Images de page
PDF
ePub

de l'affection est essentiellement chronique, et, chez les scrofuleux spécialement, elle peut durer des années entières avec des variations qui tiennent à la sortie du pus et à sa reproduction. Le diagnostic de l'abcès chronique de l'orbite s'établit à l'aide des données propres aux tumeurs liquides de cette région; l'exophthalmie qui s'est produite lentement, la coloration et l'amincissement des téguments qui environnent l'œil, l'état cachectique du malade, l'existence d'affections analogués dans d'autres régions du corps, mettront encore sur la voie. Enfin, les caractères du pus, lorsqu'on aura pratiqué une ponction exploratrice, la dénudation des os, leur état rugueux, quelquefois l'issue de fragments nécrosés, servirout à établir définitivement notre opinion. On ne saurait confondre entre eux le phlegmon et l'abcès chronique de la cavité orbitaire; car le début de ces deux affections diffère complétement: la première se produit d'emblée en quelques jours, la seconde demande plusieurs mois pour arriver au même degré. L'une s'accompagne de tous les signes propres aux phlegmasies; l'autre marche vers la suppuration sans donner lieu aux symptômes ordinaires de l'inflammation. Enfin, non-seulement les conditions de leur développement sont différentes, mais leur terminaison n'a rien qui se ressemble dans l'immense majorité des cas. Ce n'est pas cependant que la carie des os de l'orbite ne puisse être le point de départ d'un phlegmon de cette région, et le phlegmon la cause déterminante d'une carie; mais ces cas sont fort rares, et de tous points exceptionnels.

Dans le traitemeut de l'abcès chronique de l'orbite, il faut avoir égard au voisinage de l'œil et aux conséquences qui peuvent résulter de l'accumulation d'une certaine quantité de pus dans la cavité orbitaire; il faut donc ouvrir de bonne heure ces collections purulentes, donner au pus une issue facile, sans attendre que la peau soit amincie et les os dénudés dans une plus grande étendue. Il faut également entretenir béante l'ouverture de l'abcès, pour s'opposer à l'accumulation et au séjour d'une nouvelle quantité de liquide; faire dans le foyer des injections détersives; lotionner fréquemment les parties qui environnent la fistule, pour prévenir l'action irritante du pus, etc. Mais il importe par-dessus tout de faire suivre au malade un traitement général approprié à la cause de son affection: traitement antisyphilitique ou antiscrofuleux.

(La suite au prochain No.)

OPÉRATION DE LA lithotritie.— CASSURE DE L'INSTRUMENT DANS LA VESSIE; par le doc

teur TARONI, d'Alzonne (Aude).- Depuis l'âge de deux ans, Baptiste Andrien, de Saint-Denis, département de l'Aude, souffrait d'une difficulté d'uriner pour laquelle il avait réclamé, en plusieurs circonstances, les secours de l'art, et dont il ne retira aucun soulagement. Ce ne fut qu'au commencement du mois d'août dernier que je fus appelé auprès du malade, alors àgé de vingtsix ans, et qu'après un examen minutieux, je constatai la présence d'un calcul assez volumineux. Les docteurs Fréjacque et Abriál, appelés en consultation, reconnurent aussi la présence du calcul et trouvèrent le malade dans l'état suivant:

Constitution naturellement robuste, mais appauvrie par vingt-quatre ans de souffrances aiguës; excrétion des urines presque continuelle, mais très-douloureuse, goutte à goutte et possible seulement pendant que le malade était couché sur le côté gauche, ce qu'on peut expliquer par la situation et l'ancienneté du calcul et la contraction de la vessie dont la capacité était réduite à peu près au volume de la pierre.

Chaque jour la fièvre se manifestait à des heures différentes et minait de plus en plus la santé du sujet déjà si compromise. Tous les symptômes du catarrhe vésical étaient caractérisés au plus haut degré et nous laissèrent unanimes sur l'opportunité d'une opération chirurgicale, comme seule chance de salut pour le malade. Son état général et local ne nous permit pas d'admettre la lithotomic comme possible; ce fut à la lithotritie que nous donnâmes la préférence, pleins d'espoir que les nouveaux perfectionnements des instruments que le docteur Payan, chirurgien de l'Hôtel-Dieu d'Aix, a fait fonctionner si heureusement dans plusieurs cas récents, nous donneraient des résultats non moins simples et aussi avantageux.

