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furent trompées, et ce projet, repris cinq ans plus tard, échoua définitivement (1).

Nous ne savons pas si Henri fut pour quelque chose dans ces dernières négociations. La dernière fois que nous le voyons en rapport avec l'empereur, c'est en 1171 ou 1172, lors d'une entrevue que Frédéric eut avec le roi de France, entre Toul et Vaucouleurs. Les deux monarques prirent l'engagement de chasser de leurs terres et des terres de leurs barons, situées entre le Rhin, les Alpes et la ville de Paris, tous les soldats mercenaires connus sous le nom de brabançons ou coteraux. Ils exceptèrent seulement ceux qui s'étaient mariés dans le pays ou qui avaient, préalablement au traité, contracté avec un baron un engagement à vie. Parmi les nombreux seigneurs présents, ce fut le comte Henri que le roi choisit pour jurer en son nom l'observation du traité (2). Frédéric était encore séparé de la communion du pape Alexandre, où il n'entra qu'en 1177 (3).

(1) Epistola Alexandri III, papæ, ad Henricum Remensem archiepiscopum, ap. D. Bouquet, XV, 938 ABC.

(2) D. Bouquet, XVI, 697 D.

(3) Sur la lutte d'Alexandre et de Frédéric, voir M. de Cherrier : Histoire de la lutte des papes et des empereurs, 2° édition, t. I, p. 134-178.

CHAPITRE III.

Lutte d'Henri le Libéral avec l'épiscopat champenois.

1162-1172.

Les tendances hostiles de notre comte envers le pontife que le clergé français tout entier reconnaissait comme chef suprême de l'Eglise eurent un contre-coup fâcheux dans les relations de ce prince avec les évêques de ses états et les évêques voisins. Il était mal vu d'eux; à son tour il avait pour eux peu de sympathie.

Il attaquait, comme irrégulière, l'élection du pape légitime Alexandre; il attaqua celle de Gui de Dampierre, élu en 1162 à l'évêché de Châlons-surMarne, et qui mourut l'année suivante, sans avoir pu être sacré (1).

Il eut des contestations d'intérêt avec Godefroy, évêque de Langres, et avec Gautier, successeur de Godefroy. Gautier porta plainte au roi Louis VII.

« Tout le monde dans nos environs, » écrivait-il, << sait comment du temps de notre prédécesseur >> le comte Henri s'est conduit envers l'Eglise de » Langres, et nous croyons que vous avez dû en » être informé. Aujourd'hui ses sentiments sont » les mêmes : il ne cesse d'inquiéter nous et notre

(1) Gallia Christiana, IX, 88 E, 89 A, 882 CD.

>> Eglise, usurpant avec violence nos terres et nos » possessions. Il vient de piller notre village de Ge>> vŕolles (1), et il a reçu pour un fief relevant de notre » évêché, pour le village de Condes (2), l'hommage » de Rainaud de Montsaugeon (3). Votre discrétion >> comprend, sans peine, combien cet acte est peu >> honnête de sa part et préjudiciable à notre Eglise. >> Nous avons entendu dire que le susdit comte » irait vous trouver avec les envoyés de ce perfide » Rainaud. Craignant que leurs fausses suggestions »> ne préviennent contre nous votre Majesté, nous » avons chargé le porteur de cette lettre de prému>> nir votre sagesse contre des assertions erronées. >> Sachez que les choses sont comme nous le disons, » et s'ils prétendent le contraire, tenez-les pour de >> perfides menteurs et ne les croyez point. Vous » pourrez donner pleine confiance au porteur des >> présentes, qui vous fera un complet exposé de » notre affaire (4). »

Louis allait avoir avec le roi d'Angleterre une conférence qui devait se tenir à Gisors, et commencer le dimanche de Quasimodo 11 avril 1165. Un nombre considérable de barons devait s'y trouver. Louis pensa que l'occasion serait favorable pour rendre un jugement solennel entre le comte de Champagne et

(1) Gevrolles, Côte-d'Or, arr. de Châtillon-sur-Seine, canton de Montigny-sur-Aube.

(2) Condes, Haute-Marne, arr. et canton de Chaumont en Bassigny.

(3) Montsaugeon, Haute-Marne, arr. de Langres, cant. de Prauthoy.

(4) D. Bouquet, XVI, 119 CD.

l'évêque de Langres, et il fit sommer les deux parties d'y comparaître. Voici la réponse d'Henri :

«< A Louis, par la grâce de Dieu, roi des Francs, » son Seigneur et son père très-chéri, Henri, comte » de Troyes, salut :

<< Vous m'avez signifié que je devais venir à votre » conférence de Gisors. Mais je considère l'affaire >> qui y sera traitée comme assez importante pour » croire indispensable de prendre l'avis de mes ba>> rons avant de vous répondre. Or, quand j'ai reçu >> votre sommation, mes barons étaient absents: je >> leur ai mandé de venir me trouver à Pâques pro>> chain. A cette date, je les consulterai sur la ques» tion de savoir si je dois ou non me rendre à la >> conférence dont il s'agit, et le jeudi de Pâques, un >> ambassadeur envoyé par moi vous fera connaître » la résolution à laquelle je me serai arrêté.

>> Portez-vous bien (1). >>

Nous ne savons pas comment fut vidée la question.

A la même époque, Henri eut une contestation avec l'évêque de Meaux : nous ignorons à quel propos. Et pour porter préjudice à cet évêque contre lequel il était fort irrité, il fit fabriquer en métal de bas aloi des deniers semblables à ceux de la ville de Meaux, où le droit de frapper monnaie appartenait au prélat. Grâce à la différence de prix qui exis

(1) Les deux lettres sont imprimées dans D. Bouquet, XVI, 119. Dans la collection des lettres de Louis VII elles portent les nos 365, 366. Le texte que nous y avons joint est un commentaire en partie justifié par un passage de Robert du Mont, qui est cité en note à la même page de D. Bouquet.

tait entre l'argent en lingot et l'argent monnayé; il était de règle, au moyen âge, que le droit de frapper monnaie fût pour les hauts barons une source importante de revenu. La fabrication des monnaies était donc une des branches de recette de l'évêque de Meaux; mais quand les deniers faux frappés par ordre du comte de Champagne se furent répandus, et que leur existence fut de notoriété publique, toutes les personnes auxquelles on offrait des deniers de Meaux, soit que ces deniers eussent été frappés par les officiers de l'évêque ou par ceux du comte, craignirent de recevoir des pièces de monnaie sans valeur, et refusèrent de les accepter, ou ne les acceptèrent qu'à un cours inférieur au cours primitif. Cependant l'illustre faux monnayeur reconnut ses torts, et, la main sur les reliques, il jura de respecter à l'avenir les droits de l'évêque.

« A l'avenir, » dit-il, « je ne ferai faire, ni laisse>> rai faire par mes sujets, ni bonne, ni fausse mon» naie de Meaux; je ne me permettrai, ni ne per» mettrai à personne, autant qu'il sera en moi, » aucun acte qui puisse la déprécier, et autant que » j'en aurai le pouvoir, elle aura le même cours que >> les monnaies de Provins et de Troyes. Si quel» qu'un imite la monnaie de Meaux, en bon ou en >> mauvais métal, ou altère celle qui est déjà frap» pée, j'en ferai justice comme s'il s'agissait des » monnaies de Troyes ou de Provins. Il y a deux >> choses surtout que je tiens à rendre manifestes : >> c'est que je ne puis pas changer la monnaie de » Meaux ni la rendre plus légère, et c'est que je >> dois faire en sorte (selon mon pouvoir s'entend), » que, dans le comté de Provins et de Troyes, elle

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