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CHAPITRE II.

Observations sur les diplômes d'Henri le Libéral, antérieurs à son avènement au comté de Champagne.

Antérieurement à son avènement au comté de Champagne, Henri ne prend nulle part le titre de comte : il se dit simplement fils du comte Thibaut, Ego Henricus, filius comitis Teobaldi.

Dès l'année 1149, Henri avait un chancelier nommé Guillaume (1), probablement le même que celui que nous lui voyons après son avènement au comté de Champagne. Une des fonctions de ce chancelier était de faire remise de la charte aux parties (2). Henri avait aussi un maréchal nommé Geoffroi (3), sans doute Geoffroi de Chartres, que nous retrouverons plus tard et qu'il ne faut pas confondre

(1) Histoire de sainte Germaine, p. 205. Dans une charte de l'année 1151, ibid., 206, ce chancelier figure encore.

(2) C'est ce qui résulte d'une des formules finales de trois chartes d'Henri : 1° 1149, data Vitriaco per manum Guillelmi cancellarii (Histoire de sainte Germaine, p. 205); 2° 1150, hec carta per manum Guillelmi, cancellarii domini Henrici, Rosniaci tradita est (Archives de la Marne, fonds de Trois-Fontaines, charte originale); 3° 1151, signum Guillelmi cancellarii, manu cujus tradita est Barri super Albam (Histoire de sainte Germaine, p. 206).

(3) Charte de l'année 1151, Histoire de sainte Germaine, p. 206.

avec Geoffroi III dit le Vieux ou le Gros, sire de Joinville, sénéchal de Champagne (1).

Deux prévôts se trouvaient sous les ordres d'Henri, celui de Vitry, nommé Pierre (2), et celui de Barsur-Aube, nommé Eudes (3). Un chapelain était attaché à sa personne, il se nommait Martin, et l'avait accompagné en Terre-Sainte (4).

Parmi les chevaliers qu'on voit se grouper autour d'Henri dans ses diplômes antérieurs à son avènement, nous remarquerons Arnoul, comte de Reynel (5); Hugues, vicomte; Eudes de Montaimé, près de Vertus (6); Hilduin de Vendeuvre; Josbert de La Ferté (7); Pierre Bursaud, dont il sera question plus loin (8); Evrard de Bricon (9); Rainaud de

(1) Geoffroi de Joinville figure parmi les témoins d'une charte sans date d'Henri, antérieure à son avènement et conservée en original aux archives de la Marne, fonds de Trois-Fontaines. Il n'y est pas qualifié de sénéchal.

(2) Archives de la Marne, fonds de Trois-Fontaines, charte originale sans date.

(3) Histoire de sainte Germaine, p. 206.

(4) Cart. de l'abbaye de Toussaints-en-l'Isle, p. 27-28 (Archives de la Marne); Cf. Coll. de Champagne, t. 135, p. 61.

(5) Cartulaire de Clairvaux, Comitum Campanie, IX.

(6) 1149, Histoire de sainte Germaine, p. 205.

(7) 1150, Cartulaire de Clairvaux, Comitum Campanie, IX. (8) 1151, Histoire de sainte Germaine, p. 206.

(9) Signum Evvrardi de Brecun. Bricon, Haute-Marne, arr. de Chaumont, cant. de Châteauvillain.

Pougy (1); Foulques de Doulevent (2); Robert de Flammerécourt (3) et Geoffroi de Joinville que nous avons déjà nommé (4).

Les sceaux d'Henri, avant son avènement, sont de cire blanche un peu brunie par le temps, de forme circulaire, sans contre-sceau; diamètre 61 millimètres; dans le champ un cavalier coiffé du heaume, tenant de la main gauche un écu fort allongé, de la droite une lance ornée d'une flamme; légende: Sigillum Henrici filii comitis Teobaldi. Ce sceau était ordinairement suspendu par une courroie de cuir. Nous en connaissons trois exemplaires, un, détaché de la charte, aux archives de l'Aube, deux dans celles de la Marne, fonds de Trois-Fontaines. De ces trois exemplaires, le seul qui ait date certaine est appendu à une charte de l'année 1150. Mais on peut supposer qu'Henri se servit de ce sceau depuis l'année 1145, date des premières chartes où, à notre connaissance, on trouve l'annonce de son sceau, jusqu'à l'année 1152, où devenu comte de Champagne il en changea.

(1) Signum Rainaudi de Poge. Pougy, Aube, arr. d'Arcis-surAube, cant. de Ramerupt.

(2) Signum Falconis de Domlevenz. Doulevent, Haute-Marne, arr. de Wassy, chef-lieu de canton.

(3) Signum Roberti de Flammereycurt. Flammerecourt, HauteMarne, arr. de Vassy, cant. de Doulevent.

(4) Voir aux Archives de la Marne, fonds de Trois-Fontaines, plusieurs chartes, sans date, d'Henri, fils de Thibaut.

LIVRE VII.

HISTOIRE POLITIQUE D'HENRI I LE LIBÉRAL

DEPUIS SON AVÈNEMENT AU COMTÉ DE CHAMPAGNE
JUSQU'A SA MORT.

CHAPITRE I.

Premières guerres de Louis VII, roi de France, contre Henri Plantagenet. Mariage d'Etienne de Sancerre. de la commune de Vézelay. Assemblée de Soissons.

1152-1164.

Affaire

Un des premiers actes politiques d'Henri le Libéral, fut de prendre parti pour le roi Louis VII dans la guerre que ce prince entreprit en 1152 contre Henri Plantagenet, alors comte d'Anjou, duc de Normandie et futur roi d'Angleterre. Aux vastes possessions dont Henri Plantagenet jouissait déjà, et que ses espérances rendaient plus redoutables, son mariage avec Eléonore, épouse répudiée de Louis VII (1),

(1) Ce mariage avait été annulé pour cause de consanguinité (voir Historia Francorum, ap. D. Bouquet, XII, 117 A). Nous

venait de joindre le Poitou et la Guienne. Cette union, régulière au point de vue canonique, avait été formée en violation d'un principe du droit féodal suivant lequel la femme, propriétaire d'un fief, devait, à peine de confiscation de ce fief, obtenir avant de se marier l'agrément du suzerain; cet agrément n'ayant été ni demandé ni obtenu, Louis VII, suzerain de l'Aquitaine et du Poitou, était fondé à faire déclarer, par sa cour, Henri Plantagenet et sa femme déchus de tous droits sur l'Aquitaine et le Poitou. Il fit citer le jeune duc qui refusa de se présenter (1) et qui fut condamné par défaut; la sentence déclarait confisqués les biens qu'il tenait du roi de France.

Dans Louis VII, outre le suzerain, le père était blessé Marie, sa fille, héritière présomptive de la Guienne et du Poitou, devait perdre tout droit à cette succession opulente, si du nouveau mariage d'Eléonore il naissait un enfant mâle (2); rien donc d'étonnant si en maintenant les droits de la prérogative royale il témoigna de l'animosité contre le duc de Normandie.

Dans la guerre que Louis allait entreprendre pour faire exécuter la décision de son tribunal, un premier allié lui était assuré, c'était le fiancé de sa fille Marie, c'était notre comte de Champagne. Une cir

avons traduit dans notre Tome II, p. 376, une lettre de saint Bernard écrite en 1143, où ce vice du mariage de Louis VII est déjà signalé.

(1) Gesta Ludovici VII, ap. D. Bouquet, XII, 127 n.

(2) Robertus de Monte, ap. D. Bouquet, XIII, 293 D.

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