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depuis impropre à les continuer par suite d'amputation du bras droit, et employé seulement comme gardien de vaisseaux pendant la nuit. Cet homme, qui avait des habitudes d'intempérance, a été atteint de divers autres accidents ou affections: une fracture de plusieurs côtes du côté droit, un rhumatisme, et en dernier lieu, un an avant l'entrée, une maladie aiguë, caractérisée surtout par une toux violente, sans expectoration sanglante. Vers avril ou mai 1864, il a commencé à éprouver des douleurs lancinantes dans la région sousclaviculaire droite et trois mois après il s'est aperçu de l'existence d'une grosseur pulsative dans le même point, grosseur dont, au rapport du malade, le volume ne semblerait pas s'être beaucoup accru depuis l'époque où il l'a remarquée pour la première fois.

Après l'admission, on constate audessous de la clavicule droite, au niveau du bord inférieur de la seconde côte et un peu en dehors de l'articulation de celle-ci avec son cartilage, une tumeur conoïde, à sommet arrondi, ayant déplacé la côte, paraissant immédiatement sous la peau, et dont la partie visible a environ un pouce et demi de diamètre. Mollesse et fluctuation, pulsation et impulsion sensibles à la vue, diminution de volume par la pression, matité, bruit de souffle très-fort, synchrone à la systole cardiaque; tels sont les autres caractères principaux de la tumeur. En même temps, il y a de la douleur dans la région dorsale, un amaigrissement notable, un facies anxieux, une toux pénible et fréquente, une dyspnée habituelle augmentant par les mouvements, pas de dysphagie, aucun dérangement des fonctions digestives.

Divers moyens ayant été successivement essayés, sans aucune modification avantageuse : iodure de potassium, application de glace, acétate de plomb, le traitement par l'immobilité fut commencé le 18 avril 1865, c'est-à-dire après quatre mois de séjour à l'hôpital, et continué rigoureusement, grace à la docilité du malade, durant onze semaines; en même temps le régime fut réduit à 200 grammes de pain, 90 grammes de viande, et 225 grammies de liquide par jour; un peu de glace était seulement ajouté de temps à autre pour calmer la soif. Sous l'influence de ce traitement, le pouls tomba de 80, 90 pulsations en moyenne à 60 par minute. Au bout de six semaines, la diminution d'élasticité et d'impulsion dans la tumeur démontrait qu'il y avait un commencement de consolidation, et un mois plus tard, c'est-à-dire

vers le milieu de juin, il n'y avait aucun doute que ce résultat ne fût acquis. Le malade fut autorisé à se lever, mais gardé à l'hôpital jusqu'au 12 août. A ce moment voici quel était l'état des choses: saillie de la tumeur et étendue de la matité diminuées; pulsation sensible, mais beaucoup moins intense et paraissant plus éloignée, comme donnant à la main la sensation d'une grande épaisseur de substance solide interposée; souffle, mais beaucoup plus faible; sensation de fluctuation disparuc et ayant fait place à celle d'une masse solide. Le malade, qui a repris ses occupations de garde de nuit dans les bateaux, a été revu plusieurs fois par M. Waters : la guérison, ou, si l'on veut, l'amélioration obtenue ne s'est pas démentie; le seul changement appréciable depuis la sortic de l'hôpital serait plutôt une diminution plus prononcée de la saillie de la tumeur et des pulsations, avec un accroissement des signes témoignant d'une solidité plus grande.

(Bulletin général de thérapeutique.)

Fièvre typhoide à forme ataxoadynamique.— Bons effets des affusions froides. - Le 12 mars 1866, une domestique âgée de 22 ans, entre à l'hôpital de la Charité, salle Sainte-Anne, no 13, service de M. le professeur Natalis Guillot, suppléé par M. Bucquoy, agrégé de la Faculté.

Cette femme, d'une' constitution robuste et vigoureuse, n'est à Paris que depuis six mois. Il y a huit jours qu'elle se sent mal à l'aise et a perdu l'appétit, mais elle ne garde le lit que depuis deux jours. Depuis cette époque elle a été prise de vomissements bilieux avec fièvre et diarrhée; elle éprouve une grande faiblesse et ne peut se tenir sur ses jambes. Vertiges, bourdonnements et tintements d'oreilles, insomnie complète. Il a fallu l'amener en voiture.

