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de révérence et dévotion, le pélerinage à ce buisson et image susmentionnés. Aussi son espoir ne fut point vain et sans effet, car la mère du souverain médecin tant des corps que des âmes lui impétra ce que tant il désirait, une parfaite santé. Et lui réciproquement, pour reconnaissance d'un si singulier bienfait, acheta le lieu où était cette image et quelques terres aux environs; il y bâtit la chapelle qui s'y voit aujourd'hui, la renta et fonda, établit un chapelain gagé avec obligation de certaines mes ses et autres conditions concernant le service de Dieu et le culte de la reine des auges; laquelle, comme elle ne se laisse jamais surmonter en libéralité par ses dévots, aussi ne manqua-t-elle de le bien récompenser, car il semble que pour le regard de sa piété et dévotion vers N.-D., Dieu lui donna comme miraculeusement un fils dont sa femme se délivra, ayant presqu'atteint les 50 ans, au grand étonnement de tous, ainsi que le rapportent de graves historiens (1).

» DEUX GRANDS CONCOURS DE PÉLERINS A NOSTRE-DAME D'ESQUERMES.

>> Comme le prodige des trou

[1] Voici comment Tiroux, dans son Histoire de la Châtellenie de Lille; raconte la naissance de cet autre Dieudonné.

» Bauduin à la belle barbe, voyant sa femme âgée de près de 50 ans, sur le point d'accoucher, pour faire voir à tout le monde que la grossesse de son épouse n'était point feinte pour supposer un héritier, fit dresser une tente au milieu de la grande place d'Arras, et permit à toutes les dames de condition d'être les témoins de l'accouchement de sa femme, qui se fit sous cette tente, où naquit Bauduin de Lille. »>

peaux de moutons faisant révérence et pliant les genoux à l'image de N.-D. avait attiré le comte Bauduin à la visiter et faire ce que nous venons de dire, aussi en tira-、 t-il plusieurs (y jointe la santé prodigieuse du comte et autres guérisons), non seulement des lieux voisins, mais aussi des pays plus éloignés, lesquels, la chapelle étant érigée, y abordaient journellement par troupe en forme de procession, marchant nu-pieds, en offrant des gros cierges, flambeaux, moutons et brebis, et pour exciter et maintenir leur dévotion, menant quant et eux des trompettes et instrumens musicaux, qui faisaient retentir l'air des louanges de Dieu et de sa mère. Concours qui s'augmentait de jour en jour, par les faveurs et grâce que Dieu opérait on considération de sa mèré, par lesquels, comme une amorce et appât spirituel, il attirait et continue d'attirer les cœurs des pèlerins pour l'honorer. Les tableaux votifs qui, en grands nombre, décorent la chapelle, témoignages des grâces désirées ou obtepues de N.-D. d'Esquermes, en font foi.

>> OCCASION DU, NOM DE NOSTREDAME DE RECONCILIATION.

» Nonobstant que la chapelle de N.-D. d'Esquermes lui soit dédiée sous le titre de l'Annonciation, qui est aussi sa principale fète, toutefois au rapport des plus âgés de la ville de Lille, l'ayant ouï de leurs devanciers, et ceux-ci de ceux qui les ont précédés, s'appelait anciennement N.-D. de Réconciliation,

nom que ce lieu sacré a pris des fréquentes réconciliations moyennées en ce lieu par ia mère de ré→ · concilation et de paix. »

songea à ennoblir le lieu par quelque sainte chronique; et, voici celle qui mit en réputation cette nouvelle propriété de l'abbaye.

Tel est le récit ingénu de notre Nous la trouvons toute entière dans chroniqueur. les manuscrits des moines de Marchiennes, intitulée: Miracula sanctæ Rictrudis, et déposés à la bibliothèque publique de Douai (1).

Lorsque la vogue dont avait joui pendant tant de siècles la N.-D. d'Esquermes cessa, les chanoines de St. Pierre, peu soucieux de conserver une chapelle qui ne rapportait plus ni cierges, ni flambeaux, ni moutons, ni brebis, l'abandonnèrent aux jésuites, à condition qu'ils fourniraient un prédicateur à leur collégiale. Les fils d'Ignace acceptèrent ces conditions, et le chapitre de St. Pierre les mit en possession de la chapelle et des terres assez considérables qui y étaient annexées.

(Echo du Nord.)

Le FESTIN ET LE VOEU.-Le village de Boiry appartenait à l'abbaye de Marchiennes. Nous avons déjà eu plusieurs occasions de faire connaître que les moines de cette abbaye, étaient grands faiseurs de miracles et d'histoires merveilleuses; que, toutes les fois qu'il s'a gissait d'accroître la renommée de quelques-uns des patrons, des villages et autres lieux qui leur appartenaient, leur imagination les servait à merveille, et leur fournissait toujours quelqu'événement miraculeux, propre à émouvoir les esprits crédules et à inspirer une grande vénération pour l'acte saint, éclos de leur imaginative. Or donc, tous les biens que possédait sainte Rictrude à Boiry, ayant été donnés par elle à M. de Marchiennes, on

