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gneur de Bugnicourt, et avoir eu les estats de chef du guet de l'armée imperialle et de mareschal de camp sous la charge dudit sieur, les guerres finies, et trefves accordées' entre les Princes, estant en ma maison, je receus lettres venant de Bruxelles, de la part de monsieur de la Trolliere', dattée du douziesme de novembre de l'an 1556, par où il me mandoit, commemonseigneur d'Egmontavoit charge3 de lever six bandes de chevaux legers ordinaires, dont il en avoit donné l'une audit de la Trolliere, me priant par ladite lettre d'estre son lieutenant, me donnant à entendre par icelle les traittemens que Sa Majesté *

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1 La trêve de cinq ans, signée à Vaucelles, le 5 février 1556. 2 Par lettres-patentes du 30 juin 1554, Louis de la Troullière, gentilhomme de la maison de l'Empereur, avait été chargé de lever 500 arquebusiers; en 1558, il figure au nombre des gentilshommes de la maison de Philippe II; en 1566, il commandait le château de Gand. Arch. de l'aud. no 1111.

3 Des lettres-patentes du 1er septembre 1556 nomment le comte d'Egmont chef et capitaine général des chevau-légers; dès le 23 août précédent, des lettres de retenue avaient ordonné la levée non de six, mais de dix compagnies, composées chacune de 100 chevau-légers et de 100 arquebusiers. Malgré la trêve de Vaucelles, de nombreuses levées d'infanterie et de cavalerie avaient commencé au printemps. Arch. de l'aud. no 1111.

4 Ces traitements étaient fixés ainsi, par mois : Colonel.

Lieutenant-colonel

300 liv. et 800 liv. en cam

pagne, pour traiter les gentilshommes.

100 liv.

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faisoit aux capitaines, lieutenans, et cornettes, et qu'en acceptant ladite charge je luy ferois plaisir, et que le plus tost que je pourrois aller parler à luy, seroit le meilleur, et que je ne faudrois le trouver à Gand ou à Bruxelles.

Sept ou huit jours apres je m'en allay trouver mondit seigneur de Bugnicourt en Arras, luy communiquer ladite lettre, lequel me fit response qu'il estoit bien joyeux de mon avancement.

Tost apres je m'acheminay vers monsieur de la Trolliere, que je trouvay à Bruxelles, où j'acceptay l'offre qu'il m'avoit fait, et le lendemain il me presenta à mondit seigneur le comte d'Egmont, et deux jours apres je partis de Bruxelles, et peu apres je commençay à faire la bande, dont la premiere montre et garnison fut en la ville de Condé.

CHAPITRE XXVIII.

Comme le duc de Savoye, gouverneur des Pays-Bas, alla sieger Saint-Quentin.

En ce temps' mondit seigneur duc de Savoye, comme gouverneur des pays de par deçà, assisté de plusieurs chevaliers de l'ordre, et seigneurs du pays, dresserent une armée, et firent leur assemblée à Florenes' au delà de Marchiennes, devant Marybourg, là où nous sejournames trois à quatre jours, et illec

1 L'armée se réunit vers le milieu du mois de juillet 1557. 2 A trois lieues de Mariembourg, il paraît que le quartier général du duc de Savoie n'était pas à Givet, comme le dit Rabutin.

fut tué en une escarmouche' mon bon amy et compaignon monsieur de Chassez.

De là nostre armée marcha, et passa par le trou Feron', en deux ou trois villages; le lendemain proche de Guise, en un village nommé Anteville, et puis campa devant Saint-Quentin, lequel fut clos de tous costez à grande difficulté, car il y avoit beaucoup de gens de bien dedans, artillerie et amonition abondamment. Toutefois craignant qu'elle se perdit, monsieur le conestable, lequel estoit à la Fere, faisoit tous devoirs pour mettre gens dedans, et il fit marcher par une nuit jusques à dix enseignes des villes*, pour entrer dedans, lesquelles toutes furent deffaites, de quoy non content, vint en personne avec son armée, et artillerie, sortit de la Fere, en bien bon esquipage, deliberé et resolu de secourir et mettre

'De fausses attaques furent dirigées sur Rocroy et Mariembourg, encore occupé par les Français, afin de donner le change sur la marche de l'armée des Pays-Bas. Rabutin, 680.

