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pudiée d'Alphonse III, roi de Portugal, mourut sans laisser de postérité le 14 janvier 1258, après de longues années passées dans le deuil et les larmes. Les églises qu'elle avait agrandies ou enrichies, les hôpitaux qu'elle avait fondés ou restaurés ne furent pas oubliés au jour de sa mort.

jour et l'aumosne se nomme la Par-
tie Mahaud, c'est-à-dire la portion
qu'elle s'est réservée sur le bien
qu'elle a laissé à l'église de la très-
sainte Vierge, où en ce jour se
chante son annuel comme elle l'a
ordonné par autre fondation par-
ticulière; laquelle estant achevée
se fait l'aumosne susdite. >>
D. F.

LE VILLAGE DE LOOS.Situé à une lieue de Lille, près des rives de la Haute-Deûle, dans un des cantons les plus agréables, les plus fertiles et les mieux cultivés du pays, Loos, suivant la tradition, était, au XIIe siècle, le triste séjour de deux pauvres familles ; encore ces malheureux avaient-ils déserté leurs chétifs réduits devenus inhabitables par suite des inondations (1) et des tempêtes qui, vers l'an 1140, désolèrent les quartiers de Weppe et de Mélantois. La famine et la contagion avaient suivi ces désastres et le sage gouvernement du comte de Thierri ne pouvait apporter que de faibles remè– des à un si triste état de choses. Il fallait que les consolations et les secours vinssent de plus haut,

« Entre les legs et les dons qu'elle a faits, tant aux pauvres qu'aux églises, il ne se trouve rien, dit Marin Bailleul, de plus recommandable que la fondation faite à l'église Nostre-Dame de Boulogne, a laquelle elle a donné le bois et Moulin-l'Abbé, moyennant une aumosue générale le jour de son décès qui est le jour de la feste du nom de Jésus 14 de janvier, où l'on donne un pain du poids de 12 onces avec un hareng-soret à chaque personne et se trouve une si grande multitude de peuple qu'on y vient de plusieurs endroits; car cette comtesse avait une si grande affection pour cette œuvre de charité qu'elle obtint de sa sainteté des belles indulgences pour ceux qui la viendraient recevoir. C'est pourquoi petits et grands, pauvres et riches y venoient à la foule, commne il se pratique encore à présent où l'on a bien de la peine à se démeler parmi la grande presse qu'il y a. Cette pieuse dame a seulement requis par son testament que cha-d'Oisy, terrible et redouté seique personne qui prendrait cette aumosne aurait à dire: Dieu veuille avoir l'ame de la bonne dame! Depuis quatre cents ans cette dévotion s'est toujours pratiquée audit

Saint Bernard avait établi tout récemment ses moines laboureurs dans les landes incultes de Vaucelles que lui avait cédées Hugues

(1) Au tems piteux dans lequel décéda
Louis-le-Gros; la mer tant excéda,
Qu'elle engloutit grant part de ferme terre,
Et maints gros bourgs en Flandre ruina. »

RENÉ MACÉ, religieux de Vendôme.

gneur. Thierri d'Alsace, qui n'avait pas à expier les mêmes méfaits que le sire d'Oisy, voulut, à son exemple, attirer sur ses terres ces hommes de Dieu qui, savaient si bien prier et travailler; il pensa qu'une institution qui, en moins de quinze années, avait rendu à la culture les hauteurs arides de Bonavis, de Vinci et de Crèvecœur, saurait bien aussi dessécher et cultiver les terrains marécageux de Loos, d'Esquermes et de Wazemmes.¡Il s'adressa donc au saint et célèbre abbé de Clairvaux. Bernard accourut, les sires du Duremort, d'Annekin et de Prémesques, furent ravis de pouvoir vendre les domaines infructueux qu'ils possédaient dans ces parages. La comtesse de Flandre, Sybille d'Anjou, fille d'un roi de Jérusalem, prit à cœur la pieuse fondation; elle alla elle-même chercher, dans ces prairies inondées, le lieu où devait s'élever l'abbaye; sa main traça l'enceinte; et quand les pauvres villageois aperçurent la noble souveraine qui les visitait avec le saint vieillard, ils s'écrièrent: Loz Notre-Dame! (2) Bientôt les frères maçons se mirent à l'œuvre, et murs et tours s'élevèrent; voûtes, arceaux et ogives s'arrondirent. Cependant des rigoles se creusaient; la bêche traçait aux eaux stagnan

tes une issue facile, et peu à peu, l'humide prairie se convertissait en champs labourables. Ainsi prit naissance l'abbaye de Loos, et ainsi se forma le village; car partout où il y a paix, travail et religion, les hommes s'y portent et aiment à s'y fixer.

(2) On ne veut pas dire, en rapportant cette tradition, que le nom de Los ou Loos, ne soit pas antérieur à l'année 1447, date de la charte de fondation de l'abbaye; il est mème évident que ce nom est rappelé dans le corps de la charte, et que, parmi les woius il se trouve un llugus de Los.

