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face. Il existe donc deux systèmes veineux à sang rouge dans les lobules pulmonaires et par suite dans le poumon entier : l'un profond, formé par les veines qui accompagnent les divisions bronchiques, ou bien qui marchent isolément dans l'intérieur du lobule; l'autre superficiel, moins considérable que le précédent. Ces deux ordres de veines se réunissent et forment un tronc unique, qui sort du lobule tantôt à une petite distance de l'artère, d'autres fois, accolé à celle-ci ou bien séparé d'elle par la bronche lobulaire. On voit que ce n'est que l'artère qui est constante dans ses rapports avec cette bronche, et que les veines ne cherchent qu'à faire le plus court trajet possible pour se dégager du lobule. Reisseissen admet pour chaque bronche lobulaire une veinule et une artériole; d'après MM. Rossignol et Krause, il n'y a qu'un courant sanguin sur les parois de chaque vésicule, et ce courant est centri pète à l'axe du tube aérien.

Artère bronchique. Cette artère se répand en capillaires dans le tissu cellulaire Sous-muqueux, et décrit son trajet comme le décrit Reisseissen. Toutefois M. Rossignol affirme qu'il n'existe aucune communication entre ce vaisseau et l'artère pulmonaire. Il dit que quand l'injection a été faite avec précaution, la matière injectée ne se répand pas au delà du point où commencent les alvéoles pariétales, et qu'on n'en trouve jamais de traces dans les vaisseaux qui se répandent sur les parois de ces cavités. Le contraire a lieu quand on injecte par l'artère pulmonaire. Nous devons dire que ce résultat est complétement opposé à celui que nous avons obtenu. En effet, en poussant une injection dans les artères bronchiques, nous avons injecté non-seulement le tissu sousmuqueux, mais nous avons vu que la matière à injection remplissait les espaces interlobulaires, où elle venait dessiner le réseau que M. Rossignol rapporte aux veines pulmonaires. A quoi ces dissidences sont-elles dues? Est-ce que les injections de M. Rossignol n'ont pas été assez complètes, ou bien les nôtres ont-elles déterminé des voies accidentelles? Ce que nous pouvons dire, c'est que la communication entre les vaisseaux pulmonaires et bronchiques est généralement admise par les auteurs. Cette communication entre un système à sang noir et un système à sang rouge, existe également dans le foie, organe qui présente, du reste, tant de ressemblance avec les poumons.

Veines bronchiques. Elles offrent dans leurs principaux rameaux la même disposition que les artères bronchiques. Leurs capillaires forment sous la muqueuse des bronches, des lacis très-serrés de plexus veineux qui succèdent à ces artères.

Nous terminons ce rapport en signalant les recherches récentes de M. Schroder Van der Kolck, professeur d'anatomie à l'université d'Utrecht, sur la structure du foie, recherches consignées dans la dissertation inaugurale d'un de ses élèves, M. C.-L.-J. Backer. En comparant ce travail à celui de M. Rossignol, on verra que les analogies du foie et des poumons ne se sont jamais présentées d'une manière plus frappante. M. Schroeder admet que chaque granule hépatique, représentant de l'organe entier, est formé par une espèce de labyrinthe, ou système de cellules qu'embrasse l'expansion de la capsule de Glisson. Ces cellules et cette expansion sont les équivalents des alvéoles pulmonaires et de leurs infundibulums. Les canaux biliaires viennent s'y ouvrir, comme les bronches dans les infundibulums pulmonaires. La veine-porte, représentant l'artère pulmonaire, s'incurve autour des granules et les embrasse par des demi-anneaux, d'où ses ramifications forment différents réseaux, d'abord à la surface du granule, ensuite entre les alvéoles biliaires et sur leurs parois. La veine, équivalente de la veine pulmonaire, prend naissance dans ces réseaux et forme également un plan profond et un plan superficiel. Cette veine se jette dans l'espace entre-granulaire, pour se réunir aux veines congénères et constituer le système des veines sus-hépatiques. L'artère hépatique communique avec le réseau de la veine-porte et de la veine sus-hépatique.

