Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

régna d'abord entre le général et le colonel; mais également loyaux et généreux, ils ne pouvaient être long tems divisés. La réconciliation se fit sous le feu des prussiens à léna, où le colone Dumoustier, blessé à la jambe, venait de dissiper avec son régiment une colonne de trois mille grenadiers, en leur faisant abandonner dix pièces de canon. Depuis cette époque, la plus haute estime cimenta leur union, et le maréchal, jusqu'à ses derniers momens, a compté le général Dumoustier parmi ses meilleurs amis.

A Pultusk, le colonel du 34e avait été lancé avec son premier bataillon dans un bois où étaient embusqués huit à dix mille russes: il reçut leur feu à bout portant; blessé d'un coup de bayonnette et obligé de battre en retraite, il sauva le drapeau qui allait tomber entre les mains de l'ennemi. C'est là qu'il fut nommé général de brigade.

Après cette sanglante campagne sa brigade rentra en Silésie pour faire partie du corps laissé sous les ordres du maréchal duc de Trévise. Son désintéressement ajouta un nouveau lustre à ses vertus guer→ rières. Il était cantonné à Wartemberg, dans le château du prince Biren, qui avait ordonné de le défrayer. Le général s'y refusa d'abord, parce qu'il recevait pour ses frais de table 25 écus (92 fr. 50 c. par jour; mais obligé d'accepter, il fit verser pendant son séjour de treize mois, entre les mains du di

recteur du cercle de Wartemberg, par quinzaine et sur quittance, la totalité de l'indemnité qui lui était allouée et voulut qu'elle fut employée au soulagement des veuves des officiers prussiens et à celui des malheureux qui avaient le plus souffert des désastres de la guerre. Sa générosité ne s'arrêta même pas là, et ses appointemens ne suffisaient pas toujours aux secours qu'il distribuait aux infortunés qui s'adressaient à lui. A

"

De la Silésie le général Dumoustier était passé en Espagne, où il avait pris part au siége de Saragosse. Il retourna en Allemagne en 1809 comme colonel en second du corps des chasseurs à pied; et aprés la bataille d'Esling, l'empereur lui confia le commandement des fusilliers, chasseurs et grenadiers de la garde, qu'il guida à Wagram.

Il revint en France après la campagne, et passa en 1810, en Espa→ gne à la tête de quatre régimens de jeune garde. Trop d'équité et de patriotisme animaient le général Dumoustier pour qu'il n'improuvât pas assez hautement cette guerre odieuse et déloyale; mais à l'armée il n'était plus que guerrier. La Biscaye, la Castille-Vieille, la Navar→ re, éprouvèrent l'activité infatigable, l'indomptable fermeté de son caractère, et Mina dut lui céder partout. Mais si les guérillas n'obtenaient pas de quartier, les populations désarmées étaient traitées avec humanité et désintéressement; le général payait scrupuleusement la dépense de sa maison,

Il fut fait général de division le 24 juin 1811. Les désastres de 1812 rappelèrent bientôt le général Dumoustier en Allemagne; il combattit avec la première division de la jeune garde à Lutzen et àWutchen. Pendant l'armistice, il fut l'un des commissaires nommes pour la délimitation entre les armées belligérantes. Il était à Dresde le 26 août; chargé de repousser les troupes ennemies qui attaquaient la porte de Plauen avec une artillerie formidable, il sortit à la tête de sa division, sous le feu le plus meurtrier, reçut une décharge à mitraille, qui blessa à la jambe droite et fitt ber son cheval sous cinq biscaïens; malgré les douleurs de sa blessure, il resta jusqu'à minuit sur le champ de bataille.

Ici finit en quelque sorte la carrière militaire du général Dumoustier. Obligé d'évacuer Leipsick, où il avait été transporté, il reyint en France, soutenu par les tendres soins de son aide-de-camp Boyes, et vit bientôt son pays envahi, sans pouvoir concourir à sa défense.

ris, il voulut revenirà Nantes; trois mois auparavant, il avait protégé, contre l'exaltation du moment, un grand nombre de royalistes; il fut vexé, exilé et mis en surveillance à Nemours. Cette injustice n'altéra pas sa modération; et lorsqu'à la fin de juillet 1830, appelé par le vœu de la population, il eut pris le commandement de la garde nationale et de la division, il défendit encore des fureurs populaires les hommes que leurs noms et leurs anécédens signalaient à l'animadversion.

