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ment public, et à la formation de Codes pour toutes les branches du service militaire.

du

« C'est principalement dans cette partie que le législateur Gossuin a rendu au pays de grands services, soit dans sa présidence du comité militaire, soit à l'armée du Nord qu'il a organisée et administrée pendant ses longues missions, qui l'y ont retenu en 1792 et 1793, moins en partie. Ses rapports sur les manufactures d'armes, sur la solde des troupes, sur le dévouement de la ville de Condé, sur les indemnités qu'il fit accorder aux villages pillés par l'enne.ni, et sur plusieurs autres objets, ont marqué sa présence à la Convention, où il se signala par une modération fort rare dans ces terribles conjectures.

<< Mais il était plein de force et d'énergie dans les comités, quand il y demandait des institutions qui fussent, dans la suite, des garanties contre l'idiotisme, l'impéritie, les passions et la décrépitude des chefs de l'état. L'expérience et l'étude des peuples lui avaient appris d'ailleurs qu'une bonne administration a plus d'influence sur la prospérité d'un peuple que son contrat social des rois absolus n'arrêtent pas nécessairement le cours des richesses industrielles et commerciales; et des conseils populaires peuvent bannir l'abondance et le bonheur d'une république par des lois somptuaires, par le monopole, par les douanes,

par des bornes imposées à la marche de l'esprit humain, sous prétexte de protéger un culte quel

conque.

« Après avoir été élu cinq fois député, Gossuin a rempli les fonctions d'administrateur-général des forêts. Il comptait, en 1818, plus de trente-six ans de service public.

<< Il était membre fondateur de la Société centrale d'agriculture.

« Son fils cultive les lettres et les arts. Il a déjà fait preuve d'intégrité, de prudence et d'habileté dans des emplois difficiles. Tout à la fois électeur et éligible, ami de la liberté et riche des antécédens que son père lui a laissés pour exemples, il est digne de représenter un jour son département parmi les membres de la minorité courageuse, que nous voyons réduite à constater la violation de cette partie des droits acquis dont la Char

te est la reconnaissance.

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Et en voyant la pauvre créature assise là, laissant aller dans le ruisseau sa vieille jupe de damas vert, et portant autour d'elle un regard louche et idiot, des d'en.. groupes fants se rassemblaient devant elle

plaisamment la feuille de chou comme si elle eût retourné une page.

Il y a parmi la classe ouvrière du Cambrésis des chansons bizarres, transmises de mère en fille durant les veillées d'hiver, et que l'on redit en éclatant de rire, lorsque l'on danse autour des feux de la SaintJean.

Une verve âpre et grotesque a inspiré ces couplets, mélange de patais cambrésien et d'expressions surannées du moyen âge, et qui de même que toutes les pasquilles du quinzième siècle affluent en épi¬ grammes contre les moines,

On s'étonne, on s'émerveille de la grotesque poésie, de la verdeur de plaisanterie, dụ bonheur de di.

et lui disaient : Chante, voilà du requ'il y a dans ces chansons. Quels pain.

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poètes populaires les ont compo¬ sées ? Voilà ce que nul ne sait et ne saura probablement jamais,

Tels étaient les refrains que la stupide Nounou affectionnait et les seuls que sa mémoire eût pu retenir jusqu'alors. Elle les chantait avec un imperturbable sang-froid au milieu des insultes dont la harcelaient l'engeance impitoyable des enfans. Et quand le soir était venu et que la voix niaise et na¬ zarde de la pauvre fille lui manquait, elle recueillait dans son tablier les morceaux de pain que l'on avait jetės autour d'elle, et qu'elle n'avait point songé à recueillir tane dis qu'elle chantait. Car, elle aussi, elle éprouvait cette préoccupation profonde qui s'empare de tout

homme, quand il se livre à une occupation chérie, elle aussi éprouvait cette préoccupation que l'on a paré du nom d'inspiration,

Après bien des années de délaissement, on a pris en pitié sa misère, on a recueilli l'insensée à l'hôpital-généralet elle y végête, n'ayant cure ni de l'instant qui est, ni de l'instant qui va venir. Elle est heureuse comme un brin d'herbe qui pousse contre un mur, et qu'une goutte d'eau tombée d'un toit vient désaltérer de tems à autre.

