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remonter, lui passe un bras autour du corps, et nage de l'autre en se dirigeant vers le rivrge ou il le dépose. Toutefois sa mission n'était pas terminée, l'asphixie avait été presque complète; il fait transporter le noyé dans une maison voisine et là, lui prodiguant tous les secours empressés de son art, il le rappelle à la vie.

. Cette belle action valut à son auteur les éloges de ses chefs et une médaille d'or que lui accorda M. le ministre de la.marine Duperré.

Un an jour pour jour s'était écoulé depuis que Lambert avait sauvé le caporal Jaubez, lorsque le fléau asiatique vint exercer ses ravages sur la malheureuse population de Toulon. Au solstice d'été, sons le ciel de feu qui donne à cette partie de la Provence la température d'une plage africaine, la maladie devait sévir avec rigueur. Elle plongea les habitans dans la stupeur par son effrayante intensité. Pendant 17 jours, Lambert avec un courage surhumain et un dévoument sublime vóla au secours des cholériques. Servant tour à tour de chirurgien, d'infirmier, de médecin, de pharmacien, se multipliant pour sauver ses semblables, il apparaissait comme un ange tutélaire au milieu des salles d'hôpitaux,. , des chambrées de casernes, partout enfin où les malades gisaient. Jusque-là, son impassibilité dans le plus horrible danger, sa force d'âme, qui communiquait à ses facultés physiques une puissance inaccoutumée, l'avaient pré

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servé du mal qui décimait la po-
pulation; mais, enfin, une im-
prudence qui eut pour cause sa
trop grande abnégation de lui-mê-
me et l'ardeur hors mesure qu'il
apportait à courir au chevet des
moribonds, lui coûta la vie. Le
corps échauffé par la fatigue, par
des veilles presque continuelles, il
fut appelé un matin pour soigner
quelques nouveaux cholériques. Il
était à jeun; il oublia ou il négli-
gea de déjeuner avant de sortir.
Arrivé dans une atmosphère viciée
et infectée, avec les miasmes délé-
tères qu'émanaient les sujets at-
teints, il respira la mort. Le 7 juillet
1835, il succomba après 14 heures
de souffrances horribles qu'il sup-
porta avec son courage ordinaire.
pour la
Sa perte fut un deuil
gar-
nison, mais sa famille seule connaît
toute l'étendue de la perte qu'elle
a faite dans cet homme généreux.
Lambert était douè des meilleures
qualités du cœur. Sa carrière en-
tière présente une suite non inter-
rompuede sacrifices dans l'offrande
desquels il trouvait sans doute le
bonheur. Il se privait de tout ce
qui ne lui était pas strictement né-
cessaire pour envoyer des secours
à ses parens que le malheur acca-
ble depuis long-tems. Fils géné–
reux, il se serait reproché la moin-
dre dépense inutile sachant son
père dans le besoin: l'honneur, la
vertu, la piété filiale furent ses
guides constans. Ce généreux cito-
yen est vivement regretté de toutes
les personnes qui l'ont connu.
Quant à sa famille, elle est incon-
solable du coup funeste qui lui

enlève à la fois un membre hono- planté d'avoine. Nous l'avouons, rable et un bienfaiteur.

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2 VICTOR HOUZE.

ETYMOLOGIE D'AVESNES. L'Observateur ayant, dans un de ses derniers numéros, livré au public un élégant et judicieux extrait d'un ouvrage de M. Lebeau, président; (1) la phrase suivante éveilla ma curiosité et mes remar

ques : « L'étymologie du nom d'A

vesnes n'est pas exactement connue; l'opinion la plus générale est qu'il vient des champs d'avoine, averæ, dans lesquels on conjecture que les premiers fondemens de Ja ville ont été jetés. »

Peu satisfait de cette origine, voyant même qu'on n'en dissimulait ni la faiblesse ni l'incertitude, je pensai bien faire en tâchant de découvrir peut-être quelque chose de mieux ou de plus vrai, surtout en m'efforçant de fixer les doutes. On nous a donné l'opinion la plus vulgairement reçue; mais pour parler notre langage du droit, error communis non facit jus, l'erreur commune ne fait pas loi ni autorité. C'est au contraire pour nous une raison déterminante de combattre une opinion erronée, d'autant plus grave et puissante qu'elle est généralement répandue. Haq ji 3rpiq 6. d'Avesnes viendrait, dit

Leno

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on, du latin, avena avoine, avena avoine, lieu

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nous ne sommes pas fort disposés à adopter cette étymologie qui, selon nous, répugne tout à la fois à la contexture, au radical du mot à la qualité du sol de notre ville et à l'époque de sa fondation. Nous allons examiner successivement les motifs sur lesquels notre opinion s'appuie.

