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Presque tous les droits sur la rivière ainsi que la jurisdiction sur les moulins de Lambres, appartenaient aux échevins de Douai. L'abbé de Saint-André du Cateau, était curé primitif, collateur et décimateur de Lambres. Il y jouissait d'un terrage dit de Saint-Sare. Ce saint, natif de Lambres, vivait an VIIe siècle; il en était le patron comme celui de Vred, d'Estrées, de Hamel, et même de Douai. Mais, deux miracles, rapportés en détail par Buzelin, et opérés par SaintMaurand, dans cette ville, firent préférer celui-ci à Saint-Sare, qu'on oublia bientôt; car, on était au moyen-âge aussi ingrats envers les saints, qu'on l'est de nos jours envers les hommes politiques. Il ne conserva pour lui que les cordonniers, qui partageaient entre lui et Saint-Crépin leur encens; tous les ans ils allaient à Lambres, processionnellement, lui rendre homma

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ENTRÉE DE CHARLES-QUINT A YPRES. Charles, né à Gand, le jour de saint Mathias, 25 février 1500, fils de Philippe-le-Beau et de Jeanne-la-Folle, infante d'Espagne; fut élu empereur le 28 juin 1519, et couronné à Aix-la-Chapelle, le 23 octobre 1520.

Ce prince fit son entrée à Ypres, avec une suite très nombreuse, le 20 juillet 1519.

Le magistrat, accompagné du clergé et à la tête des confréries de Saint-Sébastien, de Sainte-Barbe, de Saint-Michel et de Saint-George, ainsi que les membres des cinq chambres de rhétorique, se rendit en corps au devant de Sa Majesté. Quatre habitans jouaient du chalumeau: ils étaient secondés par les trompettes du roi, qui faisaient retentir l'air de leurs fanfares, et toutes les cloches furent mises en branle. Le géant de la ville, en habits neufs, garnis de franges et de houppes, faisait partie du cortége. La vue de ce colosse ne devait point paraître extraordinaire à Charles-Quint, parceque presque toutes les villes en avaient dans ce tems-là.

On avait fait planter des sapins des deux côtés de la rue de Lille, qui est la plus belle et la plus longue de la ville. Sur ces sapins s'élevaient des torches, au nombre ches étaient allumées pendant deux de cent quatre-vingt-huit. Ces tor

nuits de suite. Le béfroi et toutes les maisons furent illuminées.

Il y avait une estrade placée hors de la porte de Lille, où Sa Majesté fut complimentée: Cette estrade

était entourée de sapins. Toutes les maisons des deux côtés de la rue de Lille, depuis la porte jusqu'à la grande place, étaient tapissées de draperies de différentes couleurs, auxquelles étaient attachés des écussons aux armes du roi, peints par un artiste nommé Hubert Penneman. Les canons étaient placés au-dessus des portes de la ville et furent déchargés au moment de

l'entrée du roi.

Les chambres de rhétorique de Sainte-Ursule, dits les joyeux; de Sainte-Anne, portant pour titres les Rosiers; des Maures, ou de Saint-Maurice; de la fleur de blé, sous l'invocation de Notre-Dame d'Alsemberge et des cœurs fidèles, ayant pour patron l'ange gardien, représentèrent, à tour de rôle, des mystères sur des théâtres élevés à cette fin. Il parait que la chambre suprême, dite d'Alpha et Oméga, dont l'institution était déjà très ancienne alors, n'assista point à cette fête. Sur la grand' place on figurait l'ascension de la Vierge. On avait aussi placé à la porte de Lille une tour élevée, dans laquelle un homme et une femme représentaient le lavement des pieds de Notre Seigneur par Marie-Madeleine. Pendant le séjour de CharlesQuint à Ypres, le magistrat festoyait Au Jeu de Paume, (auberge ainsi nommée) Charles de SaintPol, quelques autres gentilshommes et le maître-d'hôtel du roi. Ce même magistrat fournit aussi dix tonneaux de bierre à l'usage des chevaliers de l'ordre de la Toison-d'Or. Ceux qui étaient à la