Le 13 mars, à la visite, elle est dans l'état suivant prostration très-grande, facies hagard, stupide. La malade ne répond aux questions qui lui sont adressées que par des monosyllabes. Les yeux sont injectés, le visage est rouge et congestionné. La peau est sèche et très-chaude; le pouls fréquent à 120; soif vive; langue saburrale rouge sur les bords et à la pointe; gargouillement dans la fosse iliaque droite; råles sonores dans les deux poumons; céphalalgie frontale très-pénible. Traitement limonade, une bouteille d'eau de Sedlitz.

14 mars. Agitation et délire intense toute

la nuit. La malade voulait à chaque instant se lever, il a fallu lui mettre la camisole de force. La fièvre est très-intense, le pouls à 140. Prescription : lavement purgatif, frictions avec le vin aromatique.

15 mars. Les symptômes précédemment notés vont en s'aggravant. Le pouls est à 444, la peau est brùlante; la prostration, ce matin, est extrême, tandis que toute la nuit il y a eu une agitation excessive avec cris par intervalles. La face est rouge et cyanosée; ballonnement du ventre et mé téorisme; selles involontaires; râles plus nombreux dans les deux poumons. Deux ou trois taches caractéristiques se sont développées sur les parois abdominales. En présence d'un état si grave dès le début, M. Bucquoy n'hésite pas à recourir aux affusions froides et prescrit d'en faire deux par jour à la malade.

15 mars. Les affusions froides ont été bien supportées. Elles ont été administrées de la façon suivante : la malade est mise dans une baignoire et on lui verse sur toute la surface du corps, en arrosant, un grand seau d'eau froide, puis on l'essuie rapidement, on l'enveloppe dans une couverture de laine et on la reporte dans son lit. Agitation toute la nuit; pouls à 140; diarrhée. Prescription: limonade vineuse; deux affusions froides.

16 mars. Les affusions froides sont prises avec plaisir; la malade les demande. L'état est le même; la nuit est toujours trèsagitée; la peau semble moins chaude, moins brùlante; le pouls est à 152. Même traitement.

17 mars. Dien que l'état général soit toujours aussi grave, les phénomènes ataxiques aussi prononcés la nuit, alternant avec de la stupeur pendant le jour, il y a ce matin une légère amélioration qui nous est révélée par l'état de la peau, qui est moins chaude, moins sèche; le pouls a baissé, il est à 116. Il y a toujours de la diarrhée et du météorisme; la langue est sèche, recouverte de fuliginosités. Continuer les affusions froides; bouillons et vin.

18 mars. Même état, même agitation la nuit avec cris, et cependant le pouls est tombé à 104, ce qui est d'un bon augure. 19 mars. La nuit a été calme, il y a du sommeil; la peau est fraiche, nullement chaude, le pouls est tombé à 96. La malade est moins insensible à ce qui l'entoure. Loin de redouter les affusions froides, clle les demande avec instance.

20 mars. Un mieux sensible se reconnait ce matin à la visite. La malade parle, cause et demande à manger. La nuit a été

très bonne et remplie par un sommeil réparateur. Le pouls est à 88. La diarrhée est moindre.

Dès lors cette femme'entre franchement en convalescence, à tel point que six jours après elle part pour l'asile du Vésinet, se levant une bonne partie de la journée et mangeant avec appétit.

Il est bien évident que la cessation des phénomènes ataxiques et la promptitude de la guérison doivent dans ce cas être attribuées aux affusions froides, car nul autre traitement n'a été employé concur

remment.

Il existait chez cette malade un symptòme qui est une des indications principales des affusions froides dans les fièvres, c'est la chaleur et la sécheresse de la peau. C'est en se fondant sur ce signe qu'un médecin allemand, le docteur Terr, a formulé, pour l'emploi des affusions froides, une règle ainsi conçue la température de la peau doit être en raison inverse de celle de l'eau, de sorte que si la température du malade s'élève au thermomètre à 37 ou 38, il faut employer de l'eau à 25 degrés. Si, au contraire, la température dépasse le chiffre normal et si elle est à 40 ou 41, l'eau doit être froide à 4 ou 5 degrés.