Messieurs, la Commission dont j'ai l'honneur d'être l'organe vous propose: 1o de donner acte à M. Rossignol de ses recherches, en publiant le rapport dont elles ont été l'objet, dans le bulletin des séances de l'Académie;

2o D'inviter ce médecin à venir exposer ses préparations dans une prochaine séance, et, après la discussion à laquelle cette démonstration donnera lieu, d'insérer son travail dans le Recueil des Mémoires de la Compagnie.

ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE DE PARIS.

Séance du 17 mars.

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL donne communication d'une lettre de M. Amédée Forget, secrétaire de la commission de la souscription pour le monument à ériger sur la tombe de Bichat, ayant pour but d'inviter l'Académie à participer à cette souscription.

L'Académic décide, par acclamation, que chacun de ses membres fait abandon à la souscription d'un jeton de présence.

M. PRUS continue la lecture de son rapport sur la peste et les quarantaines.

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URÉTHROPLASTIE. M. JOBERT (de Lamballe) présente à l'Académie le nommé Peregeaux, âgé de trente-six ans, qu'il a guéri d'une fistule sus-scrotale de l'urèthre par autoplastie.

L'uréthroplastic fut pratiquée de la manière suivante : les bords de la fistule furent ébarbés avec soin, de manière à enlever toutes les parties indurées du trajet fistuleux, et afin d'avoir, dans toute l'étendue de la circonférence de l'oblitération, une surface saignante. Un large lambeau quadrangulaire, à base inférieure, fut taillé sur la face antérieure du scrotum et transporté par glissement au-devant du trajet fistuleux avivé; il fut fixé par six points de suture entrecoupée. Le lambeau se réunit par première intention dans les trois quarts de son étendue, à droite et en haut; à gauche du lambeau, il s'établit un point de suppuration; il fallut y appliquer un nouveau point de suture; la réunion n'eut pas encore lieu, et après plusieurs cautérisations avec le nitrate d'argent, on revint à la suture, cette fois avec un succès presque complet; il continua encore à suinter quelques gouttes d'urine, mais il suffit de toucher la petite plaie avec du nitrate d'argent pour en déterminer la cicatrisation. En deux mois, la fistule fut complétement oblitérée.

Maintenant, la cicatrice est solide, linéaire dans les trois quarts de son étendue ; à gauche, là où la réunion n'a eu lieu que par seconde intention, la cicatrice est moins régulière, le tissu inodulaire est plus dur et légèrement saillant au-dessus de la peau. La peau du scrotum à laquelle a été emprunté le lambeau ne présente aucune bride, aucun pli anomal. Pendant le courant du traitement consécutif à l'opération, une sonde à demeure a été laissée dans l'urèthre; une seule fois on a été obligé de la retirer, à cause de la fièvre que sa présence avait déterminée.

LITHOTRIBE A DEUX BRANCHES. M. MERCIER présente une modification du lithotribe à deux branches. Cette petite modification, dit-il, ne mériterait pas d'occuper les instants de l'Académie, s'il ne s'y rattachait une indication thérapeutique fort importante. Lorsqu'on a un calcul ou un fragment volumineux à broyer, on se sert ordinairement du brise-pierre fenêtré modifié par M. Charrière; mais lorsqu'il ne reste plus que des fragments d'un moindre volume, on se sert du brise-pierre dit à cuillers. Mais ce dernier a un grand défaut, c'est que quand deux ou trois petits fragments ont été écrasés, il s'engorge, les débris s'y tassent, et on est obligé de l'extraire, sans quoi on courrait le risque de ne pouvoir y parvenir sans causer de vives souffrances au

malade. Souvent même on ne peut éviter ces douleurs malgré toutes les précautions possibles, et d'ailleurs les manœuvres se trouvent par là singulièrement prolongées. On a cherché déjà à débarrasser les cuillers au moyen d'une troisième pièce placée entre les deux autres; mais l'instrument se trouve par là très-compliqué, outre que l'avantage que l'on obtient par ce moyen se trouve plus que compensé par d'autres inconvénients.

