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De là passames la riviere de Sonne1 à Ferrieres sept lieuës, à Charon cinq lieuës, à Montreau cinq lieuës, à la Ville-Neuf deux lieuës, à Prossing' sept lieuës, à Domartin* onze lieuës, à Chalon' cinq lieuës, à Nostre Dame de l'Espine sept lieuës, à Sommervré la veille du Noël, cinq lieuës, à Veneau le Chasteau trois lieuës, à la Chaussée quatre lieuës, etc. et finalement nous passames la riviere de Sonne', et logeames à deux lieuës prez de Saint-Quentin, de là à Til six lieuës, à Fontaine Nostre Dame proche de Cambray huit lieuës, à Ape cinq lieuës, à Teneyre sept lieuës, à Peronne proche de Nivelle six lieuës.

Auquel Peronne je receus une patente et commission du duc d'Alve de conduire la compaignie du capitaine Monteros en garnison à Grandmont, et de là je m'en allay à Bruxelles, d'où je partis le neufviesme jour de may', ayant prins mon congé pour

1 La Seine.

2 Montereau-Fault-Yonne.

3 Provins.

4 Dommartin.

5 Châlons-sur-Marne.

6 A deux lieues au sud-est de Châlons.

7 Somme.

8 La minute de cette commission et celle d'une autre de l'année 1570, sont aux Archives de l'audience, no 1114. Dès le temps de Charles-le-Téméraire, des commissaires, nommés par le prince, ou par son lieutenant, accompagnaient les troupes en marche; ils réglaient les étapes, veillaient à l'approvisionnement, au maintien de l'ordre et prononçaient sur les différends entre les gens de guerre et les habitants. Cette institution existait également en France; elle s'est maintenue en Belgique jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Ordonnance de 1473, 1547 et 1552. Arch. de l'audience, nos 1111, 1114, 1115, 1170, 1171. Dépêches de guerre, no 367. 9 1568.

retourner en ma maison, où estant de retour, il me fut dit que divers presens de la part du roy de France estoient arrivés à Cambray, dont il y avoit pour moy une vaisselle d'argent gravée et dorée. Item une grande coupe semblablement d'argent gravé et doré, et une autre d'autre maniere d'argent gravé et doré. Lesdits vaisseaux pesoient tous ensemble septante deux onces, estimez plus de cent escus sols.

CHAPITRE XXXIV.

Comme le prince d'Orange passa la Meuse, entra en Haynaut, et de là en France.

Quelque temps apres, et ce en aoust 1568, le prince d'Orange dressa une armée en Allemaigne, et le duc d'Alve estoit venu d'Espaigne avec six mille espaignols, tant à pied qu'à cheval, trois compaignies d'Italiens à cheval, et quatre de Bourguignons', qui estant adverty de la venuë dudit prince, et qu'il vouloit entrer au Pays-Bas, il dressa aussi une armée, et fit lever par monsieur de Noircarmes sept compaignies de chevaux legers, dont il fut nommé general, et monsieur de la Trolliere son lieutenant. Mondit sieur avoit une compaignie, monsieur de la Trolliere une autre, monsieur de Trelon, monsieur de Moriamé', monsieur de Bailleul', monsieur

1 Ce dénombrement de l'armée amenée par le duc d'Albe dans les Pays-Bas n'est plus d'accord avec celui donné par l'auteur au chap. XXXIII. V. Bentivoglio, v, ano 1568. Correspondance de Guillaume-le-Taciturne, t. III, p. 319.

2 Jean de Mérode, baron de Houffalize et de Morialme, seigneur de Ham-sur-Heure.

3 Pierre de Bailleul, chevalier de Saint-Martin, depuis capi

de Vaux', et monsieur de Bomy 2, et autres. Et moy je fus lieutenant de la bande de monsieur de la Trolliere3.

Nostre armée se r'assembla vers Tillemont', de là on alla camper tout prez de la riviere de Meuse, à une petite lieuë plus bas que Mastrect, sur la fin d'aoust dudit an 1568, que lors ledit prince d'Orange

taine d'une bande des ordonnances. Lettre du roi au duc d'Albe, 4 juillet 1570.

1 Maximilien de Longueval, seigneur de Vaulx, gentilhomme de la bouche du roi, gouverneur d'Arras. Corresp. d'Alex. Farnèse. 32. Corresp. de Philippe II, t. 1, 548.

