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retiré à Paris ou dans sa terre de Beaumont (département de l'Oise); néanmoins ne voulant pas rester étranger à ce qui pouvait être utile à son pays natal, il fit partie de la Réunion du Nord, fondée à Paris et présidée par le maréchal duc de Trévise. Pen de jours après l'avène ment de S. M. Louis-Philippe Ier au trône de France, le général Corbineau fut appellé au commandement supérieur de la 16a division militaire, pays qui l'a vu naître, et dans lequel il lui a été d'autant plus facile de se faire aimer, qu'avec un grand fonds de justice, le général joint des manières affables et pleines d'aménité.

A. D.

JEAN LE PREVOST. Jean le Prévost, naquità Valenciennes vers 1550; il fit d'assez bonnes études et se détermina à entrer dans les ́ordres. Il prit l'habit de religieux dans l'abbaye d'Hasnon de l'ordre de St.-Benoist à une époque qu'on ne saurait préciser, mais qui ne doit pas être éloignée de 1580. Les guerres de religion qui troublèrent les Pays-Bas vers ce tems là, confirmèrent Le Prévost dans sa résolution, il devint un zélé catholique, et ayant reçu du ciel une imagination plus poétique qu'on n'en rencontrait ordinairement sous le ciel fiamand, il conçut le projet un peu téméraire peut-être de mettre en vers français les prières de la messe et des diverses pratiques religieuses des catholiques. Cette résolution lui vint pour faire pièce aux hérétiques qui chantaient leurs

Psaumes mis en vers par Marot et se moquaient des catholiques qui entonnaient du latin la plupart du tems sans en comprendre un mot.

Difficile était l'entreprise du poète Valenciennois; et le croirait-on?

il

en sortit avec plus de succès qu'on n'eût pu l'espérer à une époque et dans des lieux aussi éloignés des progrès des lumières. Les vers de le Prévost sont supportables et c'est tout ce que l'on pouvait exiger d'un religieux d'Hasnon au XVI° siècle. Il n'est peut-être pas sans intérêt de

donner ici un échantillon de son style, qui le fera mieux connaître que tout ce que nous pourrions en dire. C'est ainsi, par exemple qu'il traduit le commencement du Crédo:

Je crois en un vrai Dieu, le Père toutpuissant, Qui est le créateur du ciel resplendissant, Ensemble de la terre et des choses visibles, Et de celles qui sont à nos yeux invisibles.

Quand le prêtre dit le Dominus vobiscum:

2

Vaeillés, bon Dieu, estre parfaictement
Auec l'esprit du prestre incessamment
En exauceant par grace singuliére,
Sa suppliante et publicque prière :
Et nous donnant, par vostre grand' bonté
Ce que requiert nostre nécessité :
Par Jésus-Christ vostre fils débonnaire,
Nostre seigneur et nostre salutaire,
Qui avec vous aussi le sainct Esprit,
Dieu tout puissant, à toujours, régne et vit.

Ces vers ne sont pas trop vieux pour un moine qui s'engraissait dans une riche abbaye des PaysBas, au même tems que Ronsard vivait à la cour la plus policée et la plus brillante de l'Europe.

Le rythme qui convenait le mieux à Jean le Prévost était celui des vers.

de cinq syllabes; il s'en servait assez adroitement dans les prières des fêtes de l'année au Kyrie Eleison

«Dieu créateur
Par ta clémence
L'humble pécheur
Purge d'ofense.
Dieu permanent,
Père amiable,
Sois nous clément
Et favorable.
Fay nous merci
Dieu débonnaire,
Repousse aussi
Nostre adversaire,

Christ redemteur
De tout le monde,
Des tiens le cœur
De pêché munde.

Roy souverain,
Christ salutaire,
Pardon soudain
Veuille nous faire.
De nous, ô Christ
De Dieu le verbe,
Chasse l'esprit
Faulx et superbe.

Esprit de paix
Et sans fallace,
N'oste jamais
De nous, ta grâce:

Bon conducteur,
Conduy nostre ame,
Chasse malheur

Et vice infame.

Esprit tuteur,
Et sauve-garde,
L'ame d'erreur

En tous temps garde. »

Assurément ces vers qui ont près de deux siècles et demi de date, sont plus décens que les cantiques

dont les missionnaires inondaient naguères nos provinces, et plus clairs que ces poésies dont les obscurs imitateurs du romantique Hugo ont voulu faire venir la mode

au XIXe siècle.

