Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

lit ces loix, ou qu'on les suspende, l'ancienne religion redevient la religion de l'état, et reprend ses premiers droits, et sa première force, qui l'autorise même à poursuivre les autres sectes, comme on a fait du temps de la Reine Marie. Tout cela fera la matière des délibérations du Parlement, à moins que l'affaire des revenus ne soit d'abord achevée, et que le Roy d'Angleterre ne se résolve à casser ou à proroger le Parlement aussitôt après, et à prendre de luimême les résolutions qu'il croira convenables.

Le procès a été fait au Sieur Oates, dont les dépositions ont servi de fondement à la prétendue conspiration des Catholiques: il à été trouvé coupable de parjure, et on a prouvé qu'il étoit à St. Omer lorsqu'il a déposé avoir été present à une assemblée de Jesuites à Londres. Il s'est défendu avec beaucoup d'audace et d'impudence ; il a dit que trois Parlements avoient aprouvé ses dépositions, et l'avoient cru; que présentement il souffre pour la religion Protestante. Quand il sortit de Westminster, Milord Louvelez, qui est signalé entre les factieux, l'embrassa, et lui fit un compliment sur sa fermeté. La peine établie par les loix contre le parjure est d'être mis au pilori, et d'avoir le bout de l'oreille coupé : le jugement sera exécuté, et ensuite Oates sera remis en prison, où il sera retenu longtemps, étant condamné à de grandes sommes pour des discours scandaleux tenus contre M. le Duc d'York. On ne peut par les loix l'inquiéter ni le poursuivre pour les fausettés inventées par lui contre la Reine Douairière d'Angleterre, et les Pairs Catholiques, n'y ayant point de peines établies contre la calomnie. Quelques uns croyent qu'on auroit mieux fait de ne point achever présentement le procés d'Oates, et qu'il auroit été aussi à-propos de ne le pas poursuivre, puisque la condamnation ne va qu'au pilori, qui n'est pas une peine proportionnée à ses crimes.

Je suis, avec le profond respect que je dois, &c.

Le Roi à M. Barillon.

25 May, 1685, à Versailles.

MONSIEUR BARILLON, j'ai reçu votre lettre du 24 May, par la voie ordinaire, et celle du 21 May par le retour du courier que je vous avois dépêché. Je ne doute pas que vous ne vous serviez utilement de la fausseté qui paroît dans les prétendues lettres des Ambassadeurs d'Hollande au Pensionnaire Fagel pour faire connoître au Roy d'Angleterre et à ses Ministres, que le Prince d'Orange ne recherche que l'apparence d'une bonne intelligence avec le dit Roy, pour augmenter par là son crédit dans les Provinces Unies, mais qu'au fonds il veut toujours entretenir une secrete correspondence avec les mécontents d'Angleterre, et rien n'en peut mieux persuader la Cour où vous êtes, que la connivence du dit Prince à l'armement qui a été fait en Hollande de trois vaisseaux pour porter les chefs des dit mécontents, et autant d'armes et de munitions de guerre qu'ils en peuvent avoir besoin pour exciter des séditions et armer les rébelles, soit en Angletterre, en Ecosse, ou en Irlande. Ainsi vous avez raison de ne pas croire que l'Envoyé d'Angleterre soit chargé de la part du Roy son maître de me parler en faveur du Prince d'Orange; et il a seulement dit à Croissy que le dit Roy s'étoit expliqué qu'il ne pouvoit pas avoir d'étroite liaison avec ce Prince, tant qu'il ne seroit pas bien avec moi.

Je suis, cependant, bien aise d'apprendre que le Roy d'Angleterre n'ait aucun sujet d'appréhender le passage du Duc de Monmouth, du Compte d'Argile, et du Sieur Gray, ni tous les efforts que tous les mécontents pouvoient faire pendant l'assemblée du Parlement; et je m'assure néanmoins qu'il prendra toutes les précautions nécessaires, pour se garantir de leurs mau vais desseins.

Je ne vois pas aussi qu'il entre dans la proposition qu'on lui veut faire de chasser du Parlement tous ceux qui ont été d'avis, dans les assemblées pré

cédentes, de l'exclure de la succession; et comme le nombre en est grand, et que l'intérêt qu'ils auront à effacer cette tache par des services considérables, les portera, selon toutes les apparences, à le servir plus utilement que ne pourroient faire ceux qui out toujours été les plus attachés à sa personne; il est de sa prudence et d'une juste et éclairée politique de faire connoître qu'il n'a aucun ressentiment de ce qui s'est fait contre lui avant qu'il soit parvenu à la couronne, et de reserver seulement à faire dans la suite du temps, la distinction de ceux qui le serviront bien d'avec ceux qui feront voir par leur conduite qu'ils n'ont agi que par un pur esprit de cabale.

