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LES Anglais, plus judicieux que nous, n'accordent point le pas à l'opéra sur les théâtres nationaux, et ils manifestent en cela leur respectueuse admiration pour le génie qui créa la tragédie parmi eux.

L'ancienne salle de Drury lane ayant été consumée par le feu, le 24 février 180g, une nouvelle salle fut construite et ouverte le 10 octobre 1812. Elle a été faite sur les dessins de M. Wyalt: en voici une courte description.

L'entrée principale de Drurylane est par Bridges-street. Un vestibule soutenu par des colonnes d'ordre dorique, spacieux et bien éclairé, conduit aux loges et au parterre. L'effet de la perspective donne à la scène une forme circu

laire. Quoique placé contre des loges, l'illusion de l'optique fait croire au spectateur qu'il est près du théâtre. La couleur d'or sur un fond vert domine dans l'intérieur de la salle; celle des loges est le cramoisi. Il y a trois rangs de loges divisées en vingt-quatre parties.

On ne saurait trop applaudir à l'attention qu'a eue M. Wyalt, de séparer le public attentif et jaloux d'entendre, de cette classe bruyante et frivole de la société qui ne vient au spectacle que par ton ou par désœuvrement. La disposition de la salle à cet égard mérite d'être partout imitée.

On compte dans le parterre soixante-dix rangs de siéges; ils sont placés graduellement, de manière que chaque spectateur est élevé de trois pouces au-dessus du théâtre dont la profondeur est de trente-trois pieds: l'avant-scène en a maintenant seize et demi. Ce théâtre est une des plus belles choses que l'on puisse voir à Londres, sous le rapport de la magnificence.

La salle du foyer a quatre-vingt six pieds de longsa forme est circulaire à chaque extrémité. Les loges peuvent contenir mille deux cents. spectateurs; le parterre huit cents; la galerie quatre cent quatre-vingts, et la galerie supérieure deux cent quatre-vingts; en tout deux mille huit cent dix.

Théâtre de Covent-garden.

DE tous les théâtres de Londres, celui-ci est le seul dont l'entrée soit appropriée à un édifice de ce genre. Mais par quelle fatalité l'architecte a-t-il entrepris d'exécuter le plan le plus vaste dans un lieu où il était contrarié par la nature du terrain? Comment a-t-il pu manquer de goût au point de ne pas sentir que cette imitation de l'acropolis d'Athènes serait choquante dans un espace ausssi resserré et aussi obstrué que celui où il était obligé de construire? Est-il possible, en aucune façon, de juger de l'ensemble de cette magnifique imitation? En un mot, peut-on s'empêcher de regretter que le théâtre de Covent-garden soit aussi désavantageusement placé? Il est inconcevable, en

vérité, que M. Smirke n'ait pas été effrayé des obstacles insurmontables qui ont dû se présenter en foule à sa pensée: car c'était une idée véritablement hardie de ressusciter à Londres l'acropolis d'Athènes.

Avec un peu plus de goût, d'ailleurs, l'architecte anglais aurait senti que l'héroïque sévérité de l'ordre dorique, ne convenait point à un théâtre qui exigeait une façade d'un genre moins gigantesque. L'idée seule que cet ordre était celui du fameux temple érigé à Olympie en l'honneur de Jupiter, eût du suffire pour l'effrayer.

Quelque justes que soient ces observations, on devra toujours à M. Smirke cette louange; c'est qu'il a procuré, à ses compatriotes, autant qu'il était en lui, la jouissance d'un beau théâtre : avantage qui leur avait manqué jusque là.

Quand on entre dans l'intérieur, on est flatté de l'élégance des formes; cependant l'imagination a été tellement saisie à l'aspect de l'imposante grandeur du portique, qu'elle est étrangement désappointée.

Le théâtre est profond et spacieux; il se prête convenablement aux effets de l'illusion. L'arc semi-elliptique sur lequel sont représentées deux femmes tenant des lauriers et des trompettes, est soutenu par quatre piliers d'une exécution pleine de délicatesse et d'élégance, mais qui s'accordent

mal avec la hardiesse extérieure du portique. On s'attendait à jouir des effets d'une beauté sévère, et l'on ne remarque qu'une délicatesse presque féminine.

L'on se doute bien que le Corneille anglais, Shakespeare, n'est pas oublié dans un édifice consacré au culte de Melpomène. La statue de ce grand poëte est placée au haut de l'escalier du vestibule, sur un piedestal de marbre jaune : elle est l'ouvrage de Rossi. En vain chercherait-on dans l'exécution et dans l'air de tête de cette production le grand homme que l'artiste a voulu représenter au lieu d'un poëte inspiré, on croit voir un bachelier qui fait ses licences. Shakespeare est représenté dans le costume du siècle, un rouleau de papier à la main...

Ce théâtre fut ouvert au public le 18 septembre 1809; il avait été consumé par le feu un an auparavant.

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