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sentoient coupables occultement et desquels ils feraient déclaration; que le magistrat, appuyant cette demande, invoqua la clémence de la comtesse en la conjurant de prendre en considération la prière des prisonniers; que, eu égard à la sainteté du jour et afin de se rendre elle-même digne de la miséricorde divine, après avoir été informée des motifs de leur détention, elle leur accorda grâce, et promit au magistrat, pour elle et ses successeurs, comtes et comtesses de Flandre, qu'elle conserverait cet usage en perpétuité.

Plusieurs fois des individus se trouvant incarcérés le jour du Vendredi-Saint, ont déclaré ne pas vouloir demander grâce, probablement parce qu'ils ne se sentaient pas coupables. D'autre part, cette grâce n'était quelquefois accordée que sur la réserve que celui qui devait en jouir quitterait la ville et l'échevinage pour un tems déterminé; et que le prisonnier libéré d'homicide, satisferait aux conditions de la paix faite avec les parens et alliés de la personne assassinée.

Ceux qui obtenaient grâce en vertu du privilége, étaient appelés enfans du Vendredi-Saint. (Goeden Vrydag kinders.)

Depuis l'époque de la concession, cet usage est resté en vigueur jusqu'au 3 avril 1795, où l'on fit grâce à deux personnes détenues pour vol.

LAMBIN

archiviste d'Ypres.

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CHAUSSÉES BRUNEHAULT ET GRANDS CHEMINS, On sait que pendant les quatre siècles et demi que les Romains furent maîtres de notre pays, ils y construisirent plusieurs grandes com→ munications. Il s'en faut de beaucoup que les fondations de la plupart de nos maisons soient aussi solides que l'étaient alors les grands chemins. Des restes de ces monumens de la grandeur romaine subsistent encore. Le silex, le grès, mêlés à la chaux, étaient souvent les élémens de ces chaussées, qui eussent été impérissables moyennant un peu d'entretien. Mais la de tous les ouvrages publics. Les chûte de l'empire romain fut celle chaussées disparurent presque jusqu'au tems où la reine Brunehault viron 200 ans après), et le peuple en fit réparer quelques unes (endans sa reconnaissance, leur donna le nom de cette malheureuse princesse, nom qu'elles conservent encore aujourd'hui..

Brunehault n'eut point d'imitateurs parmi ses successeurs. Les grands chemins furent encore négligés. A peine pouvait-on, pendant l'hiver, aller à cheval sur les anciennes voies, qui n'étaient plus que des abîmes de bourbe entremêlée de pierres.

Le peu de commerce qui subsistait se faisait, en grande partie, à dos de mulet ou de cheval. Cet état de choses dura des siècles, et ce n'est que bien tard, dans les tems moderues, que l'on s'est avisé d'ouvrir des routes, de les aligner, de les rendre praticables en

toute saison. Au commencement du siècle dernier, il n'en existait presque point dans notre pays. « La route de Mons à Bruxelles, dit De Boussu, était, avant ce tems (705), le chemin le plus difficile du pays; on peut même dire qu'il devenait impraticable, ce qui engagea les états du Hai naut et du Brabant à concourir à faire cette belle chaussée pour la facilité du commerce. En suite des lettres d'octroi du 17 de mars 1704; Jean-François Posteau, receveur des états du Hainaut, fit la levée des deniers nécessaires pour la construction de ladite chaussée. » L'ordonnance souveraine concernant l'établissement d'une chaussée de Mons à Ath, est du 12 novembre 1734. La partie de la route de Mons à Valenciennes, entre cette première ville et Jemmapes, avait été exécutée en 1724; ce ne fut que 30 ans plus tard que l'on continua le pavé vers la France; et parmi les autres rou tes de notre province, quelquesunes seulement ont été construites, ou ont reçu un commencement d'exécution pendant les dernières années du gouvernement autrichien.

Quelques lignes de l'histoire militaire d'une époque remarquable, suffiront pour indiquer la situation des grandes voies publiques, au moment dont il est question dans le récit :

« La campagne de 1745 s'ouvre au mois de mai par le siége de Tournay. Le mai, le duc de Cumberland ayant rassemblé son armée à Cambron, se porte en une

marche sur le ruisseau de la Catoire, à une demi-lieue de Leuze. Le maréchal de Saxe, de son côté, fait les dispositions nécessaires en cas d'attaque, soit par le chemin d'Ath, par celui de Leuze ou par le chemin de Mons. Le'g, l'armée alliée fait un mouvement par la gauche et se porte sur Tournay par Briffoeul.