(Bulletin général de thérapeutique.)

De l'orchite épidémique et des caractères qui la distinguent de l'orchite uréthrale. Le 25 mars dernier, un homme âgé de 51 ans entrait à l'hôpital Beaujon pour une orchite dont le lendemain 24 M. Jarjavay cut à déterminer la nature. En général, l'orchite est liée à l'existence d'une blennorrhagie; mais dans ce cas il n'y avait jamais eu de blennorrhagie. Le malade affirmait d'autre part qu'il n'y avait pas eu d'excitation sur la verge. Il avait, disait-il, voulu soulever une brouette, et, bien qu'il n'eût rien éprouvé de particulier immédiatement après cette tentative, il croyait y voir la cause de sa maladie. Cependant il était bien évident que l'effort n'était pour rien dans le développement de celle-ci. Ce fut la nuit suivante seulement que le testicule devint douloureux et acquit une augmentation de volume, sans diarrhée ni douleur à l'anus, sans rien de notable du côté de l'oreille et de la région parotidienne. Le malade ajoutait comme renseignement que depuis quelque temps il éprouvait, lorsque le temps changeait, des douleurs rhumatismales, et que les jours précédents, il avait eu des frissons après s'être exposé au froid.

En examinant les organes génitaux cxternes, on ne trouvait rien à l'urèthre. Au côté droit de la région scrotale existait une tumeur du volume du poing avec rougeur très-prononcée de la peau et œdème considérable du tissu cellulaire sous-cutané. Point de tumeur épididymaire distincte, rien au canal déférent, le parenchyme du testicule seul était tuméfié.

M. Jarjavay prescrit pour tout traitement des cataplasmes et le repos au lit.

Sous l'influence de ces moyens bien simples, la maladie se modifie sensiblement, et le 12 avril, on constate l'état que voici :

Disparition complète de la rougeur et de l'œdème; tumeur globuleuse, dure, un peu plus grosse qu'une pomme d'apis, ne donnant pas de sensation douloureuse caractéristique à la pression; pas d'épanchement de la tunique vaginale, pas de tuméfaction de l'épididyme, qu'on sent dans son état normal à la partic postérieure

et interne.

Cataplasmes, repos au lit.

Le 16 avril, la résolution n'est pas encore complète, mais le testicule ayant beaucoup diminué de volume, le malade sort de l'hôpital.

A propos de ce fait et de quelques autres entièrement analogues qui se sont produits à la même époque, M. Jarjavay s'est attaché à donner les caractères différentiels qui font distinguer l'orchite parenchymateuse épidémique de l'orchite dite uréthrale, laquelle a son point de départ dans un point des voies d'excrétion de

l'urine.

Dans la première, on n'observe jamais le gonflement et la dureté de l'épididyme ni du canal déférent; jamais la tunique vaginale ne contient de sérosité. Dans la seconde, au contraire, il y a constamment de la tuméfaction et de la douleur dans le canal déférent surtout dans l'épididyme; et comme la tuméfaction épididymaire est duc à l'infiltration de lymphe plastique dans le tissu cellulaire qui réunit les circonvolutions de l'épididyme, les veines du testicule se trouvent comprimées, d'où résultent une gêne de la circulation et, par suite, un épanchement de sérosité dans la tunique vaginale.

Aussi chez le malade dont nous venons de relater sommairement l'observation, M. Jarjavay s'est-il abstenu de faire une ponction de la tunique vaginale comme il a l'habitude de le faire dans l'orchite uréthrale.