Avesnes est bâti sur un recher

aride où l'on ne peut guère supposer que l'avoine pût croître. En ontre, au tems de la fondation d'Avesnes, c'est-à-dire au onzième tion et la nature de nos environs, siècle, si l'on considère la situa'formes en grande partie de marais et de bois, on verra que l'agriculture devait être alors fort peu en honneur en ces lieux sauvages, ou du moins trop peu pratiquée pour qu'on allât cultiver une côte infertile, ou semer sur la crête rocailleuse d'une colline. La terre était assez large alors, la population assez peu nombreuse pour qu'on ne se donnât pas la peine de défricher des rocs, surtout quand on avait à deux pas un sol meilleur et plus productif. Les premiers habitans de ces lieux accoutumés aux douceurs d'une vie facile au moyen la chasse et de la pêche dans les forêts et les rivières voisines, n'étaient pas gens à fouiller des pierrailles et des rochers pour nourrir leurs bestiaux, si toutefois ils en élevaient d'ailleurs n'avaient-ils pas de quoi pourvoir à leur subsistance dans les excellens pâturages de nos belles prairies? On peut encore remarquer que malgré les dé

די

de

frichemens de bois, et le dessèchement des marais, malgré tous les progrès de l'agriculture, même de nos jours, les champs d'avoine ou de blé sont assez rares autour de notre ville.

L'étymologie avena ne s'applique pas mieux à notre ville dans la formedu mot que pour le fonds de la chose. En effet, Baudoin d'Avesnes écrit Avenno, Avennenses; Jacques de Guise, Advesnœ. Advensnæ; une vieille traduction anonyme de ce laborieux annaliste porte Advensnes, Advesnes; on trouve encore Avennæ, Avennes en plusieurs chartes et chroniques anciennes. D'où vient donc ce D primitif, qui certes n'exista jamais dans le latin avena? Comment se rendre compte du redoublement de l'N dans Avenna? Comment expliquer l'intercallation d'une N dans la pénultième syllabe d'Avennes, Avennæ, Avennenses, puisqu'on ne rencontre point cette double lettre dans le mot avena. ?

Pourquoi donc torturer ainsi le sens et la forme d'un mot, pour y trouver une étymologie insignifiante, quand on peut en découvrir à moins de frais une beaucoup plus sûre, plus probable satisfaisante et répondant à toutes les objections ci-dessus? Aussi nous pensons, nous, que le mot d'Avesnes dérive du latin advenæ (étrangers, gens qui viennent du dehors s'établir dans un autre lieu; venire ad. Nous adoptons d'autant mieux cette étymologie, qu'elle nous semble raisonnable, en harmonie avec l'es

prit de l'histoire, et qu'elle rentre bien dans les événemens et les circonstances qui précédèrent l'origine d'Avesnes.

Or, voici ce que nous apprennent Baudoin d'Avesnes dans sa chronique., J. de Guise et Vinchant daus leurs annales du Hainaut. Au onzième siècle, un noble baron nommé Werric Lisors ou le Sor, suivi de braves hommes d'armes et de troupes avides de conquêtes et de pillage, envahit le comté de Brabant. Il s'empara alors par force des terres qui avaient appartenu jadis à Gérard de Roussillon duc de Bourgogne, comme héritier de ce seigneur du lignage duquel il prétendait descendre. Il se saisit encore des châteaux et des villes du pays et fortifia la ville de Leuze, lieu de șa demeure, ainsi que

celles de Grammont, Lessine, Alost, Chièvres. Après avoir longtems guerrofé, il reçut enfin une partie du Brabant en feaulté et hommage du comte de Mons qui lui donna de plus, au même titre, toutes les terres sises entre les deux Helpres.

Ces étrangers constitués ainsi en possession de notre pays et du territoire d'Avesnes compris entre ces deux rivières, s'avancèrent dans l'intérieur et s'y dispersèrent par petites colonies. Werric le Barbu, petit-fils de Werric Lisors s'était rapproché de nous, puisqu'il avait déjà un manoir au village de FaytChâteau, si près d'Avesnes, même avant d'avoir rien fondé en ce lieu qui put servir à l'origine d'une