L'abbaye et le village de Loos ont eu leurs vicissitudes. Quel est le lieu, en Flandre, qui n'a pas eu les siennes? Sur cette terre que l'on a nommée un vaste champ de bataille, tout a subi la loi de la guerre et les malheurs de l'invasion. Au XVIe siècle, la réforme, qui n'était ni si tolérante ni si benigne qu'on a bien voulu le dire, fit main basse sur la plupart des monastères de ce pays. A Loos, les sectaires dévastèrent l'abbaye et l'église ; ils brisèrent les monumens de sculpture, foulèrent aux pieds tous les tableaux, brûlèrent, déchirèrent et jetèrent au vent tous les livres de la bibliothèque; puis pillèrent les magasins. Une petite statue de la vierge, soustraite à la fureur de ces iconoclastes, fut, dit-on, emportée dans le bois voisin et cachée sous le dôme touffu d'un vieux tilleul, oratoire rustique et verdoyant que la piété confiante rendit bientôt célèbre. Plus d'une souffrance fut soulagée au pied de cet arbre; plus d'un cœur y fut consolé. Mais le beau tilleul que chaque automne dépouillait de son feuillage, n'offrait à la statue révérée un sufpas fisant abri. Sur ces mêmes lieux, une chapelle s'éleva pour la recevoir; et, en 1591, elle fut consacrée sous le titre de Notre-Dame

<< Il n'y a point dans la contrée, dit Buzelin, de pélerinage plus célèbre et plus fréquenté. En 1600, les archiducs Albert et Isabelle, venus à Lille pour jurer de maintenir les priviléges de cette cité, se dérobèrent aux hommages dont ils étaient entourés, pour aller prier dans l'humble chapelle de Loos. Ils savaient, ces puissans de la ter re, eux qui refusèrent deux fois la couronne impériale, ils savaient que la grandeur avait aussi ses amertumes, et que ce n'est pas seulement pour le peuple et les pauvres, que Marie a été proclamée la consolatrice des affligés.

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de-Grâce, doux nom que compritmité, la foi renaît plus vive et plus et que n'oublia jamais la pieuse re- tendre. Aussi, la devotion à Notreconnaissance des villageois. Dame de Loos seinbla-t-elle se ranimer et prendre une ferveur nouvelle. La petite église de Loos, dont l'origine parait remonter au XIV. siècle, ne suffisait plus ni à la population de ce village qui compte aujourd'hui près de 1,500 habitans, ni à l'affluence des étrangers que la piété y amène à certaines époques de l'année. Cet édifice d'ailleurs commençait à menacer ruine. La charité, qui peut tout ce qu'elle veut, entreprit de le remplacer par un temple plus vaste, plus gracieux, plus assorti à sa nouvelle destination. Les fonds que nécessitait cette nouvelle reconstructruction furent trouvés et réalisés avec une merveilleuse facilité, il ne fallut pour cela 'ni argent du fisc, ni moyen coercitif.

En 1708, durant le siége de Lille, le prince Eugène vint établir à Loos son quartier général. Ce grand capitaine, qui fesait escorter les provisions que Fénélon envoyait dans les villages dévastés de son diocèse, ordonna pareillement à ses troupes, toutes protestantes qu'elles étaient, de respecter la chapelle de Loos. L'abbaye était sous sa garde immédiate, puisqu'il y était logé.

De nos jours, à l'époque où la liberté des cultes fut proclamée, l'autorité fit fermer, puis vendre et démolir la chapelle de Notre-Dame-de-Grâce. L'image sacrée fut encore préservée, et quand des jours un peu calmes vinrent à luire sur la France, ce fut dans l'église paroissiale de Loos que reparût enfin ce signe d'espérance et de joie. Après des tems de faute et de cala

Mais la petite et pauvre église de Loos devait, avant de s'écrouler, être témoin d'un dernier tribut d'hommages et de confiance à la Mère des secours divins. En août 1832, Lille, jusques-là épargné était en proie au fléau que l'on est convenu d'appeler cholera, parce qu'il a été impossible à la science de lui trouver un nom compatible avec ses théories. De tous les établissemens de cette grande ville, l'hôpital général était le plus maltraité. Les sœurs de St.-Vincent de Paul recevaient à toute heure les derniers soupirs de quelqu'un de ces vieillards, devenus leurs enfans. La charité n'en pouvait plus ; elle était aux abois. Ces saintes filles, qui croyaient n'avoir plus de

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larmes pour les misères humai- ANECDOTES.
nes, se surprenaient à pleurer sur
les désastres qu'elles ne pouvaient
suspendre. Marie devint alors,
comme toujours; leur refuge pro-
pice. Il fut décidé que tous les habi
tans valides de la maison, hommes
et femmes, iraient demander merci
leurs frères moribonds et
pour
pour eux, à Notre-Dame-de-Grâce.
Le débile cortège se mit en marche
sous la conduite des sœurs de cha-
rité; le tems était affreux; le vent
et la pluie frappaient sans pitié ces
faibles pèlerins; il y avait de quoi
affliger et faire murmurer la froide
raison. On arriva, l'on pria et l'on
revint consolé...