Ce fragment historique ne serait guère intelligible pour celui qui ignorerait qu'en 1745 il n'y avait point de chaussée de Tournay à Ath ni de Mons à Tournay par Saint-Ghislain. Les chemins qu'on nomme actuellement chemins vicinaux, étaient encore les seules voies de communications d'une ville à l'autre. Au départ, on allait vers le village qui s'écartait le moins de la direction, et l'on continuait ainsi, de clocher à clocher, en suivant les sinuosités d'un chemin de terre. La grande voie de Mons à Tournay traversait Baudour, Villerot, Stambruges Quévaucamps, Basècles, Bury, Baugnies, Wasmes-Briffeul, Veson et Fontenoy. C'est vers ce chemin que l'armée alliée se porta par un à gauche et en suivant une de ces chaussées, dites Brunehault, qui effaçaient encore alors, dans certaines localités où elles avaient été quelque peu entretenues, toutes les améliorations que l'industrie renaissante de nos ancêtres avait apportées aux autres chemins. Le mauvais état des routes, qui forçait alors les armées à se mettre en campagne au mois de mai, fesait aussi d'un petit voyage une affaire importante. En France,

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Le travail de l'homme n'avait presque rien changé à leur état naturel; seulement depuis quelqué temps les habitans de certaines communes, voisines de carrières de grès, voyant tout ce que la traversée d'un intérieur de village, fatiguée de passage, offrait de difficultés pour eux autant que pour les étrangers, avaient fait paver une ou deux branches de chemins, et l'autorité souveraine du Hainaut, représentée par le grand Bailly, leur avait accordé, en vertu de dispositions des chartes du pays, l'autorisation de percevoir un droit de chausséage dont le produit était appliqué à l'entretien des pavés. Ce droit ne fut obligatoire que pour les forains seulement. Ainsi la première impulsion aux travaux des. routes, a été donnée, en Hainaut, par des communes rurales. Beaucoup de ces communes sont encore en jouissance de leurs octrois.

D'après ce qui précède nous pensons que s'il existe encore des hommes qui vantent le bon vieux

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L'ARBRE A CIRE DE ST.VAAST. M. Monteil, au toj p. 195-197 de son Traité de maté-riaux manuscrits, donne une idée avantageuse d'un manuscrit de son re cabinet, intitulé: S'ensurt les mises faites par le trésorier de l'église Saint-Vaast d'Arras, année 1.437, in-folio. On y trouve de curieux détails sur le cierge pascal, et le soin extrême qu'on y apportait m'induit à penser que les Bénédic tins enviaient le brillant éclat de la sainte chandelle, flambeau céleste et éternel dont l'existence s'est éteinte hier ainsi que celle de ses nombreux enfans, au souffle impur de la philosophie.

« De même que l'église doit occuper un jour un grand espace dans l'histoire des siècles, de même les monastères doivent en occuper aussi un grand dans l'histoire de l'église. Celui de SaintVaast d'Arras était un des plus célèbres par son ancienneté, par son opulence. Il n'y a qu'à lire ses vieux comptes. C'est immense que la seule dépense des parements ou de la parure des temples en étoffes de soie, en orfèvrerie. Combien magnifique était alors le culte ! Les pavés du choeur et de la nef se couvraient, suivant les saisons, de nattes, ou de verdure, en même temps que d'innombrables lampes illuminaient les voûtes. « Item pour deux douzaines de lampes de voirre..... » Quelques articles. après : « Item pour deux douzai

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nes de lampes de voirre... Ge compte est comme les calendriers, divisé en douze mois, dont l'un est entièrement occupé par la dé pense du cierge pascal ou arbre à cire. Pour le faire, il fallait un demi-quintal de cire de toute espèce; il fallait vingt livres de poix; et quoi encore? du vert de gris, de l'huile de lin; et quoi en core? plusieurs pots de terre et graude quantité de fil d'Anvers; il fallait des charpentiers pour le dresser, des peintres pour peindre les toiles, les décorations, les armoiries du saint, de l'abbé et des seigneurs ; il fallait des doreurs pour écrire les lettres et les nombres d'or. Cet arbre, haut de plusieurs coudées, terminé par plusieurs branches, excitait; par l'éclat de ses couleurs, de ses doru

res, de ses formes et de ses ornemens barbares, la dévotion et la joie des peuples, la dévotion et l'admiration des grands, la dévotion et l'orgueil des savans Bénédietins; qui délibéraient longuement sur sa structure, ou pour parler comme le compte, sur l'istoire de l'arbre du moustier... On sera bien aise de fire aussi avec moi dans ce compte : Item pour le taux du roi dès défaillans. C'était celui qui tenait la feuille de pointe. Il y avait encore royalme de valets du grenier. J'ai noté ces expressions: rien n'est petit dans les études de la langue liée à l'histoire des anciens usages. Mais si j'ai bonne oreille, j'entends ici le lecteur: « Pourquoi donc ne proposez-vous pas le, rétablissement des rois des défaillants, qui seraient