2 Passage de la forêt de la Thierache, suivi en 1554 par une partie de l'armée française pour venir assiéger Mariembourg; il a depuis été défendu par une redoute. Arch. gén. Lettres des seigneurs, XII, 170. Carte de Ferraris, fo XVIII, 177. Rabutin, 681.

3 L'amiral Gaspard de Coligny, gouverneur de Picardie, s'était jeté dans le place, pour la défendre; il a écrit une relation du siége.

4 L'auteur veut dire probablement les enseignes tirées des villes voisines; il fait allusion au corps de huit à dix enseignes françaises, conduit par François de Chatillon, sieur d'Andelot, frère de l'amiral, et qui ne put entrer dans la place. Rabutin, 689. Brantôme, 1, 631.

5 Le connétable de Montmorency avait reconnu la place dans la journée du 8 août; il quitta La Fère dans la soirée du 9 et parut en vue de Saint-Quentin le 10, entre huit et neuf heures du matin. Rabutin, 693.

6 Suivant Rabutin, témoin oculaire, il avait quinze pièces

gens dedans ladite ville, et survint à nostre camp à deux heures de nuit, sur une montaigne là où il y avoit un moulin, où arriverent premierement des chevaux legers en grand nombre, lesquels donnerent l'allarme. Puis arriva ledit sieur conestable avec gens de pieds et artillerie, qui incontinent à toute reste tira dans nostre camp, en telle sorte qu'il fallut abandonner les quartiers, voire mesme tiroit dans nos escadrons. Ses gens de pieds françois descendirent le bas de la montaigne jusques à la riviere', mesme furent du long de la chaussée du vivier tout proche des moulins, et cependant avec des batteaux autres gens de pieds françois entrerent dedans ladite ville, et par tel moyen fut secouruë.

Ce fait ledit conestable commença à se retirer, que lors vint ordonnance que nos chevaux legers trouvassent moyen d'aller passer la riviere plus haut que le camp. Monseigneur le comte d'Egmont fit marcher au grand trot toute sa cavaillerie plus de lieuë et demie avant que passer la riviere, laquelle ayant passé, fut necessaire de courrir plus de deux grandes lieuës, car le François se retiroit en haste, et en bon ordre. Et cependant les reistres' arriverent, la gendarmerie arriva, les gens de pieds espaignols estoient à nostre veuë, les François faisans tousiours devoir

d'artillerie, seize enseignes françaises, vingt enseignes allemandes, « toute la cavalerie et gendarmerie, laquelle toute la «nuict avoit passé par dedans La Fère, pour arriver à poinct « nommé. » Ib.

1 La Somme, qui prend sa source à quelques lieues de SaintQuentin.

2 La cavalerie allemande, de reitter, cavalier.

3 Les bandes d'ordonnances ou grosse cavalerie.

de se retirer, et gaigner un bois qui leur estoit voisin. Monseigneur le comte d'Egmont faisoit aussi devoir de mettre ses gens en ordre, afin de donner dedans, ce qu'il fit en une briefve deliberation. Il nous dit à tous ceux qui estions sous sa charge, en cette ou semblable maniere:

CHAPITRE XXIX.

De la victoire du comte d'Egmont sur les François devant Saint-Quentin.

<< Messieurs, ce sera aujourd'huy un jour de bataille « et victoire pour nous, s'il plaist à Dieu : pourquoy je « vous prie tous de bien faire vostre devoir, et de ne << s'arrester à prendre aucuns prisonniers que la vic«toire ne soit gaignée. » Ce que tous les capitaines et seigneurs promirent de faire, et ainsi fut fait et observé. L'on baissa les visieres, et mit les lances en l'arrest, et fut ainsi donné au travers des escadrons des gens de pieds de l'armée françoise, laquelle en un instant fut vaincuë et renversée, et poursuivie jusques aupres de la Fere', si que de cette armée françoise il n'eschappa un seul homme de pied ny de chevaux, sinon fort peu.

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1 « Le lieu du grand massacre et plus furieuse tuerie fut, «< comme chacun le tesmoigne, entre le grand Essigny et une « maison de gentilhomme appellée Rizerolles et un grand chemin appellé Blanc-Fossé, où chacun tiroit pour se sauver et là << estoient attendus pour y payer le dernier tribut de leurs vies. « Ce piteux spectacle et tres cruel sacrifice dura pour le moins « quatre ou cinq heures, que le vespre commençoit, quand les « ennemis poursuivirent leur victoire jusques à la justice, distant << une lieue de La Fère. » Rabutin, 697.

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