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tite naine, bossue par-devant et par-derrière, le cou mince, ventrue, les bras et les cuisses séches et grêles; pour montrer sans doute que la sagesse n'a pas besoin des agrémens passagers du physique. Ce mystère fut représenté à la satisfaction générale de toute la cour de Charles-le-Téméraire et particuJièrement à celle de ses pages qui y prirent, dit l'histoire, plaisir et soulas. (2)

A. D.

FÉNÉLON ET LE DUC DE BOURGOGNE.La ville de Cambrai qui se plait à encourager les arts et les lettres, a institué, en 1830, un concours de peinture dont le sujet était l'Entrevue du duc de Bourgogne et de Fénélon, à Cambrai, le 26 avril 1702. L'auteur du tableau couronné par le jury a reçu une médaille d'or et une somme de 800 fr. C'est M. Serrur, peintre, né à Douai et demeurant à Paris.

(2) Ce n'était pas seulement en Flandre que ces représentations indécentes avaient lieu;

on lit dans l'Histoire de Louis XI, donnée par Jean de Troves, sous le titre de Chroni

que Scandaleuse que lors de l'entrée de ce roi à Paris, le 31 août 1461, on lui présen

intérêt local
pour la ville de Cam-
brai, dont l'histoire se lie naturel-
lement à celle du célèbre archevê-
que qui a jeté tant de lustre sur
cette cité. Le duc de Bourgogne
avait été chargé par Louis XIV,
au commencement de la campa-
gne de 1702, d'aller prendre le
commandement de l'armée de
Flandre, campée au village de
Saultain, près Valenciennes; le duc
devait passer par Cambrai et avait
demandé la permission de voir son
illustre précepteur qu'une intrigue
de cour tenait alors comme consi-
gné dans son diocèse. Voici com-
me le duc de Saint-Simon raconte,

dans ses piquans mémoires, cette
entrevue qui occupait la cour de
France au moins autant que la pri-
se ou la perte d'une province.

a Louis XIV, dit le spirituel écrivain, était moins occupé de la décoration de son petit-fils que de la nécessité de son passage par Cambrai, qui ne se pouvait éviter sans

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Le sujet de ce concours est d'un affectation. Il eut de sévères défenses non-seulement d'y coucher mais encore de s'y arrêter même pour manger, et pour éviter le plus léger entretien particulier avec l'archevèque, le roi lui défendit de plus de sortir de sa chaise. Saumery eut charge de veiller de près à l'exécution de cet ordre; il s'en acquitta en Argus avec un air d'autorité qui scandalisa tout le monde. L'archevêque se trouva à la poste, ils'approcha de la chaise de son pupille dès qu'il arriva, et Saumery qui venait de mettre pied à terre fut toujours à son coude. Le jeune et lui avait signifié les ordres du roi

ta cinq dames montées sur cinq haquenées
de prix, caparaçonnées aux armes de la vil-
le; lesquelles représentaient les cinq lettres
qui forment le mot Paris, et parlaient se-
lon leur personnage.
Un peu plus loin
près la fontaine du Ponceau, on voyait des
hommes et des femmes sauvages qui com-

battaient et trois belles filles faisans per-
»sonnaiges de seraines (syrènes) toutes nues
» et leur veoit-on le beau tétin droit séparé,
rond et dur, qui estoit chose bien plaisan-

»te, et disoient de petits moltets et berge

» rettes. »

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prince attendrit la foule qui l'environnait par le transport de joie qui lui échappa, à travers toute sa contrainte, en apercevant son précepteur. Il l'embrassa à plusieurs reprises et assez longuement pour se parler quelques mots à l'oreille, malgré l'importune proximité de Saumery. On ne fit que relayer, mais sans se presser. Nouvelles embrassades, et on partit sans qu'on eut dit un mot que de santé, de route et de voyage. La scène avait été trop publique et trop curieusement remarquée pour n'être pas rendue de toutes parts. Comme le roi avait été exactement obéi, il ne put trouver mauvais ce qui s'était pu dérober parmi les embrassades, ni les regards tendres et expressifs du prince et de l'archevêque. La cour y fit grande attention et encore plus grande fut celle de l'armée. La considération de l'archevêque qui malgré sa disgrace avait su s'en attirer dans son diocèse et même dans les Pays-Bas, se communiqua à l'armée, et les gens qui songeaient à l'avenir prirent depuis leur chemin par Cambrai, plus volontiers que par ailleurs, , pour al

ler où revenir de Flandre.»> A. D.

DE CHAMBRE.