Elle a changé son allure profane contre des habitudes de dévotion, elle a changé ses couplets égrillards contre des cantiques. Mais sa raison, encore moins sa volonté, n'est pour rien dans ce changement. Elle s'est laissé faire, car pour elle, ni obstination, ni desir, ni penser. Donnez lui une impulsion, et l'automate de chair y obéira. Son intelligence est au-dessous, bien au-dessous de l'instinct d'un chien de chasse,

Voilà comment elle est depuis le jour où elle naquit, voilà comment elle sera jusqu'à l'heure de

la mort.

Le philosophe dit: elle est heureuse, car elle n'a jamais connu, elle ne connaîtra jamais les horribles angoisses du désespoir, et les mornes douleurs du désenchante

ment.

Et les pieuses filles qui la soignent disent aussi elle est heureuse,

et elle le sera dans l'autre monde, car le maître a dit : « Bienheureux » les pauvres d'esprit, le royaume » des cieux est à eux.

S. H, B.

LE MATELOT SION.

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Tout

le monde a su dans le tems que lors du débarquement de l'armée des¬ tinée à la conquête d'Alger, le prenemi, planta notre drapeau sur la mier qui, bravant le feu de l'encôte africaine, était un jeune marin de 22 ans, nommé Sion; mais ce que l'on ignore assez généralement, c'est que ce brave jeune homme a vu le jour dans notre département,

Henri-Frédéric-Joseph Sion, né à Dunkerque, le 27 février 1808, s'embarqua le 2 juillet 1826 comme duite lui mérita d'entrer successimatelot de 3 classe; sa bonne convement dans les classes supérieures et de parvenir ensuite au grade d'officier marinier ou contre-maî¬ tre,

Dans l'escadre destinée pour l'A,

frique, Sion était à bord de la frègate la Thétis, commandée par le capitaine de vaisseau Lemoine. D'après les dispositions de l'amiral Duperré, on se préparait au débarquement dans la baie de SidiFerruch: Sion, patron de la chaloupe qui devait recevoir son capitaine et le conduire à terre, jugeant qu'il aurait encore le tems d'exécuter le dessein qu'il méditait, dirigea de sa seule volonté sa chaloupe vers la rive où personne de l'escadre n'était encore parvenu. L'ennemį

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avait abandonné la partie du fort la plus rapprochée de la mer; il s'était retranché derrière un second bastion, mais son feu nourri et celui des arabes réunis sur la plage n'intimidèrent pas notre intrépide concitoyen. Il s'élança sur la partie abandonnée du fort, et là il planta le premier l'étendart de la France. Cette vue fit redoubler le feu des ennemis, mais Sion y échappa heureusement et parvint à se mettre à l'abri derrière un rocher. Alors s'effectua le débarquement,

alors se rallia notre armée autour du signe qui bientôt devait être celui de la victoire.

Cet acte de courage de notre concitoyen ne devait pas rester sans récompense. Le gouvernement a changé depuis; l'étendard que Sion arbora est aujourd'hui justement proscrit, mais qu'importe la couleur d'un drapeau qui, confié à des français, est toujours l'embleme de l'honneur ! Il appartenait à notre digne monarque de récompenser une action que son âme est si bien faite pour apprécier : il daigna créer le jeune Sion chevalier de l'ordre de la légion d'honneur,

L'ordonnance rendue sur le rapport de l'amiral Duperré est datée du 2 octobre 1830. Le 5, M. Horace Sébastiani, alors ministre de la marine, en donna avis à Sion dans une lettre des plus flatteuses.

