France, surtout à Lyon, Bordeaux, Marseille et Caen. Siége de Valenciennes ; cette place et celle de Condé sont prêtes à succomber: Custine appelé du Rhin pour les sauver, tarde à marcher à leur secours; elles tombent, et le général est condamné à mort. - Le siége de Mayence est commencé. - Le général Beauharnais s'avance avec les armées du Rhin et de la Moselle, au moment où la place vient de capituler; il porte également sa tête sur l'échafaud. — L'armée d'Italie a éprouvé des défaites le 8 février : elle renouvelle au mois de juin des tentatives inutiles contre le camp de Raus et de Lauthion; ses colonnes sont mises en déroute.

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Aux Pyrénées, les mêmes revers menacent les armées françaises; Bellegarde et le fort des Bains sont pris par Ricardos; Collioure et Port-Vendre sont observés, et Perpignan menacé. Le général Flers repousse heureusement l'ennemi à Maz de-Roz et Niel. La faible armée des Pyrénées occidentales est battue par Caro, à Suré, Andaye et Château-Pignon. Servan arrêté et conduit à Paris. Kellermann avec la moitié de l'armée des Alpes marche contre Lyon. Les royalistes livrent Toulon aux Anglais et aux Espagnols. ·Progrès de la Vendée.

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