Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

introduire la pomme de terre dans l'alimentation des vaches laitières, suivant qu'on voudra vendre le lait en nature ou, au contraire, le transformer dans la ferme même en se livrant à l'industrie de la fabrication du beurre ou du fromage.

La végétation chez les vignes submergées.

Depuis que le phylloxéra est venu ravager les vignobles, la submersion est entrée dans la pratique courante des viticulteurs; partout où la nature du terrain, le relief du sol et les conditions hydrologiques permettent de recouvrir les vignes d'une nappe d'eau pendant 40 à 60 jours consécutifs, ce procédé est employé couramment, du moins dans le midi et le sud-ouest de la France. La nappe que l'on crée ainsi a une épaisseur qui varie entre 20 et 30 centimètres.

Cette pratique rend en fait les plus grands services : non seulement elle défend les vignes contre le terrible phylloxéra, mais encore elle les protège contre les gelées printanières, les jeunes pousses ne pouvant être atteintes. tant que le sol est recouvert d'eau. Le seul désavantage du procédé consiste en ce qu'il lave le sol, enlève, par suite, des principes fertilisants et favorise le développement des maladies cryptogamiques.

En présence du nombre considérable de vignes qui sont ainsi chaque année soumises à la submersion, M. A. Müntz a pensé qu'il était intéressant de rechercher quelles sont leurs conditions de végétation.

On sait que les racines des plantes respirent en absorbant l'oxygène de l'atmosphère du sol et en émettant de l'acide carbonique; privées de cette respiration, elles meurent asphyxiées. On pouvait donc se demander comment respirent les racines de la vigne dans un sol recouvert

d'eau, où l'oxygène est absorbé promptement, et dont certaines parties au moins se trouvent rapidement transformées en un milieu réducteur, exempt de toute trace d'oxygène libre.

« J'ai trouvé la cause de cette résistance, dit M. Müntz, dans la présence des nitrates préexistant dans le sol, ou amenés par les eaux qui servent à la submersion. Dans une série d'expériences, j'ai pu faire vivre et prospérer indéfiniment des vignes dont les racines plongeaient dans une terre submergée ne recevant aucune trace d'oxygène libre, mais qui contenait des nitrates, tandis que, dans les mêmes milieux exempts de nitrates, la vigne périssait rapidement. Comment les nitrates peuvent-ils intervenir pour fournir aux racines l'oxygène nécessaire à leurs fonctions physiologiques?

« On sait, d'après les travaux de M. Schlæsing, de MM. Dehérain et Maquenne, de MM. Gayon et Dupetit, que, dans une terre privée d'oxygène, les nitrates se décomposent en dégageant de l'azote libre, du protoxyde et du bioxyde d'azote, et que cette décomposition est due à l'action des micro-organismes.

<< Parmi les gaz ainsi dégagés, il en est un, le protooxyde d'azote, qui peut entretenir la combustion à l'instar de l'oxygène. »>

La question revenait à savoir si ce protoxyde d'azote peut servir aux racines de la vigne à assurer leur respiration pendant ia submersion. M. Müntz a pu constater la réalité de ce fait au moyen d'expériences directes : il a fait vivre indéfiniment des vignes dont les racines plongeaient dans un milieu privé d'oxygène, mais auxquelles on fournissait une quantité pourtant assez faible de protoxyde d'azote. Dans les vignobles soumis à la submersion dans la pratique, le gaz qui permet ainsi la respiration des racines est fourni par la décomposition des nitrates sous l'influence des micro-organismes.

Mais notre expérimentateur a voulu pousser plus loin ses études, et il s'est demandé si les racines ne peuvent

pas directement prendre l'oxygène des nitrates. Il ne pouvait pas, il est vrai, éliminer, tuer les micro-organismes du sol, car il aurait tué en même temps les racines, et il a procédé comparativement sur des milieux identiques de terre submergée, contenant des nitrates et soustraits au contact de l'oxygène atmosphérique. Dans les uns, les micro-organismes exerçaient seuls leur action, car il n'y avait pas de vignes plantées; dans les autres, racines et micro-organismes agissent ensemble, la terre nourrissant une vigne bien vivante qui se développe à l'air libre. Voici quels ont été les résultats obtenus :

Acide azotique détruit par l'action simultanée
des racines et des microbes. .
Acide détruit par les microbes seuls.