Mon brise-pierre, dit M. Mercier, n'est pas susceptible de s'engorger, et voici comment. Dans les trois quarts de leur longueur ses mors sont tout à fait plats et ne présentent que quelques légères aspérités pour empêcher les fragments saisis de glisser. Dans l'autre quart, près de l'angle de courbure, leur aplatissement cesse, et ils ressemblent complétement au brise-pierre fenêtré, ce qui leur donne une très-grande force. Ainsi les débris ne peuvent se tasser en cet endroit parce qu'ils sont repoussés par la branche mâle à travers la large fenêtre de la branche femelle; et ils ne peuvent non plus se tasser au delà, puisque les deux mors ne présentent aucune trace d'excavation.

Quelques praticiens pensent que par cette extraction du détritus, ajoute l'auteur, on accèlère la délivrance du malade, et on a même donné le précepte de préparer d'avance cinq ou six brise-pierres à cuillers pour les introduire successivement et coup sur coup. C'est une erreur pernicieuse. Si le malade urine bien, ce n'est pas la poudre impalpable qu'on retire par ce moyen qui éprouverait le moindre obstacle pour sortir, et s'il urine mal, on pourra toujours extraire ce détritus à volonté, à l'aide de la sonde évacuatrice à double courant que j'ai présentée à l'Académic dans sa séance du 21 mars 1843.

Dans la séance extraordinaire du samedi 21 mars, M. PRUS a continué la lecture de son rapport sur la peste et les quarantaines.

Séance du 24 mars.

M. Denonvilliers se porte candidat à la place vacante dans la section de médecine opératoire.

LITHOTRIBE A MORS PLEINS POUR LA PULVÉRISATION PAR PERCUSSION. M. LEROY-D'ETIOLLES écrit à l'Académie pour motiver l'interpellation adressée par lui à M. Mercier, à la fin de la dernière séance. Sachant que ce médecin avait mis, il y a peu de jours, sous les yeux de la Société anatomique, un instrument largement fenêtré dans la moitié au moins de sa longueur, et le voyant présenter à l'Académie un autre instrument s'éloignant de la forme du précédent pour se rapprocher de celui que M. Leroy faisait exécuter il y a trois semaines dans les ate

liers de M. Charrière, il en a témoigné son étonnement. Le but des deux auteurs ne parait pas, au surplus, être le même : M. Mercier s'est préoccupé de prévenir l'empâtement des mors du brise-pierre en élargissant la fenêtre placée près du talon des branches, tandis que l'instrument de M. Leroy-d'Étiolles, formé de deux mâchoires pleines, cannelées suivant leur longueur, est un pulvérisateur agissant par percussion.

Une lettre de M. Charrière, écrite sur la demande de M. Leroy, précise les époques auxquelles les trois instruments lui ont été demandés. Deux de ces instruments, le premier, modèle de M. Mercier, et celui de M. Leroy-d'Étiolles, sont déposés sur le bureau comme termes de comparaison.

NOMINATION D'UN MEMBRE DU CONSEIL. L'ordre du jour appelle la nomination d'un membre du conseil d'administration, en remplacement de M. Delens. M. Jobert a été élu.

COMMISSIONS DES PRIX. L'Académie procède à la nomination, au scrutin, des membres devant former les quatre commissions des prix, savoir: prix Itard, prix Civrieux, prix Portal et prix de l'Académie. Les membres nommés sont :

Pour le prix Itard : MM. Bousquet, Jourdan, Laugier, Honoré et Roche.

Pour le prix Civrieux : MM. Prus, Jolly, Rochoux, Gerdy et Guéneau de Mussy.

Pour le prix Portal MM. Cruveilhier, Cornac, Velpeau, Rayer et Longet.

Pour le prix de l'Académie: MM. MartinSolon, Bricheteau, Caventou, Ferrus et Louis.

Séance du 31 mars.

DE LA PARACENTÈSE DU THORAX DANS LA PLEURÉSIE AIGUE AVEC ÉPANCHEMENT. M. BRICHETEAU, au nom d'une commission composée de MM. Roche, Barthélemy, Blandin et Bricheteau, rapporteur, lit un rapport favorable sur un mémoire dont M. Trousseau a donné lecture dans le temps à l'Académie, sous le titre ci-dessus.