Le religieux-poète de Valenciennes paraît avoir terminé sa traduction poétique vers 1590; le 5 novembre 1593, il obtint du roi d'Es

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pagne le privilège de la faire imprimer; mais il se trouva dans un grand embarras : la populeuse ville de Valenciennes, cité noble et riche, ne possédait pas encore alors d'imprimerie. Le Prévost qui, comme les poètes du bon tems, n'était sans doute pas très-fortuné, ne crut point devoir courir les risques de publier son ouvrage à ses frais dans une ville voisine; la coûtume si commode des souscriptions n'était pas inventée alors, et le versificateur Valenciennois se contenta de conserver ses poésies sacrées en portefeuille, se donnant quelquefois le plaisir d'en lire quelques passages, par voie de récréation dans plusieurs couvens du pays, après avoir préalablement vuidé quelques bons lots de vin. Leur succès ne fut pas douteux s'il faut en croire les petites pièces de vers, en forme de sonnels louangeurs, qui parurent à cette epoque et qui furent adressés à l'auteur par Philippe Numan, Thomas Molin, Philippe de Hoves, tous Valenciennois du tems qui se piquaient de bien tourner un vers et de se connaître en poésie. Henry d'Oultreman, lui-même, le naif historien de Valenciennes, paya son tribut d'éloges au poète le Prévost et lui décocha un sonnet dans lequel il le compare à Moïse.

Enfin le plus ardent souhait de Jean le Prévost fut exaucé ; un imprimeur vint établir ses presses Valenciennes au commencement du 17° siècle, et les poésies du religieux d'Hasnon furent imprimées sous ce titre :

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que

le

« Prières en vers, et rime, povr << reciter dvrant le sacrifice de la « Messe, et s'accorder à cela « prestre dit, et que le clergé chante << auant le sacrifice, les iours so« lemnels. Par D. Jean le Preuost, << Valencenois, religieus de Has« non, de l'ordre Sainct Benoist. « A Valenciennes, chez Lau« rent Kellam, imprimeur Iuré. MD CIII» in-8° de 17 fs. liminaires et410 pages dont les 7 dernières non cotées. Ce livre qui est adressé par l'auteur aux Seigneurs Bourgeois et Manans de Valenciennes est aujourd'hui devenu très rare. Il a surtout pour notre pays un degré d'intérêt de localité, c'est incontestablement le premier livre qui ait été imprimé à Valenciennes. Laurent Kellam, père de la typo graphie Valenciennoise, étrenna ses presses par ce volume curieux. Ce fait est suffisamment constaté par le passage suivant de l'épître dédicatoire en prose, tant soit peu poétique adressée par Le Prévost aux magistrats de Valenciennes : << En après, veu qu'avec grace libé<< ralle, vous avés ici admis un im<< primeur, où il n'en y avait point << encore eu : il appertient bien que «< ce livre composé et imprimé en <«< ce lieu, contenant prières en vers «< françois, pour soi servir sous le << sacrifice de la messe chose non << pratiquée par autre, porte vostre << nom en chef, pour servir com<«< me de rameau verdoyant, sur le << fait d'un charpentage nouveau « érigé. >>

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Il est probable que le poète Valenciennois ne s'est pas arrêté en si beau chemin; sans doute il a

composé d'autres poésies, puisqu'il dit quelque part que celles-ci ne sont que les primices de ses petits labeurs, peut-être même le religieux d'Hasnon ne s'en est-il pas toujours tenu aux poésies sacrées. Quoiqu'il en soit, les vers profanes de Le Prevost, si toutefois il s'est jamais permis telle licence, ne sont pas parvenus jusqu'à nous nous devons nous en tenir la dessus aux conjectures, on était loin alors d'être arrivé au point où, comme au siècle dernier, les abbés se fesaient gloire de publier des œuvres badines qu'un mousquetaire eut à peine avouées.

A. D.

WALLEZ (JOSEPH). Le village de Cátillon, dans l'arrondissement de Cambrai, est un de ceux du département du Nord qui a fourni aux armées françaises le plus grand nombre de braves. Joseph Wallez, sergent-majorau 13° régiment d'infanterie légère, était né dans cette commune. Tombé au pouvoir de forces supérieures ennemies à Culm le 30 août 1813, il fesait partie d'une colonne de prisonniers escortée par 52 Prussiens, lorsque aidé 25 fantassins de son régipar ment, ses compagnons d'infortune, il parvint à désarmer ses conducteurs et à les faire eux-mêmes prisonniers. Il les ramena en triomphe aux premiers postes de l'armée française dont il n'était séparé que par une distance de deux lieues. Cet acte de courage et de présence d'esprit et d'autres, moins brillans peut-être, lui méritèrent d'être dé

coré de l'étoile des braves.

A. D.

LES HOMMES ET LES CHOSES.

VII.

GOSSUIN. — M. Gossuin, d'Avesnes, ancien administrateur-général des forêts, mourut à Paris, le 11 avril 1827 : nous sommes heureux de pouvoir donner aujourd'hui le discours prononcé sur sa tombe par M. Torlotte, ancien sous-préfet, auteur de l'Histoire philosophique des Empereurs Ro mains. Voici les expressions de M. Toulotte, telles qu'il a bien voulu nous les transmettre :

<< Messieurs,

« Constant-Joseph-Eugène Gossuin naquit dans le département du Nord, en la ville d'Avesnes, le 12 mars 1758. Il reçut une excellente éducation, et fut maire avant l'âge où il n'aurait pu l'être sans dispense. Il exerçait ces fonctions depuis neuf ans, lorsque le suffrage de ses concitoyens les lui prorogea

en 1790.

