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6616. — AU GÉNÉRAL ANDRÉOSSY, AMBASSADEUR EN ANGLETERRE.

Paris, 16 ventôse an XI (7 mars 1803).

Je vous envoie une lettre originale de votre médecin; avec le rapport qui le concerne. Il paraît plus convenable de ne faire aucun esclandre, mais d'envoyer cet escroc à Paris, où il sera pris des mesures pour l'empêcher de retourner en Angleterre et de vous donner de l'inquiétude.

Vous ne sauriez nous écrire trop souvent du pays où vous êtes. Je désirerais avoir le plus de détails possible sur la situation des finances.

Archives de l'Empire.

BONAPARTE.

6617. AU CITOYEN GAUDIN, MINISTRE DES FINANCES.

Paris, 17 ventôse an XI (8 mars 1803).

Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire remettre au prince de Conti une somme de 100,000 francs, par la même voie et de la même manière que pareille somme a été donnée à madame d'Orléans. BONAPARTE.

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ARTICLE 1er La cour dite du Cheval-Blanc, et les bâtiments qui l'entourent, au château de Fontainebleau, marqués D, E, Q, R, S, conformément au plan annexé à la minute du présent arrêté, à l'exception de la chapelle et de la partie de la galerie de François Ier donnant sur ladite cour, la portion du parc comprise entre la chaussée et l'aile neuve des bâtiments ci-dessus, et le bâtiment dit du Carrousel, sont affectés à l'établissement de l'École militaire spéciale.

ART. 2. A dater de ce jour, les susdits bâtiments et terrains sont mis à la disposition du ministre de la guerre.

ART. 3. On fera fermer sur-le-champ toutes les communications desdits bâtiments avec les autres parties du château.

ART. 4. Le ministre de la guerre, le ministre des finances et le ministre de l'intérieur sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté.

Archives de l'Empire.

BONAPARTE.

6619.AU GÉNÉRAL DEJEAN,

MINISTRE DIRECTEUR DE L'ADMINISTRATION DE LA GUERRE.

Paris, 19 ventôse an XI (10 mars 1803).

Je désire, Citoyen Ministre, que vous vous rendiez demain aux Invalides, aux heures des distributions, et que vous vous fassiez rendre compte de la qualité du pain et du vin, que l'on m'assure être très-mauvaise. Il est convenable que vous provoquiez les plaintes qu'on aurait à porter contre les fournisseurs de cette maison. Depuis longtemps les invalides se plaignent de ne point avoir d'accès auprès de leurs commandants. Je désire que vous ne vous en rapportiez sur tout qu'à vous-même.

Dépôt de la guerre.

(En minute aux Arch. de l'Emp.)

BONAPARTE.

6620.AU CONTRE-AMIRAL DECRÈS,

MINISTRE DE LA MARINE ET DES COLONIES.

Paris, 19 ventôse an XI (10 mars 1803). Je suis instruit, Citoyen Ministre, que les Anglais font des démarches pour couper dans l'État romain 100,000 pieds cubes de bois de chêne, pour l'approvisionnement de leur marine. Écrivez au citoyen Cacault de faire faire la recherche de ces bois, et de passer des marchés pour les chantiers de Toulon, puisqu'il est prouvé que la France ne fournit pas en ce moment les bois dont nous avons besoin. Il est nécessaire de charger le citoyen Redon de voir dans la République italienne, à Rome et en Étrurie, tous les bois et chanvres qu'on peut se procurer.

Archives de l'Empire.

BONAPARTE.

6621. — AU CITOYEN BARBÉ-MARBOIS,

MINISTRE DU TRÉSOR PUBLIC.

Paris, 20 ventôse an XI (11 mars 1803).

Nous arrivons au service d'été, et je vois avec peine que le service public est dépourvu. Je viens d'augmenter le service de germinal de 4 millions. Je désire que, dans la matinée de demain, vous négociez les 30 millions que vous vous étiez réservés pour vendémiaire, savoir: 14 millions en coupes de bois et 16 millions en obligations. Je désirerais que ces 30 millions rentrassent au trésor public, par 5 millions, dans les mois de germinal, floréal, prairial, messidor, thermidor et fructidor.

Si l'agence veut prendre des obligations, il n'y a pas d'inconvénient; si elle n'est pas dans le cas de prendre les obligations de bois, je désire que vous les négociiez à la Banque, et, si les banquiers ne veulent pas, à une compagnie quelconque. Je tiens à ce que demain ces objets soient négociés et le marché fini. Je ne veux pas donner pour les coupes de bois plus d'un demi pour cent. Je vous laisse le maître de régler la commission. J'ai d'assez fortes raisons de désirer de voir, dans la journée de demain, le service assuré.

BONAPARTE.

Archives de l'Empire.

6622. AU CITOYEN MELZI,

VICE-PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE.

Paris, 20 ventôse an XI (11 mars 1803).

Je n'ai pu voir qu'avec une vive douleur les principaux fonctionnaires de la République exalter les têtes et provoquer toutes les passions contre la France. Tous les efforts que j'ai faits pour rendre l'Italie à l'indépendance seraient-ils infructueux? Et serait-il irrévocablement dans le sort de ce pays de ne jamais rien êtré? Quel est le plus grand crime que puisse commettre aujourd'hui un citoyen contre le bonheur et la tranquillité publique? N'est-ce pas d'inviter ses compatriotes à payer les Français de la plus noire ingratitude, et montrer à ceux-ci le compte qu'ils doivent faire sur les sentiments des citoyens de la République italienne? Ce sont des conseillers d'État, des généraux italiens qui parlent de Zama et de Scipion! Mais ces parallèles, qu'on a peine à saisir, se traduisent ici par l'image des Vêpres siciliennes, qui sont plus modernes. La faiblesse du gouvernement, à Milan, passe tout ce qu'il est possible de concevoir.