M. Louis regrette que M. le rapporteur n'ait parlé que des faits qui sont favorables à la paracentèse et qu'il n'ait pas signalé les insuccès. Il pense qu'il faut être très-sévère sur les conseils à donner pour pratiquer cette opération. J'ai vu, dit-il, un nombre considérable de pleurésies, je n'ai encore jamais rencontré de cas où l'opération m'ait paru indiquée; je n'en ai jamais rencontré dans lequel la maladie se soit terminée d'une manière funeste lorsqu'elle est simple.

M. BRICHETEAU: Je crois, en effet, que les indications de la paracentèse sont rares dans la pleurésie aiguë; mais je suis convaincu qu'il en existe, et c'est pour ces cas

exceptionnels que les observations de M. Trousseau offrent un grand intérêt.

M. NACQUART: J'ai entendu M. le rapporteur parler de difficultés quelquefois extrêmes dans le diagnostic de la pleurésie. Ce langage pouvait convenir avant la découverte de Laennec; alors, en effet, l'incertitude était grande. Mais aujourd'hui, avec les ressources de l'auscultation et de la plessimétrie, il n'est plus permis de parler des difficultés d'un semblable diagnostic.

M. ROCHOUX: Avec M. Louis, je crois que les cas où l'opération de la paracentèse est nécessaire, sont très-rares; mais je ne les nie pas absolument. Je me rappelle le cas d'un homme qui mourut en trente-six heures d'un double épanchement pleurétique. A l'autopsie, il fut bien constaté que le poumon avait conservé toute son élasticité, et que, si l'évacuation du liquide avait été opérée, cet homme aurait pu vivre. Je crois que les indications de la paracentèse se rencontreront plus souvent dans les épanchements aigus que dans les épanchements chroniques.

M. BRICHETEAU: Je partage cet avis; aussi ne s'agit-il dans mon rapport que de la pleurésie aiguë; dans une autre occasion, je me suis prononcé dans le même sens que M. Rochoux pour ce qui concerne l'épanchement chronique.

M. HONORÉ: M. le rapporteur a cité 33 cas d'opération d'empyème, dans lesquels il a eu 14 cas de mort; ce n'est pas encourageant.

M. BRICHETEAU : Dans ces 33 cas, il y a plusieurs catégories dont il faut tenir compte. Ainsi, les épanchements par maladie organique du système circulatoire ont été com-. plétement rebelles à l'opération.

M. Roux pense, avec M. Rochoux, que plus les épanchements sont récents, plus ils présentent des chances favorables à la paracentèse. Et ce qu'on a dit de l'épanchement pleurétique, il faut le dire aussi de tout autre épanchement.

M. HUGUIER lit un

GLANDE VAGINALE. travail intitulé: Mémoire sur la glande vaginale, les divers appareils sécréteurs des organes génitaux externes de la femme, sur leurs fonctions et sur leurs maladies.

Dans cette première lecture, M. Huguier a donné quelques détails d'anatomie, et a surtout insisté sur les fonctions de la glande vulvo-vaginale découverte par Gaspard Bartholin, décrite par plusieurs anciens anatomistes, et totalement oubliée par le plus grand nombre des anatomistes modernes.

Cette glande peut devenir le siége de nombreuses affections sur lesquelles M. Huguier se propose de présenter de nouvelles communications à l'Académie.

ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS.

Séance du 2 février.

Études sur le bégaiement et la parole. M. le docteur SERRE (d'Alais) lit sur ce sujet un mémoire dans lequel il expose un système de guérison jugé par une longue expérience faite sur lui-même.

Les principes sur lesquels ce système repose sont les suivants : 1o une volonté inébranlable; 2o l'équisyllabisme; 3o les gestes régulateurs et modulateurs des sons.

La première de ces conditions, et la plus importante, consiste à opposer l'ordre au désordre des syllabes, en mettant entre elles des intervalles égaux. On doit avoir soin d'étendre largement les mouvements des muscles vocaux, afin de leur donner à la longue, la docilité, la souplesse et la vigueur qui leur manquent. Toutes les syllabes, les muettes exceptées, doivent prendre le même temps, être bien articulées et parfaitement liées entre elles. C'est là une règle fondamentale avec laquelle il faut s'identifier, et dont la monotonie sera atténuée par l'accent, l'intonation, l'écoulement lent ou rapide de certains groupes de syllabes, conservant entre elles, cependant, des espaces relativement égaux.