Le recueil du président Bouhier contient pluSieurs anecdotes qui sont du ressort des Archives du Nord.

L'enfance et la vieillesse
Sont amis du Seigneur.

Il est constaté par les registres de l'état-civil, qu'à dater de ce jour, la mortalité se mit à décroître très sensiblement, et que l'épidémie disparut bientôt de ce vaste hospice, tandis qu'elle continua de sévir dans d'autres hôpitaux et dans la ville. Expliquera le fait qui pourra.

La nouvelle église de Loos a été achevée cet été. Bâtie d'après les dessins et sous la direction de M. Benvignat, jeune architecte plein de goût, plein d'amour pour son art, elle répond en tout point aux désirs des ames charitables qui l'ont fait élever. C'est une très jolie église champêtre, d'un style pur, élégant, et si l'on osait le dire, virginal. On a voulu que tout fût doux, tempéré, lumineux dans ce temple dont le nom lui-même a tant de douceur et d'attrait.

(Emancipateur.)

M. Bouhier avait ouï dire à un confident du duc de Bourgogne que ce qui l'avait empêché de secourir Lille qui était assiégée par le prince Eugène et le duc de Marlborough, quoiqu'il l'eût pu‚étant à la tête d'une belle armée, c'est que le roi avait promis à la Maintenon de déclarer son mariage secret si le siége de Lille était levé, et qu'il aima mieux la laisser prendre que de voir le roi tenir sa promesse.

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Après la bataille de Fontenoy, M. le maréchal de Noailles dit à celui de Saxe, qui, tout hydropique et tout incommodé qu'il était, avait fait des merveilles dans cette action dont il eut tout l'honneur: « Monsieur, vous êtes le seul que la gloire ait désenflé, » Ce mot fut applaudi de toute l'armée.

Le roi passant à St.-Omer, l'évêque de cette ville voulut dire une grand'messe en sa présence, mais il était si peu accoutumé à en chanter qu'il craignait de n'en pas sortir à son honneur; il chanta pourtant la préface tant bien que mal; sur quoi un de ses aumôniers, pour l'encourager, lui dit, pendant qu'il s'essuyait : « Allons, monseigneur, cela ira bien, vous vous êtes tiré à merveille de la préface. » » — « Oui, répondit le bon prélat,» je me suis tiré de la préface, mais ce sera le diable au pater.»

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XXIV.

LES HOMMES ET LES CROSES.

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LEGS WICAR. Les objets d'art que notre illustre compatriote, feu M. le chevalier Wicar, a légués à la ville de Lille, sont renfermés dans cinq caisses; quatre sont arrivées. La cinquième, qui est la plus précieuse et qui contient un grand nombre de dessins originaux des plus grands maîtres de l'Italie, est encore à Rome, ou, dans ce moment, dirigée vers sa destination définitive.

Les quatre caisses ont été ouvertes le matin 11 octobre, en présence de M. le préfet, de M. le maire, de MM. les adjoints et d'un certain nombre de membres du conseil municipal et de citoyens amateurs des arts.

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Ce portrait est d'un beau coloris et la ressemblance est parfaite. La ville de Lille verra avec plaisir son musée orné du portrait de l'un de ses enfans les plus distingués.

2o Un tableau de chevalet, sujet romain, et une gravure du même tableau.

La troisième caisse était remplie de divers objets d'antiquités ou de curiosités, parmi lesquels on distingue le buste antique de Marcus-Brutus, en marbre; le buste d'une jeune fille, d'une admirable expression et modelé en cire, rareté qu'il importe beaucoup de conserver; cette cire remonte à un tems très-éloigné ; des émaux de Bernard de Palissy et autres maîtres ; une jolie statuette de Mercure; un bas-relief antique ; des terres cuites d'une bonne couservation; un petit trépied antique très-agréable, etc., etc.

La quatrième caisse, d'une longueur de plus de 56 pieds, contenait le tableau de prédilection.de M. Wicar et qu'il regardait comme son chef-d'œuvre, c'est celui du Fils de la veuve de Naïm. Cette vaste composition n'a été que légèrement altérée sur l'un de ses bords. A en juger au premier coup-d'œil, elle reproduit au moins 50 figures. C'est une œuvre colossale et qui atteste les études les plus laborieuses. Les figures du premier plan ont de huit à neuf pieds.

Ce tableau ne pourra être apprécié tout ce qu'il vaut, que lorsqu'il

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