Si les ministres de l'intérieur et de la police eussent fait leur devoir, les auteurs de pareils pamphlets eussent été sévèrement punis, et l'on n'aurait pas eu le scandale de voir le général français faire arrêter un citoyen de la République.

Je ne puis pas, également, être indifférent à la direction qu'on donne à l'esprit public dans les différents théâtres. On ne lui présente que des conjurations qui se dénouent toujours par des assassinats.

On pervertit également l'opinion en criant sans cesse contre les frais d'entretien des troupes françaises; mais, pour être juste, on devrait calculer ce qu'a coûté et ce que coûte la République italienne au peuple français.

La République est sans armée, et, à cet égard, elle n'a fait depuis

un an aucune espèce de progrès. S'en tiendrait-on à évaluer simplement le prix de la réunion du Novarais? Seul, indépendamment de toute autre considération, il compenserait tout ce que la République italienne a pu fournir.

Je suis moins satisfait encore du penchant constant qu'on a à contrarier les prêtres. Mon intention bien formelle est que les séminaires soient exempts de la conscription militaire, et que le culte et les prêtres soient constamment protégés. Ce principe est, surtout sous le point de vue de l'Italie, l'esprit de ma marche.

J'ai chargé Marescalchi de vous écrire plus longuement sur tous ces objets, et sur la peine que j'en éprouvais. Je pense que vous devez soumettre à la Consulte une mesure contre Cicognara et Theulié, et contre ceux qui dirigent avec tant de perfidie l'opinion contre la France.

Le ministre de l'intérieur n'a pas non plus de moyens pour donner à l'opinion une direction stable, et le pays est agité par toute sorte de faux bruits. Il n'en faut chercher d'autre cause que dans l'extrême faiblesse du gouvernement. Déjà il y a eu à Bologne des rixes entre les troupes françaises et italiennes. Mon intention est que vous vous concertiez avec le général en chef, pour tenir toujours à Bologne au moins 2,000 hommes. Je fais connaître aussi au général Murat qu'au moindre mouvement des factieux mon intention est que l'honneur des armes soit soutenu comme il a été acquis. Cette manière d'agir n'est pas particulière à la République italienne : à Caen, à Grenoble, à Cette, j'ai fait juger extraordinairement et condamner à mort plusieurs citoyens pour rixe contre les troupes, ayant vérifié que tout le tort était aux habitants.

La confiance que j'ai dans vous, dans les ministres, dans la Consulte d'État, a été assez marquée dans toutes les circonstances. Je suis constamment occupé de tout ce qui peut donner de la consistance et procurer le bonheur aux peuples; mais j'ai lieu de commencer à craindre que tous mes efforts ne soient vains, et qu'il n'y ait bien des obstacles à surmonter pour organiser une nation où je vois si peu de véritable caractère et tant d'idées folles et insensées.

Il ne doit y avoir à Milan aucun casino privilégié; sous aucun prétexte, ni général, ni chef de corps de la République italienne ne peut se masquer, et il ne doit être besoin d'aucune autorisation pour recevoir et donner à danser chez soi. A mon sens, on n'avait pas le droit d'empêcher madame Fossati d'avoir chez elle qui elle voulait. Mais, si elle y mettait de l'affectation, je vous autorise à la renvoyer dans ses terres, elle et les autres individus qui tiendraient la même

conduite, et à les tenir pendant trois ou quatre mois éloignés à plus de dix lieues de la capitale.

Je vois, dans plusieurs de vos lettres, que vous vous plaignez de tracasseries qu'on vous fait éprouver; il est impossible qu'avec la confiance que je vous accorde vous en éprouviez aucune. Pour cet effet, il faut écrire et parler clair à tout le monde, et tenir les rênes un peu plus fermes. Il est impossible aussi que la capitale d'un grand État soit sans représentation. Vous devez aller habiter le palais et y représenter la République avec la grandeur et la dignité convenables..

Le général Murat ne s'éloignera jamais de vos désirs, lorsque vous les lui exprimerez clairement.

Archives de l'Empire.

BONAPARTE.

6623.AU GÉNÉRAL MURAT,

COMMANDANT EN CHEF LES TROUPES FRANÇAISES EN ITALIE.
Paris, 20 ventôse an XI (11 mars 1803).

J'ai reçu, Citoyen Général, vos différentes lettres. Je désire que, quelque chose qui arrive, vous restiez uni avec le gouvernement et ne prêtiez point l'oreille aux insinuations des ennemis de la France, qui excitent, par toute espèce de moyens, les esprits contre l'administration.

Je n'approuve pas que vous vous teniez ainsi éloigné de tous les hommes les plus ennemis de l'ancienne domination, et qui ont, dès l'origine, marché dans le sens de l'armée française. Dans le pays où vous êtes, vous devez spécialement vous étudier à réunir tous les patriotes. En les voyant davantage, vous les empêcheriez de s'égarer. Il faut éviter de contrarier d'aucune manière l'administration; les casinos sont des institutions qui blessent beaucoup de personnes, et qui ne sont pas d'ailleurs dans l'usage français. Il n'est pas convenable, non plus, que les loges que vous avez aux spectacles portent aucune décoration extérieure. Le caractère dominant des Italiens est l'intrigue et la fausseté; vous ne vous tenez pas assez en garde contre lui. Je ne puis approuver que vous ayez promis d'aller à un bal où les membres du gouvernement et le parti français n'étaient pas admis. J'ai d'ailleurs été péniblement affecté de vous voir jouer un rôle dans ces tracasseries de petite ville, qui sont au-dessous de votre position et de vous. Vous ne devez aller dìner ni danser nulle part, excepté chez le vice-président et chez ceux de la République qui ont une maison.

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