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monté par un soldat de nostre compaignie, qui luy bailla son cheval, nommé Anthoine Masquelier, demeurant au Presseau', auquel pour ce fait il donna pension.

la

Mondit sieur de la Trolliere fut semblablement desmonté, et son cheval tué, nostre enseigne nommé Eurfaulpret semblablement, et moy aussi, avec la plus grande partie de nostre compaignie: mais par grace de Dieu nous fùmes tous aydez et sauvez. Et depuis je fus mis sur le cheval d'un François par l'ayde de Honoré le Febvre, soldat nostre. Estant ainsi remonté, je suivy la victoire : mais comme j'avois esté longtemps par terre, je ne peus arriver aux chevaux françois, car il courroient trop roidement j'arrivay aux gens de pieds avec autres de nos gens, dont j'ay eu quarante-cinq armez et embastonnez, lesquels je baillay à mondit seigneur d'Egmont, apres avoir visité leurs pourpoints.

Deux jours apres la bataille nostre camp se retira à Saint-Omer, de là à Aire, à Bethune, à Douay, à Valenciennes, et de là à Maroüalles, où monseigneur le duc de Savoye estoit et commençoit à former camp, et fumes audit Maroüalles huit à dix jours, tant que le Roy vint voir son camp3.

Bien tost apres il marcha en Cambresis, de là à Crevecœur, puis aupres de Peronne, de là à Miraumont, et de ce lieu aupres de Dourlens, où nous sejournames environ deux mois, puis nous marchames vers Auchy-le-Chasteau: et comme le roy de

1 Probablement Preseau, non loin de Valenciennes. 2 Maroille. Rabutin, 749.

3 Fin de juillet 1558.

France avoit une grosse armée, laquelle nous costoyoit tousiours, n'osans rien entreprendre l'un sur l'autre, ils commencerent en fin à traitter d'appointement, d'autant que l'hyver s'approchoit, et faisoit un temps pluvieux, qui fut cause que lesdites armées se retirerent1.

Nostre camp se retira par le comté de Saint-Pol, et là il se separa, et fut mis à quartier. Monsieur de la Trolliere eut ordonnance d'envoyer sa compaignie au Quesnoy, qui luy fut designé pour lieu de garnison, en novembre 1558; que moy estant avec ladite compaignie en un village à deux lieuës de Saint-Pol, je reçeus lettre de monseigneur le duc de Savoye, afin de incontinent partir avec ladite bande, et tirer vers le Quesnoy, lieu ordonné pour nostre garnison: ce que je fis, et sept ou huit jours apres nous y arrivames, et y fumes logez toute nostre bande, par ordonnance de messieurs les gouverneur, mayeur, et eschevins du lieu, où nous avons demeuré jusques au vingtiesme de juillet de l'an suivant, que toute la cavaillerie legere de mondit seigneur d'Egmont, tant de nostre langue, qu'espaignolle fut cassée et licentiée de la part du roy Philippe, fils de l'Empereur Charles-Quint, roy des Espaignes, duc de Bourgoigne, comte de Flandres, etc.".

Depuis en faveur et à la sollicitation de quelque seigneur, je me suis remis au service du roy, sous la charge et conduite de monsieur de Montigny, chevalier de l'ordre de la Toison d'or3, lequel outre et

1 Une suspension d'armes fut signée le 17 octobre 1558.

2 La paix fut conclue par le traité de Cateau-Cambresis, le 3 avril 1559.

Floris de Montmorency, seigneur de Montigny, baron de

par dessus le traittement ordinaire d'homme d'armes, mondit seigneur m'auroit donné traittement et pension dont je me tiens pour bien content, et auroient mes gages commencé à courrir, ensemble ma pension, dès le dixiesme de may 1566. Estant en ladite compaignie, comme dessus, nous avons esté en garnison à Bapaumes', Arras, Bethunes, Tournay, Lille, etc.

CHAPITRE XXXI.

Des Brise-Images mis en routte à Marchiennes par le sieur de Guyon.

Au mois d'aoust dudit an 1566' comme les pays estoient en grande division à cause des sectes et heresies, il fut faite quelque assemblée de gens popu

Leuze, était frère du comte de Horne. Créé chevalier de la Toison d'or, dans le chapitre tenu à Gand, en 1559, il obtint en même temps la charge de gouverneur et grand bailli de Tournay et Tournaisis. Le 25 avril 1561 il fut nommé capitaine de la bande d'ordonnances vacante par le décès de Pontus de Lalaing, seigneur de Bugnicourt. V. sur la fin tragique de Montigny, les documents publiés dans la Correspondance de Philippe II, par M. Gachard, t. II, p. 155 à 162.