L'action seule de l'intelligence ne peut toujours suffire à la régularisation des syllabes; de là la nécessité d'avoir recours aux mouvements de la main ou de toute autre partie du corps. M. Serre distingue les gestes, sous ce rapport, en gestes régulateurs et gestes modulateurs. A la première difficulté de prononciation, il devient indispensable d'avoir recours aux mouvements de la main ou de toute autre partie du corps, isochrones avec la sortie des syllabes; ce sont les mouvements régulateurs. Puis, s'il devient utile d'élever mécaniquement la voix, de lui faire subir des inflexions et des modulations, ces mêmes gestes, convenablement renforcés, convertis en sortes de pé dales, concourent à l'accomplissement de cette fonction physiologique.

Assainissement des amphithéâtres d'anatomie. M. le docteur Sucquet, préparateur du musée d'anatomie de l'Ecole de médecine de Paris, a obtenu les résultats les plus heureux au moyen de solutions de sulfite de soude et de chlorure de zinc.

Les premiers essais de l'auteur avec le sulfite de soude remontent à la fin de l'annéc 1844. Ils avaient pour objet de conserver les sujets de dissection pendant un mois ou quarante jours, sans altération des qualités physiques des tissus et aussi sans altération des instruments destinés au tra

vail, double résultat qui n'avait point encore été atteint jusqu'à présent. Les premières tentatives furent heureuses sous tous les rapports, et le doyen de l'École de Paris constata, dès le commencement de 1845, des exemples de conservation très-satisfaisante. Elle se maintenait un mois, 35, 40 et 45 jours. Des succès plus complets se sont réalisés, et depuis plus de deux mois les pavillons de l'École pratique ne reçoivent que des sujets conservés.

Chaque cadavre reçoit une injection de quatre litres de sulfite de soude à la température ordinaire. Au bout de 6 à 8 heures le liquide a passé des artères dans tous les parenchymes. Le sujet peut, au bout de ce temps, être injecté au suif, par l'aorte, pour l'étude de l'angéiologie. Les autopsies sont partiellement injectées vers les artères carotides, sous-clavières et iliaques.

L'Ecole pratique a reçu, depuis le 12 novembre 1845, près de 200 sujets injectés. Ces sujets restent dans les salles 20 à 30 jours en général. Les amphithéâtres sont aujourd'hui sans odeur appréciable.

L'action conservatrice du sulfite de soude n'est cependant pas absolue et indéfinie. Lorsqu'une région du corps a été disséquée et reste après son étude exposée au contact de l'air, elle s'altère au bout de 10 à 15 jours. Cette putréfaction demande alors l'emploi de moyens antiseptiques plus actifs et irrévocables, et le chlorure de zinc suffit alors à cette tâche.

Les parties abandonnées et découvertes, les cavités du tronc des autopsies sont lavées avant leur altération avec la solution des chlorures. Tous les matins, un service particulier organisé dans ce but et sous la direction de M. Sucquet, visite chaque table et imbibe de chlorure de zinc les parties dont l'étude est terminée et dont l'altération perpétuerait une infection dangereuse. Si l'épiderme se détache des téguments, il est enlevé avec une éponge, et la peau lavée avec la solution indiquée devient désormais imputrescible.

Séance du 9 février.

Dans cette séance on ne s'est occupé d'aucun sujet relatif aux sciences médicales.

Séance du 16 février.

Productions piliformes de la langue. M. LANDOUZY, professeur à l'École de méde cine de Reims, s'est occupé, depuis quelque temps, d'études spéciales sur la surface de la langue à l'état physiologique et à l'état pathologique. Il est arrivé à conclure que la coloration brune ou noire de cet organe, si fréquente dans les affections adynamiques, tient, dans la plupart des cas, à l'existence

d'appendices piliformes qui paraissent provenir des villosités de la muqueuse linguale. Il pense même que tout ce que l'on a appelé jusqu'ici enduits de la langue tient au développement de ces appendices, de quelque couleur que soit l'enduit.

