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d'autant moins considérable, qu'on sait bien que le défunt Roy n'avoit contracté ces obligations, que dans le temps qu'il n'étoit pas en bonne intelligence avec moi, et que depuis qu'elle a été rétablie, il ne leur a point donné d'autres intrepretations que celles que je pouvois désirer; au lieu que le Roy d'Angleterre à présent régnant, les renouvellant volontairement, et dans le temps que rien ne l'y oblige, les voudra exécuter à la lettre, et donnera moyen au Prince d'Orange d'en faire une ligue capable de troubler le repos de l'Europe. Quoiqu'il en soit, il n'est plus temps de faire des remontrances sur ce sujet, et vous ne devez plus les employer que pour empêcher le renouvellement d'un traîté avec l'Espagne, ou avec quelqu'autre Prince ou Etat que ce puisse être.

Le Maréchal de Crequy est à-présent auprès de moi, et quelque bruit qui se répande à la Cour où vous êtes sur mes desseins, vous pouvez assurer le Roy d'Angleterre qu'ils ne tendent qu'à affermir le repos que les derniers traîtés ont rétabli dans toute l'Europe.

Extrait d'une Lettre du Roi à M. Barillon.

a Chartres, 4 Septembre, 1685.

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CEPENDANT comme vous me faites entendre par Pun des articles de votre lettre, qu'il sera à mon pouvoir de renouveller avec ce Prince les mêmes liaisons que j'avois avec le feu Roy son frère, et de les rendre encore plus fermes et plus assurées, je vous dépêche ce courier pour vous avertir de bonne heure, que vous devez bien vous garder de vous engager dans aucune négociation sur ce sujet ; et que comme je vous ai assez fait connoître par toutes mes dépêches, et par celle ci, que je n'ai point d'autre dessein que de maintenir la paix dont toute l'Europe jouit à-présent, j'ai lieu de croire aussi que dans le florissant état où j'ai mis toutes les affaires de mon royaume, non seulement le Roy d'Angleterre, par l'intérêt qu'il a pareillement a la conservation de la tranquillité pubfique, mais aussi tous les autres Princes et Etats de l'Europe, seront bien aise

qu'elle ne soit pas troublée, et qu'il n'y en aura point qui ose malgré moi renouveller une guerre qui ne tourneroit qu'à son dommage. Ainsi il n'est pas nécessaire de rentrer pour cet effet dans des liaisons avec l'Angleterre, qui ne se con cluent jamais qu'à mes dépens, et même par des subsides capables de porter un grand préjudice aux affaires de mon royaume; et toutes les fois qu'on vous tera de semblables propositions, vous devez seulement répondre, que je suis assez persuadé de l'amitié du Roy d'Angleterre, et qu'il assez de sujet de faire un fondement certain sur la mienne, pour n'avoir pas besoin l'un et l'autre de nous en assurer par aucune traité.

Le Roy à M. Barillon.

à Chambord, le 13 Septembre, 1685.

MONSIEUR BARILLON, le compte que vous me rendez par votre lettre du 3e. de l'entretien que vous avez eu avec le Roy d'Angleterre au sujet du traité qu'il a renouvellé avec les Etats Généraux, ne m'oblige pas de vous donner d'autres ordres que ceux que vous avez reçus par mes précédentes dépêches, cest-à-dire, de ne plus témoigner de mécontentement de ce qui s'est passé, mais de profiter le plus adroitement qu'il vous sera possible de l'embarras où l'on vous a témoigné d'être d'avoir conclu cette affaire avec trop de précipitation, pour empêcher qu'on n'en fasse plus de semblables ni avec l'Espagne ni avec aucune autre Puissance.

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Je suis bien aise d'apprendre que le Roy d'Angleterre ait découvert la nouvelle conspiration qui se formoit contre lui, et il me semble qu'elle doit servir à lui faire connoître qu'il s'en pourroit encore faire de semblables, si la crainte des liaisons qu'il a avec moi, ne retenoit ceux qui seroient, sans cette considération, bien plus hardis à entreprendre.

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Extrait d'une Lettre de M. Barillon au Roy.

10 Septembre, 1685, à Windsor.

LE Roy d'Angleterre m'a lu sur l'original la déposition du Sieur Mathieu, escuyer du Duc de Monmouth; elle contient qu'il a su de M. de Monmouth que le Baron de Freize lui avoit parlé la Haye de la part des Protestants de France, et lui avoit communiqué leur projet, qui étoit de prendre les armes au commencement de cet été, et de se révolter en plusieurs endroits de la France; qu'ils offroient au Duc de Monmouth de le recevoir à leur tête; que ce dessein a été communiqué à l'Electeur de Brandebourg, aux Princes de la Maison de Brunswick, et à M. le Prince d'Orange, qui tous l'ont approuvé; que ce Baron de Frize a fait plusieurs voyages en France pour concerter avec les Protestants des diverses provinces. C'est tout ce que contient la déclaration, sans rien spécifier de particulier à l'égard des lieux ni des personnes avec qui ce Baron de Freize a traité. Il est Allemand, et a été autrefois à la cour de Saxe, dont il est sorti pour un démêlé qu'il eut avec le favori de l'Electeur de Saxe,