Le 25 septembre, après avoir fait subir un traitement préparatoire, nous nous rendimes chez le malade. D'après les essais faits la veille sur des pierres du volume présumé du calcul vésical, pierres que nous avions brisées avec facilité sans employer une grande force, nous étions en droit d'espérer un succès peu difficile et complet. En effet, après avoir introduit une sonde dans la vessie et injecté environ 120 grammes d'un liquide émollient, la sonde fut retirée, et te brise-pierre no 2, modèle Charrière, introduit. Dès les premiers essais, un calcul d'environ 32 millimètres de diamètre fut saisi et divisé. La force qu'il fallut employer pour faire éclater le calcul fut de beaucoup moindre que celle employée dans nos essais antérieurs. A trois reprises différentes le calcul fut repris et broyé de même. Nous étions au comble de la joie, ainsi que la fa

mille qui entendait comme nous le bruit particulier que produisait la pression de l'instrument sur la pierre qui cédait. A la cinquième reprise, sans effort plus considérable, sans secousse, sans faux mouvements, et nous insistons sur ces circonstances, un bruit un peu plus fort frappe nos oreilles, et tout le monde croit au succès complet. Le malade se plaignait de la fatigue: nous décidâmes de remettre à une autre séance la suite de l'opération.

Quel n'est pas notre étonnement lorsque nous sentons une résistance qui ne permet pas de retirer le lithotritcur! En vain nous lui faisons exécuter des mouvements divers dans tous les sens, en vain nous l'ouvrons et le refermons plusieurs fois en maintenant le doigt dans le rectum et nous assurant ainsi que l'extrémité de l'instrument était libre et que la membrane muqueuse n'était pas pincée; toujours la même difficulté de le retirer se fait sentir et nous plonge dans une incertitude inquiétante.

Cependant, en usant de tous les ménagements possibles et par de nouvelles manœuvres, nous faisons arriver l'instrument jusqu'en dehors du col vésical. C'est dans cette partie, dans la région périnéale, que le tou cher nous a fait percevoir, à travers la peau, une aspérité sur la convexité du lithotriteur que nous avons prise pour un fragment du calcul engagé dans la fenêtre de la branche femelle. La difficulté de la retraite étant de plus en plus considérable et le malade étant excessivement fatigué, nous avons pris la résolution de pratiquer une petite incision sur le canal pour dégager ce prétendu fragment et ne pas causer de désordres plus grands. Dès lors, notre incertitude cesse à l'aspect de la cause du mal qui devient évidente. Ce n'est pas un fragment du calcul comme nous l'avons cru, mais bien une portion saillante de la paroi gauche de la fenêtre de la branche femelle, qui s'est cassée et écartée de son axe dans son tiers inférieur, de manière à offrir, dans le mouvement rétrograde, l'effet d'un fer de lance ou d'un hameçon. Toutes les difficultés nous étant ainsi expliquées, nous avons pu faire saillir par la boutonnière l'extrémité du lithotriteur cassé et, à l'aide de fortes pinces, détacher en entier la partie qui formait l'obstacle à sa retraite.

Comme nous nous y attendions, en nous représentant la gravité des désordres qu'a du produire l'instrument dévié à travers le col de la vessie jusqu'à la boutonnière dont nous reconnaissons actuellement l'urgente nécessité, le malade n'a pas éprouvé de souLagement. Un spasme violent s'est développé et après lui une chaleur intense. Au bout d'une heure, les urines qui ne coulaient pas,

nous faisaient redouter l'engorgement de la vessie et un épanchement urineux. Malgré le malaise que le malade éprouvait, nous avons décidé l'application d'une sonde à demeure, qui a été introduite sans trop de difficulté, quoique le canal fût largement incisé; elle a donné passage à des caillots sanguins entraînant de nombreux fragments du calcul. C'est dans cet état qu'après avoir donné une potion calmante et fait les prescriptions nécessaires, nous nous sommes retirés pour nous livrer aux plus tristes réflexions sur l'issue si fàcheuse et si peu prévue de ce déplorable événement.