CHARLES-QUINT ET SON VALET Adrien Dubois, naquit dans la ville de Bapaume de pauvres parens, au commencement du XVIe siècle: il entra au service du comte de Roulx (1) en

qualité de valet de chambre et se fit remarquer par son zèle, son exactitude, et sa fidélité à son maître. Un jour l'empereur Charles-Quint témoignait devant ses courtisans le désir qu'il avait de trouver un valet-de-chambre bon et loyal, intelligent et fidèle, et qui ne sut ni lire, ni écrire; le comte de Roeulx, présent à ce discours, offrit à l'empereur de lui céder le sien qui réunissait toutes ces qualités. CharlesQuint accepta, et dès lors, Adrien Dubois passa à son service; son ignorance, qui, en toute autre circonstance l'eut arrêté dans sa carrière, fit sa fortune : il devint bientôt le confident intime et presque l'ami du plus puissant monarque du monde; souvent sa fi¬ délité fut mise à l'épreuve et toujours son attachement à son maître triompha des séductions; aussi Charles-Quint, qui l'appréciait, lui confia-t-il maintes fois ses projets et ses secrets les plus chers. Voici une circonstance peu connue de son histoire, dans laquelle il mit plus que tout cela dans ses mains, il ne s'agissait pas moins que de sauver la liberté et la vie de l'empe

reur.

ན་

Quand, en 1552, le duc Maurice de Saxe, à la tête de la ligue d'Allemagne, s'avança sur Inspruck, dispersa le concile de Trente et faillit y prendre Charles-Quint et toute sa cour sans défense, ce monarque, heureusement prévenu peu d'heures fut forcé auparavant, de fuir au milieu d'une nuit orageuse et malgré de violentes douleurs l'Artois en 1559, où il combattait contre le de goutte qu'il ressentait. Il fait ap

(1) Le comte de Roeulx commandait les troupes de Charles-Quint dans les Pays-Bas et ravagea une partie de la Picardie et de

duc de Vendôme,

prêter précipitamment sa litière et
feignant d'y entrer, il appelle
Adrien Dubois, sans témoins, et le
charged'y tenir sa place en lui com-
mandant de se cacher la figure avec
un mouchoir et de contrefaire l'em-
pereur de son mieux en parlant le
moins possible. Pendant que la li-
tière évitait à la clarté desflambeaux
les précipices des montagnes qui
menaient à Villach, en Carin-
thie, et qu'Adrien Dubois entou-
ré de la cour, écoutait avec gravité
les avis du grand conseiller Gran-
velle, depuis Cardinal, Charles-
Quint, accompagné d'un simple
page,
et recouvert d'un bau-
drier sans épée tant il avait mis
de précipitation dans sa fuite
marchait, un bâton à la main,
vers une autre ville du Tyrol par
des sentiers impraticables;
c'est à peine si le maître du monde
qui venait de parcourir l'Allema-
gne en triomphateur, se crut en
sureté, quand il parvint, sous cet
ignoble déguisement, dans un lieu
inconnu et presque inaccessible.

A. D.

2

et

L'ABBÉ DE PEU DE SENS. - L'abbé de peu de sens, dont nous ne connaissons pas le véritable nom est un des plus anciens trouvères de l'Artois; il n'y était connu que sous ce sobriquet qui lui accorde un carac tère d'une gaîté approchant de la folie. Il naquit à Arras, à la fin du XIVe siècle; il fut d'abord peintre, puis poète, et se fit quelque réputation par ses vers qui lui donnaient l'entrée des châteaux et des meilleures maisons de l'Artois. Voici ce qu'en dit Jean du Clercq à la fin du

chapître III de ses mémoires.« Il était >> bien venu en plusieurs lieux, par>> cequ'il estoit rhétoricien et fesoit >> chants et ballades: il les disoit de»vant les gens, et par espécial avoit >> feit plusieurs beaux dictiers et » ballades à l'honneur de la glo» rieuse Vierge Marie: aussi plu»sieurs gens l'avoient bien cher :

mais à chacune fois, qu'il lisoit >> ou disoit aulcuns dictiers ou bal» lades, à l'honneur de Dieu, de >> Notre-Dame, ou de quelque saint » ou sainte; quand il avoit tout dit >> en la fin, il ostoit son cappel ou capperon, et disoit: ne déplaise » à mon maistre, comme aulcuns » certiffioient; pour moy je ne sçay >> ce qu'il en est. »

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lui porta malheur, il fut accusé Ce n'en déplaise à mon maistre

d'être Vaudois, de s'être donné au diable et de l'avoir reconnu pour maître; il fut incarcéré à Arras en 1459, torturé jusqu'à ce qu'il avoua d'être Vaudois à M.Gilles Flameng, avocat d'Arras, qui lui promettait qu'il en serait quitte pour un pélérinage, s'il disait qu'il l'était et qu'il avait assisté à l'assemblée du bois de Mofflaines, près d'Arras. Ce malheureux et ses prétendus complices furent livrés à la justice de l'Eveché; Jacques Dubois, doyen d'Arras et frère Jehan, evêque de Baruth suffragant voulurent se donner la réprésentation d'un Auto-dafe, et le malheureux poète, après plusieurs mois de prison et de tortures, fut condamné par les échevins de la cité, à être brulé publiquement et ses cendres jetées au vent. Il fut le premier des condam

nés exécuté par la justice de l'evêque dans l'été de 1460; au moment de périr il déclara qu'il mourait innocent, ce qui causa quelque rumeur parmi le peuple, mais les émissaires de l'inquisiteur l'appaisèrent en disant que le diable lui avait commandé de parler ainsi. Dans ces tems de superstition cela suffisait. L'abbé de peu de sens fut brûlé vif et en mourantil prononça ces paroles latines: Jésus autem transiens per medium illorum ibat. Il pouvait avoir de 60 à 70 ans. Toutes ses ballades en l'honneur de la sainte vierge et des saints ne le sauvèrent pas des griffes de l'inquisition; on voit qu'à cette époque le précepte d'Horace qui permet aux peintres et aux poètes de tout oser, n'était guères de saison.

