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clin prirent les armes et protégé rent leurs autels. Il leur fallut pour cela tuer un assez bon nombre de gueux; ce qui arrêta leur intrépidité destructive.

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ils se mirent tous à crier : Vivent les Gueux! Ils commandèrent ensuite à l'image de la Vierge de répéter ce cri, la menaçant de la tuer si elle n'obéissait pas. Ils avaient leurs marteaux, leurs haches, leurs cordes et leurs échel

les. Au bruit de ce nouveau scan

dale, Jean d'Immerseel, bourg

A Anvers, le même jour de l'Assomption de la Vierge, 15 août 1566, comme on portait en procession par la ville l'image de mestre d'Anvers, accourut avec Notre-Dame, que les habitans d'Anvers ont prise pour quelques archers. On commençait leur protectrice, quelques éclaireurs du à juger de quoi les Gueux étaient parti des Gueux, voulant essayer capables. On savait leurs pillal'effet qu'ils produiraient sur la ges à Ypres. Ils les avaient répémultitude, commencèrent par rail- tés à Gand, à Bruges, à Audenaerde. Partout ils avaient saccagé ler la pieuse cérémonie; puis ils firent des révérences bouffonnes à les églises et mis en fuite les relil'image de la Vierge; puis ils l'at-gieux des monastères. On redoutaquèrent tout haut par des paroles insolentes et injurieuses. Ils épouvantèrent; et la procession se hâta de rentrer dans la grande église. Cette circonstance les encouragea. Ils arrivèrent, le lendemain dans l'église, en petit nombre pourtant; et s'approchant de l'autel de la Vierge, ils lui deman dèrent, d'un ton goguenard, quelle crainte l'avait obligée de se retirer si tôt dans sa niche ? Ils coururent ensuite dans la nef et dans le choeur, menaçant les images. Un de ces compagnons monta même en chaire et se mit à prêcher des choses ridicules. Les uns l'applaudissaient; d'autres lui jetaient des pierres, qu'il renvoyait dans l'église.

Tout ce désordre ne fut que le prélude de ce qui devait se faire le 21 août. Les Gueux entrèrent dans l'église à la fin des vêpres; tandis que les fidèles s'écoulaient,

Le bourgmestre vint avec trop peu tait pour Anvers les mêmes excès. de monde; quoique les pillards ne fussent guères qu'une centaine d'hommes ivres, ils chassèrent le magistrat et ses archers, fermèrent sur eux les portes de l'église, et se mirent à y danser comme étant les maîtres

La nuit venait : ils illuminèrent les cierges en entonnant les pseaumes de David à la manière de Genève; puis ils se jetèrent sur les images de Jésus-Christ, de la Vierge et des Saints, en leur commandant de crier, vivent les gueux, si elles ne voulaient pas ètre considérées comme des idoles. Les images n'obéissant pas, ils en renversèrent quelques unes par terre et les foulèrent aux pieds; ils en per cèrent d'autres avec leurs épées, ils abattirent la tête de quelques unes, avec des coignées. Les femmes débauchées qui les accompa

gnaient les éclairaient avec des cieuse statue de saint Amand fut

cierges et des torches.
Il y avait parmilles statues, der-
rière le inaître autel, une image
fort ancienne et fort grande de
Notre Seigneur pendant en croix
entré les deux larrons; ils la firent
tomber par terre, après l'avoir
arrachée avec des cordes; et quand

elle fut à bas ils la taillèrent cen

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renversée. Un gueux, d'un coup
de hache, commença par enlever
sa mitre un autre lui
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tête, dont il se servait pour jouer
à la boule. Un autre traînait, la
corde au cou, une Vierge de mar-
bre blanc sur les dalles. Plus loin,
soir du Saint-Sacrement, sur le
un misérable tenait élevé l'osten-

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quel ses camarades couraient, l'ėpée haute, comme às un jeu de baguel

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Les femmes de mauvaise vie emportaient ou cacbaient les crucifix d'argent et les nappes de dentelles et à minuit, la vaste église où l'on avait compté soixante-dix autels, n'était plus qu'un triste chaimp de débris..

(C. de Lett.)