Ce fut le 4 novembre que la réception eut lieu à Toulon, en pré, sence de toutes les autorités du lieu, et de plus de cinq mille hommes de

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L'AMIRAL JACOBS. — Michel Jacobs, Jacobsen ou Jacobson, (1) habile et brave marin, naquit à Dunkerque vers le milieu du 16o siècle, d'une famille originaire de la Flandre maritime, où elle paraît avec distinction dans des époques reculées. En 1309, Clays, sir JACOBSEN, de la Brille, fut envoyé par Guillaume III, comte de Hollande, en Angleterre pour traiter, sur les

(1) L's seule est l'abréviation ou contraction de la syllabe sen ou son, qui, dans les langues septentrionales, veut dire fils.

dommages occasionnés de part et d'autre par les prises faites en mer. (Voyez Thomas Rymer, tome 3. page 151.) En 1399, Didier JACOBSEN est mentionné comme un des notables citoyens de Delft (id. ibid. tome 8, page 96.) En 1439, Evrard JACOBSEN, bourguemestre d'Amsterdam, fut chargé par son souverain de plusieurs commissions importantes. (Annales de Flandre, par Emmanuel Sueyro, tome 2. page 313.)

Michel, qui donne lieu à cet article, se signala héroïquement au service d'Espagne, et devint par ses actions l'honneur de sa famille et l'ornement de sa patrie. Il commandait, en 1588, un vaisseau dans la fameuse armée navale de Philippe II, dite l'invincible, et ce fut à son courage et à son intelligence que l'Espagne dut la conservation des débris de cette flotte malheu reuse. En 1595, il commanda en chef une Escadre espagnole, , ayant sous lui Daniel de Coster, vaillant capitaine, et prit, brûla ou coula à fond tous les bâtimens hollandais employés à la pêche. Une continuité d'actions éclatantes lui procura successivement le grade d'amiral général, et l'ordre de SaintJacques. En 1632 il amena d'Espagne à Dunkerque sa flotte avec quatre mille hommes de troupes; et sans s'effrayer du nombre des vaisseaux anglais et hollandais qui défendaient l'entrée du port, il y entra sans perte. Retournant ensuite avec cette même flotte en Espagne pour y chercher d'autres

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troupes, il battit dix vaisseaux turcs, et ramena tous les siens d'Espagne à Dunkerque. Telle fut sa dernière expédition. « Mais, dit » Faulconnier, historien de Dun>kerque, il ne jouit pas long-tems >> du bonheur de son voyage; il mou>> rut quelques jours après son arri»vée, en 1632: il y avait 50 ans qu'il » servait le roi d'Espagne, et tou>> jours avec tant de valeur, de con» duite et de fortune, que les hol» landais le surnommèrent le Re»nard de la mer (1). »

Le roi catholique fit transporter son corps à Séville: il y fut enterré dans l'église où reposent les cendres de Christophe Colomb et de Fernand Cortès. Michel Jacobs eut de Laurence Weus son épouse, sept garçons et cinq filles; quatre de ses fils furent capitaines de vaisseaux de guerre, et se distinguèrent à son exemple. Jean Jacobs l'un deux soutint en 1622, avec un seul vaisseau, un combat de quatorze heures contre neuf vaisseaux hollandais, coula à fond leur vice-amiral Herman Kleuter et deux autres vaisseaux; puis voyant son tillac couvert de hollandais, qui étaient parvenus à l'aborder, se fit sauter en l'air avec eux plutôt que

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(1) Faulconnier nous a conservé les traits de ce brave marin en faisant graver son

portrait dans son Histoire de Dunkerque, publiée à Bruges, 1730, in-folio, première partie, page 134. L'amiral Jacobs, dont le nom a été oublié dans toutes les biogra

phies, méritait bien de tenir une petite place dans les annales d'une ville dont il fut une des plus brillantes célèbrités, avant qu'elle eut donné naissance à l'illustre JeanBart. A. D

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