suite de M. de Berghes consommėrent à eux seuls deux tonnes de bierre étrangère. Il fut fait des présens en vins du Rhinet de Beaune à Charles-Quint et à tous ceux qui l'accompagnèrent, tels que madame la gouvernante douairière de Savoie, M. de Fiennes, le cardinal de Croy, l'évêque Pallacias, l’ẻvêque de Tony, l'évêque de Palerme, le prince d'Orange, M. de Nassau, le chancelier du roi, le comte de Hoochstraten, M. de la Laing, M. de la Roche, M. de Chievres l'audiencier du roi, le maître-d'hôtel de la gouvernante, M. du Beau, régent de madame de Savoie, maître Maximilien, secrétaire du roi, maître Roger, secrétaire de M. de Fiennes, Charles de Saint-Pol, le gouverneur de Béthune, l'évêque de Liège, le comte palatin le comte d'Albe, M. Maingoval grand écuyer, le comte de Hornes, M. de Berghes, M. d'Ysselstein, M. de Wassenaer, le gouverneur de Bresse, M. d'Egmont, M. de Ligne comte de Fauquemont, M. MetteM. de neye, maître d'hôtel du roi, St.-Claude, maître Jean Laurens, maître Laurent de Blecol, maître

Jean de Grutere, maître Alexandre Alman, maître Guillaume Le Moine, le secrétaire du marquis d'Ars— chot, Jean de Rode, massier du roi, le procureur-général de Flandre, le secrétaire de M. de Chievres, et les chantres de la chapelle da roi.

Voici la liste des autres personnes qui étaient aussi à la suite de Sa Majesté, et à chacune desquelles le magistrat de la ville accorda une gratification plus ou moins forte, savoir: le sommelier, les trompet

tes, l'huissier de la salle, celui de · la chancellerie, les chevaucheurs de l'écurie, les chambellans, les laquais, le tapissier, les fourriers de la tapisserie, les trois hérauts d'armes, le portier, le palefrenier, quatre domestiques, le fauconnier, les archers, le pâtissier, les cuisi– niers, les panetiers, les pages du roi, le maréchal, l'huissier de la chambre du roi, l'écuyer de la salle, les officiers de la gouver

nante.

Le lendemain, après que les magistrats lui avaient prêté le serment ordinaire de fidélité, de loyauté et et d'obéissance, Charles-Quint jura d'être bon seigneur de la ville d'Ypres et de sa banlieue, de protéger la sainte église et de faire droit aux veuves et aux orphelins; de maintenir les habitans dans leurs usages, lois et coutumes, d'entretenir leurs priviléges et franchises, confirmés par le défunt roi Philippe de Castille, son père, lorsque celui-ci parvint au comté de Flandre, et de faire généralement tout ce qu'un bon comte et seigneur du pays est tenu de faire.

Après cette cérémonie, on donna au roi un banquet où il y avait des épiceries achetées à Bruges.

par

la

Toutes les dépenses faites ville, à l'occasion de cet événese sont élevées à 1744 livres J 3 sous 6 deniers parisis.

ment,

Il parait que Charles-Quint resta à Ypres pendant cinq à six jours.

i

LAMBIN,

DU COMMERCE AVANT 1792. -La manufacture de St.-Quentin, unique dans le monde, se composait de batistes, linons étroits ou l'arges et rayés, à ramages et à dessins; de mousselines rayées ou brochées ; de gazes en fil à rayes, à carreaux et en différens 1amages, le tout varié par l'industrie, jusqu'à 20 et 25 espèces de toiles travaillées tant en fil que coton.

Toutes ces toiles se fabriquaient tant à St.-Quentin que dans les campagnes voisines, jusqu'à Bapaume, Péronne, Cambrai, Valenciennes, Vervins, avec un nombre

d'ouvriers subordonnés à l'importance des demandes.

Ce commerce était d'autant plus avantageux, que les matières premières étaient produites par le pays, et que les dix-neuf vingtièmes étaient en exportation à l'étranger: il se faisait par le ministère de douze courtiers en charge, depuis supprimés.

Le lin, employé pour la confection des tissus unis, se recueillait en Flandre et en Picardie; celui de Marchiennes, plus beau, produisait les toiles les plus fines; celui de St.-Quentin, les plus commu

nes.

Dans l'origine, on fabriquait particulièrement des clairs unis ou fluait beaucoup sur leur débit; les linons; la largeur de ces tissus intoiles appelées claires 273, ont toutoujours été très-recherchées. Les toiles plus fortes et plus serrées, nommées batistes, du nom d'un ouvrier de Cambrai, qui les fabriqua le premier, ont été en usage

Archiviste de la ville d'Ypres. beaucoup plus tard.

