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gnée du XIVe siècle. Ne se pourrait-il pas que ce manuscrit eut été donné au chapitre de Cambrai par Jacques de Colonne, ami intime de Pétrarque, dans les classes de l'université de Bologne et dans le tumulte de la cour d'Avignon, bez, fut chanoine de notre cathéqui avant d'être évêque de Lom

drale de Cambrai? Parmi les lettres que contient ce manuscrit, il en est un bon nombre qui sont adressées à Jacques de Colonne, dont il est parlé avec détail dans l'Hist. litt. d'Italie, par Ginguené; tome 2, pp. 341 et suiv.

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PETRARQUE. Le n° 868 des manuscrits de la bibliothèque publique de Cambrai, est intitulé : Francisci Philelphi epistolae familiares. La célébrité de Philelphe m'engagea à comparer ce manuscrit avec les éditions imprimées des lettres de cet écrivain. Je n'y trouvai aucune ressemblance, et déjà je croyais que notre manuscrit était un recueil de lettres inédites dudit Philelphe, trésor inestimable que j'allais révéler au monde savant. Cependant comme je ne voyais dans les noms de ceux à qui les lettres étaient adressées, aucun des correspondans ordinaires de Philelphe, je conçus des doutes. En fin à force de feuilleter, le je découvris le nom de Pétrarque en tête du 22o livre. Je reconnus alors que c'était les lettres familières de l'amant de Laure, lettres imprimées à Bâle en 1581, au nombre de 198; à Génève en 1601, au nombre de 253. Or notre manuscrit en con

tient 349, c'est-à-dire 96 de plus que l'édition de Génève, la plus complète qui ait été publiée jusqu'ici. La bibliothèque du Roi à Paris possède sous le no 8568 un manuscrit contenant, comme le nôtre, 24 livres de lettres de Pétrarque. Reste à savoir si ces manuscrits présentent les mêmes lettres. Le nôtre est un bel in-folio, sur vélin, à deux colonnes, écriture très-soi

L. G.

FÉNELON ET LES HABITANS DE JEUMONT (1). C'était au mois de juil1702; la paroisse de Jeumont se disposait à célébrer la fête de la translation de Saint-Martin, son pa. tron. Les jeunes gens de ce village, - doute relever ainsi croyant sansl'éclat du culte divin, conçurent projet de figurer militairement à la procession, tambour battant, étendards déployés, et tenant tous en main un arc et des flêches. Le curé, qui n'était pas partisan des cérémonies chevaleresques, accueillit mal cette brillante idée et déclara qu'il n'avait que faire du belliqueux cortège. Nonobstant ce, nos archers qui s'étaient constitués en dépenses d'armes et de costumes, se présentèrent le jour de la fête dans l'église avec leur appareil. On les fit prier de se retirer;

ils insistèrent. Le curé

de

annonça

qu'il n'y aurait pas procession. On répondit qu'elle se ferait sans

(1) Jeumont, commune de l'arrondisse.. ment d'Avesnes, canton et décanat de Maubeuge, sur la rive droite de la Sambre.

lui. Effectivement la troupe rebelle se mit en marche et fit processionnellement le tour du village. Le lendemain plainte à l'archevêché de Cambrai de la part du curé dont l'autorité avait été méconnue. L'affaire est examinée, non par l'official ou les vicaires-généraux, mais par Fenelon lui-même. Après s'être convaincu qu'il y avait eu tout-à-la-fois insoumission blâmable de la part des paroissiens et sévérité excessive de la part du curé, le bon archevêque, toujours indulgent, mais toujours rigoureusement attaché aux convenances et à la discipline, arrangea amiablement les choses par la lettre suivante adressée au doyen de Maubeuge : « A Cambrai, le 19 juillet 1702. « Je vous prie, Monsieur, de prendre la peine de travailler à l'accommodement du pasteur de Jumont sic) avec ses paroissiens. Il le s'agit d'une procession que pasteur n'a pas voulu faire, en y admettant des irrévérences que le peuple vouloit y introduire, et que le peuple a faite tout seul, sans le pasteur et malgré lui. A l'égard des manants, je vous prie de leur déclarer de ma part qu'ils ont fait unetrèsgrande faute, en osant faire seuls la procession, malgré leur pasteur; que c'est une révolte scandaleuse contre l'église leur mère; et que s'ils ne réparent un si grand scandale, par une soumission que quelque député d'entre eux me vienne faire, je ferai agir contre eux notre promoteur qui les poursuivra rigoureusement, et que nous leur ferons sentir combien ils ont tort. Mais s'ils veulent reconnaître leur