0,293

0f",112

Acide détruit par l'action directe des racines. 0,181

Les racines peuvent donc agir directement sur les nitrates et leur emprunter de l'oxygène; et il est démontré que c'est grâce à la présence des nitrates dans le sol et dans les eaux que l'asphyxie est évitée aux racines des vignes submergées.

D'autre part, les eaux lavant les terrains vignobles submergés entraînent une situation particulière au point de vue de la fumure: le viticulteur est obligé de chercher les grands rendements, que favorise l'humidité du sol et aussi le choix des cépages; et comme les nitrates surtout sont entraînés par les eaux, il faut recourir principalement aux fumures azotées.

M. Müntz a cherché comment se comporte la vigne vis-à-vis de ces fumures. Il a étudié la question dans le domaine de Saint-Laurent d'Aigouze (Gard), appartenant à M. Trouchaud-Verdier, et qui est un des types les plus remarquables des vignobles traités par la submersion.

<«< En 1892, année ordinaire, la vigne a absorbé, dit-il, pour sa végétation et pour la production de la vendange, 57,6 d'azote par hectare, avec une production de vin de 190,2. La partie la plus vigoureuse de l'exploitation,

prise séparément, a produit jusqu'à 300 hectolitres, chiffre qu'on peut regarder comme représentant le maximum de productivité de la vigne; dans ce dernier cas, la quantité d'azote absorbé a été de 82kg,5.

« De pareilles exigences nécessitent l'intervention de fortes fumures azotées, puisque le sol, lavé par les eaux, est dépouillé, chaque année, de l'apport précédent. Aussi a-t-on surtout recours au nitrate de soude, qu'on donne par an et par hectare, à la dose de 600 kilogrammes, contenant 91 kilogrammes d'azote. Ce n'est qu'à l'aide de cette fumure intensive que la vigne peut maintenir sa productivité. Dans d'autres domaines on exagère les quantités de nitrate au point de les doubler. »>

En comparant les 91 kilogrammes d'azote donnés par la fumure avec ce qu'on en exporte dans le vin, quantité qu'on peut estimer à 2kg,56, on constate une déperdition énorme de cette substance, déperdition atteignant 97 pour 100 de ce que donne la fumure; et chaque année, pour maintenir la récolte, il faut renouveler complètement cette fumure. Ces pertes énormes sont entraînées par la pratique de la submersion. Cet engrais, si coûteux pourtant, traverse seulement les organes de la plante, permettant à celle-ci d'élaborer une grande quantité de raisin. Le sol reçoit bien les débris et résidus de la végétation, mais s'il les absorbe, ce n'est que pour les laisser perdre dans les eaux de submersion.

En un mot, en dépit de la masse d'azote qu'on fournit chaque année à la terre, elle ne s'enrichit jamais en cet élément, malgré le retour des feuilles et des marcs. Et l'on. voit que si la submersion permet de préserver les vignes du phylloxéra, ce n'est pas sans nécessiter des dépenses considérables.

3

Les produits ligneux comme succédanés des fourrages.

L'élevage prenant de jour en jour une importance plus grande en agriculture, nous reviendrons encore sur la question des fourrages, ou plus exactement sur celle des substances qu'on peut offrir aux bestiaux pour remplacer les fourrages trop rares. Les sécheresses peuvent se reproduire, et il ne faut point se laisser prendre au dépourvu

comme en 1893.

C'est dans ce but que M. Émile Mer a étudié les possibilités d'alimentation du bétail au moyen des produits ligneux, c'est-à-dire non seulement des branchettes d'arbres, mais encore des pousses des arbustes et arbrisseaux; il s'est placé surtout au point de vue des ressources que présentent les sapinières des Vosges, et il a obtenu les données les plus précises et les plus précieuses sur la composition des brindilles et branchettes aux diverses époques de leur croissance, et par suite sur le moment opportun pour la récolte.

Seules les pousses de l'année sont franchement acceptées par le bétail, et l'on peut les distribuer à l'état frais pendant les mois de mai, de juin et de juillet, en ne les donnant bien entendu que d'une façon modérée.

La récolte des provisions de l'hiver est une opération assez délicate il faut, comme pour les fourrages, choisir l'époque où les pousses ne sont plus en voie de croissance et où cependant elles ont conservé le plus possible de leurs qualités nutritives. La croissance se termine généralement vers la fin de juillet; quant à la teneur en matières albuminoïdes, elle varie peu depuis le moment où les feuilles sont adultes jusqu'au mois de septembre. Nous n'en voulons pour preuve que le petit tableau suivant,

« VorigeDoorgaan »