Une circonstance très-importante à noter dans l'histoire de l'orchite épidémique et

25 ans.

qu'on ne connait guère, a été signalée à M. Jarjavay par M. Goubaud, médecin interne au lycée Saint-Louis. M. Goubaud a obscrvé chez des jeunes gens plusieurs cas d'orchite épidémique, dans lesquels il y a cu atrophic du testicule. Dès 1860, le hasard lui avait permis de constater ce phénomène curieux sur un homme àgé de L'atrophic du testicule avait succédé bien manifestement et rapidement à une orchite épidémique survenue en 1855 et, dans ce cas, comme signe caractéristique de l'espèce, l'épididyme et le cordon étaient restés complétement indemnes. Plus tard, en février et en avril 1861, M. Goubaud cut la chance d'observer dix cas d'orcillons. Sur ces dix cas, cinq malades curent des orchites métastatiques, et sur ces cinq orchites, il y cut trois fois atrophie consécutive du testicule, atrophie qui, chez l'un des jeunes gens, réduisit cet organe au tiers de son volume normal dans l'espace de trois mois.

Cela étant, M. Jarjavay s'est demandé s'il en serait ainsi chez le sujet qui a fait le texte de ces remarques. Mais, on le comprend, l'avenir seul peut résoudre ici une pareille question. C'est pourquoi on suivra ce malade autant que faire se pourra. Il n'est pas, en effet, indifférent de connaître le danger auquel exposent les orchites épidémiques; ce danger, nous venons de le voir, a été suffisamment mis en relief par M. Goubaud, et M. Grisolle l'a égaleinent signalé à sa clinique de l'Hôtel-Dieu.

Pour clore ces remarques qui appellent l'attention des praticiens, M. Jarjavay a insisté sur ce fait que tantôt, comme nous venons d'en voir un exemple, l'orchite épidémique envahit d'emblée le testicule, et tantôt ne se manifeste que par métastase lorsque le froid humide a porté son action sur la région parotidienne.

(Journal de méd. et de chirurg. pratiq.)

Amaurose observée huit fois pendant les couches.-M. Eastlake cite une femme mariée de 39 ans, mère de neuf enfants, délivrée trois fois par un docteur, six fois par une sage-femme. Lors de la naissance du dernier enfant, elle ne perdit pour ainsi dire pas de sang du tout, au dire de la sage-femme.

Au deuxième ou troisième jour, à chaque couche, à partir de la deuxième, se déclara subitement une cécité des deux yeux; la femme perdit à moitié connaissance, et, après être revenue à elle, il ne resta plus que l'amaurose, qui dura de trois à cinq semaines. Le docteur Eastlake

vit l'accouchée le troisième jour après la délivrance; elle était tout à fait revenue à elle, quoique la veille elle cût perdu un peu de sa connaissance. A l'entendre parler, elle se trouvait dans une obscurité complète, sans éprouver la moindre sensation lumineuse. Elle n'avait jamais pris de .scigle ergoté, n'avait jamais eu de suppression de lait; les lochies avaient toujours été normales, et elle n'était pas atteinte d'albuminurie. Toutes les fonctions étaient normales. L'inspection oculaire avec l'ophthalmoscope, après instillation d'atropine, fournit un résultat tout à fait négatif : la femme n'était ni robuste ni pléthorique; le pouls assez petit.

(Gazette médicale de Lyon.)

Observation d'éclampsie après le travail, accompagnée d'une singulière perte de mémoire; par le docteur RIEDEL. Une femme de 24 ans, bien bâtic, et d'un extérieur délicat, ayant des cheveux foncés et des yeux bleus, de moyenne grandeur, bien portante, très-intelligente, d'un tempérament un peu lymphatique, n'avait jamais été malade durant son enfance, mais, comme jeune fille, avait été longtemps chlorotique. Dans son mariage, contracté il y a deux ans, elle conserva un teint pâle, avorta deux fois, la dernière fois en août 1863, eut encore une fois ses règles au milieu de septembre, puis cut des appétits désordonnés, souvent des malaises, parfois le matin, des vomissements; de sorte que, le mois suivant, les règles ne revenant pas, elle ne douta plus qu'elle fût enceinte. Pendant les trois premiers mois, elle prit le soin de rester couchée souvent le jour sur le dos, et continua un traitement ferrugineux, de sorte que, de mois en mois, son teint devint plus florissant. Cependant, plus tard seulement, le docteur Riedel apprit que, dans le dernier mois de la grossesse, il s'était developpé un œdème assez marqué aux deux pieds, surtout au droit, et à la grande lèvre droite. On n'exarina pas les urines.

