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de la Reyne Marie, lorsque l'Angleterre étoit encore plus remplie de Catho liques que de Protestans.

- Le Roi d'Angleterre et ses ministres font leur possible pour dissiper ces craintes, et pour convaincre tous les gens raisonables, que l'intention de sa Majesté Britannique est de gouverner selon les loix, et de ne rien entreprendre contre la sûreté de la religion Protestante, pourvu que le Parlement lui accorde le revenu qui est absolument nécessaire pour soutenir le gouvernement; on presuppose aussi que le Parlement consentira que toute persécution cesse contre les Catholiques, ensorte qu'ils puissent vivre en repos. Je suis informé, que ces questions commencent à être agitées, et l'on parle déjà de ce que le Parlement fera, quand il sera assemblé. On demeure presque d'accord de part et d'autre, que les loix pénales contre les Catholiques seront abolies, et que l'on ne poursuivra plus ceux qui se contenteront de l'exercice de la religion Catholique dans le dedans de leur maison; on ne fait pas même de doute que la séance du parlement ne soit rendue aux Seigneurs - Catholiques.

La plus grande difficulté regarde les charges publiques de la milice et du gouvernement. C'est surquoi il y a de l'apparence que le parlement sera fort ferme. Car l'intérêt des principaux Protestans est, de ne pas laisser l'entrée libre dans les charges aux Catholiques, parcequ'ils croient que la plus part des charges seroient bientôt remplies par eux. On pourra bien trouver quelque tempérament à cet égard. On propose déjà, que les Catholiques puissent avoir quelques charges dans la Maison du Roi d'Angleterre, pourvu que ce ne soit pas des charges qui aient de la jurisdiction, ni du commandement..

Le point le plus important, et qui recevra le plus de difficulté, sera celui du revenu, que le Roi d'Angleterre prétend avoir pour sa vie. Le Parlement, au contraire, ne le voudra accorder que pour deux ou trois ans, au plus, afin d'établir une nécessité indispensable d'assembler un parlement de temps en temps.. Sa Majesté Britannique fera tous ses efforts pour n'y être point obligée; mais si cela ne se peut autrement peut-être qu'à la fin le Roi d'Angleterre se contentera d'obtenir d'abord pour trois ans la confirmation de son revenu, parcequ'il

croira le pouvoir ensuite obtenir pour sa vie, et qu'il aura le temps de se mettre en tel état qu'on ne pourra plus le troubler dans une jouissance dont il sera en paisible possession. On pourra peut-être lui accorder quelque chose pour le rétablissement de la flotte; c'est la dépense que le parlement fait le plus volontiers, et qui lui donne le moins de jalousie. Il n'est pas possible qu'on fasse des propositions dangereuses et nuisibles à la royauté; mais les plus sages craindront d'irriter le Roy d'Angleterre, et de lui fournir un prétexte d'établir un gouvernement plus absolu, et d'obtenir par la force ce qui lui aura été refusé par le parlement, au quel cas il lui seroit aisé d'augmenter ce qu'il aura une fois établi contre les loix.

Il est aussi fort apparent, qu'on lui fera sous main diverses propositions pour le détacher peu-à-peu des intérêts de V. M. et l'engager dans d'autres liaisons; mais mon opinion n'est pas, que le Roy d'Angleterre fasse sur cela aucune démarche qui puisse lui faire perdre l'amitié de V. M. Il connoit bien que c'est son plus ferme et son plus solide appui.

Les grands efforts à cet égard ne seront pas sitôt, et les cabales qui se formeront sur cela n'espéreront y réussir qu'avec le temps, et lorsqu'ils verront les affaires de l'Europe dans un autre état que celui auquel elles sont à-present. Cependant, il me paroit que le Roi d'Angleterre est principalement appliqué à ce qui regarde le parlement, et n'obmet aucun soin pour faire, que les membres qui composeront la Chambre des Communes lui soient favorables, et ne se portent pas aux résolutions extrêmes qui ont agité les derniers parlements; on avoit proposé un moyen d'exclure les gens, qu'on peut soupçonner être malintentionnés, en déclarant qu'aucun de ceux qui ont été d'avis d'exclure M. le Duc d'York de la succession ne pourroit être élu, et admis à la séance du parlement; mais cet expédient n'a pas été approuvé ce seroit rendre irréconciliable beaucoup de gens dont on peut attendre une meilleure conduite à l'avenir. L'intention du Roi d'Angleterre est d'abolir autant qu'il se pourra, la mémoire de ce qui s'est passé sur l'exclusion, d'autant plus que par un usage établi depuis longtemps, il n'est pas permis de rechercher, ni de panir, aucun des membres du parlement pour ce qu'il auroit dit dans l'assemblée.