En effet, lorsque tout nous présageait un beau succès par la prochaine guérison du malade; lorsque toutes les mesures et les précautions les plus minutieuses avaient présidé aux apprêts de cette opération; quand tout le monde se réjouissait de sa marche régulière, quelle fatalité et quelle déception a fait survenir l'accident le plus inattendu et contre lequel nous avions toutes les garanties matérielles qu'il est permis d'avoir! De nombreux succès obtenus par nos devanciers, les instruments sensiblement perfectionnés et le nom de leur auteur si justement célèbre dans sa spécialité, et dont nous rapportons textuellement les paroles. adressées dans son rapport à l'Académie des Sciences, le 10 octobre 1836 :

« L'instrument tel que je l'ai perfectionné, » se termine par une rondelle qui donne » assez de prise à la main pour produire » unc force suffisante; mais tout est telle»ment calculé entre la puissance donnée » par cette poignée et la résistance des mors » de la pince, qu'il est impossible à l'homme » le plus vigoureux de briser une des » branches avec la pression excrcé par la vis, etc.; »

tout nous interdisait la crainte et justifiait nos espérances, et pourtant un homme est menacé dans son existence et nous laisse les. regrets d'avoir innocemment contribué à l'augmentation de ses douleurs. Nous regardous comme un devoir de publier ce pénible résultat, non pour accuser le procédé opératoire, dont nous reconnaissons l'incontestable supériorité, non pour engager nos confrères à prendre plus de précautions, car nous croyons les avoir prises toutes, mais bien pour redoubler l'attention des fabricants et, si c'est possible, pour qu'ils ne livrent au commerce que des instruments doublement éprouvés. On frémit, à l'aspect de l'instrument cassé que nous renvoyons au fabricant, en pensant à l'horrible situation du malade et des médecins si l'instrument n'eût pu être retiré de la vessie. (Journal des connaissances médico-chirurgicales, mars 1846.)

SUR LA RIGIDITÉ CADAVERIQUE COMME SIGNE CERTAIN DE LA MORT ; par M. FOUANES.

A propos du compte-rendu d'une thèse intitulée : De la mort apparente, inséré dans le No du 3 janvier 1846, de la Gazette médicale de Paris, M. le docteur Fouanes, aidemajor au 4 de ligne, à Bordeaux, écrit à ce journal les réflexions suivantes : « Certes, on ne peut qu'applaudir aux louables intentions de l'auteur; mais quand on réfléchit au grand nombre d'inconvénients qu'il y aurait à conserver des cadavres jusqu'aux sigues évidents de putréfaction (inconvénients trop saillants pour que je les retrace ici, et que tout le monde peut apprécier), ne seraitil pas permis de soumettre à l'analyse les conclusions qu'a tirées M. Claude Carré ?

Si pourtant il existait un signe toujours manifeste, facile à constater, précédant toujours la putréfaction, se développant dans toutes les circonstances, et si l'on pouvait faire donner à ce phénomène la preuve de la cessation de la vie, preuve qu'une théorie plus que contestable lui a refusée jusqu'ici, n'en retirerait-on pas deux avantages bien importants: 1o la sécurité pour les familles; 2o l'observation des lois hygiéniques, que les dépôts mortuaires me paraissent même quelque peu violer?

» Eh bien! ce signe de certitude existe; M. Carré et autres auteurs en ont fait mention, mais ils ne lui reconnaissent qu'une valeur de probabilité. Quant à moi, je le considère comme le sigue le plus certain : c'est la roideur cadavérique. Lorsque je soutins à Strasbourg, le 9 août 1843, ma thèse sur ce sujet, je cherchai à prouver que ce phénomène était purement physique et complétement en dehors de toutes les lois vitales, contrairement à Nysten et à tous ceux qui l'ont suivi.

» Malgré les recherches les plus actives, je n'ai pas trouvé dans les auteurs un seul fait avéré de résurrection après qu'on eut constaté la roideur cadavérique..... la roideur cadavérique, je m'explique.

Je cherchai à démontrer que la rigidité ne pouvait se manifester dans un corps que lorsque tous les actes organiques ont cessé. Les agents galvaniques ont toujours échoué quand cette rigidité était survenue.

[ocr errors][merged small]

NOTE SUR UNE CAUSE DE MAUVAISE POSITION DES ENFANTS DANS LE SEIN DE LA MÈRE ET AU MOMENT DE LA NAISSANCE; par le docteur S. TANCHOU. On croit généralement que la mauvaise position d'un enfant, soit pendant la grossesse, soit au monient de l'accouchement, est due à une très-grande quantité d'eau dans l'amnios, à l'obliquité de l'utérus chez les femmes qui ont eu plusieurs couches; enfin on ignore entièrement pourquoi certaines femmes ont toujours des accouchements difficiles, c'est-à-dire chez lesquelles l'enfant est toujours mal placé dans toutes les grossesses.