Le 1er juillet 1864 au matin, la femme ressent les premières douleurs et fait appeler la sage-femme; le docteur Riedel arrive à onze heures et trouve les parties molles bien préparées, la tête bien fixée au détroit supérieur, l'orifice utérin très-élevé et dirigé en arrière, de sorte qu'il ne peut encore évaluer le degré de dilatation. Jusqu'à trois heures de l'après-midi, les contractions devinrent fréquentes et énergiques, mais aussi très-douloureuses; alors l'orifice utérin se trouve au milieu du petit

bassin, mais encore peu dilaté et le seg

ment inférieur embrasse la tête d'une manière très-ferme et serrée. Il fait administrer par demi-heure une poudre d'opium et d'ipéca pour faciliter la dilatation, et mande la sage-femme avec la recommandation de bien surveiller le travail.

De retour le soir à sept heures, il apprend du mari que l'enfant, une fille vivante, assez forte, vient de naître, mais sans le moindre soin donné à la mère. La sage-femme était partie à cinq heures, dans l'idée que le travail se prolongerait jusque dans la nuit, et était revenue un peu avant le docteur Riegel, alors que l'enfant était déjà couchée entre les cuisses de sa mère. La jeune femme, ignorante, avait été abandonnée aux soins de son mari, tout aussi inexpérimenté, et de sa sœur non mariée. Elle avait souffert beaucoup et été en proie, dans ce moment important du travail, à une angoisse inexprimable. Au dire du mari, les premières poudres procurèrent du repos, puis, entre cinq et six heures, les contractions redevinrent fréquentes et énergiques; à six heures et demie, elle s'écria avec anxiété : « Je sens quelque chose se déchirer dans le ventre, puis elle fut prise d'efforts d'expulsion de plus en plus précipités, se mit souvent sur son séant, se jeta à droite et à gauche sur son lit, lorsque tout à coup, et en une seule douleur, l'enfant fut expulsé peu avant sept heures. Après quelques frictions et pressions exercées sur le ventre, le placenta s'échappa assez facilement.

Mais l'état de l'accouchée parut au docteur Riedel très-singulier et inquiétant. Son teint pâle, ses yeux largement ouverts, hagards, sa physionomic muette, immcbile, traduisaient l'effroi, l'anxiété, l'angoisse qui la dominaient encore. Les mains tremblaient, la température de la tête et du reste du corps était remarquablement fraîche, la peau sèche, le pouls tranquille, même ralenti, la respiration régulière, tantôt profonde et ronflante, tantôt superficielle, à peine appréciable. On lui demande où elle a mal: elle montre la nuque et l'occiput; la pression et le mouvement imprimés à la nuque paraissent augmenter la douleur. La connaissance parait intacte; cependant les réponses paraissent avoir quelque chose d'hésitant; elles sont lentes, comme si elles exigaient un certain effort d'attention. L'utérus est bien contracté, mais se montre très-sensible, soit par la palpation abdominale, soit à l'examen vaginal. Le périnée est déchiré dans la moitié de sa longueur. Après lui avoir donné les premiers soins et cherché à la rassurer, le

:

docteur Riedel la quitte et revient au bout d'une heure il la trouve bien plus calme, respirant régulièrement, ne tremblant plus, le pouls relevé, bonne température, la neau moite, se plaignant encore des douleurs à la nuque et à l'occiput, mais sans symptóme cérébral ou nerveux.

Le même soir à dix heures, ainsi trois heures après la délivrance, elle commence à délirer, ou au moins à parler d'une manière inintelligible, est prise de vomissement, et, de suite après, de secousses générales dans les membres, ainsi que de convulsions de la face, avec écume à la bouche; ces convulsions durent environ cinq minutes, et sont suivies d'un sommeil accompagné de ronflement et de râles trachéaux. C'est là ce qu'on raconte au docteur Riedel lorsqu'il revient à onze heures. A ce moment l'accouchée vient de se réveiller, le reconnaît, paraît avoir repris toute sa connaissance, et, questionnée, ne se plaint plus que de douleurs à la nuque; mais ce qui le frappe de suite, c'est que déjà, avec cette parole hésitante, plus d'une fois elle ne trouve pas le mot véritable et intervertit les syllabes. Comme, du reste, le pouls est régulier et calme, la tête de bonne température, les mains fraîches, l'abdomen en bon état, il ne voit pas d'indication urgente il observe la malade pendant deux heures, puis voyant que tout a l'air de bien marcher, il rentre chez lui, en laissant l'ordre de l'avertir au moindre retour de symptôme alarmant.

