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nin et à l'éditeur du Mercure de France, je crois l'anecdote apocryphe, ou plutôt c'est une contrefaçon évidente d'une anecdote bien connue dans notre département. Voici comment la rapporte M, Mazas qui venait de visiter les lieux dont il parle.

« En 1816, un officier supérieur. anglais, dont le régiment était cantonné à St.-Pol, vient visiter le champ de bataille d'Azincourt; ayant appris par la voie publique que la Gacogne avait servi de sépulture à une grande quantité de guerriers français, il s'imagina d'y faire des fouilles; à cet effet, il amena un bataillon et commença ses recherches qui eurent des résultats immenses. Il trouva quantité de pièces d'or des règnes du roi Jean, de Charles V et de Charles VI, car les vainqneurs n'avaient point eu le tems de dépouiller les chevaliers français, qui furent je tés dans la fosse tout habillés; d'ailleurs, à cette époque, dépouiller les morts était regardé comme une profanation; on n'en usait ainsi qu'à l'égard des infidèles. Pendant tout le tems que durèrent ces fouilles, cet officier anglais habita le château de Tramecourt, dont les maîtres étaient absens; il s'y conduisit fort honorablement, et en le quittant, il attacha à la tapisserie du salon une magnifique gravure anglaise représentant Henri V, le vainqueur d'Azincourt, paré de tous les insignes d'un roi de France; il ordonna aux gens du château de la remettre en cadeau,

de sa part, à madame la marquise de Tramecourt, lorsqu'elle reviendrait chez elle. Cette dame arriva peu de jours après et trouva le présent un peu singulier; elle envoya sur le champ un de ses domestiques à St.-Pol, pour remettre à à cet officier une lettre dans laquelle Madame de Tramecourt témoignait son regret de ne lui avoir pas fait les honneurs de son château et le remerciait de son cadeau, en le suppliant d'accepter en échange une autre gravure, c'était le portrait de Jeanne-d'Arc: l'officier répondit en homme de bonne compagnie et s'avoua vaincu.» (Vies des grands capitaines français du moyen-âge, T. vI. p. 374. 1828). Il est ici question du général Woodford, alors colonel d'état-major qui paya le droit de fouiller l'une des fosses de la Gacogue; son heureuxs succès lui don na l'idée de fonder une magnifique collection spéciale qu'il appela le Musée d'Azincourt. Il a présenté au prince régent un plan très détaillé qu'il a levé de la plaine et de ses environs.

Les premières opérations de la fouille n'avaient pas été conduites d'une manière convenable; le souspréfet de St.-Pol réclama, et les ossemens furent soigneusement recueillis et placés dans des cercueils. Nous venons de voir M. Mazas faire bon marché de Monstrelet et de St.-Remy, pour se donner le plaisir de louer le pieux respect que nos pères devaient avoir pour lės morts; voici venir M. A. Hugo qui

ne se pique pas d'une telle scrupuleuse exactitude sur des faits connus de tous : « C'est dans l'arrondissement de St.-Pol que se trouve le champ de bataille d'Azincourt, théâtre d'un des plus grands désastres des armées françaises au moyen-âge. Lorsqu'en 1815, par suite des chances de la guerre, les anglais occupèrent de nouveau et momentanément le pays, quelques uns de ces étrangers voulurent, pour satisfaire une avide curiosité, fouiller cette plaine fatale où avaient été déposés les cadavres des chevaliers français. Un honorable fonctionnaire, M. Gengoult, aujourd'hui sous-préfet de St.Omer, s'opposa avec énergie à l'exécution d'un projet impie, et fit respecter les cendres des guerriers malheureux. Il est triste de penser que de si dignes magistrats ne se soient pas montrés dans tous les pays. »

D. F. VICTOR LEFEBVRE. -Vicfor Lefebvre est né à Lille en 1811. Son enfance n'offre rien de ces singularités qui souvent entourent le berceau du talent. d'une constitution physique délicate, il atteignit péniblement sa dixième année ; sculement alors le génie musical se révéla en lui. A peine était-il initié aux premiéres notions de l'harmonie, qu'enfant il voulut composer; il tenta de mettre en musique plusieurs fragmens des tragédies de Racine, et', chose digne de remarque, pas une faute de régle ne se trouva dans ces essais! Lille vit

cinq fois son jeune front couronné des palmes académiques; il était alors élève du conservatoire de cette ville. Il en partit en 1825 pour aller continuer son éducation à Paris. Là, de plus grands succès l'attendaient; il obtint le premier prix de contre-pointe et de fugue. Telle est l'estime que Chérubini avait pour lui, telle est la supériorité qu'on lui reconnaissait, qu'on le chargea de substituer Reicha et deprofesser en son absence, le cours d'harmonie. Fatigué des entraves que toujours on oppose au mérite, Lefebvre s'en affranchit, et vint en 1852 préparer à Douai cette grande destinée qu'il voulait et que son génie aurait conquise! Il enseigna le violoncelle à notre académie; mais, obéissant à son idée chérie, il renonça bientôt au titre de professeur pour se livrer entiè.... rement à ses inspirations, à cette voix intérieure qui lui criait: «Va... la gloire est au bout du chemin¦ »