Ces premières explications sont insuffisantes, et, sans nier l'influence de ces causes sur le phénomène que je viens d'indiquer, nous croyons devoir en chercher d'autres.

L'utérus est un organe essentiellement élastique, dilatable, disposé à se laisser distendre dans tous les sens pendant la grossesse et surtout au moment de l'accouchement; de plus, il peut être malade, c'est-à-dire atrophić, hypertrophié, chroniquement enflammé sur un ou plusieurs points de son étendue. Dans cet état, si une femme devient enceinte, ce viscère se prête mal au développement du produit de la conception; ses parois ne cèdent qu'avec difficulté aux efforts expansifs de l'œuf; il se forme, dans la cavité des loges, des saillies analogues à celles qu'on observe dans les vessies urinaires dites à colonnes; alors les enveloppes du fœtus doivent en suivre les contours celui-ci doit s'y arrêter d'autant plus facilement que son volume devient plus considérable et que la quantité d'eau de l'amnios diminue; c'est ce qui arrive à mesure que la grossesse approche de son terme. Si, dans cette circonstance, les douleurs de l'accouchement se déclarent, l'enfant est pris, il faut qu'il reste dans la mauvaise position où il se trouve et que le travail de l'enfantement augmente encore, surtout quand les eaux amniotiques viennent à s'écouler.

Si on ajoute à cela que la matrice ne se contracte pas toujours uniformément pendant l'accouchement et surtout après, qu'elle reste flasque quelquefois pendant quelques instants, qu'elle ne revient sur elle-même que graduellement et souvent d'une manière inégale; enfin, si on considère que les portions de l'utérus, que je suppose ici malade, ne se contractent pas, ni aussi bien, ni aussi fort, ni aussi vite que celles qui sont restées saines, on ne sera peut-être pas éloigné d'admettre que les circonstances que je viens d'énumérer doivent entrer pour beaucoup. dans la mauvaise position que les enfants prennent dans le sein de leur mère et au moment de naitre.

Ce qui me le fait croire, c'est que plu

sicurs femmes que j'ai traitées d'affections du corps de la matrice ont eu des accouchements difficiles soit avant, soit après, et la femme que je venais de délivrer était dans

ce cas.

Ce qui rend cette explication plausible, c'est ce qu'on observe à l'autopsie des femmes qui meurent promptement après leur couche; alors, vous le savez, on trouve presque toujours l'utérus inégalement revenu sur lui-même, épaissi sur un point, aminci sur un autre, ramolli dans un endroit, dur un peu plus loin, etc., en un mot, avec des altérations qui rendent très-probable que quelque chose de semblable a existé pendant la vie. Qui n'a senti, par exemple, en portant la main sur le ventre de certaines fenmes enceintes très-avancées, à travers les parois de l'abdomen et de celles de l'utérus, les membres de l'enfant, comme si on n'en était séparé que de quelques lignes?

Toutefois, ces explications ne sauraient s'appliquer aux femmes bien portantes, à celles qu'on ne peut soupçonner d'avoir été malades du côté de l'utérus antérieurement à leur mariage ou à leur grossesse, en un mot, à celles qui, dans leurs accouchements, présentent constamment leurs enfants dans une mauvaise position. Pour celles-ci, ne peut-on pas supposer un vice de conformation? ne peut-on pas admettre que l'utérus, comme un autre organe, peut présenter des arrêts de développement, que les bandes ou les trousseaux musculaires qui le constituent peuvent être originellement d'une inégale forme, d'une inégale puissance dans leurs contractions pendant l'enfantement? Dès lors on comprendrait que le phénomène que j'indique, c'est-à-dire un accouchement difficile, peut en être le résultat.

