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Peu de temps apres' les guerres recommencerent, et fut faite une petite armée, conduite par le conte de Mansfeldt, et mondit seigneur de Bugnicourt, laquelle entra en France par le duché de Luxembourg, et fismes tout plein de mal vers Granpreel2. Le roy de France' avoit passé par le duché de Lorraine, et prins par accord et par force une partie d'iceluy, mesme la ville de Metz, et fut jusques aupres de Strasbourg, y pensant entrer dedans; mais les habitans furent plus sages, et comme il vid que son dessein n'avoit pas reüssi, il se retira devers Mayence, faisant semblant de vouloir venir en Brabant. De quoy advertie la reyne Marie, lors gouvernante des Pays-Bas, à grande diligence commanda que nostre petite armée se retirast, afin de se repartir dans les villes.

Le roy de France print son chemin pour venir passer la Moselle, prez de Thionville, pour entrer au pays de Luxembourg: mais le conte de Mansfeld, qui lors en estoit gouverneur, se mit dans ladite ville', et mondit sieur de Bugnicourt dedans Thionville, et il ne fut pas si tost dedans Thionville en

1 Les hostilités recommencèrent, de la part de la France, au mois de mars 1552.

2 Grandpré, petite ville sur la rivière d'Aïre, entre SainteMenehould, Châlons et Attigny... « Apres dix mille meschan« cetés qu'ils y firent et perpetrerent, abandonnerent Grandpré, y ayant mis le feu et en feirent autant à Boullandre... » Rabutin, p, 552. Gollut, 1676.

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3 Henri II.

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« Le comte de Mansfel, lieutenant général pour l'Empe«reur et gouverneur du duché de Luxembourg, craignant d'estre

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surpris en lieu foible,... pour faire connoître qu'il estoit bon

«< serviteur, s'estoit enfermé dedans Ivoix .. » Rabutin, 556.

fermé, que le roy de France et son armée vinrent camper sur la Moselle, à deux lieuës prez de la ville. Le roy vint recognoistre la ville et le connestable avec luy mais toutefois il ne l'assiegea pas, ains print son chemin à Rodema', bonne et forte petite villette, laquelle se rendit, de là il print son chemin vers Mont Ivoix, Danvillers, et Momedy', lesquelles furent prinses et se rendirent.

Ce fait et ayant retiré son camp en France, mondit sieur de Bugnicourt fut commandé de se retirer en son gouvernement, à cause que le roy de France faisoit courrir le bruit qu'il alloit assieger Cambray, ce que toutefois il ne fit pas; ains il rompit son camp ̊, qui fut cause qu'à l'arriere saison', monseigneur le

1 Rodemacheren, entre Luxembourg et Thionville.

2 « Mont-Saint-Jean, laquelle fut saccagée et bruslée, comme <«< aussi furent Soulieuvre (Soleuvre) et beaucoup d'autres gros (( villages aux environs. » Rabutin, 554.

3 Aujourd'hui Carignan; les landsknechts ayant refusé de se défendre et de soutenir l'assaut, « le comte de Mansfelt, tout « courageux qu'il estoit, par leur poltronnerie, fut contraint de parlementer, faire composition et rendre la place. » Brantôme, 1, 82. Rabutin, 557. Mansfelt fut détenu longtemps à Vincennes. 4 Damvillers.

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5 Montmedy.

6 « Le Roy fut contraint de rompre son camp, dès la fin du « mois de juillet (1552), tant pour les grandes maladies qui y << survenoient, que pour l'abondance des pluyes. » Rabutin, 563.

7 La reine de Hongrie, avertie par le comte du Roeulx que le duc de Vendôme ravageait l'Artois, résolut de diviser en deux corps l'armée commandée par le seigneur de Boussu et d'envoyer au comte du Roulx les régiments d'infanterie du prince d'Orange et du seigneur de Bréderode, la bande du comte d'Arenberg et les chevaux des capitaines Clèvois, Schram et Hunsler. Arch. du royaume. Papiers d'État, lettre de la reine de Hongrie au seigneur de Boussu, 10 septembre 1552.

conte du Reux', monseigneur le duc Darscot2, monsieur de Bugnicourt, monsieur de Glaion, et autres sieurs, assemblerent quelque nombre de gens de chevaux et de pieds, firent une petite armée, et entrerent en France dont le premier logis fut à Soissons, le lendemain à Moyr', le troisiesme jour aupres la Fere, le quatriesme entre Chasny et la Fere, le cinquiesme à Chasny, le sixiesme audit Chasny, où nous sejournames, parce qu'elle fut prinse et saccagée, et on y trouva beaucoup de biens et vivres dedans, l'autre jour suivant fut faite par nos gens une course jusques au pavillon du roy', et fut la ville de Coussy prinse et saccagée par nos gens, dont ils ramenerent grand butin.