Les mêmes raisons ont obligé le Roi d'Angleterre à confirmer les principaux officiers de la Maison, et à ne pas chasser Milord Halifax ; cette modération est fort louée à Londres, et par les Protestans zélés: on l'impute à Milord Rochester, qu'on croit avoir eu par là dessein de menager les esprits, et de donner bonne opinion de lui dans le commencement de son ministère. Cette première démarche n'est pas approuvée des Catholiques; ils croient que c'est un commencement de rélâchement, et que si le sentiment de Milord Rochester prévaut, ils se trouveront à la fin ruinés par les mêmes considérations qu'on a présentement de menager les gens mal-intentionnés contre eux et contre la royauté. Ils disent que M. le Duc d'York n'a point eu d'ennemis si dangereux que Milord Arlington; que c'est lui qui a le premier inspiré au feu Roi d'Angleterre les conseils timides qui l'ont mis à deux doits de sa ruine; que le Comte de Danby n'a fait que suivre ce plan, et que le parlement n'a été incité à la ruine des Catholiques, et à entreprendre d'ôter la succession à M. le Duc d'York, que parcequ'il soutenoit ce projet, et qu'il faisoit tousjours espérer au parlement, que sa Majesté Britannique y donneroit les mains, en lui établissant un revenu considérable pendant sa vie.

Les autres officiers conservés, à la reserve du Duc d'Ormond, ont toujours été fort opposés au parti de M. le Duc d'York. On croit qu'ils ne changeront de conduite qu'en apparence, et que s'ils trouvent une occasion de faire paroître leur mauvaise volonté, ils ne la manqueront pas; que cependant ils peuvent faire beaucoup de mal en donnant courage à ceux qui ont créance en eux, et qui croiront bien faire de suivre les sentiments de gens qui occupent les charges de la cour. Le Roi d'Angleterre a pris cette resolution, sans beaucoup consulter les Catholiques en qui il se fie le plus. Il m'en à parlé encore depuis que l'affaire est déclarée, et m'a dit, qu'il n'avoit pas cru devoir d'abord faire un entier changement dans la Maison; que ceux qui demeurent en possession de leurs charges craindront de les perdre, et que les autres auront espérance de les remplir; que tout cela produira un bon effet dans l'assemblée du Parlement; et qu'il sera toujours assez temps de faire des changements quand on aura connu comment ceux qui sont demeurés se conduiront; qu'à l'égard de Milord Arlington, il y auroit eu de la dureté de le déposseder à l'âge où il est, d'une charge dont il ne peut jouir long temps, ses af

faires d'ailleurs n'étant pas en bon état; que s'il avoit changé les autres, on auroit dit qu'il renversoit tout ce que le Roi d'Angleterre avoit établi, et que la résolution étoit prise de changer tout le reste aussi bien que la Maison.

Sa Majesté Britannique a allégué les mêmes raisons aux principaux Catholiques, pour les empêcher de paroître aussi mécontents qu'ils le sont, de ce qui s'est passé à cet égard. Il y a une espèce de conseil établi de quartre personnes entre les Catholiques en qui le Roi d'Angleterre a le plus de créance, et dont les avis sont de plus grands poids auprès de lui. Ce conseil est composé de Milord Arondel, de Milord Bellasis, des Sieurs Talbot et Germain. Les deux derniers ont toujours été attachés à M. le Duc de York, et s'attendoient de voir des changements d'abord. L'un et l'autre prétend un titre, et d'être gentilhomme de la chambre. Cela pourra être dans la suite, mais je ne crois pas que ce soit avant l'assemblée du Parlement. Ils craignent que les mêmes raisons qui leur servent d'obstacle présentement, ne soient pas aisées à surmonter à l'avenir.