J'ai prié le Roy d'Angleterre de me dire s'il ne savoit rien d'avantage sur cette matière: sa réponse a été, qu'il ne savoit que ce qui est porté par cette déclaration, et qu'il ne me cacheroit rien sur une matière de telle importance, s'il en avoit la moindre connoissance; que je pouvois assurer V. M. que rien ne lui étoit si cher que ses intérêts, et qu'il ne laisseroit passer aucune occasion de lui donner des marques de son amitié. Je l'ai prié de presser encore les autres confidents de M. le Duc de Monmouth, et du Comte d'Argile, pour découvrir quelque chose ne plus particulier que ce qui m'a été communiqué. Sa Majesté Britannique me l'a promis.

Extrait d'une Lettre du Roy à M. Barillon.

20 Septembre, 1685, à Chambord.

M. BARILLON, j'ai reçu vos lettres des 6 et 10 de ce mois, qui me font voir que la Cour où vous êtes ne témoigne jusqu'à-présent aucune disposition à conclure un traîté avec l'Electeur de Brandebourg, ni à renouveller celui d'Espagne.

Vous devez aussi tâcher de maintenir toutes choses dans cet état, et détourner, autant qu'il vous sera possible, la Cour où vous êtes de toutes sortes d'engagements qui pourroient altérer la bonne intelligence que je désire maintenir avec le Roy d'Angleterre. Mais il est bon aussi d'éloigner les propositions d'une plus étroite liaison avec moi, qui seroient d'autant plus inutiles, que le désir que j'ai de maintenir la paix s'accordant parfaitement avec les sentiments du dit Roy, il y a bien de l'apparence que nos intentions et nos intérêts se trouvant si conformes, rien ne sera capable d'altérer cette bonne union, et qu'elle s'entretiendra mieux d'elle-même que par tous les traités qu'on pourroit faire.

Le Roy d'Angleterre a raison de dire qu'il n'est ni de mon intérêt ni du sien que le commerce des Indes soit troublé, et cela n'arrivera pas aussi de mon consentement, tant que les Espagnols ne voudront faire ce sujet aucune nouveauté contraire à ce que portent les traités de paix et de trêve.

Ce que vous m'écrivez de la déposition du nommé Mathieu et trop général et trop vague pour découvrir par ce moyen quel pourroit être le chef et les complices des mouvements qu'on prétendoit exciter dans mon royaume, sous le prétexte de la religion prétendue reformée.

Je suis bien aise d'apprendre que le Roy d'Angleterre dissipe de jour à autre

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les restes de la rébellion, et je m'assure que Milord Maxfield, ni aucun autre n'osera rien entreprendre contre son autorité,

Je reçois encore présentement une lettre du 4, qui n'informe que vous vous etiez déjà conduit par avance, suivant les ordres que je vous ai donnés par ma dépêche du 4, et que vous demeuriez encore plus réservé sur les ouvertures qui vous pouvoient être faites de nouvelles liaisons.

Je n'ai rien à vous dire sur le choix que le Roy d'Angleterre à fait du Chevalier Trumbal pour remplir la place du Sieur Preston; mais il me paroît que la qualité de jurisconsulte Anglois n'est pas la plus convenable pour maintenir la bonne intelligence entre moi et le Roy d'Angleterre, et qu'elle ne sert souvent qu'à trouver des difficultés où il n'y en doit point avoir.

Pour ce qui regarde la demande qu'on vous fait de la part du Roy d'Angle-terre du remboursement de quelques rentes sur Hôtel de Ville auquel il a intérêt, je me ferai informer par le Sieur Courtin de l'état de cette affaire, et je vous ferai savoir ensuite ma résolution.

Extrait d'une Lettre de M. Barillon au Roy.

17 Septembre, 1685, à Windsor.

Le Prince de Mourbach est ici de la part de M. l'Electeur de Cologne : il m'a dit qu'il avoit ordre de se conduire en tout comme je lui dirois. Il m'a rendu compte d'un entretien qu'il a eu avec le Comte de Toun, dans lequel ce Ministre s'est expliqué sur les dispositions favorables auxquelles il croit qu'est le Roy d'Angleterre pour la Maison d'Autriche, et qu'il y avoit lieu d'espérer que tout se reuniroit pour empêcher la grandeur immense de la France de s'augmenter encore; que le Roy d'Angleterre connoisoit bien la nécessité qu'il y a d'établir une paix ferme et durable, et plus équitable que n'est la trêve, dans

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