pièces, mais ils ne touchèrent pas aux larrons. Ils montèrent sur les autels, et portèrent leurs mains sacriléges jusqu'aux heux où était le Saint Sacrement; ils en tirèrent le corps de Notre Seigneur et le foulèrent aux pieds. Ils graissè rent leurs souliers avec les saintes huiles et burent du vin dans les calices et les ciboires consacres. C'était un hideux 'spectacle. S'il y avait une image de la Vierge ou d'un saint apôtre contre un pi- GUERRE DE LA VACHE. lier, un gueux montait hardiment Jean Ier aimait passionnément les sur la corniche, lui mettait la joûtes militaires ; op assure qu'il corde au cou; et pendant que ses sortit vainqueur de soixante et camarades la tiraient de e toutes dix combats chevaleresques. Un leurs forces, il la poussait du tournoi, accompagné de grandes pied. Ils brisaient les stalles, les fêtes guerrières, attirait à Andenbalustres et les fombes. Ils cre- ne, dans le comté de Nainur, pour vaient et déchiraient les tableaux le lendemain de la Pentecôte de les plus précieux; une foule de l'année 1274, une foule de princes chefs-d'œuvre périrent ainsi. On et de seigneurs. On y voyait l'élite voyait des Gueux, avec leur large des chevaliers de la Belgique : chapeau sur la tête, revêtus de cha- Jean I, duc de Brabant, Henri subles et de chapes, tenant d'une comte de Luxembourg, Guy main un rituel ou un vase sacré, le comte de Namur, Jean de Halet de l'autre un instrument de loi, bailli du Condroze, Jean de destruction; ils brisaient les objets Gosne, Richard de Fallais Reprécieux d'or et d'argent, et met- gnier de Beaufort, Jean van Die29 taient les morceaux dans leurs ven, Robert Forvies, Jacques de poches; ils cherchaient à réduire Rochefort, le sire de Dave, et cent le reste en poussière. Une pré- autres personnages illustres.

Mais Jean de Halloi avait donné des ordres secrets. Dès que le paysan eut mis le pied .sur les terres

Lorsqu'on sut à Andenne, où les tournois se terminaient, la perfidie de Jean de Halloi, l'indigna

Tout-à-coup les fêtes furent troublées par l'arrivée d'un bourgeois de Ciney, alors capitale du Condroz. Le bourgeois était Ri- du Condroz, il fut saisi par les gaud de Corbion; il venait deman- gens du bailli, et pendu sans forder justice au bailli Jean de Hal- malité. loi. Il disait dans sa plainte qu'un de Jallet, village dépenpaysan. dant de la seigneurie de Gosne, lui avait volé une vache. Les information fermenta en sens divers dans tions qu'il avait prises l'assuraient toutes les têtes. Pour une chose si que cette vache venait d'être amepou grave, comme ce n'est que née à Andenne. Il accourait pour trop l'ordinaire, une guerre comen, réclamer la restitution. pliquée se prépara, animée par des premiers excès dont les auteurs ne calculaient pas les conséquences. Jean de Halloi, se sentant blâmable, était retourné à Ciney sans attendre les dernières joûtes.

Jean de Gosne, seigneur de Gosne,de Jallet et autres lieux, était présent. I autorisa le bailli du Condroz à faire des recherches; lui-même envoya ses sergents. On trouva le voleur encore en possession de la vache. C'était, en effet, le paysan de Jallet que Rigaud de Corbion avait désigné.

Le sire de Gosne, irrité d'une · action qui portait atteinte à sa juridiction seigneuriale, entra dans Le sire de Gosne voulait sur-le- le Condroz à la tête de ses homchamp faire justice. Mais le paysan environnent Ciney. Le bailli, surmes, et ravagea les campagnes qui. avouant humblement son vol, et Le bourgeois de Ciney ne deman-le-champ, court à Jallet, qu'il dant autre chose sinon qu'on lui rendît sa vache, quelques seigneurs, en faveur de la fête,.intercédèrent pour le coupable, qui eut sa grâce. Seulement Jean de Halloi, le bailli, demanda qu'on obligeât le voleur à reconduire la vache au lieu où il l'avait enle~ vée, du reste lui promettant la vie que lui accordait son seigneur. Une exigence si légère parut trèsjuste; le villageois partit pour Ciney, accompagné du bourgeois, et conduisant devant lui la vache qu'il avait compté vendre à Andenne.

réduit en cendres. Alors Regnier de Beaufort et Richard de Fallais, frères de Jean de Gosne, viennent, à son aide et brûlent plusieurs hameaux du Condroz. Les habitans de Ciney s'effraient ; ils réclament l'assistance de l'évêque de Liège, qui leur envoie une armée contre les trois frères ligues; le château de Gosne est livré aux flammes; Beaufort et Fallais sont assiégés.

Devant la formidable armée liégeoise, qui s'accroissait tous les jours, Richard de Fallais sentit qu'il ne résisterait pas longtems.

Il sortit secrètement de son château, pour aller chercher de l'appui. Poursuivi par les Liégeois, il fut pris et tué. Son fils alors se mit sous la protection de Jean de Brabant, en lui faisant hommage de sa terre; ses deux frères, par son conseil, réclamèrent le secours du comte de Namur, en le reconnaissant pour leur suzerain,