Le Roi d'Angleterre m'a dit que M. d'Overkerque lui avoit encore répété les assurances d'une entière soumission de la part du Prince d'Orange, et lui avoit offert ce qu'on appelle la carte blanche; qu'il avoit conféré sur cela avec Milord Rochester, Milord Sunderland, et Milord Godolfin, qui avoient tous trois été d'avis de répondre d'une manière qui put faire connoître, dans la suite, si les offres de M. le Prince d'Orange sont sincères; que pour cela il lui avoit répété plus au long ce qu'il lui avoit dit d'abord, sur le sujet de V. M., et lui avoit déclaré, qu'à moins que M. le Prince d'Orange ne changeât entièrement de sentiments et de conduite à l'égard de la France, il lui seroit impossible de croire que son intention fût, d'être véritablement dans ses intérêts, parcequ'il n'en avoit point de plus considérable, que de conserver l'amitié de V. M.; qu'il étoit aussi nécessaire de renoncer à toute sorte de commerce et de liaison avec M. le Duc de Monmouth; et pour donner une preuve claire et certaine de son changement à cet égard, il eut à casser incessamment les officiers des troupes Angloises dont la fidélité étoit suspecte, et qu'on a sujet de croire attachés à M. le Duc de Monmouth; qu'à moins que M. le Prince d'Orange ne se re

solve à faire tout cela d'une manière convenable, le Sieur Chidley ne recevra point d'ordre de traiter avec lui, n'y de le voir, et sa Majesté Britannique ne croira point que les assurances de sa soumission soient sincères.

Je dis au Roy d'Angleterre, que j'avois eu le temps de penser à ce qu'il· m'avoit fait l'honneur de me dire, mais que je ne pouvois rien décider de mon chef; qu'il falloit attendre ce que V. M. m'ordonneroit, pour lui pouvoir rien dire qui fût d'aucun poids; que cependant, je le priois de considérer s'il y avoit de l'apparence que M. le Prince d'Orange eut sitôt résolu de changer de mesures et de conduite, ne pouvant encore savoir avec certitude combien tout est paisible en Angleterre, qu'ainsi on doit présumer, ou que ce que dit M. Overkerque lui est inspiré ici, ou que M. le Prince d'Orange peut bien lui avoir donné ordre de faire toutes sortes de soumissions en cas que les affaires soient de manière en Angleterre, qu'il n'y ait aucune apparence de trouble et de désordre; que M. le Prince d'Orange est naturellement si opiniâtre, et si peu docile, que difficilement se résoudra-t-il à rien promettre que d'opposé à tout ce qu'il a fait jusques a-présent; que quand il le promettroit, et donneroit sur cela de fortes assurances, il n'y auroit guère d'apparence qu'il renoncât de bonne foi aux engagements qu'il a pris avec la Maison d'Autriche, et avec les autres Princes opposés aux intérêts de V. M., et jaloux de sa gloire; que V. M., de son côté, ne redonneroit pas aisément ses bonnes graces à M. le Prince d'Orange, et qu'après tout ce qu'il a fait, il ne doit pas espérer qu'un simple compliment effâce le passé, et que V. M. puisse ajouter foi aisément aux assurances qui lui seront données de sa part; que V. M. ne désire rien d'avantage que de voir sa Majesté Britannique reconnue universellement de ses sujets, et en jouissance paisible de sa couronne; mais que je ne doute pas que les soumissions de M. le Prince d'Orange ne lui paroissent fort dangereuses, et qu'elle ne trouve surtout beaucoup d'inconvéniens et de péril à laisser venir ici M. le Prince d'Orange, qui pourra, par sa présence, donner du mouvement, et de la force, aux cabales qui sont si aisées à former en une conjoncture comme celle qui est à présent.

Le Roi d'Angleterre m'a répondu, qu'il ne croyoit pas que M. le Prince d'Orange prît le parti de demander à venir ici sitôt; que s'il y venoit, et que sa conduite fût tant soit peu douteuse, il sauroit bien les moyens de le remettre g

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