Le Roi élu par la nation, avait, en donnant au général Dumoustier le commandement de la 12 division, confirmé le choix du pays; au mois de mars suivant, S. M. le chargea d'inspecter les régimens d'infanterie des 12 et 4e divisions, et le nomma grand officier de la légiond'honneur.

Mais depuis long-tems la santé du général Dumoustier était usée; des fièvres, un catarrhe la ruinaient. Déjà, au moment où éclata la révolution de juillet, l'élan de patriolisme avait ranimé ses forces; elles s'abattirent au premier choc. Une chûte de cheval, faite dans sa détermina tournée d'inspection, un dépôtau genou gauche; le mal fit des progrès effrayans; après quarante jours de souffrances inouies, l'amputation de la cuisse fut dée comme le seul, mais trop douteux moyen de salut; elle eut lieu le 12 juin. Le courage admirable, Les bourbons étant rentrés à Pa- la prodigieuse force d'ame du gé

Le général Dumoustier prit sa retraite à la restauration, et vint se retirer à Nantes au milieu d'une famille chérie. Au retour de Napoléon, il fut nommé par les Nantais membre de la chambre des représentans, et fut l'un des cominis saires que cette assemblée choisit rallier l'armée autour du drapour peau tricolore, après la déroute de Waterloo.

regar

[blocks in formation]

INAUGURATION DES ANCIENS SOUVERAINS DES PAYS-BAS. Ce

tion des souverains des Pays-Bas ; cette partie de uotre histoire n'est guére mieux connue que toutes les autres, nous croyons donc, en re➡ traçant les faits principaux de ces grandes solennités, faire chose qui soit agréable à nos lecteurs.

On sait que c'était à des titres différens que les provinces des PaysBas étaient réunies sous le même sceptre. Le souverain était inauguré, comme duc de Brabant et de Limbourg, à Bruxelles, comme duc de Luxembourg, dans la ville de ce nom; comme duc de Gueldre, à Ruremonde; comme comte de Flandre, à Gand; comme comte de Hainaut, à Mons; comme comte de Namur et comte seigneur de Malines, dans ces deux villes respectivement; comme seigneur de Tournay et Tournaisis, à Tournai. La Flandre rétrocédée en vertu de la paix d'Utrecht, et qui comprenait les villes, châtellenies et districts d'Ypres, Furnes, Warneton, Poperinghe, Verwiett, Dixmude, Loo, Roulers, Menin, ne jouissait pas du privilège de l'inauguration, Le gouvernement autrichien, lors

fut une idée heureuse et toute patriotique, de consacrer, par une inauguration solennelle, l'avènement du Roi des Belges. Cette cé remonie, où le prince et la nation vont s'unir par des liens sacrés, par des liens qui doivent assurer leur bonheur mutuel, réveille des souvenirs qui seront toujours chers à nos concitoyens; elle rappelle une de ces institutions nationales auxquelles nos pères attachaient le plus de prix. La génération actuelle ignore généralement ce qui se prati quait autrefois lors de l'inaugura

qu'il en avait pris possession en 1720, s'était refusé à la réincorporer à la province de Flandre, de même qu'à y laisser établir un corps d'états; il y maintint l'ordre de choses établi par Louis XIV et les hollandais: de cette manière, les impôts y'étaient perçus sans le consentement des représentans du peuple.

Depuis Philippe II, les souve rains des Pays-Bas n'ayant plus ré

sidé dans ces provinces, c'étaient les gouverneurs généraux du pays qu'ils commettaient pour faire, en leur nom, tous les actes de l'inauguration. Ceux-ci y procédaient ordinairement eux-mêmes à Bruxelles et à Gand: mais, dans les autres localités, ils se faisaient substituer, en vertu de leurs pouvoirs, par des commissaires, qui étaient ou les gouverneurs et grands baillis des provinces, ou les présidens des conseils provinciaux, ou des seigneurs d'une naissance illustre. La formalité de l'inauguration n'était pas indispensable pour que le souverain pût exercer son autorité; en d'autres termes, il usait de la souveraineté qui lui était dévolue à titre héréditaire, avant d'avoir rempli cette formalité, et cela sans contradiction aucune. Marie-Thérèse, par exemple, ne fut inaugurée qu'en 1744, tandis qu'elle avait succédé à l'empereur Charles VI son père dès l'année 1740.