C'était sous le roi Dagobert Lequel? Etait-ce celui qui mettait son haut-de-chausse à l'envers, si tant est qu'on portât alors des hautde-chausses, et qui avait pour ami ainsi que sa femme, le bon SaintEloi? les manuscrits ne le disent point. Trêve, c'était sous Dagobert. Rictrude était restée veuve, avec plusieurs enfans d'Adalbald, duc de Douai, mort en odeur de sainteté; elle habitait le château de Boiry, et autant à cause de sa beau

que de ses grands biens, elle était recherchée par tous les princes et seigneurs du royaume. Mais, fidèle au souvenir de celui qu'elle avait perda, elle restait sourde à toutes. les propositions qui lui étaient faites, ne songeant qu'à sauver son âme et à diriger ses filles dans les saintes voies du seigneur. Cependant, le roi Dagobert la pressa de se remarier; elle s'y refusa respectueusement; il insista, et poussa même ses sollicitations jusqu'aux menaces. La duchesse de Douai osa les braver. Dans cette cruelle position, elle crut devoir consulter Saint-Amand: ce digne évêque lui donna un conseil, qui semblait ve

(1) Hucbald, auteur de la vie de Sainte Rictrude, qui vivait au dixième siècle, moine de St.-Amand.

nir du ciel, et dès lors elle parut
condescendre aux désirs du roi.
A cet effet, elle fit les apprêts
d'un grand festin, dans son châ-
teau de Boiry, auquel elle invita
le roi et tous les seigneurs de sa

cour.

La salle du banquet avait été toute jonchée, garnie de verdure fraîche et nouvelle ; les parois étaient tous couverts de rameaux verts, pour y faire plus frais et odorant, car le tems et l'air du dehors étaient merveilleusement chauds. Au milieu, se trouvait une belle table entourée de bancs (2). Elle était d'argent massif et ciselée avec beaucoup d'art, non couverte d'une nappe mais de roses. Les mets y reposaient sur des fleurs; au lieu de ce qui couvre on avait préféré ce qui flatte l'odorat. Des hanaps d'or, d'argent et de cristal ciselés, se trouvaient devant la place de chaque convive; de grandes aiguières, ayant la forme d'animaux, surmontaient les quatre coins de la table. Tous les vases, plats, assiettes, étaient d'argent. Selon l'usage du tems, les viandes entassées dans des énormes plats, formaient des piles arrangées avec beaucoup

d'art.

Au haut bout de la salle, sur une estrade, on avait placé chanties et ménestriers ; et un peu plus bas, baladins et jongleurs qui, au moyen d'instrumens mélodieux, Farces, momeries et aulires honnestes joyeusetez, devaient rendre

[2] L'usage alors même chez les rois, était de ne se servir que de banes, pour s'asseoir a table; de là, le mot banquet,

ce souper moult agréable. Aux quatre coins de la salle, d'autres ménestriers, montés sur des bœufs, habillés d'écarlate, étaient destinés à sonner du cor à chaque service.

repas,

Lorsque le roi se présenta à la porte de la salle, la musique commença à exécuter un chant de chasse, auquel les cors répondirent. Dagobert était précédé de douze valets-servans, portant douze torches allumées, qui, pendant toute la durée du furent tenues au poing, et qui répandirent grande clarté dans la salle. Le roi, qui donnait la main à Rictrude, était sui– vi de ses seigneurs et varlets. Il fut prendre place au centre de la table, et fit mettre la dame du lieu à son côté. Avant de s'asseoir, on avait donné l'eau à laver.

Si fut ce souper moult grand, plantureux et bien estoffe de toutes choses. La sainte femme, durant le repas, chercha à porter la gaîté parmi ses convives. Il était dans les habitudes du tems, que l'on ne pouvait refuser de boire, lorsque l'on était convié de le faire par la maîtresse du festin. Cette coutume était si généralement répandue et poussée à de tels excès, que les rois firent des efforts pour la réprimer. Charlemagne s'en est occupé en plusieurs endroits de ses capitulaires; où il défend expressément, sous peines sévères, de se provoquer à boire dans les repas. Cependant la dame de Boiry y avait réussi, et le vin produisait son effet. Déjà plus d'une tête s'exaltait; celle du bon roi élait toute montée; il se répandait en propos galans auprès de la belle veuve, et lui répétait qu'elle ne de

vait pas ensevelir dans le veuvage, un tel trésor de beauté et de grâces. Quand elle, se levant, demanda au roi s'il lui voulait bien octroyer une grâce, celle de faire de vant lui ce qu'elle désirait. Le prince y ayant consenti, elle prit à témoin, de la parole royale qui lui était donnée, tous ceux qui étaient assis au banquet. Chacun s'imagina qu'elle allait remplir une grande coupe, et la boire à la santé du roi, pour engager, comme cela se pratiquait en beaucoup d'endroits, ses convives à en faire autant; mais Rictrude, tirant de son sein un voile, béni par Saint-Amand, se le mit sur la tête, prenant Dieu à témoin du vœu qu'elle fesait, d'embrasser la vie religieuse. Hucbald ajoute, que le roi se prit d'une grande colère, et que, s'étant levé de table incontinent, il s'était retiré, sans vouloir même coucher dans le château de Bøiry..........