rent tomber leurs remparts. Jean de Halloi, ne voulant pas encore se rendre, se réfugia avec eux dans l'église, où il se défendit obstinément. Ciney fut pris le 18 avril 1276, livré aux flammes, pille; on mit le feu à l'église même; et le lendemain le duc de Brabant alla saccager Meeffe, qui n'est plus qu'un village. Robert Forvies, honteux d'avoir perdu Ciney, et poursuivant le cours de ce torrent de vengeances mutuelles qui désolait la Belgique, se jeta sur la seigneurie de Poilvache, s'étendit sur la frontière du Luxembourg, y brûla trente villages. Alors un parti de Namurois, conduit par le Toutes ces représailles, dont on sire de Dave, s'élance contre Dine prévoyait pas la fin, duraient nant qui pourtant jusques-là avait déjà depuis longtems. Les comtes gardé la neutralité dans cette de Namur et de Luxembourg s'a- guerre. Les Dinantois étonnés ne vançaient sur Ciney. L'évêque de veulent pas se laisser surprendre. Liége, Jean d'Enghien, craignant Sous le commandement de Jacques justement pour cette ville assez de Rochefort, leur avoué, ils

Jean de Brabant arriva le premiei, avec une petite armée; il fit lever le siége du château de Fallais. Les Liégeois, en se retirant, firent des ravages sur les lisières du Namurois, du Luxembourg et du Brabani.

ren

sortent à la rencontre de l'ennemi, dans l'espoir de préserver leurs campagnes. Ils s'avancent à trois lieues, jusqu'au village de Spontin, où ils aperçoivent campé, sur les rives du Bocq, le corps de Namurois que commandait le sire de Dave. A la vue de troupes beaucoup plus nombreuses qu'ils n'en pouvaient mettre sur pied, ils reculent; ils se voient à l'instant poursuivis et serrés de si près, que le sire de Dave pénètre avec eux dans Dinant, entraînant la tête de son armée. Au milieu

mal fortifiée, y envoya un fort, commandé par Robert Forvies, maréchal de Liége. Ce seigneur eut l'adresse d'entrer avec sa troupe, par la porte de Dinant, dans la ville menacée que l'enne mi bloquait de tous les autres côtés. Mais bientôt, ne se sentant pas en état de lutter contre les forces nombreuses des assiégeans, qui commençaient à dresser, pour l'assaut, leurs machines de guerre, Robert Forvies sortit de Ciney, en disant qu'il allait à Dinant chercher de nouveaux renforts. Il ne revint pas. IN 201630 HOD. de ce désordre, les Namurois ne five pensèrent pas à s'assurer des por Les bourgeois, après un siége tes. Les Dinantois s'en aperçu qu'ils soutinrent avec courage, vi- rent; aussitôt les horses s'abatti

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rent; le sire de Dave fut tué, avec saient un appel aux compagnies

cent des siens qui l'entouraient; le reste de sa troupe, assailli d'une nuée de pierres qu'on lui lança du haut des remparts de Dinant, s'enfuit en déroute et se réfugia à Bouvignes, dans le pays de Na

mur.

d'archers des villes et des villages, qui se mettaient aussitôt en campagne ayant leurs capitaines en tê-te et leurs enseignes déployées pour les distinguer. Dans maintes actions meurtrières, ces archers flamands, firent bien leur devoir, Jusques-là cette guerre san- et leurs vieilles bandes se rendirent glante, causée par un motif en ap- souvent redoutables aux ennemis parence si léger, avait coûté la de leurs princes et de leurs libervie à quinze mille hommes. Les tés. Pendant la paix, les archers princes se reprochèrent tant de ne cessaient pas d'exercer leur désastres. Pour y mettre un ter- adresse, de s'entretenir la main et me, ils résolurent de s'en rappor- de se tenir prêts à guerroyer au ter à un arbitre. Ils choisirent besoin. Pour cela, ils dressaient Philippe III, dit le Hardi, roi, de dans certains cantons des berceaux France, fils de Saint-Louis, qui disposés comme buts, et dans venait d'épouser la soeur du duc d'autres lieux de hautes perches de Brabant. Le monarque pensa garnies d'oiseaux de bois qu'il falque le seul moyen de ramener la lait enlever. paix, était de remettre les choses dans l'état où elles se trouvaient avant le commencement des hos-.

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Les ducs de Brabant, les comtes de Flandre et les magistrats des

tilités, et d'obliger chacun; dans villes; voyant que ces exercices

des circonstances où tout n'avait été que malheur, à supporter ses pertes sans profiter d'aucun des avantages que lui avait donnés la guerre, Par respect pour toutes les parties, dans le traité qui termina ces débats cruels, on ne fit pas mention des motifs qui les avaient élevés. 5.

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n'étaient pas moins utiles à la défense du pays, que nécessaires au développement physique des habitaps, instituèrent des confréries' d'archers, composées d'abord de quarante hommes, et ensuite de soixante, où l'on ne recevait que des gens choisis, des hommes de cœur, de bonne, vie et mœurs, qui prêtaient un serment de fidélité et auxquels on donnait le titre d'Archers héréditaires, avec certains priviléges et exemptions.

Plusieurs de ces compagnies avaient des réglemens particuliers, sur leur régime intérieur, qui tendaient à éviter toute espèce de dispute, de mauvaise parole ou de

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