utiles en tant de lieux, à com mencer par les plus hauts, par les deux chambres? Vraiment qui, de bons et sévères rois des défaillants donneraient un salutaire mouvement à la chose publique, à la république, comme on disait dans le savant et latin XVIe siècle. » Quelques feuillets plus loin, M. Mouteil nous montre encore l'arbre à cire', à l'occasion des mises ordinaires, faites et payéés par Dùcis-Jehan Hourguenel', trésorier de l'église Saint-Vaast d'Arras', pour l'année 1528, a Comme un siècle, dit-il, change le monde, même dans les lieux qui, par esprit d'institution, changent le moins! La forme du compte de la trésorerie n'est plus la même, et les dépenses, si elles ne changent pas d'objet, sont bien modifiées, à com mencer par l'arbre de cire, qui ne tient plus une aussi grande place. Luther commençait à prêcher, Calvin était né. Enfin nous le retrouvons pour une troisiême et dernière fois dans le Compte de la trésorerie de l'église et abbaye de Saint-Vaast, année 1565. Le monde claustral changea encore bien davantage lorsque Lather eut prêché, lorsque Calvin prêchait, ne cessait de prêcher. L'arbre de cire se rapetissait, ne cessait de se rapetisser ; mais il y avait des choses qui n'avaient pu changer et qui ne changèrent pas : telles étaient les nombreuses places, les nombreux emplois, les nombreux employés, les nombreux serviteurs de toute sorte; telles étaient encore les fondations, les usages, (surtout certaines fon

dations, certains usages), les distributions de pain, de vin, de fromage, de tartelettes, qui égaient plusieurs endroits de ce compte; on y retrouve tout et à la même place.

D. F.

reconduit en prison, et le gouverneur, demanda les ordres du roi d'Angleterre. Ce prince ordonna qu'on informerait de l'ancienneté de l'usage : elle fut constatée, et le roi fit grâce (13 juillet 1365). » Le savant académicien pense que de semblables coûtumes, "qu'on retrouve en divers lieux et particulièrement dans la Picardie, semblent s'être établies dès le premier âge d'une population faible encore, et chez qui toute autre considération cède à la nécessité de favoriser la population par tous les moyens possibles.

Plusieurs actes font foi, dit M. Louandre, dans son histoire d'Abbeville, que jusqu'à la fin du quinzième siècle, une fille publique pouvait sauver du supplice un criminel en le demandant en mariage: il rapporte, d'après le Berger extravagant, (Rouen, 1639, 3 vol. in-8°), qu'une de ces filles, voulant soustraire à la mort un voleur de Hautvillers qu'on allait pendre, manifesta le désir de l'épouser. Mais le voleur ayant remarqué que son Esmeralda boitait, dit au bourreau: «Alle cloque, je n'en veux mie, attaqu'me. » Et le brigand fut pendu.

LE MARIAGE DES CONDAMNÉS A MORT. Il a fallu que nos pères se fissent une singulière idée du mariage, ou que la guerre, qui avait élu domicile sur nos frontières, fût un instrument de dépopulation bien puissant, pour admettre en principe et maintenir pendant des siècles, qu'un malfaiteur, condamné, au dernier supplice, pouvait racheter sa vie en épousant une jeune fille qui le réclamait pour époux, au moment de l'exécution. C'est un fait généralement connu, mais dont on ue cite qu'un petit nombre de monumens authentiques. De Bréquigny, dans un bon mémoire sur les anciennes coûtumes de Calais, qui n'aurait cependant pas dû être rédigé sur les seules chartes de 1304 et de 1517, De Bréquigny nous apprend que : « Josse Dullard, flamand d'origine, avait été condamné à mort à Calais, pour un vol de 27 deniers sterling; lorsqu'on le conduisit au supplice, une femme s'offrit de le prendre pour mari et demanda qu'on le délivrât suivant l'ancienne coûtume, qui accordait grâce au coupable pour vol, lorsqu'une femme consentait à l'épouser. Le cas n'était point arrivé depuis la conquênument des mœurs de nos pères, le de Calais par Edouard; mais on que nos lecteurs nous sauront gré sontint qu'il était arrivé plusieurs de reproduire ici : fois auparavant. Le coupable fut

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Le huitième volume des Archives curieuses de l'histoire de France, qui vient de paraître, publie des lettres de grâce données par Charles IX en faveur d'un prêtre, bien postérieurement à la fin du XVe siècle, c'est un précieux mo

Charles, par la grâce de

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