Veut-on savoir ce que pensait de lui un grand maître, Lesueur, dont le témoignage est bien plus puissant que toutes nos paroles. Voici ce qu'il écrivait en 1832, quand Lefebvre n'avait pas encore 21 ans « Je suis enchanté que vous » vous plaisiez où vous êtes, et sur> tout que votre musique ait eu le

succès qu'elle mérite; car je ne » crains pas de le dire, vous avez >> tout ce qu'il faut pour vous dis» tinguer; il ne vous manque que >> de savoir bien diriger le feu, l'ins»truction et l'imagination que vous » possédez....

..... » Si vous avez du courage, >> si vous continuez à travailler et à » suivre la bonne route, je vous » prédis de beaux succès, même à »Paris, où la fatalité ne planera >> pas toujours sur vous, soyez-en › » sûr..............

>> Quand vous viendrez nous voir, » nous vous recevrons comme l'un >> de nos enfans ; car j'accepte vo» lontiers le titre de votre père en >> musique......»

L'école allemande était celle

pour

laquelle Lefebvre se sentait plus de prédilectionsa; nature l'y appelait. Pleinesde chants, pleines de science, ses compositions sont l'expresion de son âme ; elles respirent le feu qui la consumait. Il laisse six symphonies, deux ouvertures, des cantates, des chœurs, des septuor, des quintetti, des trio, des études pour violoncelle, des quatuor (dont un grave), et un grand nombre de romances. Dans tous ces ouvrages, on aperçoit la présence du génie. Il achevait aussi un grand opéra dont les denx premiers actes sont écrits avec toute la verve qu'il imprimait à ses mélodies, à son instrumentation, et surtout avec cette connaissance parfaite de la scène, cette pureté de style qui d'ordinaire n'appartiennent qu'à une vieille expérience.

Le 20 mars 1834, Victor Lefebvre mourut ; il finit une vie si jeune, si belle et déjà si remplie! Quelques heures avant sa mort, dans un de ces instans de fièvre, de délire, on l'entendait murmurer encore: moa opéra.... m on pauvre opéra!

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ARMOIRIES DES LANNOY.

Des actions généreuses, des faits d'armes brillans ont été souvent l'occasion de quelques-uns des ornemens qui enrcihissent les armoiries des anciennes familles, ou lè motif des emblêmes qui relèvent leurs écus. L'explication de ces marques d'honneur est la partie la plus intéressante et la plus honorable de l'histoire des nobles maisons, et celle à laquelle les derniers descendans de

vraient le plus tenir. Nous avons un exemple remarquable d'une belle action appartenant à notre contrée dont le souvenir se trouve consigné à jamais dans un ornement des armoiries de la maison dont des Lannoy d'Ameraucourt, l'écu est entouré d'une chaîne d'or de vingt chaînons, pour le motif consigné par Pierre Mathieu en la Vie de Louis XI et rapporté dans les termes suivans, par Adrien de la Molière en son recueil de plusieurs nobles et illustres maisons du diocèse d'Amiens et des environs, 1630, in-4°.

« L'an 1477, comme le roy Louis XI eut pris la ville de Hesdin par les moyens que luy en donna Philippe de Crève-Coeur, Raoult de Lannoy fut envoyé de son père Flammeng, seigneur de Lannoy, gouverneur de la place ( lequel s'estoit retiré au chasteau) pour parlementer et faire sa composition. Sa majesté qui vit ce jeune gentil-homme tout crasseux de poussière, et sueur, provenant de travail, bien formé de ses mem

bres, et quant et quant éloquent
et disant des mieux, le prit en af-
fection, si qu'elle luy accorda tout
-ce qu'il demandoit, et le retint dès-
lors à son service; cette ville et
chasteau rendus, le roy poursui-
vant sa pointe, vint à Quesnoy-
le-Comte, où la brèche estant fai-
te, le jeune Raoult de Lannoy dé-instances des voisins, mal à
sirant donner quelque bonne im-
pression de soy à son advenement
à la cour, commença le premier à
remper par le débris des murailles,
et, parmy les flammes du tonnere
des arquebusades, à venir aux
mains si valeureusement, que la
place fut emportée d'assaut, et le
roy admirant son courage, s'écria
tout haut qu'il estoit trop ardent,
et fallait l'enchaisner: cela rappor-
té au jeune gentil homme, il en
eut quelque appréhension, mais
sa majesté l'ayant envoyé quérir,
luy dit: «Pasques Dieu! mon amy,
vous estes trop furieux en un combat,
je vous veux enchaîner pour modé
rer votre ardeur: car je ne vous
veux pas perdre, désirant me servir
de vous plus d'une fois. » Et sur ces
paroles luy jetta au col une grosse
chaisne d'or composée de vingt
chaisnons, de la valeur de cent
escus pièce, et le fit sur l'heure
capitaine d'une compagnie. »