ville. Du moment où Werric le Barbu vint bâtir une tour ou forteresse sur notre colline, on comprend facilement l'origine d'Avesnes son agrandissement et la cause de ces progrès rapides qui élevèrent bientôt cette colonie au rang de ville. Werric, chef hardi et entreprenant, dut nécessairement entraîner sur ses pas une foule de ses vaillans compagnons d'armes qui vinrent aussi lors s'établir sur le rocher d'Avesnes. En effet, protégé par sa position élevée, par la rivière de l'Helpre, par des marais et des bois, ce lieu était fort propre à servir de demeure et de point de défense à des hommes d'une humeur belliqueuse, encore mal affermis sur une terre qu'ils traitaient en vainqueurs. A cette époque des villages assez considé rables existaient déjà dans nos environs, entr'autres Liessies, Maroilles, Fussian, Dompierre. Ces étrangers qui, sous Werric Lisors, fondant tout-à-coup sur le Brabant, s'emparèrent de beaucoup de villes, puis passèrent en grand nombre dans notre pays où ils continuèrent leur vie habituée aux aventures et aux faits d'armes, après la cession à eux faite de ces terres par le comte de Mons; ces aventuriers redoutables dûrent effrayer ou du moins étonner assez l'esprit des populations pour que les bourgades voisines aient donné par excellence le nom d'Advenc ( les fameux étrangers) à la colline baignée par l'Helpre où quelques hommes de ces bandes guerrières vinrent fonder une petite colonie. Ces nouveaux hôtes dûrent

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faire d'autant plus d'impression" sur la population pieuse et ignorante de nos environs à cette époque, qu'ils respectaient fort peu les moines, les abbayes et les églises. On sait comment Werric le Barbu, notre.fondateur, se com porta avec les religieux de Lièssies, comment après avoir dépouillé les chanoines de cette abbaye si riche,' il jeta sacrilégement au feu le testament de Ste.-Hiltrude, pour mieux s'approprier les biens de l'église par la destruction de ce titre.

Enfin pour dernière preuve à l'appui de l'étymologie advence, et comme pièce de conviction, nous thographe de l'antique sceau de invoquerons en témoignage l'ornotre ville. M. Clavon, membre de la société archéologique d'Avesnes, a bien voulu me communiquer ce précieux cachet qui, par sa largeur, la forme de ses caractères, la mention de jurés et le costume du seigneur représenté à cheval, offre des marques non équivoques de haute ancienneté et pourrait bien remonter au moins aux XIVe ou XVe siècles. Il porte pour légende: « Sigillum maioris et iuratorum de Advesnis,» sceau Or l'institution des jurés qui précé du mayeur et des jurés d'Avesnes. da celle des échevins est fort ancienne dans notre pays de Hainaut, puisqu'i 'ils sont mentionnés dans la charte accordée à Valenciennes, en 14, par Baudoin III, comte de Hainaut et la comtesse Yol ande sa femme. On aurait pu dire à l'occasion de cette orthographe Ad~; vesno, qu'il y avait eu altération

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LE VENDREDI - SAINT A YPRES. Le Vendredi Saint de chaque année, il était fait grâce à tous ceux qui étaient détenus dans la prison d'Ypres, pour tout délit quelconque, criminel ou civil, commis à l'encontre du prince. Cette grâce était accordée par le Grand-Bailli, au nom du souverain, et à la prière de l'avoué et des échevins. Ceux-ci se rendaient auprès des prisonniers et visitaient tous les réduits où ces malheureux déploraient leur sort. L'avoué leur demandait s'ils souhaitaient obtenir la grâce du prince « pour l'amour de Dieu et en honneur et révérence du Vendredi-Saint, assavoir de ceux qui n'ont aultre parlie que le Signeur. »Après cette demande, ceux qui désiraient jouir de ce bienfait, se rendaient devant le magistrat, et se prosternant humblement à genoux, con

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fessaient publiquement leur faute, et suppliaient le bailli de leur faire grâce.. 4th fod ib Jenga *

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Voici comment l'origine de cet usage est racontée dans un mémoire qui, d'après les ordres du duc de Bourgogne, fut envoyé, au commencement du XVe siècle, à la Chambre des Comptes à Lille, par le magistrat d'Ypres, qui demanda que l'usage fût maintenu, malgré l'opposition du GrandBailli de ce tems-là :

«La fondation de la dicte grace procede de certain don et octroy fait cidevant par deffunte de bonne memoire contesse Jehanne, contesse de Elandre, laquelle passant parmi la dicte d'Ypres par ung jour de Vendredi Sainct, au marchié d'icelle, oyt crier a haulte voix : grace, grace, et oyant le dict cry, demanda que cestoit et on luy remonstra que cestoient les prisonniers detenuz prisonniers contre elle, comme dame et princesse du pays, lesquelz pour lamour du dict jour de Dieu et en lonneur de sa très glorieuse passion demandoient avoir grace et pardon. >>

Le document nous apprend encore que la comtesse, accompagnée du magistrat, se rendit à la prison et fit demander aux malheureux qui y étaient incarcérés, quels étaient les orimes dont ils sollicitaient la grâce, que ceux-ci répondirent qu'ils la demandaient de tout caz, tant criminelz que civilz pour lesquels ils étaient détenus, comme d'aultres dont ils se

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