La fabrication de ces toiles occupa longtems les ateliers de St.Quentin elles formaient à elles seules la moitié des produits que ces ateliers versaient dans le commerce. Depuis, Valenciennes et Cambrai se sont emparés presqu'exclusivement de cette industrie, que la nature fine et soyeuse de leurs lins semble leur réserver. Elle a été remplacée à St.-Quentin, par une plus forte extension donnée au tissage des claires unies 374, 778 et 474, et surtout à celui des claires brochées; mais le règne de ces toiles, si recherchées depuis 1775 jusqu'à 1792, est maintenant passé; quelques toiles claires, au nombre desquelles on ne comprend pas les claires 273, demeurèrent en vogue; les brochées n'ont plus de

débit.

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rées du nord; dans les derniers tems qui ont précédé la révolution, on y employait des cendres de tabac, vendues par la ferme ; elles passaient alternativement du coulage sur le pré, où elles étaient ar→ rosées; et, à chaque fois, elles recevaient un savonnage, puis un bain de lait, terminé par une mise au bleu; après quoi, elles étaient rendues au propriétaire, qui les livrait à l'apprêteur, dans les mains duquel elles subissaient l'apprêt, le pliage, le maillotage et la presse. (J. de St.-Quentin.)

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BULLES DU PAPE. ques journaux du département du Nord ayant élevé une polémique à l'occasion de l'origine et de la découverte des actes pontificaux, retirés naguères du grenier de M. le sous-bibliothécaire de Cambrai, les éditeurs des Archives croient devoir publier la lettre suivante

adressée à M. Amédée Lallier. Les

renseignemens précieux qu'elle contient, devant définitivement fixer l'entière vérité des faits. Désormais, le but de cette discussion est atteint, et toutes les incertitu–

des sont évanouies.

Voici les renseignemens fournis par M. le bibliothécaire à M. A. Lallier.

Monsieur, «Vous pensez, sans toutefois rien affirmer, que les actes émanés de la cour de Rome, sont précisément ceux dont l'honorable M. Lallier a fait remise et don à la bibliothèque.

« Vous avez bien fait, monsieur, d'émettre cette opinion sous la forme de doute. Les titres que M. Lal

lier a bien voulu me remettre, et dont j'espère donner bientôt la description dans un codex diplomatique cambrésien que je prépare, sont d'une toute autre nature et d'une toute autre importance que les documens découverts ou exhumés récemment. Ceux-ci pourtant ne doivent pas être dédaignés, il s'en faut. Il s'y trouve moins de bulles proprement dites, que de brefs et de lettres papales ou consistoriales. Le plus important peut-être de ces titres ecclésiastiques est un privilége d'Innocent IV contra Burghesias et alias insolentias dominorum temporalium, donné à St.Jean de Latran en 1254. Quelques autres ont aussi un certain intérêt historique. Ils font partie de la collection que j'ai formée moi-même à Ste.-Agnès, et que j'ai mentionnée sous le no 1041 du catalogue des manuscrits de Cambrai. J'en avais effectivement confié le dépouillement à M. Houillon, voulant parlà l'exercer à la lecture et à l'élucidation de ces anciens documens. Du reste, il se livrait à ce travail sous mes yeux, et je me fesais un plaisir de lui en aplanir les difficultés. Quant aux pièces qui nous ont été gracieusement remises par M. Lallier, elles offrent, comrne je l'ai dit plus haut, un autre genre d'intérêt. L'un de ces actes est un diplôme royal du 9e siècle. Plusieurs sont des chartes épiscopales du 11; mais le titre qui me parait le plus digne d'être offert à la curiosité du public érudit, c'est un diplôme de l'empereur Frédéric II, de 1215, qui reconnait et confirme à la ville de Cambrai les priviléges

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LE CAMP DE CESAR. Selon une tradition fort répandue dans le pays, César, pendant qu'il occupait nos contrées, aurait établi à Estrun un camp retranché, sur la hauteur, entre l'Escaut et la Sensée. L'esprit belliqueux et inquiet des Nerviens, ne laissait pas le général romain tranquille sur la position de sou armée, aussi l'établissement de ce camp nous parait-il plus probable que celui de tant d'autres surnommé pompeusement Camp de César.

Louis III, roi de France, ayant défait les Normands à SancourtVimeux, vint occuper le même camp et fit bâtir un château à Estrun. Nous lisons dans les annales de Saint-Vaast de l'an 881: " Le roi ayant rassemblé son armée, vint au Cambrésis, et bâtit un château dans un lieu nommé Strun(1)

(1) Estrun, courant d'eau, du Sax ou Stream, du teuton Stroem, en allemand Strom,

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