LE PARATONNERRE ET ROBESPIERRE. M. de Vissery de Boisvallé, grand amateur des sciences physiques à St.-Omer, avait fait l'expérience d'un paratonnerre sur sa maison, rue du Marché-auxHerbes, n. 76, au mois de mai 1782. Les échevins de cette ville, sur les

Cette chaîne figure aujourd'hui autour des armoiries de la maison

de Lannoy; c'est ce dont on peut
se convaincre en visitant l'église
des cordeliers d'Amiens, si tant
est que
les pierres blasonnées qui
y existaient du tems d'Adrien de la
Molière, y soientencore.

"

A. D.

propos alarmés, avaient prescrit au propriétaire la descente de cette machine dont ils n'avaient pu encore apprécier les merveilleux effets. La sentence des échevins ne tarda pas à être réformée par arrêt de l'autorité supérieure, du 31 mai 1783. Cette affaire eut du retentissement dans toute la France. L'avocat au conseil d'Artois qui était venu à St.-Omer pour prêter son ministère à M. de Vissery, était alors de la médiocrité la plus vulgaire; son nom n'avait pas même dépassé les limites de sa province. Né à Arras en 1759, orphelin sans ressource, il avait charmé par son intelligence précoce et ses bonnes dispositions M. de Conzié, qui l'envoya au collège de Louis-le-Grand, à Paris, et solda généreusement ses dépenses. Ce prélat avait été sacré évêque de St.-Omer en 1766, et nommé ensuite à l'évêché d'Arras en 1769.

Le laborieux artésien, dans le plaidoyer qui lui fit gagner son procès, exalta les vertus et la bonté

de Louis XVI. Le 25 novembre de cette année 1783, il fut admis au nombre des membres de l'Académie d'Arras. Le 21 avril suivant, il y prononça son discours de ré

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ception, dans lequel il entreprit de prouver l'origine, l'injustice et les inconvéniens du préjugé qui fait rejaillir sur les parens du criminel l'infamie attachée à son supplice. Ce discours, envoyé peu de tems après avec quelques additions à la société des sciences et des arts de Metz, y obtint le prix proposé et fut couronné par cette compagnie le jour de St.-Louis. Bientôt, l'auteur fit partie de la réunion poétique des Rosati, et Lacretelle aîné le qualifia dans le Mercure de bon jeune homme, car il manifestait lant de sensibilité qu'il se démit des fonctions de bailli de son évêque pour ne pas être exposé à prouoncer la peine de mort.... Quelques années s'écoulèrent: lors des élections de l'assemblée constituante, le médiocre avocat des paratonnerres l'emporta de quelques voix sur le savant Herman-Louis-Bertin Martin de St.-Omer. Le démon de la jalousie sociale remplit alors toute son âme et le couvrit d'un manteau d'utopies les plus extravagantes et les plus féroces... 1793 arriva le roi de France ne fut plus à ses yeux que le plus grand de tous les criminels! Sur les débris du trône et les pieds dans le sang, il aspira ensuite à la dictature la plus affreuse; s'il se rappela son modeste triomphe dans notre cité, ce fut pour poursuivre à outrance celui qui l'avait présenté au serment d'avocat, l'audomarois Liborel, son patron... Il voulut encore, à l'apogée de sa prospérité terrible, proscrire tous les savans, tous les

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gens de lettres, tous les artistes et les érudits, ce qui n'empêcha pas la rédaction d'une adresse célèbre par quelques uns de nos compatriotes, éloquens et dévoués; la tête de ce personnage tomba le 28 juillet 1794!

Cet homme était Maximilien de Robespierre! H. P.

LA PARTIE MAHAUD. Cette singulière coûtume s'est éteinte au milieu du siècle dernier et ce nom populaire disparaîtra bientôt comme l'aumône qu'il désignait, puisque les historiens Boulonnais ne l'ont pas cru digne de figurer dans Jeurs ouvrages. Nous avons parlé différemment et nous empruntons les lignes suivantes à un témoin oculaire, Marin Bailleul, vicaire de Notre-Dame de Calais et curé de Sangate, passé de vie à trépas le 30 juillet 1639. La bibliothèque publique de Calais possède le manuscrit autographe de Bailleul; cet ouvrage inédit, cité, mais non pas toujours consulté ou mal consulté par tous ceux qui se sont occupés de notre histoire, est intitulé. Antiquitez plus remarquable de la ville et pays de Calais et pays reconquis, in-folio, 153 feuillets d'une écriture serrée. La mort a sans doute interrompu Marin Bailleul dans son travail, car il ne va pas au-delà de l'exécution des prétendus conspirateurs qui voulaient livrer Calais aux anglais en 1563, liv. vi, ch. vi.

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