En résumé, d'après ce qui précède, je me crois suffisamment autorisé à penser que certains accouchements difficiles résultent de ce que l'utérus a été malade avant ou depuis la conception; que, dans d'autres cas, ils peuvent être attribués à la mauvaise conformation utérine de la mère, par exemple, à un arrêt de développement, par conséquent à une inégalité de force de contraction de ce viscère; que, dans le premier cas, on peut quelquefois considérer la femme comme malade et la traiter comme telle; que, dans le second, il est bon de se tenir en garde, de prendre des précautions pour amener la grossesse à bien, et même de se préparer à un accouchement prématuré s'il y a lieu.

Ce grave sujet mérite d'exercer la sagacité des praticiens.

(Gazette médicale de Paris, No 5.)

OBSERVATIONS D'ACCOUCHEMENT RETARDÉ PAR LA RÉSISTANCE DU COL DE L'UTÉRUS; par M. J. LEVER. OBS. 1г. Le sujet est une fenime de 23 ans, primiparc. Le docteur Dry (de Walworth) la visita le 10 septembre; les eaux étaient écoulées, et les douleurs faibles; le col utérin était fort peu dilaté. Ce jour et le suivant les douleurs furent médiocres et la dilatation s'accrut fort peu. Le pouls et l'appétit se maintenaient. Le jeudi, à 4 heures du matin, les douleurs augmentèrent d'énergie et de fréquence, l'ouverture du col dépassait la largeur d'un franc, ses bords restaient épais et rigides. La tête de l'enfant paraissait presser avec force, surtout durant les contractions, contre la partie antérieure du col. Le pouls était plein et fort. M. Dry fit une saignée de 16 onces, qui diminua les douleurs, mais elles augmentèrent dans la journée sans que la dilatation fit de nouveaux progrès. L'extrait de belladone, appliqué sur le col, ne fit aucun effet.

Le même jour, M. Lever fut appelé en consultation; on donna l'émétique jusqu'à production de nausées, puis un peu d'opium, mais sans succès. Les lèvres du col restèrent rigides et augmentèrent d'épaisseur. Le soir M. Lever fut mandé en toute hâte la malade venait de rendre, par le vagin, un morceau de chair répandant une odeur fétide et qui fut aussitôt reconnu pour une portion considérable de l'utérus. Une planche annexée au mémoire montre que le col a été, en grande partie, détaché du corps.

La malade était en grande agitation: le corps était couvert de sueur; le pouls donnait 140 pulsations. Les douleurs étaient très-fréquentes et intolérables, un écoulement fétide se faisait par le vagin; l'anus dilaté livrait passage à une sorte de purée; le périnée gonflé, commençait à se déchirer. Sans perdre de temps, M. Lever ouvrit le crâne par le perforateur, évacua la masse cérébrale et fit l'extraction du corps au moyen des crochets, sans donner beaucoup plus d'extension à la déchirure; les secondines suivirent peu de temps après. La délivrance opérée, le vagin parut d'un rouge noirâtre et n'était pas douloureux à la pression.

Malgré la gravité de ces désordres, il n'y eut pas de symptômes de péritonite, ni même d'inflammation grave de l'utérus. Le 15 septembre, l'épaule et le coude, du côté droit, devinrent douloureux et tuméfiés, sans changement de couleur à la peau; quelques heures plus tard, ce fut le tour de l'articulation métacarpo-phalangienne de l'index gauche, laquelle rougit et se gonfla. Sous l'influence de fomentations résolutives, ces symptômes s'amendèrent, et la malade

paraissait entrer en convalescence, quand le 22 septembre, elle fut prise d'un violent frisson, suivi de chaleur et de sueur. Les articulations se prirent de nouveau; la face pâlit; la langue se couvrit d'aphthes; les dents devinrent fuligineuses. Pouls petit, 140. Ventre flasque non douloureux à la pression; écoulement purulent et fétide par le vagin. La mort eut lieu le 25 au matin. L'autopsie ne put être faite.

