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Joindre, comme vous, à l'étourderie

Cette rêverie

Qui ne pense à rien.

Je voudrais pour moi qu'il fût toujours fête, Et tourner la tête

Aux plus orgueilleux;

Être en même temps de glace et de flamme, La haine dans l'âme,

L'amour dans les yeux.

Je détesterais, avant toute chose,
Ces vieux teints de rose

Qui font peur à voir.

Je rayonnerais, sous ma tresse brune,

Comme un clair de lune

En capuchon noir.

Car c'est si charmant et c'est si commode, Ce masque à la mode,

Cet air de langueur!

Ah! que la pâleur est d'un bel usage!

Jamais le visage

N'est trop loin du cœur.

Je voudrais encore avoir vos caprices,

Vos soupirs novices,

Vos regards savants.

Je voudrais enfin, tant mon cœur vous aime, Être en tout vous-même...

Pour deux ou trois ans.

Il est un seul point, je vous le confesse,

Où votre sagesse

Me semble en défaut.

Vous n'osez pas être assez inhumaine.
Votre orgueil vous gêne;
Pourtant il en faut.

Je ne voudrais pas, à la contredanse,

Sans quelque prudence

Livrer mon bras nu;

Puis, au cotillon, laisser ma main blanche Trainer sur la manche

Du premier venu.

Si mon fin corset, si souple et si juste,
D'un bras trop robuste

Se sentait serré,

J'aurais, je l'avoue, une peur mortelle

Qu'un bout de dentelle

N'en fût déchiré.

Chacun, en valsant, vient sur votre épaule

Réciter son rôle

D'amoureux transi;

Ma beauté, du moins, sinon ma pensée,

Serait offensée

D'être aimée ainsi.

Je ne voudrais pas, si j'étais Julie,
N'être que jolie

Avec ma beauté.

Jusqu'au bout des doigts je serais duchesse;

Comme ma richesse,

J'aurais ma fierté.

Voyez-vous, ma chère, au siècle où nous sommes, La plupart des hommes

Sont très-inconstants.

Sur deux amoureux pleins d'un zèle extrème,

La moitié vous aime

Pour passer le temps.

Quand on est coquette, il faut être sage.

L'oiseau de passage

Qui vole à plein cœur

Ne dort pas en l'air comme une hirondelle,
Et peut, d'un coup d'aile,

Briser une fleur.

Décembre 1845.

Ces vers ont paru pour la première fois en 1846, dans le Diable

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PAR UN MAUVAIS TEMPS

Elle a mis, depuis que je l'aime
(Bien longtemps, peut-être toujours),
Bien des robes, jamais la même;
Palmire a dû compter les jours.

Mais, quand vous êtes revenue,
Votre bras léger sur le mien,
Il faisait, dans cette avenue,

Un froid de loup, un temps de chien.

Vous m'aimiez un peu, mon bel ange,
Et, tandis que vous bavardiez,
Dans cette pluie et cette fange

Se mouillaient vos chers petits pieds.

Songeait-elle, ta jambe fine,
Quand tu parlais de nos amours,

Qu'elle allait porter sous l'hermine
Le satin, l'or et le velours?

Si jamais mon cœur désavoue

Ce qu'il sentit en ce moment,

Puisse à mon front sauter la boue

Où tu marchais si bravement!

Avril 1847.

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