1 La bande du sieur de Montigny tint garnison à Bapeaume pendant l'hiver de 1565 à 1566. Arch. de l'audience, no 1112.

2 Deux troupes de sectaires, mêlées de vagabonds, de mendiants et de gens sans aveu, s'étaient formées, l'une sur les frontières de l'Artois, vers Saint-Omer, l'autre dans le Hainaut, entre Tournai et Valenciennes; dès les mois de mai et de juin, elles s'étaient mises en mouvement, sous la conduite de prédicateurs; la première, après avoir ravagé les quartiers de Bailleul, Ypres, Menin et Courtrai, s'était jetée entre Lille et Douay; l'autre avait pillé les abbayes de Saint-Amand, de Vicoigne, de Hasnon et de Marchiennes. J. Cousin, Histoire de Tournai, l. IV, 311. Vander Haer, De initiis tumult. Belgic., lib. II, 281.

laires, qui alloient par le pays, ruynans et destruisans les eglises, et vindrent jusques à Marchiennes faire le semblable par un dimanche 25 d'aoust, environ de quatre à cinq cens hommes, lesquels ruïnerent toute l'eglise, mesme le logis de monsieur Buret et monsieur Magaret des raisonnablement.

Or cedit jour j'estois allé disner à Douay avec monsieur Denre nostre lieutenant, et revins assez tard, que je rencontray monsieur le prelat d'Anchin', lequel se retiroit en diligence audit Douay, et bien desolé et affligé me conta les grands desarrois et desordres que les susdits sectaires faisoient audit Marchiennes, et qu'ils avoient conclu de venir faire le mesme à Anchin, si Dieu n'y mettoit remede. Je luy respondis assez en riant, que nos pechez en estoient la cause, que neantmoins il revinst audit Anchin, et qu'avec la grace de Dieu, l'on y remediroit, ce qu'il ne voulut pas faire, ains s'en alla le

1 Riche abbaye de bénédictins sur la Scarpe, fondée au viie siècle par saint Adalbert et sa femme sainte Rictrude.

2 L'abbaye d'Anchin, nommée en latin Aquicintum, parce qu'elle était entourée par les eaux de la Scarpe, avait été fondée en 1079, pour des bénédictins, par Wautier de Sicher: le terrain où elle était bâtie avait été donné par Anselme de Ribemont, comte d'Ostrevant, seigneur de Bouchain, troisième châtelain héréditaire de Valenciennes et issu des anciens comtes de cette ville. Anselme était un des compagnons les plus renommés de Godfroid de Bouillon; il fut tué au siége d'Archas. L'abbaye d'Anchin était aussi riche, aussi importante que celle de Marchiennes.

L'abbé dont parle l'auteur était Jean Lentailleur, fondateur du collége des jésuites, à Douay, qui acquit bientôt une grande célébrité et devint le centre du catholicisme des contrées voisines. Buzelin, Gallo-Flandria, 1. 11, 421. Ranke, Histoire de la papauté, III, 7.

chemin de Douay, et moy je m'en retournay à Pesquencour, où je trouvay toute la plus part du peuple fort esmeu, et espanté1, sur le marché, et vindrent au devant de moy fort desolez, me racontans les desordres et insolences qui se faisoient audit Marchiennes, je leur respondis tout en riant, que Dieu y mettroit remede.

Je descendis de mon cheval, que je fis mettre à l'escurie sans debrider, et peu apres je le redemanday et remontay et allay jusques à Montigny et Maisnil, où je fis remonstrance aux paysans d'icelle, des grandes insolences que ces gueux r'assemblez faisoient par le pays, sans y estre envoyez, et sans aucun ordre, et qu'il nous feroient le lendemain le semblable, si on n'y donnoit ordre, que lors quelques uns me respondirent qu'ils me suivroient, et qu'il falloit empescher leur venuë, et ainsi je les priay, que s'ils oyoient la grosse cloche de Pequencour sonner l'allarme, qu'ils me vinssent trouver, ce qu'ils m'accorderent je fis faire la mesme advertence à ceux d'Auberchicourt, et nous fismes bon guet toute la nuit un peu devant le jour je fis sonner nostre cloche, et deux heures apres, je fis faire un limaçon3 allentour de nostre marché avec trois tambourins, et deux enseignes faites de courtines*.

Nous prismes nostre chemin vers Bruyl', afin de

1 « Espanté, » dispersé, repandu.

2 Dès le mois d'avril 1566, les sectaires avaient pris le nom de gueux. Vandervinckt, 1, 188, 195.

3 Évolution d'infanterie en usage chez les Suisses et les Bourguignons. Bescherelle, Dict. Vo. Limaçon.

4 Rideaux de lit.

5 La Burie.

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