En effet, depuis le 15 novembre dernier, il a observé quatorze cas dans lesquels la langue était noire ou brune, et dans tous les cas la coloration était due à ces productions piliformes qu'il a présentées antérieurement à l'Académie. En joignant à ces cas ceux de pleurésie et d'érythème noueux signalés dans la première communication qu'il a faite à l'Académie royale de médecine en novembre dernier, il a donc 16 cas dans lesquels la coloration noire de la langue est due au développement de productions piliformes.

Ces poils sont, en apparence, tellement semblables aux poils de la peau, qu'à l'œil nu il serait difficile de les en distinguer, bien qu'en réalité ils en diffèrent notablement.

Ces productions piliformes, qui sont à l'epithelium ce que les poils sont à l'épiderme, ont de 1 à 15 millimètres de longueur sur 1/5 à 1/200 de millim. d'épaisseur. La plupart sont coniques; un grand nombre sont disposés en faisceaux et semblent se diviser en plusieurs branches partant d'un tronc unique; leur présence ne parait altérer ni la voix, ni le goût, ni la mastication; cependant, lorsqu'ils sont longs, ils causent, en général, une sensation incommode au fond du palais: par leur frottement incessant contre la luette, ils causent ce chatouillement incommode qui se manifeste souvent à la gorge vers la convalescence, et que les malades et les médecins ne savaient comment expliquer.

Après de nombreuses recherches dans les auteurs. M. Landouzy n'a trouvé que deux exemples analogues, le premier dans Meckel, le second dans Portal; encore sont-ils énoncés sans le moindre développement.

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M. Th. Roussel s'est livré à des recherches spéciales sur ce point d'hygiène publique, et l'examen des ouvriers employés à la fabrication des allumettes lui a, en effet, démontré l'existence non-seulement d'affections plus ou moins intenses des voies respiratoires, mais encore d'affections des gencives et des os maxillaires se terminant par la nécrose et quelquefois par la mort des malades. Tous ces individus étaient habituellement exposés aux vapeurs phosphorées.

Les mesures que M. Roussel croit capables d'assainir la fabrication des allumettes consistent: 1° dans la séparation complète, des ateliers, afin de soustraire le nombre le plus considérable aux émanations phosphorées; 2o dans l'établissement des moyens convenables de ventilation dans les ateliers qui ne peuvent être complétement débarrassés de ces émanations.

Phénomène extraordinaire d'électro-magnétisme chez une jeune fille. Angélique Cottin, âgée de 15 ans, villageoise du département du Finistère, ouvrière dans une fabrique de gants en filet pour les dames, sachant lire et écrire, mais d'une intelligence bornée, dévidait de la soie dans les premiers jours du mois de janvier avec ses compagnes d'atelier, lorsque tout à coup le tour qu'elle faisait mouvoir fut projeté au loin. Ne sachant comment expliquer cet accident, les jeunes filles remirent le tour à dévider en place et recommencèrent à travailler. Mais le même événement s'élant renouvelé, on reconnut bientôt qu'Angélique Cottin était la cause de ce fait extraordinaire.

MM. les docteurs Verger et Cholet furent appelés tour à tour à visiter Angélique, et les phénomènes qu'elle manifestait leur parurent si singuliers qu'ils décidèrent son père et sa mère à l'amener à Paris, où elle se trouve avec M. le docteur Cholet, rue des Deux-Écus, hôtel de Rennes. Ces jours derniers, Angélique a été conduite dans le cabinet de M. Arago â l'Observatoire, et l'illustre astronome a consenti à être témoin des expériences suivantes, en présence de MM. Mathieu, Laugier et Goujon:

La main gauche d'Angélique Cottin a attiré vivement une feuille de papier sur le bord d'une table.

Angélique, tenant son papier à la main, s'est approchée d'un guéridon, et le guéridon a été repoussé tandis que le tablier l'effleurait à peine.

Angélique s'étant assise sur une chaise et ayant posé ses pieds à terre, la chaise a été projetée avec une violence extraordinaire contre la muraille, tandis que la jeune fille était jetée d'un autre côté. Cette expérience a été recommencée plusieurs fois de suite

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