Huebald n'avait point nommé le roi qui assista à ce festin et à cette singulière prise de voile ; mais, un moine de Marchiennes, qui écrivait vers le milieu du douzième siècle, sentit de quelle importance il était de faire connaître le nom du prince, pour donner plus d'autorité à la chronique de Boiry, et, plus hardi que ses prédécesseurs, ayant d'ailleurs plusieurs siècles pour couvrir son imposture, il nomma Dagobert.

populations sous le joug des superstitions.

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Selon dom Bouquet, les àuteurs du Gallia christiana, et de l'art de vérifier les dates, Rictrude embrassa la vie religieuse en 648, et Dagobert était mort dès le 19 janvier 633. Au moins dix ans avant qu'elle ne pensât à la retraite. Ce fait, ne peut pas plus être attribué à Clovis II qui régnait alors en Neustrie, puisqu'il n'était âgé que de 1o à 13 ans; on ne peut pas plus l'attribuer à Clotaire III, mort en 670, avant d'avoir atteint sa 18 année. La véritable cause de la retraite de Rictrude et de ses filles dans la vie religieuse, est la part trop active qu'elle et les siens, avaient prises aux aflaires de l'Etat.

Adalbald, son marì, avait été assassiné en Gascogne, par ordre du farouche Ebroin; Ledèse, son neveu, St.-Léger leur ami, avaient éprouvé le même sort; et St.-Maurand, lui-mème, quoique chancelier et secrétaire du roi, n'avait échappé à la mort, qu'en se retirant à Broyle (Bruille), où il fonda une abbaye.

D. (Mém. de la Scarpe,)

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(1) Estrées, du celtique Straete, chemin pavé ou recouvert de cailloux, d'où le latin Straeta et Sternere, répandre. On ré

Le fait est peu important aujourd'hui ; seulement, il convient d'en constater la fausseté, pour montrer par quelle astucieuse hypocrisie, pand encore des cailloux cornus sur les che les moines de ce tems, tenaient les

mins.

Les seigneurs qui le rebâtirent, furent crée comte d'Estrées en 1623. Il avait appartenu à Jean de Chastillon, comte de Blois, qui, par son testament d'octobre 1668, le légua à l'hôpital d'Estrées. Ce village passa dans la maison de Duchatel la Hauwarderie, puis dans celle d'Ongnies.

De la terre d'Estrées, relevait l'un des moulins, situés proche du pont-à-l'Herbe à Douai.

Les jeunes gens de ce village, avaient autrefois le droit d'aller commencer la fête, c'est-à-dire ouvrir la danse le jour de la ducasse, sur la place de Lécluse, avec l'épée au côté. La tradition veut, qu'un seigneur de Lécluse, qu'ils avaient leur ait accordé ce pri

secouru,

vilége.

Ce terroir a quelques côteaux, qui contiennent des grés à paver. L'église d'Estrées était dédiée à Saint-Sare, dont nous parlons à l'article suivant, de Lambres.

D.

LAMBRES.-Frédégonde ayant fait assassiner, en 575, Sigebert, roi d'Austrasie, au village de Vitry, le roi Chilpéric, son mari, sortit de Tournai et vint à Lambres, où il fit enterrer son frère avec ses habits, afin qu'on ne découvrit pas comment il était mort. La même année, le corps de ce prince fut transporté à Saint-Médard de Soissons, qu'il avait fait bâtir; et, on le fit placer auprès de celui de Clotaire, son père. Ce fait historique est attesté par Grégoire de Tours, Ives de Chartres, Baudry, etc.

Charles-le-Chauve possédait un manoir avec un moulin, au village de Lambres, qu'il donna par un diplôme du 11 juillet 878, à l'abbaye de Marchiennés.

Lambres était autrefois un fisc royal. Charles-le-Simple, par un diplôme du 22 mai 916, à la prière des comtes Isaac et Sigard, le donna à Etienne II, évêque de Cambrai, avec tout ce qui lui appartenait sur l'un et l'autre bord de la

Scarpe, et même la longueur d'un trait d'arc au delà. Il y joignit le Tonlieu', tous ses droits sur les étrangers demeurant à Lambres, et le profit de la monnaie qui y était

établie.

Les évêques de Cambrai donnaient avec autant de facilité qu'ils les recevaient, les biens de leur église. Bérenger, l'un d'eux, étant rentré dans Cambrai en 957, malgré les habitans, et au moyen du secours que lui donna Arnufe, dit le grand et le vieux comte de Flandre, céda à ce prince, par reconnaissance, le village de Lambres ; mais il lui reprit ensuite par force. Teldon, autre évêque, l'an 965, trompé par son châtelain, et effrayé du danger que courait Cambrai et le Cambrésis, d'être dévasté par Lothaire, qui avait pris Arras et Douai, le lui donna pareillement, pour qu'il détournât ce prince du projet qu'il lui prêtait.

Pendant ces changemens de domination, se fit à Douai la translation de la monnaie, que possédait Lambres; et, il perdit à cette époque, toute sa considération et ses

revenus.

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