<< Des idées saines et des connaissances positives, jointes à cette bonté d'âme qui donnait aux malheureux un appui dans le citoyen que nous regrettons tous, l'avaient fait distinguer parmi ceux qui auraient pu administrer la mairie d'Avesnes. Il fut chargé de régir les propriétés d'une famille, royale par l'origine, nationale le triotisme, populaire par sa bienfaisance; sans orgueil dans la prospérité; grande dans le malheur, et en possession d'offrir, depuis Louis XII jusqu'aujourd'hui, cette continuité non interrompue de princes

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« En 1790, mon ami Gossuin organisa les nouvelles administra→ tions dans le département du Nord. Il y fut membre du directoire cen→ tral, et y présida les électeurs en 1791, à l'époque mémorable où le Roi accepta cette belle constitution, sur le maintien de laquelle comptaient d'habiles publicistes dont le pouvoir eut le malheur de

¡néconnaître la droiture des intentions. La maligne influence des ennemis du nouvel ordre de choses rendit impuissante l'Assemblée législative dont mon ami Gossuin faisait partie; elle se vit forcée d'invoquer le secours du peuple français et, un grand péril enfanta la Convention.

« Sa dictature de trois ans fut n'être pa- trop longue pour par féconpas de en calamités. Que va-t-elle faire? Sa mission est de tout abattre et de tout reconstruire. Loin de jouir du calme nécessaire aux créations, elle a la tête dans la région des orages. et les pieds sur des abîmes. Ceux-ci

ne l'effraient point, et on la croirait dans son élément au milieu de ceux là; elle recèle dans son sein

tous les genres d'intrépidité, et porte, dans ses actes une ardeur brûlante; elle comprime ses ennemis de l'intérieur, et voit renaître les factions de leurs propres cendres; il semblerait qu'elle n'aura jamais assez de toutes ses forces, et elle s'ouvre les veines à la voix des partis ; elle doit affermir la révolution, et n'en épargne point les auteurs; elle a proclamé la république, et des conventionnels républicains n'en périssent pas moins sur l'échafaud. Voilà bien, dironsnous, la discorde et le vertige des passions humaines portés à l'excès. Ah! sans doute. Eh bien! le patriotisme et les ressources de cette assemblée célèbre surpassèrent et ses violences inouïes et ses cruelles mutilations. Elle regarde sans effroi l'Europe levant des millions de glaives sur la patrie mise en péril par des révoltes et des insurrections, menacée par l'irruption de toutes les vengeances et déchirée par le fanatisme qu'accompagne la duplicité, que précède la trahison; qu'aucune infortune n'attendrit, et qui reproche à la coalition des rois de ne savoir point haïr la république. Celle-ci, seule contre tous, n'a ni poudre, ni magasins, ni fusils, ni soldats, ni chefs habiles. La Convention fait un appel à la liberté, et en obtient, comme par enchantement, des munitions, des approvisionnemens, des soldats et des généraux. Nos volontaires sont remplis d'enthousiasme

par les chants de Tyrtées capables d'électriser le marbre, et les chefs de nos armées reçoivent l'ordre de battre l'ennemi. La Convention déclara la guerre à l'Angleterre, à la Hollande, à l'Espagne, et réunit à la France la Savoie, le comté de Nice, le pays de Porentruy. On allume, sur divers points de l'inté➡ rieur, les torches de la guerre civile; on favorise, sur quelques au→ tres, les projets de l'ennemi, et la Convention ne parait craindre ni l'Angleterre, ni la Prusse, ni les satellites de ces trois planètes guerroyantes. Elle abolit l'esclavage dans les colonies françaises, fait la guerre à l'athéisme, pacifie la Vendée, rompt par des victoires la ligue des rois et recule nos frontières avec les sabres de nos soldats.

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« L'Europe étonnée voit sortir de cette assemblée une législation égale pourtous, les bases du Code civil qui nous régit, et le système de finances adopté par l'empire, admiré par nos voisins. Des milfiards ont passé et repassé entre les mains dés conventionnels, sans porter atteinte à la réputation d'aucun d'eux. On reconnait encore avec l'éloquent de Serre que les majorités ont des intentions droites, surtout alors que les élections fournissent de très-nombreuses assemblées; on le reconnait, disonsnous, à la création du système uniforme des poids et mesures, à la fondation d'un musée national des arts, à l'établissement d'écoles pour les sciences, pour les lettres, pour les diverses parties de l'enseigne

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