OBS. 2. Le second cas est relatif à une femme de 20 ans, chez laquelle une grande rigidité du col utérin ne céda ni à l'huile de ricin, ni à la saignée, ni au tartre stibić. Lorsque M. Lever fut appelé auprès de la malade par le docteur Evans, le travail durait depuis environ 60 heures. Anxiété générale; langue sèche et brune; pouls petit, à 120. La tête de l'enfant se trouvait engagée dans l'orifice utérin œdématić; il avait à peine la grandeur d'une demi-couronne et ses bords étaient tendus comme une corde à violon, à l'exception de leur quart antérieur qui était gonflé et mou. M. Evans ouvrit alors l'avis d'inciser les lèvres du col, et M. Lever pratiqua cette opération à l'aide d'un bistouri boutonné. Il fit deux incisions à la partie postérieure dans la direction des symphyses sacro-iliaques; on avait choisi l'instant de la contraction utérine. La malade n'en éprouva aucune douleur particulière. Le résultat immédiat de cette opéraration, fut une diminution de l'œdème du col et la perte d'un peu de sang. Les douleurs se montrèrent plus modérées; le travail fit de légers progrès pendant une demiheure, puis les douleurs cessèrent pendant près d'une heure, mais elles reprirent bientôt. Deux heures au plus après l'opération, l'orifice de la matrice avait un diamètre de deux pouces, et une heure plus tard l'accouchement se terminait par la naissance d'une fille vivante.

Les suites ne présentèrent rien de remarquable.

(Guy's Hospital reports, octobre 1845.)

On connait plusieurs faits de séparation complète ou de déchirure du col, M. Scott en a rapporté un (Transactions de la Société médico-chirurgicale de Londres, t. XI.). MM. Kennedy et Power en ont cité d'autres. Les observations que nous venons de donner offrent aux tocologistes un grand intérêt, non-seulement sous ce rapport, mais aussi au point de vue de l'étiologie de l'obstacle que peut présenter le col au travail de l'accouchement. Les réflexions dans lesquelles nous sommes entré à propos d'un fait analogue publié dans ce Journal, année 1845, pag. 427, nous permettent de passer cette fois la question sous silence.

Dr P.

CAS DE GROSSESSE ANORMALE EXTRA-UTK→

RINE; par M. GROSSI. Une femme âgée de 30 ans, de constitution robuste, de tempérament sanguin, et mariée depuis neuf ans, n'avait pas eu d'enfants. En octobre 1842, la menstruation, jusque-là très-régulière, se suspendit; elle eut des nausées, des vomissements, des appétits bizarres, et tousles autres signes rationnels de la grossesse, mais continua du reste à se bien porter. Le 40 février, M. Grossi l'ayant touchée, trouva le col extrêmement élevé; ses lèvres n'avaient pas la mollesse qu'il présente ordinairement pendant la gestation. Il reconnut distinctement les mouvements du fœtus en appliquant la main sur le ventre, mais il lui fut impossible de constater le ballottement.

Dans les premiers jours de juillet, le toucher fut réitéré col utérin toujours trèshaut et ne pouvant être atteint avec le doigt; les mouvements du fœtus étaient forts, les mamelles gonflées donnaient du lait. D'ailleurs, la santé persistait.

M. Grossi voyant cependant que les choses restaient toujours dans le même état, quoique quatorze mois fussent révolus depuis la première suppression des règles, eut l'idée qu'il pouvait y avoir une grossesse extra-utérine. En conséquence, il l'examina plus attentivement et de concert avec deux autres médecins. L'utérus était alors un peu abaissé et diminué de volume; le ventre avait 4 pieds 5 lignes de circonférence; de la symphyse du pubis au creux de l'estomac, la longueur était de 2 pieds 3 pouces. Au toucher, on trouva le col tuméfié et plus dur à son extrémité, laquelle offrait le volume d'un petit œuf de poule; il avait la même longueur que lors de la grossesse, et, loin d'être incliné en arrière, il occupait la moitié du bassin. Par le côté droit, on sentait l'utérus vide, et plein du côté gauche; en soulevant l'utérus du bout du doigt, on le trouvait léger; on ne put déterminer le ballottement; les mouvements du fœtus étaient répétés et assez forts pour repousser la main appliquée sur l'abdomen, et même la tête de l'observateur placée pour ausculter.

D'après ces symptômes, les consultants restèrent d'accord qu'il s'agissait d'une grossesse extra-utérine abdominale; car si elle cût été tubaire ou ovarique, l'une ou l'autre de ses parties ne se prêtant qu'à un médiocre développement, l'avortement ou la mort du fœtus seraient bien certainement arrivés vers le septième mois. On convint également de ne rien faire et d'attendre que le progrès de la maladie indiquât plus exactement la marche à suivre pour aider la nature. La femme, du reste, continuait à être bien portante, et elle resta dans ce même état jusqu'au 9 juillet 1844, qu'elle fut prise

« PrécédentContinuer »