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APPENDICE.

HISTOIRE POSTHUME D'HENRI LE LIBÉRAL.

Henri fut enterré dans le chœur de l'église collégiale de Saint-Etienne de Troyes où Marie, sa veuve, lui fit élever un tombeau magnifique en bronze. Au centre de ses états, dans une capitale qu'il avait enrichie de ses bienfaits, dans une église qu'il avait fondée, au milieu des chanoines qu'il avait dotés, ses ossements semblaient assurés du respect et du repos pendant un long avenir.

Le premier outrage fait à sa sépulture date de l'année 1583. Pendant une nuit, des voleurs enlevèrent des lames d'argent dont le tombeau était orné. Cet acte de brigandage donna lieu à des réparations d'un goût sans doute peu sûr, mais dont nous ne pouvons guère apprécier le mérite aujourd'hui (4).

Quoi qu'il en soit, au XVIIIe siècle, le tombeau restauré était encore magnifique, comme on peut en juger par la description suivante :

<< Dans le chœur sont deux tombeaux. Le plus proche de l'aigle (2) est celui de Henri Ier, comte de

(1) Camuzat, Promptuarium, fo 329 ro; cf. Arnaud, Voyage archéologique, p. 33.

(2) En 1780, il fut déplacé parce qu'il gênait, dit-on, et mis du côté de l'épître (Arnaud, Voyage archéologique, p. 33).

Champagne, surnommé le Large. Il a 6 pieds de longueur sur 2 pieds et demi de largeur. La base, assise sur un piédestal, est garnie de cuivre, ornée de feuillages et enrichie de vingt-huit pièces très-riches et parfaitement émaillées, dont les dessins sont tous différents.

» Au-dessus de ces pièces émaillées, qui sont séparées les unes des autres par des plaques de cuivre en forme de bassins ciselés en feuillages, il y a une bande de bronze doré qui fait le tour du tombeau, sur laquelle sont gravés et relevés d'émail turquin ces mots, à commencer derrière la tête de la grande figure :

Hujus firma fides, rata spes, devotio fervens,
Mens pia, larga manus, lingua diserta fuit.
Hic sua plusque suis, moriens, se contulit ipsum.
Hac ope post tot opes muniit author opus.
Crastina post idus martis, feriæque secundæ
Vespere, sole suo fecit egere diem.

Deseritur solum ; sic sine sole solum.

>> Au-dessus de la base s'élèvent 44 colonnes de bronze doré à huit pans, ciselées, dont les chapiteaux sont d'ordre corinthien; elles sont accompagnées d'une très belle architecture et forment ensemble dix portiques magnifiques de bronze doré, savoir un à la tête, un autre au pied et quatre de chaque côté, au travers desquels on voit la statue de ce prince, de bronze doré, de grandeur naturelle, couchée de son long, les mains jointes, habillée d'une longue robe qui lui vient jusqu'aux pieds, avec une ceinture et, par-dessus, un manteau dont un pan, passant dessous le bras droit, est porté vers le gauche; ce qui fait une draperie sur le ventre. Cette

statue a une calotte sur la tête, qui va jusqu'audessus des oreilles. Les cheveux sont fort courts et frisés; on voit au-dessous le bout des oreilles. La barbe couvre son menton; elle est frisée comme une laine très-fine.

>> Derrière les colonnes il y a des plaques de bronze doré, ornées de différents feuillages et dentelées aux extrémités.

>> Ce tombeau, y compris la base et l'entablement, a 2 pieds 2 pouces de haut. L'entablement est soutenu aux quatre coins par huit pilastres de bronze doré et ciselé en feuillages. A chaque coin du tombeau il y a une baguette de bronze doré, qui forme une petite colonne sans ordre, qui tient toute la hauteur depuis la base jusqu'à l'entablement.

>> Les pilastres forment les portiques dont il est question ci-dessus par un demi-cercle. L'ornement de ces portiques consiste en une plate-bande et une doucine couverte de bronze doré, ciselé et émaillé de différentes couleurs.