2 Frédéric de Wissoucq, seigneur de Bomy et de la Couture. 3 P. de Cambry, dans une note marginale, confond, à tort, les compagnies de chevau-légers avec les bandes d'ordonnances, au nombre de quinze et présentant un effectif de 3,000 chevaux environ; d'un autre côté, Bentivoglio commet aussi une erreur, en disant que ces arquebusiers à cheval, ou chevau-légers, avaient été levés, par Noircarmes, en Franche-Comté; « la relation de l'expédition du prince d'Orange, dans les Pays-Bas, en 1568, » écrite par le conseiller d'État Courtewille, qui accompagna le duc d'Albe pendant cette campagne, fournit sur la composition de son armée des renseignements précis : « Et ainsi fit incontinent, (( dit-il, faire les diligences et provisions nécessaires, en joindant << tous les gens de guerre, qui etiont repartiz parmy le pays, tant « de pied que de cheval, aïant ja, quelque temps auparavant, «< apperceu (fait tenir prêts) mil chevaulx legiers, du même pays (Pays-Bas), en dessoubz de monsieur de Noircarmes, pour les « lever en cas de besoing et fit lever aultretant des gens de pied (aussi du pays), que montiont les garnisons ordinaires, pour les povoir tirer au mesme cas et laisser les nouveaux en leur lieu, «oultre les bendes ordinaires d'hommes d'armes et les compai« gnyes de chevaulx-legiers que Son Excellence avoit amené « avecq lui de Italie, espaignols, italiens et bourguignons et deux << mil noirs harnas, qui estiont jà en service, ausquelz tous il fit prendre le chemin de Maestricht, pour préoccuper la Meuze... » Bentivoglio, 1. Iv, ano 1568. Correspondance de Guillaume-le-Taciturne, t. III, p. 320.

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4 Tirlemont.

passa le Rhin, et petit à petit il vint camper aupres de la Meuse, laquelle par une nuit il passa avec tout son camp, et commença à marcher vers Tongre, ville de Liege', laquelle luy ouvrit les portes, et le semblable fit Saintron2, et apres marcha vers Louvain : mais nostre camp luy gaigna le devant, ce qui le fit retourner une autre fois vers Mastrect et nous apres.

Il avoit quelque intelligence dans ledit Mastrect, laquelle fut descouverte, et furent prins dedans la ville beaucoup de traistres qui luy avoient vendu la ville, qui furent executez. Et comme ledit prince fut adverty que son entreprise estoit descouverte, et qu'il ne pouvoit entrer dedans ny par force, ny par amitié, et que semblablement il ne pouvoit repasser ladite riviere, à cause qu'il avoit beaucoup pleu, et que la riviere estoit enflée et crue plus de deux pieds, il se delibera de passer au travers du pays de Brabant, pour entrer en Haynaut, lequel il passa, et entra au Cambresis, passa par Premont, et Serain, et puis entra en France.

Passant ainsi par nostre pays, il pilla et brusla, principalement depuis qu'il entra en Haynaut; brusla Bavay, assiegea le Chasteau Cambresis et le batit, et n'eut esté le capitaine Molin qui y entra dedans, il l'eust prins aussi.

1 De la principauté de Liége.

2 Saint-Trond.

3 Robert de Harchies, sieur de Molain, recommandé pour ce fait d'armes au roi, par une lettre du cardinal de Granvelle (5 avril 1569), obtint une pension viagère de 300 florins (Lettre du roi au duc d'Albe, 4 juillet 1570). Il commanda un régiment wallon, qui fut donné, après sa mort, à F. Verdugo. Patentes du 1er juillet 1573. Arch. de l'audience, no 1116.

En ce temps je fus envoyé par nostre general monsieur de Noircarmes, de Binche, pour suivre et recognoistre le camp de l'ennemy prince d'Orange, je le costoyay avec quarante huit soldats dont il y avoit quarante lances.

Je leur fis une charge aupres de Famars, où furent prins deux de leurs noirs harnas. Ladite charge dura jusques aupres de leur camp, lequel se logeoit à Barmerin', Vemegis, Werchin' et aux environs. La nuit survint, je me retiray coucher à l'abbaye de Fontenelle. Le lendemain au point du jour je fis remonter tous mes gens à cheval, je passay à Wersin“, de là le costoyant tousiours, jusques au village de Saulsoy', et estant moy deuxiesme à l'arbre, descouvray leur arriere-garde, qui marchoit de là Montrecour; et dedans le village il y avoit beaucoup de leurs gens qui s'accageoient ledit village.

Je fis lors marcher mes gens à grande diligence, et leur fismes une charge au travers dudit village, où furent tuez beaucoup de leurs gens.

De quoy s'estant apperceu leur arriere-garde, ils me firent une charge de cinq cornettes des leurs, et ce d'une grande lieuë; Dieu voulut qu'il n'y demeura qu'un de mes soldats, et moy j'eschappay pour mon manteau, lequel je laissay tomber, et celui qui me poursuivoit de prez s'arresta et descendit pour le prendre neantmoins ils me poursuivirent bien une

1 Bermerain.

2 Vendegies.

3 Werchain.

4 Werchain.

5 Saulzoir.

6 Montrecourt en Cambresis.

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