Dans la plupart des villes, nommément à Bruxelles, à Ruremonde, à Gand, à Mons, à Tournay, l'inauguration se faisait régulièrement sur un théâtre en plein air. Cette solennité était partout environnée d'une grande pompe, et suivie de fêtes qui se prolongeaient pendant plusieurs jours. A Bruxelles, à Gand, on jetait au peuple des médailles d'or et d'argent et de bronze, à l'effigie du nouveau souverain. A Namur et à Tournai, on répandait de l'argent.

C'était le souverain qui le pre

mier prêtait serment aux états; ensuite il le recevait d'eux. En général il jurait de garder tous les sujets en leurs droits, priviléges, coutûmes et usages, sans qu'il en fut fait le détail; la Joyeuse Entrée de Brabant était le seul acte où ces privilèges fussent individuellement rappelés. Les états au nom du peuple, juraient d'être bons, obéissans et fidèles sujets. Dans la Flandre rétrocédée tout se bornait à un serment de fidélité et obéissance prêté par les députés de diverses administrations réunis à Ypres, sans que le représentant du souverain leur en fit aucun.

,

[blocks in formation]

fraient les cérémonies de l'inauguration dans les différentes provinces, je citerai les suivantes. A Gand après la prestation des sermens réciproques, le représentant du souverain prenait possession du comté de Flandre: en sonnant trois fois une petite cloche suspendue à côté du dais. A Mons, il allait sur l'autel de Ste.-Waudru relever les fiefs qui dépendaient de l'affique de cette sainte, et ensuite il embrassait les dames chanoinesses.

Dans un temps où la possession d'un fauteuil, la préséance dans une cérémonie publique, le droit d'ouvrir les dépêches adressées à un corps, donnaient lieu à de longues contestations, on ne s'étonnera pas que la cérémonie de l'inauguration fit naître plus d'une difficulté. En Hainaut, les chanoinesses de Ste.-Waudru prétendaient avoir le pas sur les Etats de la province,l'ordre du clergé surles pairs. Les châtellenies du vieux bourg de Gand, d'Audenarde et de Courtrai, ainsi que ces deux dernières villes, se disputaient respectivement le même honneur. Les chanoines de

St.-Aubin à Namur, soutenaient que, dans leur église, ils devaient être rangés avant les membres des Etats, Le magistrat de Tournai, réclamait pour que, dans les actes des le titre de seigneur sermens " de Tournai et Tournaisis fut inséré avant celui de seigneur de Malines, et il se fondait sur ce que, dans les assemblées des Etats-généraux, ses députés précédaient ceux de cette dernière province. Chaque fois la

J

ville de Louvain s'appuy ant sur ce qui s'était pratiqué jusques au règne des archiducs inclusivement, demandait que l'inauguration du duc de Brabant eût lieu en cette ville et non à Bruxelles; on avait toujours beaucoup de peine à obtenir son consentement, et ce n'était qu'au moyen d'un acte de non-préjudice qu'on le déterminait à le délivrer.

L'inauguration de François II, comme duc de Brabant et de Limbourg, eut cela de remarquable qu'elle se fit par ce prince en per

sonne. Il était arrivé à Bruxelles le

9 avril 1794, pour exciter par sa présence, le zèle des Belges dans la guerre qu'il avait à soutenir contre la république française: le 23 du même mois, il fut inauguré sur solennité, qui existent aux archila Place Royale. Les actes de cette d'une circonstance qui mérite d'èves un royaume, font mention

tre relevée ici. Les Etats de Brabant étaient dans l'usage de rester rait cette cérémonie. L'empereur couverts pendant le tems que dufait observer que sa di

leur

ayant gnité, comme chef de l'empire et possesseur de plusieurs autres couronnes, serait blessée s'ils ne se découvraient point en sa présence, ils consentirent à ne pas user de leur droit, mais en demandant acte de non-préjudice: l'archiduc Charles, gouverneur-général des PaysBas, leur écrivit, à cette occasion, la lettre suivante, qui porte la date du 22 avril.

« Très révérends, révérends pè

« VorigeDoorgaan »