De là nostre camp vint à deux petites lieuës de Noyon, et le lendemain audit Noyon, lequel tint fort et se laissa battre et donner assaut, sans estre prinse, où moururent beaucoup de nos soldats. La nuit survint, chacun se retira en son quartier.

Le lendemain les assiegez quitterent et abandon

1 Adrien de Croy, comte du Roeulx, chevalier de la Toison d'or, capitaine général et gouverneur des comtés de Flandre et d'Artois.

2 Philippe de Croy, deuxième duc d'Arschot, prince de Chimay, grand bailly et gouverneur général du Hainaut.

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5 « Le sieur du Reux,... avec un nombre de flamens, hennuyers « et walons, montant à 40 enseignes de gens de pied et environ « deux ou trois mille chevaux, s'estant mis en campagne... apres « avoir bruslé les villes de Noyons, Nelle, Chaulnys, Roye et une magnifique maison que le feu roy François avoit fait édifier « pour le plaisir de la chasse, nommée Foulembray, et de sept à « huict cens villages..... » Rabutin, 574. Gollut, 1684.

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nerent la ville, et nous y entrames de bon matin, et ladite ville fut aussi pillée, où l'on trouva beaucoup de vivres, et le mesme jour tira nostre camp chemin vers Bray', et le lendemain marchant nostre camp vers Cappy2, monsieur de Bugnicourt me commanda d'aller recognoistre ladite ville de Bray, où je ne trouvay nuls gens de guerre, si entray dedans, et y fis grand chere, d'où apres y avoir bien repeu nos chevaux, je me retiray vers nostre camp, lequel estoit logé à deux lieuës de Laon, de là vint à Cappy sur la riviere de Sonne'.

Le lendemain fut ordonnée la bande de monsieur du Reux, celle de monsieur de Bugnicourt, et de monsieur de Grimyque, pour aller brusler et gaster le pays jusques aux portes de Peronne, ce que nous fismes mais estans recognus n'estre non plus de gens', monsieur de Vaudemont, qui lors estoit gouverneur de Picardie, sortist dudit Peronne, suivy et accompaigné de cinq ou six trouppes de chevaux, et autant de gens de pieds, si que petit à petit les escarmouches se dresserent, et nostre camp fut adverty

1 Bray-sur-Somme.

2 Village sur la rive gauche de la Somme.

3 Somme.

4 Cette troisième bande devait être celle du comte d'Arenberg, détachée au mois de septembre de l'armée du seigneur de Boussu et envoyée en Artois. Arch. gén. Papiers d'État, lettre de la reine de Hongrie, 10 septembre 1552.

5 Que nous n'étions pas plus nombreux.

6 Le gouverneur de Picardie n'était pas le comte de Vaudémont, alors au siége de Metz, mais Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, depuis roi de Navarre. Il avait été confirmé dans ce gouvernement, par édit de François Ier du 6 mai 1545. Rabutin, 1 c°. Gollut 1634.

des troupes qui nous poursuivoient, en sorte que plus de deux mille monterent à cheval, et nous vindrent incontinent secourir, et nous les appercevans nous donnames la charge, laquelle dura plus de deux grandes lieuës, et jusques où estoit l'embuscade de leurs gens de pieds, lesquels furent tous ensembles chassez et poursuivis jusques proche des faubourgs de Peronne, où fut prins le porteur de cornette du capitaine Grandmont par un soldat de monsieur de Trelon', et moy je prins un de la mesme bande nommé Espaigne,

Ledit sieur de Vaudemont le gaigna et eschappa à bien courir, comme firent beaucoup de ses gens.

Deux jours apres nous repassames la riviere de Sonne, et vismes camper prez de Fintre, où sejournames, et nous vindrent force vivres, apres estre bien rafreschis nous allames loger à Estil, de là à Lizieux, d'où partit de nuit quelque nombre de gens de chevaux et de pieds, lesquels allerent clore Hesdin.

Le lendemain monsieur du Reux avec le reste du petit camp arriva audit Hesdin, qui fut prinse en trois jours, et le quatriesme jour l'on dressa l'artillerie pour battre le chasteau, où fut fait tel devoir, et joüa si à propos icelle artillerie, que la ville et le chasteau furent prins et rendus par monsieur de Genlis et le seigneur de Montignaque, enseigne de monsieur de la Maillere, lesquels traitterent de nuit en la ville de la part de monsieur Darache qui en estoit le gouverneur❜.

1 Bauduin de Blois, seigneur de Trélon.

2 Tous ces noms sont mal écrits par l'auteur, par son copiste et par les chroniqueurs français eux-mêmes; Rabutin dit en effet :

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