Votre dernière me fait voir qu'il y a plus de disposition qu'on n'en croyoit à quelques mouvements tant en Ecosse qu'en Irlande, et sur ce fondement vouz insistez à ce que je vous permette d'employer, outre les 470 mille livres qui restent à payer du subside promis au feu Roy, au moins 600 mille livres sur les 1530 mille livres que vous avez entre les mains après qu'on vous aura remis tous les fonds que j'ai destinés pour assister le Roy d'Angleterre. Mais comme l'ordre que je vous ai donné par ma dépêche du 9e me paroît suffisant pour la satisfaction de ce Prince, je ne juge pas à-propos d'y rien changer, d'autant plus que faisant remettre incessamment à Londres toute la somme que je vous permets de donner, en cas de besoin, le Roy peut bien juger que je ne refuserai pas les assistances nécessaires; car vous me pouvez avertir journellement de ce qui se passera je vous donnerai aussi mes ordres avec la même diligence, suivant les différents évènements.

[ocr errors][merged small][merged small]

M. BARILLON vos lettres des 21 et 24 May me font voir qu'encore que le Roy d'Angleterre ne témoigne aucune inquiétude des préparatifs que font les proscrits d'Angleterre, tant pour y retourner que pour y exciter quelque

mouvement, soit vers l'Ecosse ou vers le Nord d'Irland; néanmoins la Cour où vous êtes, et les principaux marchands de la ville de Londres appréhendent que les entreprises de ces factieux n'aient quelques suites qui troublent le commerce et le repos dont les Anglois jouissent à-présent, je suis bien aise d'apprendre que le dit Roy ait donné de bons ordres pour prévenir les desseins des Rébelles, et qu'il mette sa principale confiance dans mon amitié.

Il peut aussi s'en promettre la continuation, tant qu'il demeurera dans les mêmes engagements que le feu Roy son frère et lui-même avoient pris avec moi; et comme les discours que le public lui fait tenir sur-tout ce qui regarde les intérêts de ma couronne ne conviennent pas à ce que je dois attendre de lui, vous devez observer bien soigneusement quels sont ses véritables sentiments, et m'informer de tout ce que vous apprendrez qu'il aura dit sur ce sujet, soit dans ses discours particuliers, soit dans les discours qu'il aura tenus aux Ambassadeurs et ministres étrangers; ensorte qu'après avoir donné des marques de mon zèle pour le rétablissement de la religion Catholique en Angleterre, et de mon amitié pour ce Prince par les secours que je vous fais incessamment remettre, je ne contribue pas d'avantage, s'il a de mauvais desseins, à le mettre en état de s'opposer à tout ce qui peut être de ma satisfaction; et vous ne sauriez me rendre un compte trop exact de la manière qu'il vous traite, de tout ce qu'il vous dit sur les affaires présentes, et de ce que vous pouvez pénétrer de ses intentions, tant sur les allianees. qu'il prétend faire à l'avenir, que sur les mesures qu'il veut prendre avec ses voisins.

Vous pouvez cependant l'assurer, qu'il n'y a aucun fondement à l'avis qu'on lui a donné, que le Marquis de Boufflers avoit ordre d'entrer dans la Navarre Espagnole; que pour ce qui regarde l'escadre de mes vaisseaux que j'ai en voyée sous le commandement de Sieur de Treuilly vers Cadiz, il n'a ordre que de faciliter le commerce de mes sujets, et le retour des effets qu'ils ont sur la flotte des Indes. Vous savez aussi que le Maréchal d'Estrées doit seulement faire la guerre avec les vaisseaux qu'il commande aux Corsaires de Tripoli; ainsi il n'y a rien de nouveau dans ces commandements dont vous n'ayez déjà été averti.

Vous jugez bien que tout ce qui se passera dorénavant en Angleterre mérite une grande attention, et je ne doute point que vous ne donniez tous vos soins à en être bien averti, et à me rendre un compte exact de ce que vous apprendrez.

Extrait d'une Lettre de M. Barillon au Roi.

28 May, 1685, à Londres.

M. D'AVAUX aura envoyé à V. M. la copie d'une lettre des Ambassadeurs d'Hollande, sur laquelle il me paroît faire beaucoup de reflexion. Je ne doute pas qu'il n'y ait des ministres qui parlent à ces Ambassadeurs dans le sens qu'il mandent, et qui ne se flattent d'espérances sur l'avenir mais je n'ai aucun lieu de croire que ces espérances soient bien fondées. Je persiste à ce que j'ai eu l'honneur de mander à votre Majesté sur cela.

Le Roy d'Angleterre me paroît tous les jours connoître d'avantage combien l'amitié de V. M. lui est nécessaire. Tous les efforts que l'on fera pour l'ébranler seront inutiles, si V. M. fait de son côté tout ce qui est nécessaire pour le maintenir dans les sentiments où il est. Je ne serois pas assez imprudent pour en assurer V. M. si je ne croyois en avoir des preuves convain

cantes.

Extrait d'une Lettre de M. Barillon au Roi.

2 Juin, 1685, à Londres.

LE

chagrin et l'inquiétude que cette nouvelle peut donner au Roy d'Angleterre ont été fort diminués par ce qui se passa hier au Parlement: la Chambre des

m

« VorigeDoorgaan »