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CXV

haut point qu'aucun de ses prédécesseurs ne les a pu porter. Je m'assure aussi qu'il n'y aura plus personne dans son royaume qui ose s'élever contre lui, et qu'il jouira aussi longtemps que je le souhaite du plein repos qu'il s'est acquis. J'enverrai même incessamment M. le Maréchal d'Humièrs auprès de ce Prince, pour lui faire connoître plus particulièrement quels sont mes sentiments sur cet évènement, et vous lui en pouvez cependant parler en conformité de ce que je vous écris.

Tout le reste de votre première lettre ne coutenant rien qui ne tende à m'obliger de donner des secours d'argent au Roy.j'aurois cru que dans le bon état où sont a-present ses affaires, il seroit assez inutile de vous faire savoir sur cela mes senti que vous insistez encore à ce que vois votre dernière par ments. Mais comme je je vous laisse un fonds pour les besoins qui peuvent survenir à la Cour où vous êtes, je ne puis m'empêcher de vous dire que j'ai été extrêment surpris de voir qu'après vous avoir instruit de mes intentions par plusieurs de mes dépêches, vous n'ayez pas entièrement dèsabusé les Ministres de la Cour où vous êtes de l'esperance qu'ils ont conçue avec si peu de raison, que, dans le temps que le Roy leur maître jouît d'un plus grand revenu qu'aucun de ses prédécesseurs, je voudrois encore épuisser mon épargne, et sacrifier, sans nécessité, le fonds que je ne m'étois ôté à moi-même que pour donner au dit Roy des preuves plus extraordinaires de mon amitié, au cas que le mauvais état de ses affaires la grace de Dieu, maintenant l'eut obligé d'y avoir recours: elles sont, par au point qu'il les pouvoit souhaiter, et ainsi je ne puis croire qu'on renouvelle dorénavant les mêmes instances. Mais si, contre mon opinion, on vous faisoit encore de semblables sollicitations vous pouvez déclarer nettement que je n'ai rien épargné pour vous donner moyen d'assister le Roy d'Angleterre, lorsque j'ai eu sujet d'appréhender que la religion Catholique dont il fait profession ne servit de prétexte aux factieux pour susciter de grands troubles dans son royaume et pour l'empêcher de jouir des revenus qui expiroient par la mort du feu Roy: mais qu'après tant de satisfaction que son parliament lui a donnée, la défaite entière de ses ennemis, ou plutôt de ses sujets rébelles (révoltés) et le rétablissement de son autorité à un si haut point, j'ai cru avec raison qu'il ne pouvoit avoir aucun besoin de mon assistance, et que je pouvois employer aux autres dépenses que j'ai à soutenir, le fonds que je lui avois des tiné, sans qu'il fut moins persuadé de la sincérité de mon amitié; que si néan,

moins, contre toute apparence, et par quelque accident que je ne puis prévoir il arrivoit qu'il eut un pressant besoin de mon assistance il ne doit pas douter qu'il ne me trouve toujours aussi disposé que je lui ai témoigné, à lui donner des preuves effectives de la part que je prends à tout ce qui le touche.

Vous vous renfermerez à cette expression qui doit suffire pour faire-cesser des demandes d'argent d'autant moins soutenables dans la conjoncture présente, que la Cour où vous êtes sait bien que les conventions verbales que vous avez faites avec le feu Roy étoient expirées avant sa mort, et qu'encore que j'aie assez de raison de croire que s'il eut vecu d'avantage, il auroit été satisfait des subsides que j'ai fait payer jusqu'à la fin de l'année dernière, sans en prétendre d'avantage, néanmoins je n'ai pas hésité à vous promettre de payer 500,000 livres, qu'on considère au lieu où vous êtes comme reste de subside, lorsque j'ai pu croire que le Roy d'Angleterre en avoit besoin. Enfin, vous voyez bien que mon intention est que vous ne laissiez à la Cour où vous êtes aucune espérance de tirer de vous le fonds qui est entre vos mains, et qu'au contraire vous devez, le remettre incessamment en celles des banquiers, afin qu'ils le fassent repasser dans mon royaume par toutes les occasions qu'ils en auront.

Je m'assure que le dit Roy sera assez excité par sa reconnoissance envers la divine Providence des heureux succès qu'elle vient de lui donner, à rétablir dans son royaume l'exercice de la vraie religion que nous professions, et vous devez aussi aider ces bons mouvements avec douceur et adresse dans toutes les occasions que vous aurez.

Le Roy à M. Barillon.

à Versailles, Août, 1685.

MONSIEUR BARILLON j'ai reçu vos lettres des 23 et 26 Juillet, qui m'informent seulement de tout ce qui s'est passé dans l'execution du Duc de Monmouth, et comine il ne faut pas douter que cet exemple ne retienne à l'avenir tous les sujets du Roy de la Grand Bretagne dans le devoir, et que, quand même le nombre des mécontents ne seroit pas diminué, il ne s'en trouvera plus

qui ose s'en rendre le chef, et s'élever contre l'autorité royale, il sera facile au Roy d'Angleterre, et aussi utile à la sûreté de son règne qu'au repos de sa conscience, de rétablir l'exercice de la religion Catholique, qui engagera principalement tous ceux qui en font profession dans son royaume, à le servir bien plus fidèlement, et avec beaucoup plus de soumission qu'aucun autre de ses sujets; au lieu que s' s'il laisse perdre une conjoncture aussi favorable qu'elle l'est à présent; il ne trouvera peut-être jamais tant de disposition de toutes parts ou à concourir à ses desseins, ou à souffrir qu'il les exécute. Vous devez néanmoins vous contenter d'aider le penchant qu'il y peut avoir, sans lui en faire des instances trop pressantes qui pourroient être plutôt capables de retarder cette résolution que de l'avancer.