faute et la réparer, il faudra que M. le pasteur use d'indulgence pour gagner les cœurs de son troupeau. Ce que le peuple vouloit introduire dans la procession, c'est qu'il vouloit battre le tambour, porter des drapeaux, et tenir des flèches en main. A la vérité, il seroit mieux qu'on ne fît point cette innovation, qui peut se tourner en abus et irrévérence; mais ce n'est pourtant pas une indécence contre le culte divin, qui mérite un procès entre le pasteur et le troupeau. Je n'ai garde de vouloir décréditer un si bon pasteur, ni de le laisser exposé aux caprices d'un peuple entêté : mais vous ne sauriez lui représen– ter trop fortement combien ces bagatelles ruineroient tout le bien qu'il peut faire dans les matières les plus capitales. Il n'aura jamais ni autorité, ni confiance des peuples, ni paix dans ses fonctions, ni fruit de son travail, s'il ne ménage les peuples sur de pareilles choses. Tachez de finir cette affaire d'une manière douce à l'égard du pasteur dans son autorité... Cette affaire délicate est en bonnes mains; je m'assure que vous la terminerez amiablement, avec dextérité et ménagement. >>

Ces paroles de paix et de réconciliation furent entendues. Un éche vin de Jeumont vint à Cambrai, et fut reçu par l'illustre prélat avec une bonté toute affectueuse. Le dimanche suivant, le curẻ monta en chaire, proclama d'une voix attendrie l'oubli du passé; et dès lors la concorde ne cessa plus de régner entre le pasteur et son troupeau.

L. G.

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ACADÉMIE DE PEINTURE DE LILLE. En 1755, les magistrats de la ville de Lille résolurent d'établir dans leur ville une école publique, gratuite, de dessin; les sieurs Le. Tillier et Dachon furent choisis pour la diriger et y donner des leçons. Déjà les élèves commençaient à faire des progrès, lorsqu'un jour M. de Stradin, trésorier de la ville, allant visiter cet établissement, fut fort surpris d'y trouver un homme nu autour duquel les jeunes gens étaient groupés et dessinaient. Cette vue le scandalisa au dernier point; on eut beau lui expliquer que l'homme nu était un modèle vivant qui posait selon l'usage établi à Rome, à Paris, partout enfin, cet estimable fonctionnaire se mit dans une colère affreuse, fit rhabiller le modèle, l'envoya poser en prison, et défendit, sous les peines les plus sé vères, de travailler à l'avenir d'après la nature.

Le lendemain, on fit comparaître les deux professeurs devant MM. du Magistrat; M. le Tillier s'étant expliqué avec assez de franchise sur l'acte de M. le Trésorier fut envoyé tenir compagnie à son modèle: en sortant de prison, il s'empressa de quitter une ville où il n'était pas de quitter une ville où il n'était pas permis de dessiner d'après nature et alla s'établir à Paris, où il fit fortune comme peintre en émail et en miniature. Sa place, qu'il n'eut garde de revendiquer, fut donnée à M. Gueret; son collèguè fut remplacé par M. Louis Watteau, et ces deux artistes, qui parvinrent peuà-peu à lever les scrupules de MM.

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Il existe près de Bavai, ancienne capitale des Nerviens, un village qu'on nomme Mecquignies. Un curé dit-on, manquant de domestique, en fit jadis venir une de ce village et s'en trouva fort bien. Jamais ménagère plus attentive et plus honnête n'avait soigné son pieux asile. Séduits par cet exemple, plusieurs de ses confrères coururent chercher des gouvernantes au mêmelieu; ils n'eurent aussi qu'à s'en louer, et ce village acquit à cette époque, et conserva long-tems, la réputation de produire de bonnes filles, comme certains sols ont la vertu de produire de bons vins ou de bons grains. Par suite, le nom de Méquenne, créé dans l'origine pour signifier fille de Mecquignies, fut alors appliqué à toutes les servantes de curé.

par

Les Roquefort et les Pougens n'admettraient peut-être pas sans peine cette étymologie; cependant elle vaut pour le moins autant que celle donnée Rabelais, qui était un fort drôle de curé, de l'ancien nom de la ville de Paris : « laquelle auparavant on appeloit Leutece, comme dit Strabo, lib. 4, c'est-à-dire en grec, Blanchette, pour les blan

ches cuisses des dames dudit lieu. >>

La gouvernante d'un pasteur se nomme ordinairement Marie, de même que les soubrettes, sans comparaison des unes aux autres, ont communément le nom de Lisette; je me trompe, on doit dire Melle. Marie, à cause de l'importance de l'emploi. Un prêtre, à moins qu'il n'ait chez lui une sœur ou une autre parente pour tenir son ménage