A. D.

LE GÉNÉRAL DOMON. La mort a moissonné, il y a quelques mois, un des généraux les plus distingués de l'armée, levicomte Domon, né le 2 mars 1774, à Le Forest, petit village situé à peu de distance de Bapaume. En 1791, voyant l'Europe en armes, menacer l'indépendance de la France, il s'enrôla comme sous-lieutenant dans le 4o bataillon de la Somme et vola aux frontières pour mériter une place honorable parmi les défenseurs de la liberté. Néchin, Neuwied, Elchingen, léna, Wagram, Znaim, Ostrowo, la Moscowa.... furent témoins de sa vaillance et de son intrépidité. Toujours avide de gloire, Domon bravait tout ce qui se rencontrait sur son passage,

franchissait tous les obstacles et portait le trouble et la terreur dans les rangs ennemis. Sa bravoure grandissait avec les dangers et la mort paraissait reculer devant ses défits audacieux. On le vit en 1812, traverser Moscou au milieu des tourbillons de flammes qui s'élevaient jusqu'aux cieux : cet océan de feu, des édifices qui s'écroulaient autour de lui avec fracas, ne purent ébranler son courage, ni le retenir dans sa course: il ne s'arrêta qu'après avoir remis à l'empereur une dépêche importante qu'on lui avait confiée.

Après cette campagne qui remplit le monde du bruit de nos épouvantables désastres, Domon suivit Murat en Italie, où il eut occasion de donner de nouvelles preuves de sa valeur. Il était revêtu à la cour de Naples des plus hautes dignités quand le roi trahissant la France et les liens qui l'unissait à Napoléon lui fit les offres les plus séduisantes pour l'attacher à sa cause. Le général indigné de ces coupables propositions, les repoussa avec mépris et vint offrir ses services à son pays attaqué de toutes parts. Indépendamment des grades qui lui ont été conférés en récompense de ses glorieux services, il fut successivement nommé chevalier, officier, commandantet grand officier de la légion d'honneur, baron de l'empire, vicomte, grande croix et grand cordon de l'ordre de St.-Ferdinand d'Espagne, grande croix de l'ordre de l'aigle d'or de Wurtemberg, officier de plusieurs ordres étrangers, etc. etc.

Après avoir esquissé à grands traits la vie militaire du brave Domon, nous aimerions à parler des vertus privées du tendre père, du fils respectueux, de l'ami dévoué, du citoyen dont l'obligeance ne fut jamais invoquée en vain, soit par d'anciens frères d'armes, soit par des compatriotes; de l'homme que l'adversité ne put abattre et que la prospérité n'éblouit jamais; mais nous devons mettre ici des bornes à nos désirs. Comment d'ailleurs décrire ses mœurs, sa conversa→ tion brillante de vivacité d'esprit et d'enjoûment, ses manières dont la franchise et l'énergie militaire n'ex cluaient ni l'amabilité, ni l'aisance? Comment enfin faire revivre les qualités précieuses qu'il avait reçues de la nature? Sa vie, toute sa vie, voilà son plus bel éloge. Aussi sa mort mérita-t-elle les regrets de tous ceux qui lui furent attachés par les liens du sang ou de l'amitié; son vieux père retrouva des larmes à la nouvelle fatale qui lui apprit que ce fils dont il était si fier était descendu dans l'éternelle nuit.Il y a précisément un an que le vicomte Domon, voulant jeter un juste ridicule sur la manière dont se font les visites de la nouvelle année, fit la voie des journaux, annoncer par qu'il envoyait ses souhaits à tous ses amis et connaissances; ce fut hélas! à peu près le dernier souvenir qu'ils recurent de lui.

M.

MALASSART, dit MONACO. Il se tient presque toujours à l'entrée extérieure de la porte de Cambrai qui conduit à Paris. Là il étend

vers les voyageurs et les passans un bras tout mutilé et mêle aux lamentables suppliques de sa profession; un nom plein de souvenirs.

Sa physionomie fortement caracble de la misère et de ses funestes térisée porte l'empreinte irrécusaconséquences. Une chevelure longue, raide, touffue, épaisse, que n'ont jamais appauvrie les peines profondes du cœur ou les pensers

brulants de l'ambition: un front bas, dont Gall accuserait d'incapacité la dimension étroite; des yeux ternes, des traits dégradés par d'ignobles et serviles habitudes, révêlent au regard de l'observateur un être qu'ont flétri dès ses jeunes ans, la misère et de contagieux exemples. Il ne lui reste que cet ins tinct égoïste de conservation et de bien-être, qu'ennoblit, que purifie même jusqu'à un certain point une éducation bien dirigée, mais qui, s'il n'est point combattu abrutit et ravale.

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