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tion de ces établissemens les rend à peu près inutiles (a). En cas semblable, les secours doivent être donnés sans délai et par des médecins exercés: le contraire arrive presque toujours.

Il serait donc fort à désirer que la société surnommée à Londres, l'humaine société, trouvât en France des imitateurs. Rien de plus fréquent que de voir des malheureux dont la profession est de vider les fosses d'aisance, de curer les puits, etc., être tout à coup frappés d'asphixie. Se passe-t-il d'ailleurs une seule année, sans qu'il y ait des victimes parmi les baigneurs?

Un établissement qui serait donc spécialement destiné à l'administration des secours que des accidens imprévus ou des tentatives de suicide peuvent rendre pressans, serait digne d'une prévoyante philantrhopie. Tel est celui qu'on remarque dans Hyde-park. C'est là que, sous l'active surveillance du docteur Hawes, on donne des secours aux personnes qui sont dans un état de mort apparente, sans examiner par quelle cause ou par quel motif il a pu être produit.

Hyde-park a été préféré pour y établir le

(a) Le traitement de l'officier de santé établi à cet effet, devrait, en France, être compris dans les dépenses municipales.

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principal dépôt, parce qu'un assez grand nombre d'individus tentent de se noyer dans le vaste étang (Serpentine rives) qui en fait l'ornement. Le. concierge a sans cesse les yeux ouverts sur cette pièce d'eau, et les infortunés qui s'y jettent, en sont aussitôt retirés. On lit dans l'almanach de Londres pour l'année 1816, que plus de trois mille individus, depuis la fondation de la société en 1774, ont été arrachés à la mort par les soins des personnes préposées au traitement des asphixiés. Sa majesté britannique en est la pro

tectrice.

Hospice pour les maniaques.

Il n'est point de malades qui doivent plus exciter à la compassion que les malheureux dont l'esprit est aliéné. Comment se fait-il donc que ceux nommés vulgairement fous, sont plutôt à nos yeux un objet de dérision que de pitié ? Ceci provient des fausses impressions que l'on reçoit dès ses premières années; c'est un vice d'éduca

Tome II.

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tion. Il est une infinité de circonstances de la vie: dans lesquelles cette maxime: Respect au malheur! est applicable; et c'est surtout dans le cas de la manie.

Imprudens que nous sommes! nous faisons un sujet de risée, et quelquefois même de divertissement, de l'infortuné dont l'esprit est troublé, sans songer qu'un seul instant suffit pour nous faire éprouver les mêmes accidens. Notre organisation est si frêle, que la moindre atteinte y porte le désordre. Qui de nous n'a pas vu quelqu'un de ses parens ou de ses amis séquestré tout à coup des autres membres de la société, à cause des funestes accès dans lesquels il tombait ?

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Les établissemens pour le traitement des maniaques méritent donc toute l'attention du législateur et du philanthrope. Loin de recourir à la violence, au fouet et aux chaînes contre ces malheureux, il ne faut, au contraire, n'employer la rigueur que dans les cas de la plus extrême nécessité. Des médecins recommandables par leur humanité et par leur expérience, M. Warburton en Angleterre, M. Pinel en France, ont éclairé les administrateurs et ceux qui sont chargés du soin. de cette sorte de malades, dans les maisons publiques, sur la manière dont on peut opérer leur guérison.

Autrefois on se contentait d'enfermer ces malheureux, de les enchaîner, s'ils étaient dangereux, sans leur administrer souvent aucun des secours de l'art; ou l'on attendait pour y procéder le retour du printemps : aujourd'hui, il est bien reconnu qu'un traitement curatif est trèssouvent efficace, pourvu qu'il ait lieu dans les commencemens de la maladie. Il est encore reconnu que la douceur a beaucoup d'empire sur la plupart des aliénés, qu'il est utile de les rassembler et de les faire manger ensemble aussitôt que leur état le permet : voilà, certes, une amélioration bien consolante dans le sort des lunatiques. Hommage et reconnaissance aux médecins recommandables qui ont enfin consulté la voix de la raison et de l'humanité souffrante! Que leurs noms soient avec respect cités par

nos neveux !

L'Angleterre a plusieurs hôpitaux de ce genre; mais, malheureusement, il s'était introduit des abus dans ces asiles. Qui croirait que dans l'hospice de Bethlem (on le nomme Bedlam par corruption), on usait, non seulement de mauvais traitemens, mais même de cruauté envers les maniaques? On les chargeait de fers dans le moment du paroxisme. Qu'en résultait-il? Cette cruauté, en exaspérant leur esprit, ajoutait à l'intensité de la crise. Quel spectacle que celui de

voir autour d'une table une douzaine de malheureux nus, ayant des menotes aux mains? Combien de fois n'a-t-on pas prolongé la durée du paroxisme par une pareille violence? On en a vu mourir de suffocation dans ces momens terribles.

L'enquête ordonnée par le parlement d'Angleterre, en 1816, pour acquérir la connaissance des abus et des excès qui déshonoraient ces institutions, a jeté un jour affreux sur le traitement barbare que la brutalité des agens subalternes y faisait éprouver aux malades, ou sur le honteux gaspillage auquel se livraient ceux qui étaient préposés à la fourniture du linge et des objets de subsistance en général. Ici, ce sont des malheureux envers lesquels on emploie la contrainte la plus odieuse pour leur faire avaler des alimens; là, c'est un maniaque qui périt dans un bain de punition, par suite de la négligence de l'apothicaire de la maison qui ne daigne pas se déplacer pour l'en faire tirer; plus loin, c'est un lunatique auquel un préposé fait mettre les fers aux mains et aux pieds pour s'être laissé aller à quelques propos injurieux; ailleurs, enfin, c'est une femme qui a été enchaînée pendant huit ans ; et cependant, délivrée de ses chaînes, elle ne fit rien depuis qui obligeât de recourir à une semblable rigueur. Passons sous silence une infinité d'autres

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