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Dans ces viviers, où ils sont accumulés en nombre parfois considérable, les crustacés se trouvent dans de déplorables conditions d'hygiène, si bien ou plutôt si mal — qu'on a parfois à constater parmi eux des maladies épidémiques.

Or, vers le début d'octobre 1894, un mareyeur de Quiberon s'aperçut que les langoustes de ses viviers périssaient en grand nombre, et constata, en même temps, que « les animaux malades paraissaient saigner aux articulations ».

Bientôt l'épidémie prit un caractère plus grave et d'autres parcs se contaminèrent à leur tour.

on était arrivé à la

M. Guillard, de Lorient, avertit alors fin de novembre — l'administration de la marine de l'apparition de cette épizootie particulière, et M. Félix Faure, qui était alors ministre, prescrivit une enquête technique et scientifique, afin de déterminer avec précision les causes et la nature de la maladie et de rechercher les moyens propres à enrayer sa marche.

MM. E.-L. Bouvier et Georges Roché furent chargés de cette étude.

De leurs observations il résulte que « la maladie se manifeste à l'extérieur par des crevasses fréquemment œdémateuses qui envahissent les deux premières articulations des pattes, la face inférieure de l'abdomen et surtout les cinq lamelles de la rame natatoire caudale; dans certains cas, les fausses pattes abdominales sont également atteintes ». Les deux savants constatérent encore que les crevasses produites dans la carapace étaient le siège d'hémorragies qui dans le plus grand nombre des cas amenaient au bout de quelques jours la mort de l'animal.

A l'autopsie, les animaux qui avaient succombé ne paraissaient point différer de ceux ayant échappé à la contagion. MM. Bouvier et Roché procédèrent alors à un examen microscopique des tissus des régions ulcérées. Cette recherche démontra la présence de nombreuses colonies bactériennes constituées par un cocco-bacille assez large, qu'ils réussirent à cultiver dans la gélatine peptonisée.

D'après MM. Bouvier et Roché, « la raison première du mal serait la dépression organique causée chez les langoustes par les conditions biologiques défavorables qu'elles rencontrent dans les viviers, il est à remarquer qu'aucun crustacé de vie libre

n'a été atteint, dépression qui aurait facilité l'invasion du microbe en lui offrant un terrain de culture approprié à son

développement ».

Ces conditions biologiques néfastes pour les langoustes sont : leur trop grande accumulation dans les viviers, l'absence à peu près complète de nourriture, et les différences considérables qui existent entre la pression et la température dans les viviers et celles que supportent ces crustacés par les fonds de 25 à 30 mètres où ils vivent normalement.

Cette épidémie, qui a causé de graves dommages aux mareyeurs dont les parcs furent infestés, n'a eu fort heureusement qu'une très faible influence sur la santé publique.

Les vertus médicinales des huîtres.

Les médicastres de jadis faisaient volontiers grand cas de l'huître, et lui attribuaient, tant à elle-même qu'à sa coquille, toutes sortes de vertus précieuses.

Contrairement à ce qu'on pourrait être tenté de croire, cette bonne opinion à l'égard du savoureux mollusque était justifiée, en grande partie du moins. Des recherches toutes récentes de MM. A. Chatin et A. Müntz nous en ont fourni la preuve indiscutable.

Ces savants, en effet, ont reconnu, à la suite d'analyses minutieuses et répétées, que la coquille d'huitre celle de l'espèce dite portugaise notamment renferme en abondance, entre autres éléments (iode, magnésie, manganèse, fer, etc.), du phosphate de chaux.

Mais ce n'est pas tout, et les recherches des deux chimistes ont encore eu un résultat fort important, celui d'établir que divers de ces produits comestibles de la coquille, en particulier le fer et le phosphore, existent aussi en quantité notable dans la chair même du mollusque.

Cette dernière remarque, au point de vue pratique, est d'une importance considérable, et cela justement parce que le fer et

le phosphore constituent des éléments tout à fait indispensables à notre organisme. Or, dans la chair de l'huître, le phosphore, ainsi du reste que le fer, comme l'ont remarqué MM. Chatin et Müntz,« se trouve en combinaison directe et intime avec les composés organiques, état des plus favorables à son assimilation par l'homme ».