Cela n'arrive que trop tôt car déjà, vers trois heures du matin, cinq heures après le premier accès, arrive un nouveau vomissement suivi d'un deuxième accès tout pareil au précédent, mais cependant d'une durée un peu moins longue. A son arrivée, la malade a déjà repris connaissance; la parole lui manque parfois, comme précédemment, mais elle fait assez comprendre ses douleurs de nuque et d'occiput, et dit que sa tête est prise. Le pouls est un peu plus fréquent et petit, la température du corps satisfaisante; pas de transpiration. (10 sangsues à la nuque, Ogr,04 d'opium d'heure en heure.)

Le lendemain matin (2 juillet), il la trouve dans un état très-satisfaisant; les douleurs ayant cédé, le sommeil est revenu par moment, sommeil dont elle se réveil lait avec pleine connaissance ; le corps s'est recouvert d'une moiteur générale, et le pouls tranquille, modéré, mou, fait espérer un résultat favorable. Néanmoins, le soir, il apprend que, à trois heures de l'aprèsmidi, ainsi, après un intervalle de douze heures, un troisième accès de convulsions

a éclaté (cette fois, non précédé de vomissement), et cette fois aussi il peut se convaincre que le sensorium en a été affecté et que la parole est restée défectueuse. La température de la tête, l'état du pouls, et tout l'ensemble de la situation de la malade ne lui donnant aucune indication pour un traitement antiphlogistique, il se contente de faire appliquer des sinapismes aux bras et aux jambes, et de donner Ogr,01 d'opium d'heure en heure. Mais, avant qu'on arrive à suivre ses instructions, éclate, à sept heures et demie, un quatrième accès suivi d'un sommeil court et ronflant, puis de délire; plus tard, la malade dort relativement beaucoup, mais, pendant le sommeil, est très-agitée et remue constamment les bras et les jambes. Sept heures après, à deux heures et demie du matin, un cinquième accès; à l'arrivée du docteur Riedel, elle est encore endormie, mais ouvre bientôt après les yeux, ne sait où elle est, et parle d'une manière tout à fait inintelligible; la tête est chaude, la peau moite, le pouls à 90, assez plein et dur (elle avait pris cinq poudres d'opium). Glace sur la tête; potion avec de l'acétate de zinc; un bain chaud pour le lendemain matin à dix heures.

Le 5 juillet, à dix heures, il la revoit en consultation avec le docteur Patsch. Après un sommeil tranquille de quelques heures, elle s'était éveillée; elle n'avait plus jeté ses membres comme la veille, le regard et toute la figure ont quelque chose de reposé, en apparence du moins; pouls à 75, peau chaude, moite, tête fraiche; elle reconnaît les personnes qui l'entourent, parle distinctement; cependant, malgré tous ses efforts d'attention et de réflexion, elle ne peut répondre aux questions que lui adresse le docteur Patsch sur ses jours de naissance et de mariage.

On l'avait misc dans le bain, qui lui avait, disait-elle, fait beaucoup de bien; eut en sortant, et cela pour la première fois depuis son accouchement, une transpiration abondante et générale, dormit dans la journée pendant des heures entières, et n'eut plus d'accès.

L'écoulement lochial était et resta médiocre. Le lait se montra le lendemain; on appliqua l'enfant; mais, au bout de quelques jours, il y eut des érosions aux ma. melons, et comme la sécrétion était cependant insuffisante, il fallut chercher une nourrice. Les couches furent satisfaisantes dans la suite; le sommeil de la nuit cut seulement de la peine à s'établir. Il resta encore quelque temps une sensibilité douloureuse à la nuque, surtout quand elle

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