Observez bien cependant, quelles sont les mesures qu'il prend avec le Prince d'Orange, et s'il ne se négocie pas quelque traîté de nouvelle alliance entre le Roy et les Etats Généraux des Provinces Unies.

J'apprends aussi de plusieurs endroits que les Espagnols comptent beaucoup sur le penchant que ce Prince témoigne à favoriser leurs intérêts, et vous devez bien prendre garde au traitement quil fait à l'Ambassodeur d'Espagne, si ce dernier a de plus fréquents entretiens, ou avec le Roy ou avec ses Ministres, et s'il y a apparence à quelque renouvellement de traité entre l'Espagne et l'Angleterre.

Tâchez aussi d'être bien exactement informé du nombre de troupes et de vaisseaux que ce Prince prétend d'entretenir, et a quoi il les destine. Enfin,. vous devez dans cette conjoncture-ci, renouveller votre attention. à tout ce qui se passe au pays ou vous êtes, et a m'en rendre un compte exact par toutes vos lettres.

Le Roy à M. Barillon..

à Versailles, le 24 Août, 1685.

M. BARILLON, Vos lettres des 13 et 16 de ce mois m'informent de la réso lution qu'a prise le Roy d'Angleterre de renouveller avec les Etats Généraux.

les traités d'alliance qu'ils avoient avec le feu Roy son frère, et de tout ce qu'il vous a dit sur ce sujet.

J'ai été d'autant plus surpris de la conclusion de cette affaire qu'il ne m'a pas paru, dans toutes vos lettres qu'on vous en ait donné aucune part; et je trouve que les ministres étrangers ont raison de ne le pas regarder comme une simple formalité, ainsi que la Cour où vous êtes veut vous le persuader. J'estime, au contraire, qu'elle jette par là le fondement d'une ligue qui peut donner courage à ceux qui ne peuvent souffrir le repos dont l'Europe jouit à-présent; que les Etats Généraux, qui vouloient demeurer dans une parfaite neutralité, ou plutôt le Prince d'Orange et le Pensionnaire Fagel, parent à-présent d'un renouvellement d'alliance avec l'Empereur, le Roy d'Espagne, et celui de Suède; que l'Electeur de Brandebourg est sur le point de conclure son traité avec eux, et que cette disposition où le Roy d'Angleterre témoigne être de renouveller les traîtés du feu Roy son frère, non seulement avec les Etats Généraux, mais même avec l'Espagne, faite dire aux ministres de cette couronne, que ce Prince est déjà entièrement dans leurs intérêts. On ajoute même d'autant plus de créance aux bruits qu'ils en répandent, qu'on sait que le feu Roy d'Angleterre n'étoit entré dans ces engagements que pendant la mésintelligence qu'il y a eu entre moi et lui, et que l'amitié n'a pas été plutôt rétablie par la convention verbale que vous avez faite par mon ordre, qu'il a bien fait voir qu'il ne se tenoit plus obligé à ces traîtés, et qu'il étoit bien éloigné de les vouloir renouveller. Ainsi je ne comprends point par quel motif le Roy d'Angleterre s'empresse si fort de rentrer dans la même embarras, principalement dans un temps ou il voit bien que tous mes desseins tendent à la conservation de la paix, et qu'elle ne peut-être troublée que par de semblables commencements de ligue, que ne peuvent, en quelque manière que ce soit, convenir à ses intérêts. Vous en pouvez même encore parler dans ce sens, y ayant moins d'in convénient de témoigner que je ne puis pas être satisfait de cette résolution, que de la confirmer par un espoir d'acquiescement de ma part; et peut-être que quand le Roy d'Angleterre verra qu'il me donne par là un juste sujet de mécontentement, ou il ne s'empressera plus de donner la dernière perfection à ce traîté, ou il y apportera tant de modifications et de changements, qu'on ne le pourra plus regarder en effet que comme une simple formalité. Mais sl désire effectivement de conserver

inon amitié, il n'entrera dans aucun autre engagement qui puisse y être contraire, soit directement ou indirectement.

J'apprends aussi que le Parlement d'Angleterre a fait une nouvelle et forte imposition sur les denrées et marchandises étrangères, qui entrent dans ce royaume. Vous ne manquerez pas de me faire savoir au plutôt si cette imposition est générale, ou si elle se réduit aux seules denrées et marchandises qui sont portées de mon royaume en Angleterre, et à combien elle

se monte.

Continuez à m'informer le plus exactement qu'il vous sera possible de tout ce qui se passe de plus considérable au lieu où vous êtes.

Je suis surpris que vous ne fassiez aucune mention dans vos lettres du Comte de Sunderland, quoiqu'on ait ici plusieurs avis de son éloignement en Irlande en qualitié de viceroy. Mandez-moi ce pui en est. Conservez ce qui vous reste de fonds entre les mains, sans en remettre aucune partie aux banquiers, jusqu'à ce que je vous aie donné de nouveaux ordres.

Le Roy à M. Barillon.

à Versailles, le 30 Août, 1685.

M. BARILLON quoique vos lettres des 20 et 23 de ce mois ne me parlent encore de la négociation qui se fait entre les commissaires du Roy d'Angleterre et les Ambassadeurs des Etats Généraux, que comme d'une disposition prochaine à un renouvellement de traîté; néanmoins les dernières lettres du Sieur d'Avaux du 24 m'assurent que celles des dits Ambassadeurs qui venoient d'arriver d'Angleterre à la Haye, portoient qu'ils venoient de conclure l'acte de renouvellement de ces dits traités; et la déclaration que vous a faite le Comte de Sunderland, qu'on se garderoit bien de rien mettre dans le traîte qui puisse engager le Roy d'Angleterre au-delà de ce que l'étoit le feu Roy son frère, est

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