On voit de suite toutes les conséquences de l'observation. Grâce à cette particularité de l'huître de fixer en abondance dans ses tissus, très riches aussi en azote, le fer et le phosphore, ce mollusque, en réalité, forme un aliment de premier ordre pour tout sujet dont le développement est pénible et que menacent le rachitisme et la chlorose.

Maintenant, est-il indifférent, à ce point de vue spécial de la richesse en éléments assimilables ferrophosphorés, de s'adresser à la première sorte d'huîtres venue?

Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, il n'en est nullement ainsi, le fer et le phosphore, en effet, ne se trouvant point en même quantité dans les diverses espèces. Moins abondant chez les huîtres françaises, dont la chair fournit, sur 100 parties de matière organique sèche, 1,836 d'acide phosphorique, le phosphore se rencontre surtout dans les tissus de l'huître portugaise, où la proportion correspondante d'acide phosphorique est exactement de 2,052.

Les gourmets le regretteront peut-être, mais, s'ils tiennent à profiter autant qu'il est possible des vertus curatives de l'huitre, c'est à la portugaise qu'ils devront s'adresser, et non pas aux espèces de goût plus délicat, comme les Natives, les Zélandes, les Cancales ou les Marennes.

Une tortue géante.

Un habitant de Port-Louis, île Maurice, M. Léopold Antelme, possède depuis le mois de mai dernier une tortue terrestre, de sexe mâle, provenant de l'île aux Lubines, l'une des six iles composant le petit archipel des iles Egmont, et qui peut être

considérée comme étant à l'heure présente la plus grande de toutes les tortues terrestres connues.

Voici, d'après une note adressée à M. Th. Sauzier par M. Camille Sumeire, président à l'ile Maurice de la société l'Assistance française, l'indication des dimensions exactes et du poids de cet animal extraordinaire :

Hauteur de l'animal en marche (du sol au sommet de la carapace).

Hauteur de la boite osseuse.

Circonférence en longueur de la boîte osseuse.

0,76

0,65

3,20

Circonférence horizontale de la carapace, à sa suture avec le plastron et en suivant les sinuosités. Longueur de la dossière, en suivant la courbure.

4,00

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1.66

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La queue, pourvue d'un onglon terminal, mesure en

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Cette tortue, qui, d'après les indications de M. Sumeire, semble être de l'espèce décrite par Duméril et Biberon sous le nom de Testudo Daudinii, présente certaines particularités intéressantes. « De chaque côté de la carapace, note en effet M. Sumeire, il existe une excroissance, un prolongement des plaques écailleuses, formant en quelque sorte deux tasseaux qui permettent à l'animal de s'y reposer, sans que la partie horizontale du plastron puisse être comprimée par le poids du corps, ce qui est digne d'une remarque toute spéciale, soit que ces prolongements soient dus au grand âge de l'animal, ou à son sexe, ou à une anomalie, ou encore constituent une variété ou même une espèce.

«La plaque nucléale est présente, ainsi que la gulaire, qui est double. >>

Cette tortue extraordinaire dépasse de 80 kilogrammes le poids de cette Testudo Sumeirei, originaire de l'ile Maurice, actuellement encore vivante dans les casernes de Port-Louis, et dont la description fut donnée pour la première fois en 1892.

Mais ce n'est point seulement en raison de ses dimensions colossales que la tortue dont nous venons de donner la complète description d'après M. Sauzier, à l'obligeance de qui nous

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devons les photographies que nous reproduisons, méritait d'être mentionnée.

Il est à noter, en effet, que ces grands chéloniens sont aujourd'hui en voie de disparition rapide, et qu'il est prochain le jour où l'on ne pourra plus rencontrer de spécimens de ces ètres que dans les grandes collections zoologiques.

Et cela est si vrai, qu'en particulier pour la Testudo Daudinii, espèce à laquelle appartient la tortue géante signalée par M. Sauzier, des naturalistes autorisés ont, depuis un certain nombre d'années déjà, annoncé sa fin définitive. C'est ainsi que Brehm, dans le chapitre des Merveilles de la Nature consacré à ces animaux, écrit en toutes lettres : « La tortue de Daudin parait être complètement éteinte, car on ne la connaît que par

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