et commander, est obligé, pour tous les détails de son intérieur, de s'en reposer sur sa domestique; elle se trouve ainsi investie d'un pouvoir étendu, d'une grande confiance, et il est juste qu'on l'indemnise de ses soins et de son zèle par les égards qu'on a pour elle. Malheureusement on en avu, fort rarement il est vrai, abuser de l'avantage de leur position, d'humbles qu'elles étaient devenir hautaines, et parleurs manières et leurs tons de dames, provoquer les cancans de la paroisse. Les hommes confondent souvent, dans leur injustice, l'innocent avec le coupable; ce tort de quelques unes a pu faire rejaillir du blâme sur toutes; aussi a-t-on été jusqu'à avancer qu'une gouvernante avait pour habitude, dans la première année de son administration, de dire, en parlant de la basse-cour de son maître, les poules de M. le cure; plus tard, nos poules; puis enfin, mes poules !... Mais c'est là sans doute un propos mis en avant par la malignité.

Ce qui reste de vrai, à l'égard de ces dévotes créatures, c'est qu'elles vivent dans un état au-dessus de la domesticité ordinaire; par compensation, elles sont privées de bien des plaisirs! pour elles, hélas! pas d'affiquets mondains, pas de danse, point d'amour, partant point de joie. Et si l'on songe que ce n'est qu'à force de sagesse et de vertu qu'elles peuvent arriver à leur poste et s'y maintenir, on cessera d'ètre étonné en les voyant, dans beaucoup de presbytères, partager l'autorité et même la table du maître.

Cependant cette espèce de communauté, dans laquelle un ministre des autels et une femme vivent, suivant l'expression de nos vieilles coûtumes, au même potetrót, a rencontré des désapprobateurs et des opposants dans d'augustes assemblées: au concile de Carthage, tenu en 397 et auquel S. Augustin assistait comme évêque, il fut interdit aux clercs d'avoir chez eux des femmes autres qu'ayeule, mère, sœur ou nièce. Le concile d'Ausbourg de 952, plus rigide encore, défendit à tous prêtres de rester avec une femme sous-introduite, (sic) et permit à l'évêque de faire fustiger et tondre la femme suspecte.

Plus tard, les liens de cette sévérité se relâchèrent. Cette indulgence fut probablement le résultat d'une amélioration dans les mœurs, qui ne permit plus de penser qu'aucune de ces demoiselles pourrait mériter à l'avenir de perdre sa chevelure; toutefois des instructions pastorales avertirent, de temps à autre, le clergé de se tenir en garde contre les adroites manœuvres de Satan qui jamais ne sommeille. De nos jours même, un des princes les plus vigilants de l'église, monseigneur de Croï, Grand-Aumonier de France, crut devoir, par un chaste mandement, renouveler, dans son diocèse une partie des mesures de précaution autrefois prescrites aux ecclésiastiques. Le cœur, sous quelque vêtement qu'il batte, est si vulné– rable, qu'on ne peut jamais trop s'appliquer à le garantir des séductions et des coups! et, le voisinage des femmes fut-il sans danger pour une caste sacrée, il est toujours cer

tain que nos prêtres, en écoutant la voix de Mgr. de Croï, étoufferaient celle de la méchanceté ou de la calomnie qui souvent les poursuit, à l'occasion de l'âge, de la tournure ou de la fraîcheur d'une innocente méquenne. Mais l'usage de prendre des domestiques femelles, sans attacher, on doit le croire ainsi, aucune importance à ce qu'elles soient jeunes ou vieilles, belles ou laides, est depuis si longtemps et si généralement établi dans les presbytères, qu'il est devenu bien difficile de le détruire: aussi ce mandement d'un sage prélat, dicté par des motifs fort louables, a-t-il produit une grande sensation et beaucoup de bruit; on en a parlé en sens divers; parmi les gens désintéressés il a pu trouver de nombreux suffrages, mais il devait exciter et il excita les craintes, le mécontentement et le caquet des vierges de Mecquignies. (Extrait d'un ouvrage inédit sur les Femmes, par AIMÉ LEROY.)

LE CARDINAL DUBOIS ET LE POÈTE SAINVILLE. Il parait que le fameux Cardinal Dubois, archevêque de Cambrai, n'était pas fin connaisseur en poésie. Un sieur Sainville, auteur d'un grand nombre de brochures oubliées en naissant, obtint de lui une gratification de six cents livres pour ce misérable acrostiche:

ubois, premier ministre, éminent cardinal, En caractère heureux, esprit toujours égal, Wienfaisant, avec choix, prevenant le mérite On ne pénètre point les desseins qu'il médite fallait ce grand homme aux besoins de l'état :

a gloire est cependant sans faste et sans

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