» Au bas de la doucine, dans la capacité de son demi-cercle, il y a deux demi-ronds de moindre grandeur, qui doublent les portiques, dont l'espace est orné d'un ouvrage de bronze ciselé et doré. Au portique, du côté de la tête, on lit ces mots gravés et relevés en émail :

Quod dator iste dedit, nunc redditur huic et obedit;

» Au portique, du côté des pieds du tombeau, sont écrits ces mots :

Sed quod possedit, cum decedente recedit.

>> Entre chaque arcade, il y a la figure d'un ange

à demi-corps, de bronze doré, tenant chacun une bande sur laquelle est une inscription.

» Au premier ange, placé à la tête du tombeau du côté de l'épître, on lit: SPERNERE MUNDUM.

» Au second : INITIUM SAPIENTIÆ TIMOR DOMINI..

» Au troisième : TIMOR DOMINI MANET.

» Au quatrième : VERBA DEI NON TRANSIENT.
» Au cinquième : MEMENTO QUIA CINIS ES.

» Au sixième : GLORIA CARNIS ABIT.
» Au septième : OMNIS HOMO MENDAX.
» Au huitième : MALOS MALE PERDET.
>> Au neuvième : SPERNERE sese.
» Au dixième : OMNIS CARO foenum.

>> Au onzième : VILE SPERMA.

>> Au douzième : VAS STERcorum.

» Au treizième : ESCA VERMIUM.

» Au quatorzième : OMNIS HOMO MENDAX.

>> Au-dessus de la tête des quatre anges règne un liteau ou réglet de bronze doré, qui fait tout le tour du tombeau, et forme le bas de l'entablement sur lequel sont gravés et relevés en émail ces mots :

Me meus huc finis protraxit de peregrinis
Finibus, ut sit in his hic sine fine cinis.

Hunc Deus ipse torum mihi stravit, ut hic cor eorum
Me recolat, quorum res rego, servo chorum.
Hunc tumulum mihi feci, qui fundamina jeci
Ecclesiæ tantæ, quam nunc rego sicut et ante :

Hic mea membra tegi volo, sic confirmo quod egi.

» Au-dessus des inscriptions, la doucine ou cymaise de l'entablement est garnie de bronze doré, ciselé en feuillages.

>> Le larmier ou couronne est garni de vingt-huit pièces de bronze doré et émaillé de diverses cou

leurs, dont les dessins sont presque tous différents; et entre les émaux il y a des plaques de bronze doré, qui représentent chacune un petit bassin et quelques feuillages.

» Au-dessus de la couronne, il y a une baguette de bronze qui fait le tour de l'entablement.

>> L'entablement, vu par dessus, forme une espèce de cadre dont les plates-bandes sont couvertes de grandes pièces de bronze ciselé, gravé, doré et rempli d'émaux de différentes couleurs qui forment de petits bouquets de fleurs et autres dessins, d'un grand travail et d'un goût tout particulier.

>> La doucine du cadre est couverte de feuillages de bronze doré et ciselé, et au bas des feuillages règne un réglet de bronze doré qui fait le tour du dedans du cadre, sur lequel sont gravés et relevés en émail ces mots, à commencer par la tête du tombeau :

Hic jacet Henricus, comis comes ille Trecorum.
Hæc loca qui statuit, et adhuc stat tutor eorum.
Annos millenos centenos terque novenos
Impleras, Christe, quando datus est dator iste;
Bis deni deerant de Christi mille ducentis

Annis, cum medius mars os clausit morientis (1).

» Le dedans du cadre se trouve divisé en cinq portions par une manière de croix très-magnifique de bronze doré, gravée, ciselée et émaillée, au milieu de laquelle est une grande rose qui porte un petit cadre d'argent, sur lequel est en émail la figure du prophète Isaïe et sa prophétie représentée par un arbre qui pousse une fleur, sur laquelle est le Saint

(1) Cf. plus haut, p. 9 et 111.

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